- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Violences sexuelles, Serge Lecomte Président de la Fédération Française d’Equitation prend la parole

En réponse à la lettre ouverte envoyée par Amélie Quéguiner, Serge Lecomte, président de la FFE, condamne sans réserve les violences et abus sexuels et annonce des mesures prises par la Fédération. Voici le texte de sa réponse :

Une lettre ouverte* sur ce sujet m’a été adressée en tant que Président de la Fédération Française d’Equitation.

Je souhaite exprimer tout mon soutien et ma solidarité aux victimes et je condamne sans réserve et avec la plus grande fermeté tous les abus.

Hier, 54 athlètes de Haut Niveau, dont le cavalier Olivier Guillon, représentant de la FFE au sein de la commission des athlètes de Haut Niveau (CAHN), ont signé la tribune libre « Il est temps de donner de la voix » et je salue cette démarche.

Sous ma présidence, tous les faits dont nous avons été saisis relevant de violence, déviance ou abus sexuels, ont systématiquement, et sans délais, donné lieu à la mise en place de mesures conservatoires. Conjointement la commission juridique et disciplinaire de la Fédération et les services de l'Etat compétents ont été saisis.

Malgré les mesures existantes, les témoignages récents mettent en lumière le besoin de redoubler de vigilance et de prévention.

Les Fédérations disposent d’une délégation de Service Public pour l’éducation par le sport, pour autant elles ne possèdent pas de pouvoir de police et s’appuient sur le rôle régalien de l’Etat et de ses représentants.

La FFE va rapidement déployer un plan d’actions pour renforcer la sensibilisation des dirigeants, enseignants, organisateurs de concours et officiels de compétition.

La FFE va également ouvrir une cellule d’écoute des victimes, afin de favoriser la libération de la parole et saisir au besoin le Ministère des Sports pour permettre le lancement d’enquêtes administratives ou judiciaires. 

Ce chantier ne peut être conduit au seul titre de la FFE, il est en toute conscience celui de chacun.

C’est le rôle de tous ceux qui œuvrent pour le sport et de toutes ses institutions.

Ce sujet est une priorité. Un enseignant d’équitation se doit avant tout d’être un éducateur responsable du bien-être et de la sécurité des pratiquants dont il a la charge.

Je tiens à rassurer les familles des cavaliers et futurs cavaliers qui nous accordent leur confiance. Nos clubs sont des lieux de pratique sportive avec le plus souvent un contexte familial qui est garant d’une bonne éthique morale.

Serge Lecomte, Président de la Fédération Française d’Equitation 

*Lettre de Madame Amélie Quéguiner

 

Olivier Guillon : “ Violences sexuelles : il est temps de donner de la voix ! ”

“Enfin, une première percée dans le mur du silence. Les révélations récentes d’agressions sexuelles subies par plusieurs jeunes sportifs font trembler le système et réveillent notre colère. Nous, athlètes français de haut niveau, nous nous sentons révoltés. Révoltés, mais malheureusement pas si étonnés que ça… Une fois dévoilée au grand jour, la vérité devient glaçante : le cas isolé devient multiple, les monstres omniprésents. Combien de victimes demeurent blotties dans la honte et la peur ? Combien auraient pu être évitées ?
 
Merci aux journalistes qui ont pris le temps de l’investigation, qui ont su d’abord croire les victimes pour mieux les écouter. Merci à ces athlètes dont les témoignages puissants montrent la force d’âme que le sport nous a appris à développer. Ils n’abîment pas l’image du sport, ils la font grandir.
 
Nous exprimons notre soutien et notre solidarité avec les victimes. En tant que membres de la commission des athlètes de haut niveau français, nous sommes chargés par nos pairs de défendre l’intérêt des athlètes olympiques français. Chaque sportif de haut niveau a d’abord été un enfant, un adolescent en pleine construction. Il a été entouré par une structure et formé par un éducateur à qui il a confié la clé de ses rêves. Si nous prenons la plume aujourd’hui, c’est que nous nous sentons responsables. Ce sont nos quêtes de médailles qui façonnent en partie les rêves de performance des plus jeunes et qui les conduisent à pousser la porte d’un club. Si, pour la majorité, le sport a été une formidable école de la vie avec des valeurs de partage, d’entraide, de soutien, de respect, pour d’autres, il y a surtout la souffrance et le silence.
 
Nous nous sentons aussi responsables, car il nous est tous arrivé d’avoir des doutes, des suspicions, des bribes d’informations… Le flagrant délit est rare et il n’est pas simple de savoir comment réagir face à une intuition ou une rumeur. Que peut-on dire ? Et à qui ? La compétition, c’est aussi la sélection. Or celle-ci ne dépend pas seulement de nos performances sportives. Elle dépend également de la volonté des sélectionneurs et des fédérations. Trop souvent, parler, c’est risquer son avenir. Alors, on rentre dans un système où même si l’on entend, on voit, on subit… on a pris l’habitude de se taire.
 
Nous ne pouvons plus nous taire ! Il est temps d’agir collectivement et de prendre conscience que briser le silence, c’est aussi servir le sport.
 
Nous souhaitons ainsi dire NON aux dirigeants, il ne s’agit pas d’étouffer des faits pour protéger une organisation, pour préserver l’image d’un club ou d’une fédération. NON aux entraîneurs, il ne s’agit pas de détourner le regard pour protéger vos collègues ou préserver votre emploi. NON aux institutions, il ne s’agit pas d’éviter la surenchère médiatique pour ne pas écorner l’image du sport. NON aux parents, il ne s’agit pas d’oublier pour continuer comme avant, pour que votre enfant accomplisse ce que vous projetez pour lui. Ces arguments, ces logiques, érigent les murs qui protègent les agresseurs. Il faut parler, le dire encore et encore.
 
OUI, nous athlètes de haut niveau, souhaitons que les choses changent. OUI, nous avons la responsabilité que d’autres témoignages ne sortent pas dans 20 ans. OUI, les personnes impliquées qui ont laissé le mal se répandre doivent assumer leur inaction. OUI, nous soutenons la ministre des Sports qui a su prendre des positions fortes et engager la lutte contre toutes formes de violences dans le milieu sportif.
 
Nous appelons à la création d’une cellule d’écoute des victimes, indépendante des fédérations et tenue de respecter l’anonymat le plus complet. Une cellule en capacité de saisir le ministère des Sports pour permettre le lancement d’enquêtes administratives et la saisine du procureur de la République.
 
Nous proposons que les casiers et les antécédents judiciaires des bénévoles, des entraîneurs et des dirigeants de clubs et de fédérations soient systématiquement contrôlés, par une cellule neutre, indépendante et dotée d’une capacité d’intervention.
 
Nous souhaitons l’adoption de mesures législatives permettant la révocation de tout individu, quel que soit son statut, impliqué dans une affaire de violences sexuelles. Et l’interdiction à vie d’exercer tous métiers au contact de la jeunesse, quel que soit le domaine, pour tous les agresseurs et les prédateurs sexuels avérés.
 
Nous demandons enfin la mise en place d’actions de formations, de sensibilisation et de prévention pour éduquer les enfants, adolescents, entraîneurs et managers dans toutes les structures sportives.
 
À tous ! Sportifs, parents, entraîneurs, managers, présidents de fédération, de ligue, de club, bénévoles, journalistes, médecins, politiques, victimes ou témoins, amoureux du sport, ne laissons pas le mur du silence se reconstruire !
 
Les membres de la Commission des athlètes de haut niveau du comité national olympique et sportif français composée de : Ophélie DAVID, Astrid GUYART, Marie MARTINOD et Nathalie PECHALAT (rédacteurs) Gwladys EPANGUE et Fabien GILOT (coprésidents) Joël ABATI, Valentin BELAUD, Sarah BENCHALI, Kevin BOULY, Matthieu BRELLE-ANDRADE, Gilles CHERDIEU, Margaux CHRETIEN, Souleymane CISSOKHO, Manuel CORNU, Paul-Henri DE LE RUE, Ladji DOUCOURE, Youna DUFOURNET, Gévrise EMANE, Emilie FER, Laurence FISCHER, Thibault GODEFROY, Tatiana GOLOVIN, Emilie GOMIS, Gauthier GRUMIER, Olivier GUILLON, Charlotte HYM, Ayodele IKUESAN, Anouck JAUBERT, Ludivine KREUTZ, Franck LAFITTE, Benjamin LANG, Jonathan LAUGEL, Laetitia LE CORGUILLE, Hélène LEFEBVRE, Christophe LEGOUT, Jérôme NEUVILLE, Valérie NICOLAS, Mélonin NOUMONVI, Vincent MILOU, Jérémy MONNIER, Sarah OURAHMOUNE, Matthieu PECHE, Carole PEON, Ingrid PETITJEAN, Hongyan PI, Florent PIETRUS, Delphine RACINET-REAU, Romain RIBOUD, Teddy RINER, Isabelle SEVERINO, David SMETANINE, Gaëtane THINEY et Jean-Charles VALLADONT”.

07/02/2020

Actualités régionales