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Talma, une saga franco-belge

  • Une superbe structure
    Une superbe structure
Talma, petit lieu-dit des Ardennes est devenu en quelques années une plaque tournante mondialement connue, grâce aux chevaux qui y naissent et qui portent son nom. A l’origine, en 1990, une ferme et un hectare de pâture. Aujourd’hui 240 hectares, 300 chevaux et 15 salariés. Une véritable saga écrite par un couple de vétérinaires originaire de Belgique, Michel Guiot et son épouse que vient de rejoindre leur fille, vétérinaire elle aussi et associée à l’élevage. La présentation de la vingtaine de chevaux mis aux enchères par Fences-Web le 6 juillet fut l’occasion d’une porte ouverte qu’éleveurs, marchands et acquéreurs ont suivi nombreux. L’occasion aussi de savoir comment l’affixe Talma est né et a grandi.

Michel, satisfait de la présentation de cette belle génération de 3 ans ?

« Très satisfait. On a sélectionné des chevaux de qualités dans toutes nos souches qu’on affectionne particulièrement. La sélection va du cheval d’amateur au cheval qui peut aller tout en haut. C’est un gros travail, qui a été organisé par toute mon équipe que vraiment je remercie. Maxime a supervisé tout ça. Les jeunes stagiaires ont découvert l’organisation d’une vente, c’était instructif pour eux. C’est la première fois qu’on le fait ici. Précédemment  on le faisait à Reims ».

Donc cette structure  existe depuis 1 an ?

« Voilà c’est ça. Auparavant les chevaux de concours étaient à mon domicile, et comme on montait un peu en gamme et qu’on gardait des chevaux de plus en plus longtemps, qu’on avait aussi une équipe de cavaliers performants, une fille comme Audrey à qui on fait toute confiance, (NDLR Quentin Marion a rejoint l’équipe il  y a six mois) que j’avais aussi ma fille qui reprend l’élevage et qui est venue s’associer avec moi à la clinique véto, on a fait un outil  pour qu’ils aient plus facile à travailler que nous ». 

Combien de boxes dans cette structure ?

« 30 chevaux, une piste de 54 m sur 24 parce que je voulais avoir de la place pour mettre un beau parcours. On a travaillé avec des Belges. J’avais été voir chez Grégory Wathelet avec lequel on est partenaires (NDLR. Coktail de Talma est sous la selle de
G. Wathelet), il a une installation faite par ces gens-là, Willy Naessens, et donc c’est avec eux qu’on a travaillé et puis des artisans du coin. La conception de l’écurie a été faite par Montsec Equipements.

Le bâtiment doit faire presque 80 m de long en tout, le manège 54. On a fait 4 salles se soins, tous les boxes se curent au Manitou. Il nous reste encore à construire des paddocks, une dizaine, avec des lisses en bois, un rond de longe puis l’entourage de la carrière, les abords, le club-house et un petit appartement pour un stagiaire ».

Haras de Talma c’est combien de chevaux aujourd’hui ?

« Avec les chevaux de propriétaires, ceux des éleveurs qui nous confient leurs chevaux et les nôtres, ça avoisine les 300 chevaux à peu près sur le site. Il y a près de 50 poulains qui naissent et restent ici toute l’année, en gros 30 à nous et 20 à des clients. On fait naître une cinquantaine d’autres poulains qui repartent une fois que la jument est inséminée. On a un gros passage, puisqu’on a les chevaux qui restent ici toute l’année et puis les saisonniers qui viennent pour la saison de monte. Il y a des moments où on doit avoir pas loin de 450 chevaux sur le site ».

Cette année la saison de monte a été comme d’habitude ou mieux que d’habitude ?

« Très différente. On a démarré peut-être un peu plus tard mais ça m’a permisde commencer tout de suite mes transferts d’embryons pour moi, pour mes juments de concours qui ont été bien exploitées avant qu’on planche sur le protocole de retour au concours pour rouvrir la monte aux professionnels. On a écrit ce protocole avec la SHF et on a fait repartir la saison de monte pour les professionnels. Les pur-sang ont démarré vraiment fort avant l’arrivée les professionnels éleveurs. Les amateurs sont arrivés seulement vers le 10 mai après le déconfinement. On s’est plutôt bien organisés dans notre travail mais l’équipe a trimé. Il y a des choses qui ont été faites pendant le confinement qu’on va garder dans notre application de tous les jours ». 

On est ici sur une belle superficie 

« Oui, 230 hectares en tout. De l’herbage uniquement. On ne fait pas du tout de céréales, j’achète ma paille à un cultivateur de la région qui me livre depuis 15 ans. On fait notre foin en totalité. 120-130 hectares à peu près. J’ai deux personnes qui sont sur la ferme pour les clôtures, l’entretien des pâtures, l’entretien de tout le site. Damien est chez nous depuis des années, c’est est notre Mc Gyver ».

 Talma a démarré quand ?

« Talma a démarré en 91. Je suis arrivé en France 89 et j’ai acheté ma première jument Barcarole de Sivry chez feu Robert Nivoix, une Nidor Platière, en 91, elle avait 2 ans ».

D’où vient cette passion pour la génétique ? 

« J’ai monté un peu quand j’avais 16 ans et j’avais un oncle qui élevait beaucoup de chevaux et qui cherchait un cavalier. J’ai hésité entre véto et cavalier mais je n’étais pas surdoué et dans ce milieu-là pour percer il faut être surdoué. J’ai donc fait mes études de véto en me disant qu’après je reviendrais aux chevaux. Mes parents ont élevé un petit peu, on a eu jusqu’à 5-6 poulains par an pendant quelques années et puis j’ai eu un grave accident. Mes parents ont alors vendu tous les chevaux mais je n’ai pas arrêté de monter pour autant. A mes débtus de véto je ne faisais que des vaches et puis je me suis mis aux chevaux et je ne fais presque plus que des chevaux maintenant.

J’ai fait trois rencontres déterminantes ici : Robert Nivoix, qui fut un deuxième père pour moi. C’est l’homme qui m’a formé au jugement des chevaux. Il croisait beaucoup avec Nidor Platière, un étalon qui me plaisait beaucoup. Ensuite il y eut Daniel Léger qui m’a tout appris sur la génétique Selle-Français. Je suis un amoureux du Selle-Français depuis toujours et maintenant je suis impliqué dans le stud-book SF. Après j’ai fait la connaissance d’Hervé Francart qui m’a formé dans le sport, dans la façon de juger les chevaux sur le sport. Trois personnalités importantes pour moi ».

L’histoire des Talma a donc commencé ici ?

« Ici à Talma. J’ai acheté la ferme avec un hectare et puis petit à petit j’ai acheté un cheval, puis une ponette, et j’ai continué avec des souches différentes. Evidemment je suis allé chez Bernard Lebrun chercher la souche de Midinette parce qu’elle m’avait toujours fait rêver, je connaissais Idéo du Tot avec Beat Mandli, et je voulais avoir à tout prix cette souche-là. Puis j’ai commencé à faire comme un passionné, une collection des meilleures souches Selle-Français. J’adorais la souche de Cor de la Bryère, souche pétée de sang et mal exploitée. On sentait qu’il y avait un énorme potentiel. J’ai croisé avec Cento, et j’ai ramené le sang de Capitol et ça a super bien marché. Aujourd’hui je retourne au Selle-Français. En gros c’est ça, souche Selle-Français, un coup d’étranger à un moment donné, et puis je reviens au Selle-Français et ça marche plutôt pas mal. Ensuite j’ai repris la souche d’Itot du Château, puis celle de Nino des Buissonnets et celle de Dollar du Murier. J’ai aujourd’hui 7-8 des meilleures souches. L’élevage s’est agrandi quand Michel Aubertin a arrêté. Michel est un ami et je ne voulais surtout pas laisser partir toutes ses bonnes lignées ».  

Tu as une tendresse particulière pour Mylord ?

« Mylord oui. J’ai eu la chance de l’avoir ici pendant 2 ans, et on ne peut pas rester indifférent à ce cheval-là, c’est un cheval super attachant. Je n’avais encore jamais rencontré un cheval qui avait un potentiel. Aujourd’hui je me rends compte que les chevaux qui vont tout en haut ce ne sont pas forcément les plus démonstratifs et Mylord en est vraiment l’exemple parfait et c’est ce qu’il transmet, ce mental, ce sens du concours, ce sens de la barre et les moyens bien sûr. J’aime beaucoup ce cheval ». 

France Etalons, c’est une belle aventure aussi

« France Etalons c’est une aventure conduite avec mon ami Denis Hubert qui est vétérinaire au Haras de St Lô. C’est un véto équin, passionné d’élevage, issu d’une famille d’éleveurs, son père a créé l’élevage Manciais. On a un peu le même parcours, clientèle vétérinaire, élevage, passionnés d’étalons. J’avais commencé l’étalonnage un peu avant lui et quand les Haras Nationaux ont décidé de louer tout leur cheptel étalons de sport j’ai contacté immédiatement Denis et je lui ai dit « on y va, on se lance ». On a embauché Maeva qui est toujours avec nous et on a commencé l’aventure. Une magnifique aventure, qui va bien, humainement déjà, parce que l’équipe est sympa. Rencontrer les éleveurs comme on le fait sur les salons c’est du bonheur. Pouvoir les conseiller et pouvoir leur faire profiter de l’expérience et des connaissances qu’on a sur les étalons c’est quelque chose que j’affectionne particulièrement ». 

C’est combien de saillies chaque année France Etalons ?

« Je crois que maintenant on est à 1 500 saillies par an, donc une bonne part du camembert ici en France et on développe bien aussi l’international, on est contents. Notre particularité c’est le partenariat qu’on a avec des vétos qu’on connaît ou des centres d’inséminations qu’on connaît bien. Notre volonté est de toujours faire de la prospection, rentrer des têtes de série comme Armitage, pour éviter la fuite à l’étranger, acheter des bons 3 ans de nos étalons, acheter des foals comme on vient encore de le faire, jouer le jeu. On n’a rien inventé, c’est le rôle que les Haras Nationaux ont eu, ou auraient dû avoir en tout cas, mais c’est le rôle qu’on veut avoir ».

C’est une équipe de combien de personnes ici ?

« Sur le haras c’est 15 personnes, entre l’administratif, l’élevage, l’exploitation agricole et la partie concours, plus les vétos ».

Vous vous réservez la semence de Vigo ?

« Oui, on ne vend plus aucune paillette depuis le décès de Vigo Cécé. On a décidé avec Denis qu’il n’y aurait plus que des Vigo Cécé Talma ou Manciais. Si les gens veulent avoir du Vigo Cécé il faudra qu’ils achètent des poulains et notre but c’est d’essayer de refaire un étalon, un crack comme lui parce que c’est l’étalon qui nous manque. Je n’ai jamais eu un étalon comme ça et je pense que je n’en aurai jamais un ». 

Etienne Robert

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