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Saut Hermès : Sabrina, princesse du Grand Palais

La nef du Grand Palais résonne de nouveau en 2010 au son du galop des chevaux. Qui aurait pu imaginer cela en 2002 lorsque, après la fermeture du lieu pour des raisons de sécurité (les rivets tombaient du toit pendant les expositions en 1993 !), Photo 1 sur 6
débute une fantastique campagne de travaux de rénovation.

La couleur du Grand Palais est sombre, d’un gris terne. Il faudra faire des recherches pour retrouver la teinte originale, un vert éclatant, appelé « Réséda » fabriqué par Ripolin qui garde ses archives. Cette couleur va être déposée et appelée « vert Grand Palais ». Elle va devenir aussi célèbre que le « marron Tour Eiffel ». L’ensemble de la verrière est remplacé. Il va résister pendant la reconnaissance du Grand Prix à la grêle. Pendant trois jours les couleurs du ciel de Paris vont éclairer la piste. La lumière naturelle est éclatante, le spectacle est grandiose. Partout le public s’extasie. On entend dans la foule qui déambule à la découverte des Métiers Hermès exposés dans des stands, « C’est Magique, le lieu est unique ».
L’événement sera pérennisé

En pleine période de doute, la maison Hermès crée l’événement, c’est déjà exceptionnel ! Mais ensuite ? Sylvie Robert aujourd’hui « grande prêtresse » organisatrice pour les sports équestres nous confie que le Saut Hermès sera organisé tous les ans !

Imaginez le budget global ! Déjà la dotation pour l’ensemble des épreuves 400 000 €, mais ce n’est rien par rapport au 2 millions d’euros pour la manifestation.
Belle initiative de la FFE

Le premier jour était réservé aux licenciés de la FFE pour assister à l’épreuve d’ouverture dotée de 20 000 €.

Les cavaliers auront une stratégie en fonction du programme réservé à leur monture. Certains comme Edwina Alexander et Itot du Château, Michel Robert et Kellemoi de Pépita, Timothée Anciaume et Lamm de Fétan ou encore Pénélope et Mylord Carthago feront un tour de chauffe. Itot a réalisé une démonstration d’aisance et de fluidité, il ne réapparaîtra que pour le Grand Prix de dimanche. Edwina expliquera que c’est un savant dosage pour avoir Itot au top.Elle sera 3e de cette épreuve.

Le champion Olympique Eric Lamaze est en pleine forme, et Take Off semble décoller. Ce fils de Numéro Uno est 2e, il saute de mieux en mieux.

Le gagnant est le couple champion des 7 ans de 2009, la bouillonnante Orphée de L’Illon et Simon Delestre. Simon adore quand il y a du sang et la fille de Arpège Pierreville affiche un respect de la barre impressionnant, sa victoire est indiscutable.

Deuxième jour, le saut Hermès

En ouverture de la journée, Simon Delestre tentera de ré-éditer son coup de la veille. Orphée de L’Illon partira dans le même rythme pour gagner mais fautera sur l’entrée de double.

Déchaîné Eric Lamaze. L’ambiance parisienne, il adore. Il gagne cette épreuve encore avec Take Off, Hickstead est réservé pour l’épreuve intitulée le saut hermès de l’après midi. Deuxième l’irlandaise Jessica Kuerten et l’une de ses cracks juments, Cosma la fille de l’étalon de Ludger Beerbaum Couleur Rubin, à fond.

3e Ben Maher et le grand gris Wonderboy fils de Flamenco de Semilly.

Quatrième le sémillant Michel Robert et Kellemoi de Pépita, Michel cherche et forme de nouveaux chevaux. Ce sera l’occasion de voir aussi ce week-end une fille de Quick Star et d’une mère par Mazarin, nommée Macao. D’un physique un peu masculin elle effectuera des parcours tout en progression et même si elle n’est pas encore à ce niveau de compétition il est certain qu’elle va y venir.
L’Epreuve par équipe mixte

Un des deux moments phares du concours. Dotée de 100 000 € et imaginée par le consultant sportif technique du concours Michel Robert. Un format un peu complexe.

L’idée, une épreuve par équipe de deux, une amazone et un cavalier de la même nation. Mais déjà la règle ne sera pas respectée puisque il n’y a pas forcément deux cavaliers de la même nation. Bref on s’adapte et les binômes se font en fonction des affinités. Les deux cavaliers de la même équipe se succèdent lors de la première phase et on additionne leurs points. Ce total qualifie les cinq meilleures équipes.

Lors de la deuxième phase tout le mode repart à zéro et c’est encore l’addition des points et du temps qui donne le classement final. C’est innovant.

La suite est passionnante et donne la victoire aux deux numéros 1 français, Pénélope Leprévost et Kévin Staut.

Comment ne pas encenser Pénélope Lepresvost. Elle est douée et ses chevaux progressent de manière exceptionnelle. Mylord Carthago gagne encore en force, il prend de la marge et acquiert beaucoup de technique. Ok, c’est un grand cheval et il reste à peaufiner le dressage dans les virages mais quelle démonstration, quelle aisance ! Somptueux.

Pour Kevin, c’est une rentrée et Kraque Boom manque un peu de marge mais le second tour est top. Sollicité, le cheval joue le jeu. C’est amusant d’ailleurs de voir commment les chevaux comprennent la situation. Le public déjà conquis, s’enflamme. Les Français sont en tête, les autres doivent courir derrière.
Le Grand Prix Hermès

La reconnaissance donne le ton, une forêt de barres, une hauteur pas encore observée depuis le début du concours. A tel point que Jessica Kürten était un peu inquiète, se demandant si nous n’allions pas revivre le cauchemar de Bordeaux !

Mais le chef de piste M. Rothenberger ne s’y est pas fait prendre, le parcours est sinueux et il est vrai que la taille de la piste accentue cette impression de hauteur. Le parcours en soi est classique : mise en jambe jusqu’au vertical 5 faisant appel au pilotage, la ligne spa-oxer en 6-7, des verticaux secs et tournicotants en 8-9, puis le triple et en bout de ligne une palanque bien sèche dont la couleur se confond avec le pare-botte, Pas un tour pour Idéal de la loge, Bosty ne peut rien faire (12 points). Ben Maher, l’ouvreur et Robin Hood non plus, 20 points !

Jos Lansink et la puissante Valentina seront les premiers sans-faute, Timothée ouvre un peu Lamm de Fétan sur le verticale 8, 4 points.

Myss Valette saute très bien, Pénélope est obligée de la remettre un peu sèchement en ordre après le double en N°4 pour sauter ce N°5 avec un virage à angle droit : une petite faute mais un très bon tour enrichissant pour l’expérience de la jument.

Carlina et Pius Schwizer, métronomes du sans-faute. Le cas Rolf Goran Bengtsson : lui, si discret, mais au palmarès déjà époustouflant, voilà qu’il se déchaîne, il gagne tout, comme la petit épreuve énorme du matin avec Quintero la Silla où il est sur tous les podiums.
Les femmes motivées par Hermès

« Le petit Tot », il faut le voir au paddock lorsque sa groom remet la selle. Il la regarde d’un air majestueux semblant dire « qui ose me toucher ? » La grande classe. Ian tops et Edwina Alexander ont un profond respect pour ce petit crack devenu une légende vivante. Son tour est une démonstration. On ne peut m’empêcher de penser à Jean Grandjean et à Jean-François Lhoste son premier cavalier. Quel chemin !

Nina Fagertrom a éclaté aux yeux du grand public ce week-end avec « Talent », encore sans faute. Luciana Diniz et Winingmood dont les réglages sont maintenant bien validés sont efficaces.

Le couple Champion d’Europe est à la hauteur du titre. Imperturbable, Kévin ajuste son complice malgré un peu de « musique » et de la mise en selle puisqu’il perd son étrier après le double N°4, saute le vertical 5 et récupère son étrier au N°6. Un français au barrage, Laurent Elias est soulagé !

Marcus Ehning et Sabrina, belle, distinguée, parfois une petite faute de postérieure, un manque de force ? Là tout y est, c’est beau.

Olivier Guillon dit « Il nous ridiculise avec ses chevaux de vitesse ! » pour rire, bien sûr, car Sabrina c’est une princesse, une formule 1 taillée pour les enjeux majeurs.
Ils seront 8 barragistes

Bien joué M. Rothenberger, même si le barrage est aussi très marqué de son empreinte, des virages sans options et une très grande ligne droite vers le dernier.

Jos Lansink peut maintenant avancer suffisamment avec Valentina mais pas encore pour gagner, ils sont 3es.

Pius Schwizer effectue un virage moyen, Carlina ne peut sauver la faute, c’est la sanction immédiate et la 7e place.

Rolf Bengtsson est tellement fiable que la machine ne semble pas prête de se dérégler, Casall La Silla répond à toutes ses sollicitations, beau tour rapide qui le met en tête au provisoire.

Itot entre, tout petit dans cet écrin « Réséda ». Edwina ne trouve pas la bonne distance pour la combinaison. Une petite faute sur l’oxer et la 6e place.

Talent et Nina Fagerstrom, la cavalière décide de poursuivre sur sa lancée de sans-faute et sagement réussit, elle est ainsi 5e.

Luciana Diniz, peut-être un peu émue par l’enjeu, ne peut éviter la faute sur la palanque, dommage, c’est la 8e place.

Kevin Staut lance Kraque Boom, reperd son étrier, (bon là il va falloir acheter de la colle pour Genève…) du coup hésitation et reprise pour le dernier, il loupe le podium, 4e...

L’art équestre se marrie bien avec Hermès. Marcus Ehning et Sabrina en font la démonstration. ?Barrage facile, tout en rondeur, ?sans sursis avec presque deux secondes d’avance…Une victoire éclatante.
Gaëtan Groene
La Stratégie de Kevin pour la finale de la Coupe du Monde

Laurent Elias est soulagé, un Français est classé dans le Grand Prix et c’est le couple Pénélope/Kévin qui gagne le Saut Hermès Samedi. Le sélectionneur est admiratif de l’évolution du couple Pénélope/Mylord Carthago, « le cheval ne cesse de progresser ». Interrogé sur l’avenir et l’éventuel dilemme pour Pénélope de choisir entre ses deux montures de têtes pour les Championnats du monde de Lexington, Laurent Elias confie « c’est mieux d’avoir le choix dans ce sens…cette génération de cavaliers se structure en France comme les cavaliers étrangers. »

Après le Grand Prix avec Genève en ligne de mire, « Kevin aurait pu être sur le podium mais c’était une rentrée pour Kraque Boom. Il va courir Genève avec ses deux chevaux puisque cette année c’est la première fois que le règlement l’autorise. Il devrait prendre Silvana pour la chasse puis Kraque Boom pour les qualificatives. Kraque Boom aura déjà sauté lors du CSI organisé en parallèle de la Coupe du Monde. Il reprendra Silvana pour la finale ».

Le Choix semble stratégiquement intéressant pour garder suffisamment de fraîcheur, combien de cavaliers vont-ils l’adopter ? A suivre…

G. G.

15/04/2010

Actualités régionales