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Antoine Ermann, l’autre Bourguignon qui monte

  • Antoine Ermann/Beryl des Prés (© ER)
    Antoine Ermann/Beryl des Prés (© ER)
Après Benoît Cernin, la Bourgogne vient de s’offrir un deuxième Champion de France en la personne de Antoine Ermann, 17 ans, qui, tout juste revenu des Championnats d’Europe Juniors à Zuidvolde aux Pays-Bas, et après la magnifique victoire en Coupe des Nations à Hagen en Allemagne, vient de remporter le Championnats des As Juniors à Mâcon.


L’équitation, Antoine est tombé dedans dès sa naissance. Du côté de sa mère, il appartient à une famille du Val de Saône qui élève aussi bien des SF que des trotteurs ou des chevaux de trait, et son père qui fut en son temps cavalier de jeunes chevaux et entretient des relations suivies avec des éleveurs normands, a installé sa structure tout près de Mâcon, avec une école d’équitation et un élevage sous l’affixe de la Lie. Aussi, à présent qu’il vient de réussir son bac, il n’envisage pas autre chose qu’une carrière dans l’équitation, avec une formation de BPJEPS qu’il va entamer pour pouvoir justifier d’une formation diplômante.


C’est donc vers 3 ou 4 ans qu’il a commencé à monter, pour aborder les premières compétitions dès 7 ans. Depuis il n’a arrêté que quelques mois en raison d’un accident, d’équitation bien sûr: quelques côtes cassées et un hématome au foie qui l’ont contraint à un repos forcé.


C’est Azur du Vinnebus, un fils de Robin de Vinebus avec une mère par Flipper d’Elle qui lui permet de franchir une marche supplémentaire. Déjà sélectionné pour les championnats de France Juniors à Tours en 2018 avec un autre cheval, Velours de Céran, un Anglo par Quality Touch et Quatar de Plape, il est obligé de changer de monture au dernier moment. La décision est alors prise d’essayer Azur, qui était jusqu’alors monté par le cavalier maison, et se classait sur 130/135. « Azur ne montrait rien d’exceptionnel, mais on s’est vite aperçus que, chaque fois que l’on monte les barres, il suit ». C’est la révélation d’un couple qui va alors brûler les étapes en commençant par le Championnat de France, puis se classer régulièrement depuis dans les GP 140, voire 145.


Et en 2019 les internationaux s’enchaînent, en France, mais aussi tout récemment à Hagen en Allemagne et surtout à Zuidvolde aux Pays-Bas, aux Championnats d’Europe Juniors qu’Antoine termine 8e par équipe et 14e en individuel. « Je suis content de ma performance car j’ai été le meilleur Français, mais j’aurais pu éviter quelques 4 points. C’était mes premiers championnats d’Europe, et c’est quand même impressionnant. »


A côté de Azur Antoine peut disposer de Béryl des Prés, un bon 8 ans né chez Roland Bazire, qui a été Champion de France des 3 ans et qui vient de gagner une 140 à Cluny, Velours qui finit de se remettre de sa blessure et qui commence à revenir au niveau et deux 6 ans qui étaient présents au CIR : Djino Hoy qui vient de remporter la finale des 6 ans au CSI de Vichy et Déesse des Prés, une fille de Diamant de Semilly et Papillon Rouge. Des jeunes sont également en préparation, ce qui fait déjà un piquet conséquent issu de l’exploitation familiale. Mais, comme tout cavalier, Antoine n’est pas opposé à l’idée de se voir confier de bons chevaux par d’autres éleveurs ou propriétaires.


Habituellement entraîné par son père et Jérôme Ringot, Antoine a montré qu’il savait gérer la pression, notamment à la Coupe des Nations Juniors de Fontainebleau où son sans-faute en deuxième manche assure à la France la 3e marche du podium, et où il remporte une superbe 2e place en individuel, et tout dernièrement à Mâcon où il vient de conserver son titre au Championnat des As.


Dans ses projets immédiats, il y a en priorité les vacances puis le permis de conduire dès ses 18 ans, et en septembre les internationaux de Chazey et Mâcon, puis la Coupe des Nations en Belgique.


Jérôme Ringot : « Une tête bien faite »


« Notre histoire commune a commencé il y a trois ans. Antoine travaillait alors avec Ludovic Leygue qui était encore à Sainte Cécile. Ludovic a eu un accident qui l’a contraint à plusieurs mois d’hospitalisation et je l’ai remplacé. Nous avons tout de suite sympathisé, et comme Ludovic est parti, je suis resté, tout naturellement. D’entrée de jeu, dès la première leçon, quand j’ai vu Antoine encore tout gamin, je me suis dit que celui-là avait quelque chose de plus. Comme il a la chance d’avoir des parents qui jouent le jeu, avec un père qui veut qu’il progresse à partir de bases très solides, nous avons travaillé là-dessus.


C’est un garçon très compétiteur, qui a « le sens de la piste » et il a aujourd’hui une équitation très solide pour son âge. Ce qu’il fait est le plus souvent juste, et il a encore une marge de progression. Ce qui est intéressant, c’est qu’à côté de son potentiel, il a une tête bien faite. Il est travailleur, il écoute les conseils, il vient chercher l’expérience des plus anciens. Cette saison confirme tout ce qu’il a fait jusqu’ici.


Le fait d’entrer en équipe de France lui a donné beaucoup de confiance, il a la chance d’avoir une cavalerie de bonne qualité que son père garde pour lui, surtout son cheval de tête, Azur, qui est un cheval très régulier et performant en qui il peut se fier. En tant que coach, ce que j’ai énormément apprécié au championnat de France de Macon, c’est que 15 jours avant nous étions au Championnat d’Europe, on finit 14e, ce qui n’est déjà pas mal, mais avec quelques erreurs que nous avons analysées en toute simplicité. En deux semaines il les a corrigées pour Macon, où j’ai trouvé que son équitation avait pris encore un cran. C’est très agréable, d’autant plus que c’est un garçon qui a beaucoup d’humour. On rigole bien, il s’intègre parfaitement au groupe, sans « prendre la grosse tête » et tire les autres vers le haut.


L’idée maintenant, c’est de participer à la finale de la Coupe des Nations cet automne, puis de préparer les jeunes cavaliers. C’est un niveau qu’il a déjà mais qu’il faut confirmer. Il vient de réussir son bac et va devenir professionnel, il faut construire une bonne écurie de sport ».


Au domaine de Laye


Quant à Jérôme Ringot, depuis deux mois il s’est installé au domaine de Laye, chez Aurélien Laguide. La page de Mâcon est tournée : « C’était très bien au niveau installations, mais ils ont tellement développé l’événementiel que ça devenait compliqué d’avoir de la liberté pour travailler. J’ai donc profité de l’opportunité d’aller chez Aurélien qui est un ami et dont les écuries se trouvaient libres ». C’est l’occasion pour lui de montrer que s’il est beaucoup enseignant, et c’est pour lui essentiel de transmettre son expérience, il reste aussi cavalier. Il a du reste plusieurs nouveaux chevaux avec lesquels il a obtenu plusieurs bons résultats.


Et bien sûr, il y a aussi le Winter Tour à Chazey qui est en cours de finalisation.


Véronique Robin


22/08/2019

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