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Eva Tournaire : « l’amour des poneys m’a fait grandir »

Toute petite déjà, elle préférait jouer avec des figurines de poneys plutôt que des poupées. À treize ans, Eva Tournaire a un joli palmarès qui vient de s’enrichir par une victoire en Coupe des nations.Champion, « il a mauvais caractère Photo 1 sur 2
! Il s’évade toujours et il fait tomber tout le monde… » Champion, c’est le fameux petit poney noir d’origine inconnue avec lequel la jeune Eva Tournaire a fait ses premières armes sur les concours. Un couple qui a laissé des souvenirs impérissables, raflant avec la manière presque tous les prix sur son passage. Jusqu’à ce jour de 2006 où ils sont sacrés Champions de France à La Motte-Beuvron.

Belle histoire que celle de la jeune cavalière bretonne qui continue de briller en Grand prix avec son crack Ijinek Ar Crano, et tout récemment dans la Coupe des nations à Fontainebleau. Il y a aussi Lancelot des Mares un autre de ses poneys qui lui a donné une victoire au Mans-Boulerie dans la catégorie chevaux et avec lequel elle s’est classée dans le barême C du CSIOP de Fontainebleau.
Petit Champion devenu grand

À quatre ans, Eva voulait déjà monter.Il lui a fallu attendre ses six ans pour faire sa rentrée aux Ecuries vannetaises et découvrir la joie de chevaucher un petit Shetland. Aux grandes vacances, Eva, née en juin, vient d’avoir sept ans et se voit offrir un stage d’une semaine chez Thierry Lacour. Le triple champion de France de complet a repris un club, il y a quinze ans maintenant, à Elliant près de Quimper. Les Ecuries de Cornouaille vont devenir en un rendez-vous de l’excellence.

Tout de suite, il détecte les grandes dispositions de l’enfant qui accomplit de grands progrès en sept jours de stage. Son père, qui la retrouve toute transformée dans sa manière de monter, en garde encore le souvenir stupéfait et émerveillé. D’ailleurs, le maître lui confie d’emblée que sa fille est une graine de championne. Des stages s’ensuivront donc pendant les vacances scolaires tandis qu’Eva continue à monter dans son club de Vannes.

C’est l’année suivante (Eva a alors huit ans), que le cavalier international la prend totalement sous son aile. Il faut un poney à ce petit bout de chou prometteur. Papa, qui est restaurateur et ne connaît encore rien au monde du cheval, plutôt versé dans le bateau, est d’accord. Une grande relation de confiance s’est instaurée avec l’éminent pédagogue qu’est Thierry Lacour. C’est lui qui déniche Champion, au club de Lothéa à Quimperlé. Ce fichu poney jette tous ses cavaliers mais l’entraîneur a bien vu son potentiel. Eva fera aussi avec lui l’apprentissage des chutes, mais pas seulement car ils s’entendent. Ce sera « son maître d’école », comme le dit si justement Thierry Lacour. Les choses vont alors s’enchaîner à un rythme soutenu par les progrès d’Eva. Au printemps, l’entraîneur propose que le couple soit au grand rendez-vous de La Motte-Beuvron. Mais pour cela, il faut des points et donc commencer la compétition. Inscription est donc prise à un concours près de La Baule, où se déroule pendant ce temps le CSIO . Ce sera le baptême du feu du papa d’Eva, car en l’absence du coach il doit tout gérer, lui qui n’a jamais fait cela. Il doit aussi faire face à l’incrédulité des organisateurs qui lui demandent s’il est bien sûr de vouloir inscrire ce drôle de petit couple dans la catégorie la plus forte ! Le fin mot de l’histoire, c’est qu’ils gagnent tout et peuvent filer allègrement à La Baule faire signer des photos à l’élite mondiale… en attendant d’aller à La Motte ! Pour cette première participation, ils finissent cinquièmes sur cinq au barrage, sur 130 participants. « Yaah… !!! », elle a voulu aller trop vite, dit son père, « tempérament de feu », dit un ami. La deuxième année, ils sont troisièmes au barrage. Et la troisième fois, premiers, c’est-à-dire Champions de France !
Ijinek Ar Crano, « le Taureau »

Beaucoup de travail pour arriver là. Mais pour Eva c’est un plaisir. « Elle vit cheval, elle pense cheval, … », confie Thierry Lacour pour expliquer une réussite qui ne va pas non plus sans dépassement de soi à ce haut niveau.

On n’atteint pas non plus ce stade sans l’investissement, dans tous les sens du terme, de la famille. Cela coûte cher en temps et en argent. Si cela implique un bon niveau de vie, ce sont aussi des sacrifices, assure l’entraîneur parlant globalement puisqu’il a plusieurs élèves concourant parmi l’élite. Les Ecuries de Cornouaille étant devenues le meilleur club en France.

Le père d’Eva s’est quant à lui impliqué totalement. Se déplaçant partout et achetant, et revendant, des poneys quand il le fallait en suivant les conseils de l’entraîneur. C’est l’élevage Ar Crano, près de Lorient, qui a contribué à sa réussite et vice-versa. Parmi ce cheptel, c’est une perle qu’il repère pour Eva avec Ijinek Ar Crano. Surnommé « le Taureau » en raison de sa conformation massive, c’est lui qui l’emmènera vers les victoires en Grand prix. Et aussi à la deuxième place à La Motte-Beuvron, pour sa quatrième participation. Juste derrière son ami de Vannes Axel Le Diberder, lui aussi un élève de Thierry Lacour. Tous deux, tombant malheureusement, lors de la dernière édition.

L’année 2008 a été caractérisée par énormément de déplacements en France et en Europe avec toute l’Ecurie de Cornouaille. C’était nécessaire pour passer un cap, estime Thierry Lacour qui a défini pour cette année des objectifs plus sélectifs en accord avec l’entraîneur national qui suit attentivement la carrière d’Eva.

Eva, qui a aussi commencé à monter à cheval, continue à s’entraîner assidûment à Elliant où elle se rend chaque mercredi et samedi, à une heure train de chez elle. Son conseil aux enfants qui veulent progresser : « Il faut ?monter tous les poneys, même de clubs ». Ce qu’elle ne manque pas de faire , même à son niveau ! Et même si maintenant, « elle est dans la main de l’ange », comme le dit si joliment Thierry Lacour.

Pierre Jambou

11/05/2009

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