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Urvoso du Roch, une histoire « sang pour sang » ch’ti

  • Antoine Bollart et son  épouse
    Antoine Bollart et son épouse
On a presque tout dit de l’histoire d’Urvoso du Roch, le crack cheval de Nicolas Delmotte. Manque tout de même un maillon important dans la chaîne : son naisseur, Antoine Bollart. Agriculteur à Cavron-St-Martin (62) dont il est le premier magistrat depuis trois mandats successifs après trois mandats (successifs aussi) de conseiller municipal, Antoine Bollart a toujours aimé être entouré de chevaux. Traits Boulonnais du Nord d’abord, pour le travail puis chevaux de selle pour le plaisir, le sien et celui de sa fille. 

Urvoso vient d’apporter un éclairage certain sur l’élevage du Roch. Eclairage qui surprend son naisseur. « Nous ne sommes pas démonstratifs dans la famille. Peu de gens savaient qu’on a fait naître un cheval qui fait les JO. Je fais mon boulot et point final. Du coup nous avons eu des milliers de visite sur notre site, ça fait toujours plaisir ».

Laissons-le raconter l’histoire de ce fabuleux cheval dont il ne pouvait imaginer le destin.

« Ce fabuleux cheval, il est né à la maison, d’une petite jument Emilie du Gand Bois qui était par Grand d’Escla fils d’ Almé. Je l’ai achetée à 4 ans pour ma fille qui commençait à monter à cheval. En réalité j’étais parti pour acquérir un vieux cheval que j’avais vu au fond des écuries d’Antoine Barbier. Il me dit « j’ai une petite pouliche de 4 ans, regarde-la si elle te plaît je vais la dresser et tu la prendras ». Je l’ai regardée et je l’ai trouvée superbe et trois semaines après je suis allé la chercher. Il s’est avéré que la jument avait beaucoup de sang et qu’elle était trop chaude pour moi. J’étais cavalier, mais cavalier amateur et déjà agriculteur. J’ai repris en 1984 l’exploitation et comme on avait été élevés autour des chevaux de mon grand-père et de mon père, agriculteurs aussi, on baignait dans ce monde de chevaux mais des chevaux de trait, des Boulonnais du Nord. Je me souviens bien qu’on montait sur nos gros chevaux de trait. On grimpait dessus et on partait aux champs et on passait notre matinée à cheval. C’était en 1964, j’avais 4 ans. Mon père nous a acheté un cheval à mon frère et moi et on a appris à monter. Quand je me suis installé et marié je me suis dit qu’un jour j’aurais un cheval. C’est donc arrivé avec Emilie du Grand Bois. Comme elle était trop fougueuse pour moi, je l’ai confiée à Didier Delsart. Il faisait tous les petits concours du coin entre Aubigny et Lille et puis la jument s’est blessée à un antérieur. Nous avons arrêté le concours pour ne pas l’abîmer et j’ai décidé de lui faire faire des poulains. J’en ai eu une dizaine. Au début, je n’étais pas trop expérimenté dans les étalons, je faisais appel à des professionnels. M. Delsart m’a conseillé Coquin du Manoir. Après j’ai mis Aristocrat’Jac, puis Bolero de Brecey, Calvaro, Joyau de Bloye dont j’ai gardé la fille. Parmi eux il y avait Merveille du Roch (Aristocrat’Jac) avec laquelle j’ai été à Verquigneul pour faire les 6 ans, et c’est là que j’ai connu Bernard Lesage et l’association des éleveurs. Elle a fini première des 6 ans avec Alexandre Sueur. Didier Delsart m’avait fait connaître Bruno Broucqsault, chez qui j’ai mis Merveille au travail. Bruno trouvait que c’était une très bonne jument. J’ai continué à côtoyer Bruno Broucqsault et je lui ai donc demandé quel étalon conviendrait à Emilie. À l’époque, il montait Nervoso. « Il est fait pour ta jument, me dit-il, il est calme, il a de la force ». Ma jument était une toute petite jument, issue d’une naissance gemellaire, mais avec beaucoup d’influx. Ensuite j’ai discuté avec Bruno Chassaing et j’ai sorti Urvoso en premier, Vulcain et Génie après. »

Naissance compliquée

« Urvoso est né au mois de juin 2008 et j’ai failli le perdre. Il s’est pris un virus qui a provoqué une diarrhée phénoménale. On a été trois semaines à le soigner en le réhydratant matin et soir, il avait de la fièvre et ne se levait pas. J’ai cru que j’allais le perdre. Au bout de 3 semaines, miracle, il s’est mis debout et a tété sa mère. Il était sauvé. On s’est dit celui-là c’est un costaud, il fera peut-être quelque chose de bien. A 3 ans, Melle Derey  l’a débourré et Bruno l’a pris à l’âge de 4 ans puis il l’a gardé 2 ans. Le cheval ne s’est pas dévoilé très vite mais le hasard a fait que Laurent Guillet, le cavalier-marchand avec lequel travaille Nicolas Delmotte lui a détecté un vrai potentiel ».

La suite est assez connue pour avoir été racontée par Nicolas. Mme Morlion, sa fidèle propriétaire voulait une jument baie, elle a finalement acheté le hongre alezan, Urvoso du Roch que lui conseillait son cavalier. 

Un propre frère

Genie du Roch est le propre frère d’Urvoso. Qualifié pour la finale des 3 ans à St Lô, il devrait être agréé prochainement sur performances. Sous la selle de Thomas Lambert, il a fait son année de 5 ans qui va le conduire à la finale de Fontainebleau. Génie a pris la robe noire de Nervoso alors que son frère est alezan comme sa mère avec exactement la même tête.

Deux filles d’Emilie sont à la reproduction : Star du Roch (Joyau de Bloye), puis Texane (Calvaro)  belle jument suitée d’un petit poulain de Nervoso. Gazelle du Roch, fille de Star par Nervoso est aussi à la reproduction ainsi que Déesse du Roch, fille de Texane par Nervoso. Le filon Nervoso est soigneusement entretenu chez Antoine Bollart dont l’affixe du Roch est le nom éponyme de la ferme. Deux ou trois poulains y naissent chaque année et une douzaine de chevaux sont sur l’exploitation. « ça commence à faire beaucoup, il faut que j’en vende » constate Antoine qui fonde beaucoup d’espoir sur Génie à Fontainebleau. « Je continue à sélectionner le mieux possible les étalons. Je n’ai que Nervoso pour l’instant et c’est avec Brullemail que je travaille beaucoup. J’ai comme ça quelques personnes de qualité qui me conseillent. Mes juments sont pleines de sang ».  

Belle histoire « sang pour sang » ch’ti, du naisseur au cavalier (fils et petit-fils d’agriculteurs) en passant par la propriétaire, Mme Morlion et les valorisateurs qu’ont été M. Delsart et Bruno Broucqsault. Et bien sûr l’AECCP, l’association d’éleveurs des Hauts-de-France, toujours là pour encourager et soutenir les initiatives des éleveurs, des cavaliers et des propriétaires.

Etienne Robert


Nicolas Delmotte : itinéraire d’un petit-fils d’agriculteur

Un garçon très simple, empathique, heureux et fier de représenter la France dans cette compétition où les meilleurs mondiaux sont en piste. Nicolas qui venait de remporter coup sur coup les Grands Prix 5* de La Baule et Chantilly n’en a pas pour autant la « grosse tête ». « C’est un gars du Nord, voilà tout » disent de lui ses amis.

Avec nous, il évoque ses débuts, son passage formateur chez Fabrice Dumartin à Metz, sa fructueuse collaboration avec Laurent Guillet et sa montée vers le haut niveau.  

Nicolas, comment es-tu venu au cheval ?

J’étais dans une famille qui n’était pas du tout dans les chevaux : ma mère était secrétaire et mon père commercial. Mais j’ai été élevé chez mes grands-parents qui étaient agriculteurs. C’est dans ce cadre qu’est venue la passion des chevaux : j’ai appris dans un centre équestre, et puis cette passion est devenue mon métier et mon sport.

Le déclic s’est fait avec un cheval en particulier ?

Pas forcément, mais c’était d’être avec les chevaux. J’aimais bien monter à cheval, au début c’était surtout ça. Tout ça dans le Nord, d’abord chez Broucqsault à Phalempin.

Les chevaux qui t’ont marqué ?

J’ai eu une jument qui s’appelait Queen d’Or, une jument des haras nationaux. C’est avec elle que j’ai commencé à faire de belles épreuves : en 4e catégorie d’abord, puis en Grand Prix. C’était l’époque des A1. Celui grâce auquel j’ai pu progresser c’est Bolero de Brecey*HN (Le Tot-Starter). J’ai gagné les championnats d’Europe par équipe jeune cavalier et deux fois vice-champion individuel. 

Et puis il y a eu ma jument Discrète, qui appartenait à mes grands parents : comme ils voyaient que j’étais passionné, ils m’ont acheté une jument, qui avait même un poulain, alors qu’ils n’y connaissaient rien aux chevaux. Je l’ai débourrée, mise en route et puis il s’est avéré que c’était une crack : j’ai été vice-champion de France en 2000 et champion de France en 2001 grâce à elle.

Après j’ai eu Lucciano, avec lequel j’ai été champion de France. On a couru des Grands Prix 5*, il en a gagné un. J’ai monté Darmani qui a gagné énormément, comme le Grand Prix de Béthune, puis Number One d’Iso qui a gagné le 4* de Bourg, classé dans beaucoup de Grands Prix, et double sans-faute dans le Grand Prix à La Baule.

Et puis Ilex, qui appartient à Béatrice Mertens, avec lequel j’ai gagné le Grand Prix Rolex à Dinard en 2017, il a été sélectionné aux Jeux Mondiaux, il a gagné un 4* à Grimaud et il est 4e du 5* à Grimaud. On a gagné la Coupe des Nations de Gijon, de St Gall, donc top cheval.

Et puis il y a eu Urvoso (du Roch, ndlr). Je travaille beaucoup avec Laurent Guillet, on a pas mal de chevaux ensemble, comme avec Emmanuel Porté. Aujourd’hui la plupart des chevaux que je monte viennent de chez Laurent : il détecte, il vend beaucoup de chevaux, c’est quelqu’un de passionné qui va vraiment de l’avant. Au tout début de notre collaboration avec Laurent, je lui avais déjà acheté deux chevaux, il m’appelle en me disant qu’il a un crack cheval, et qu’il pense qu’il serait bien pour moi. C’était Urvoso du Roch. Ma propriétaire voulait acheter une jument de 7 ans baie, elle a finalement acheté un hongre alezan de 8 ans…Au début elle n’a pas eu le coup de cœur, moi je l’avais eu, donc elle l’a acheté parce que je l’aimais bien. Il n’avait absolument pas d’expérience donc j’ai commencé par des 1,20 m, 1,25 m, puis 1,30 m et puis voilà…

Ton expérience dans l’Est ?

Je ne suis pas resté longtemps, peut-être dix mois ? C’était une bonne expérience, j’étais tout le temps en concours. En fait c’était juste avant que je m’installe à mon compte, j’avais des chevaux à moi. Je peux remercier Fabrice Dumartin, parce que cela m’a permis d’aller en concours, puisque je sortais de la seconde catégorie, j’entrais en 1er et puis j’avais un groom un camion, j’avais aussi des chevaux. Cela m’a permis de voir autre chose et aussi de me lancer la première année en 1re catégorie, donc c’était une bonne expérience. Ensuite je me suis installé dans le Nord, dans ma région, dans mon village, exactement à Frais Marais, près de Douai, où je suis depuis 17 ans. Je loue les installations de Gênes Diffusion. Je suis très content là-bas, je suis comme chez moi et ça se passe bien. J’ai 42 ans je me suis installé à mon compte à 22 ans, et j’ai forcément une équipe, mes grooms etc. 

Tu fais encore des jeunes chevaux ?

Non, je n’ai plus le temps. Mais j’ai des jeunes chevaux avec Laurent, que par exemple Romain Ozzola va monter. Il y a un cheval dans lequel nous croyons beaucoup c’est Dallas Vegas Batilly,  une jument de 8 ans qui est très très bonne, qui a déjà gagné une ranking 1,45 m à St Tropez. On fonde beaucoup d’espoirs en elle. Celle-là on a envie de la garder pour l’emmener au plus haut niveau. J’ai monté des chevaux de Cécilia et Michel Aubertin, comme Carla de Toscane, une fille de Fanny du Mûrier et j’ai gagné le championnat des 7 ans avec cette jument-là. 

Quels chevaux t’ont amené au haut niveau ?

Je suis monté très vite à haut niveau en fait, même si j’ai connu un creux : il y a eu ma jument, puis il y eu Lucciano, Number One, Ilex, et Urvoso.

Propos recueillis par Etienne Robert 

27/08/2021

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