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Stage Complet à Saumur : outsiders ou vivier de performances ?

  • Préparation en dressage pendant le stage fédéral de complet
    Préparation en dressage pendant le stage fédéral de complet
  • Manon Carlot, cavalière groom de l'écurie de Christopher Six
    Manon Carlot, cavalière groom de l'écurie de Christopher Six
  • Serge Cornut, ancien de la garde Républicaine transmet sa passion du dressage
    Serge Cornut, ancien de la garde Républicaine transmet sa passion du dressage
  • Régis Prudhon un nouvau souffle dans la carrière d'un cavalier expérimenté
    Régis Prudhon un nouvau souffle dans la carrière d'un cavalier expérimenté
  • Victor Levecque, l'étoile montante 2018 de la FEI
    Victor Levecque, l'étoile montante 2018 de la FEI
  • Les prises de vue se succèdent pour Ride To Tokyo
    Les prises de vue se succèdent pour Ride To Tokyo
  • Les cavaliers se prêtent au jeu des objectifs pour la journée presse de la FFE
    Les cavaliers se prêtent au jeu des objectifs pour la journée presse de la FFE
Jean-Roch Gaillet, directeur de l’IFCE, en poste depuis octobre 2018, accueillait en ce mois de février le stage fédéral de complet de préparation aux JO de Tokyo. Il revient sur la cohésion qui existe aujourd’hui dans le monde du cheval entre les différents acteurs, ainsi que sur leurs principales missions et objectifs.

« Nous avons fêté nos dix ans de l’IFCE le 1er février, donc le mariage est maintenant consommé entre les Haras nationaux et le Cadre noir. Jusqu’à présent, la performance n’était pas notre priorité, reste que désormais on s’y retrouve et d’autant mieux qu’avec la FFE nous sommes complètement en ligne. C’est très important. Nous avons le site qui s’y prête, Verrie sur le cross, l’entraînement du complet se passe ici sur le site saumurois de l’IFCE, c’est vraiment en collaboration mais avec un but de performance. Alors ce n’est pas pour acheter des chevaux à des tarifs impossibles, je travaille toujours pour une partie avec l’argent des français, par contre nous pouvons orienter vers la performance, nous faisons de la formation, du haut niveau, de l’ingénierie de formation ».

Sur les couples qui seront sélectionnés pour nous représenter « Nous ne saurons qu’un mois avant qui partira, nous avons un espoir en complet bien sûr avec Thibaut Vallette, mais également au dressage avec le Capitaine Guillaume Lundy.  Mais nous sommes aussi à nous dire que Paris 2024, il faut s’y mettre maintenant ». Les discussions vont déjà bon train avec le Ministère des Sports. « Le but est une visibilité « France », nous sommes vraiment en ligne ». « Pour une journée comme aujourd’hui, c’est vraiment très important pour nous qu’on se dise : Il y a des sportifs-ci qui sont déjà bons et puis qu’au niveau de ceux qui arrivent : Regardez ça marche, vos champions sont là, bougez-vous, rejoignez-les ! Ce n’est pas pour que tout le monde aille sur le niveau de performances ou de compétition, il n’y a pas la place, mais ceux qui vont bien il faut les emmener ». « Mordez à pleines dents. Y compris sur les jeunes que nous avons en formation ici, des femmes des hommes qui ont du jus, qui veulent y aller, ils ont faim, allons-y. Sur cette mission-ci, il faut de la performance et donc des gens qui ont envie ».

Alors pour cette journée durant laquelle nos champions français, que l’on connaît bien et depuis des années, se succèdent devant micros et caméras, rencontre avec ceux qui arrivent dans l’équipe de France Seniors, qui ont gagné leur sélection dans le groupe 1, et donc méritent tant notre attention qu’un retour sur leurs parcours.

Victor Levecque 

Couronné en 2018 par la FEI par le « Longines Rising Star » -étoile montante en français, « Une superbe expérience, avec beaucoup de monde, une consécration honorifique, mais tout ne repose pas là-dessus non plus », l’étudiant de 21 ans de Sciences Po cumule déjà dix médailles européennes. Médailles d’Or en individuel et en équipe au Championnat d’Europe du FTB 2018 pour sa dernière compétition dans le circuit « Jeunes Cavaliers », il tourne actuellement avec deux chevaux de tête RNH Mc Ustinov (Hongre ISH 2007) et Phunambule des Auges (Hongre SF 2003). Avec Phunambule, il gagne le CCI 4*S de Lignières en fin d’année dernière et suivra cette année le circuit des ERM. Un sportif qui garde bien les pieds sur terre, reste humble et accessible, et poursuit son chemin « Avec un préparateur mental avec lequel je travaille depuis très longtemps. Quant à la préparation physique, je fais du pylates. Par rapport au cavalier, tout ce qui est étirements, respiration, c’est plutôt bénéfique et ça me convient bien ».

Le cavalier évolue au sein de l’écurie Equipol en région parisienne. En plus de ces deux chevaux de têtes, il vient de récupérer deux nouveaux chevaux de propriétaires en fin d’année da ns lequel il a des parts. « Mon objectif c’est d’essayer de construire un piquet avec des chevaux qui me plaisent, qui me correspondent. Je passe beaucoup de temps sur mes chevaux, je sais qu’aujourd’hui quatre c’est le maximum que je puisse assumer en étant vraiment bien, en étant à l’aise ». « Je suis très content d’être ici, des beaux objectifs qui se présentent cette année, je suis un compétiteur, j’ai toujours envie d’aller à fond. Maintenant, je suis aussi lucide, conscient de ma situation, ce qui m’intéresse c’est que mes chevaux soient en forme et que les résultats suivent, je crois qu’il n’y a que ça qui compte ! ». 

Les partenaires ne s’y sont pas trompés, et le jeune champion est sponsorisé par des grands noms tels qu’Hermès Sellier, ABVV Volvo et depuis peu la FDJ, via la « FDJ Sport Factory » qui ont choisi 27 athlètes pour être épaulé jusqu’en 2024.

Gireg Le Coz 

Il se classe à la seconde place du circuit ERM 2019 avec Aisprit de la Loge (Etalon SF 2010), prend la 5ème place du CCI 4*S de Lignières-en-Berry toujours en 2019.

Le cavalier a commencé à l’IFCE en formation initiale en passant le monitorat et le BE 2, en parallèle, il intègre le Pôle France toujours à Saumur il y a 10 ans. Il travaille chez Jean Teulère comme cavalier jeunes chevaux, part en Angleterre pendant deux ans chez Sam Griffiths. Gireg (ndlr : prononcer Cuirec) s’installe ensuite à son compte et propose des services de valorisation de chevaux, avec un but de haut niveau, coaching et enseignement.

Basé à Segré, au Haras de l’Anjou Bleu, il travaille une dizaine de chevaux principalement en complet.

Il est sélectionné avec Aisprit de la Loge pour le groupe 1, et travaille également son second cheval de tête Caramel d’Orchis (Hongre, SF 2012) « qui commencera les 4* cette année ». « J’ai ensuite des chevaux plus jeunes principalement SF ». « Mes chevaux me sont confiés par des élevages ou des propriétaires particuliers, et un ou deux propriétaires qui ont investi pour moi dans des bons chevaux ».

Les prochaines échéances : « Un début de saison à Saumur pour le Grand National, ensuite celui de Pompadour et la suite se décidera en fonction des résultats de ces compétitions-ci voir si nous sommes toujours dans la course pour Tokyo ».

Au contraire de nombreux cavaliers, pas de préparateur physique, ni mental « J’ai des notions de préparation mentale, j’ai un kiné et puis c’est tout ». La formation initiale de Saumur a semble-t’il déjà bien préparé et formé le mental de ce sportif à suivre, c’est évident !

Sébastien Cavaillon 

« Je suis dans le groupe 1 grâce à une jument qui s’appelle Sarah d’Argouges, SF, née chez Jean-Luc Dufour, en Normandie. Elle a 14 ans, maintenant, et je l’ai depuis 7 ans. Nous avons commencé sur le Mondial du Lion, et puis progressivement nous avons monté les échelons jusqu’en 2018 où nous avons fait le 5* à Pau. L’année dernière, où nous avons couru Badmington et Burghley, les deux gros 5*, la jument s’est très bien comportée avec un magnifique classement à la clef à Burghley (11ème). Un magnifique parcours de cross, un très bon dressage, un CSO qui ne s’est pas déroulé comme je l’aurais voulu, mais c’était une fin de semaine qui a marqué les esprits dans le complet, et la tête n’y était pas vraiment ».

«Pour Tokyo, nous sommes 12 pour quatre places, le match va être serré. Même si ce n’est pas loin, la route va être longue jusqu’à juillet ».

Installé en Normandie, à 25 minutes au sud de Rouen, le cavalier a un piquet de 27 chevaux au travail qu’il travaille avec son épouse, un employé et deux stagiaires. Du SF, AA, Holsteiner, Z … « pas de prédispostion, j’aime bien les mélanges ».

Très à l’aise dans les trois disciplines « J’ai la chance d’avoir une jument qui dresse fantastiquement, qui a une locomotion un peu hors-normes, donc ça aide à se sentir à l’aise sur le rectangle. Après elle est bouillonnante, donc il y a une gestion de l’émotion à gérer. Sur le cross, elle cherche les fanions, c’est un avion de chasse, elle est presque un peu trop sûre d’elle, c’est sur l’hippique, qu’elle est peut-être le moins à l’aise. Elle peut manquer un peu de techniques, mais elle a une envie de gagner. Elle a toutes les caractéristiques d’une jument de sport, c’est une gagneuse, une rogneuse ». 

Toujours en recherche de nouveaux sponsors, tout en étant déjà clairement identifié par les marques, le sportif évolue déjà avec plusieurs partenaires dont Devoucoux, FreeJump, NAF, EquiCoolDown, DP Nutrition…

Et pour les Jo de Tokyo s’est-il mis à apprendre le japonais ? « Non, mais j’aime beaucoup les sushis ! ».

Les coulisses de l’écurie de Christopher Six

Manon Carlot est cavalière maison et groom jeunes chevaux dans l’écurie de Christopher Six. « Mon rôle est de faire que les chevaux soient au mieux et soulager le travail de Christopher, l’aider pour qu’il ne pense qu’à la performance. Je m’occupe du bien-être des chevaux, du matériel, du camion… ». Dans l’écurie du stage, alors que tous s’affairent, Manon, tout en s’occupant des tâches pour laquelle elle est missionnée, a beaucoup d’interactions avec les chevaux en box, une caresse, un peu de jeu, on sent la passionnée vraiment aimante de l’équin.

« Depuis petite, personne n’est dans les chevaux dans ma famille, et je suis tombée dedans. J’ai fait des études, passer mon DE à l’ENE, eu plusieurs expériences, et suis arrivée chez Christopher il y a trois mois. Je suis très contente. Nous avons 18 chevaux dans le piquet dont 5 qui appartiennent à des propriétaires mais que nous avons en pension travail. J’en monte 6 par jour, et j’ai une collègue, nous sommes trois, dont Christopher, à travailler les chevaux dans les écuries ». 

Pendant le stage, outre le travail d’écurie, les soins des chevaux et l’échauffement en trotting « Christopher veut vraiment que j’aille voir les séances quand il a cours avec Serge (Cornut) ou Thierry (Pommel). Au quotidien je monte régulièrement les chevaux, aussi pour savoir ce qu’il faut faire avec eux, le travail dans le bon sens, et ça lui tient particulièrement à cœur que je suive ce qui se passe pendant les entraînements. Du coup, on filme pour regarder et se souvenir car beaucoup de points sont travaillés dans la journée et puis aussi pour les propriétaires, à qui cela fait plaisir de voir l’évolution ». 

Il y a les nouveaux de l’Equipe de France, et un puis un « ancien » qui revient de loin après un gros accident à cheval qui lui permet de revenir au plus haut niveau, radicalement changé…

 

Régis Prud’hon

Il présente son cheval de tête « Keiser HDB 4175, 41.75 c’est son taux de sang anglo-arabe ». « Keiser va très très bien. Nous avons eu un bon hiver, avec un bon travail de fond sur le dressage, il s’est beaucoup amélioré. Il dressait déjà assez bien l’année dernière avec régulièrement 72 voire 73%, et là les mouvements passent de mieux en mieux avec plus de fluidité ».

Une explication de cette fluidité croissante dont on peut rechercher l’origine dans une épreuve de vie. En 2018, le sportif se fait une quadruple fracture de la jambe et est arrêté assez longtemps « On a beaucoup travaillé avec le kiné pour améliorer ma reprise, et j’ai beaucoup gagné en liberté dans mon bassin et en fonctionnement ». 

« J’ai repris mes gammes en repartant de zéro en dressage ; Avec mon entraîneur personnel, Pierre Cannamela, nous faisons sept à huit heures de dressage par semaine. Nous passons beaucoup d’heures à chercher la qualité de la locomotion, le fonctionnement dans le relâchement, et de ce fait une belle optimisation du fonctionnement du cheval. Forcément ça paie, les chevaux gagnent en masse musculaire, en élasticité, en rebond et puis en connexion avec le cavalier ». Un cavalier expérimenté à l’heure donc des pratiques de la relève ! Rendez-vous fixé pour le top départ sur le Grand National de Saumur.

©Melanie Guillamot

20/02/2020

Actualités régionales