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Saint-Petersbourg, Capitale du cheval en Russie

Forte présence française cette année à Hipposphère, le salon du cheval de Saint Pétersbourg. Trois raisons à cela: l’hommage rendu à Jean-Louis Gouraud, l’écrivain-cavalier-globe trotter, une mission économique de l’UNIC et de l’Adeclor Photo 1 sur 2
(éleveurs de chevaux de Lorraine), et l’année « France - Russie » qui se traduit pour le cheval par une exposition du sculpteur russe Lanceray au haras du Pin.

Le Salon du Cheval de Saint-Pétersbourg fêtait cette année, début mai, un double anniversaire : ses douze ans d’existence… et les vingt ans d’un exploit équestre aussi politique que sportif : celui que réalisa en 1990 notre ami Jean-Louis Gouraud, en ralliant Paris à Moscou (3 333 kms) en 75 jours seulement, grâce à l’utilisation de deux chevaux - deux trotteurs-français, Prince de la Meuse et Robin - qu’il montait en alternance. Parti de France le 1er mai 1990, il parvint sur la fameuse Place Rouge de Moscou le 14 juillet de la même année. Pour remercier Gorbatchev (à l’époque maître suprême de l’Union Soviétique) de l’avoir autorisé à franchir ainsi le rideau-de-fer (ce qui aurait été impensable quelques années auparavant), Gouraud lui offrit ses deux trotteurs.

L’aventure parut si incroyable que, vingt ans après, les Russes s’en souviennent encore. La preuve : les organisateurs du Salon du Cheval de Saint-Pétersbourg ont proposé à J.-L Gouraud - qui s’est empressé d’accepter - d’être cette année leur invité d’honneur.

Il faut dire que cela tombait triplement bien. Primo : 2010 est, on le sait, une année consacrée « franco-russe » par les autorités des deux pays, qui ont organisé à cette occasion de nombreux échanges culturels : y ajouter un événement équestre n’était pas superflu. Secundo : l’inauguration de ce XIIe Salon du Cheval de Saint-Pétersbourg avait lieu cette année le 1er mai, or c’est un 1er mai aussi, voici tout juste deux décennies, que Gouraud entreprit son voyage. Tertio : une autre actualité, celle-là purement littéraire, avait amené notre ami - invité en l’occurrence, par les Services Culturels de la Ville - à se rendre à Saint-Pétersbourg : la publication récente, par un éditeur local, (Europeïski Dom) de la traduction russe de son roman « Ganesh ».

« Après la chute du système communiste, au début des années 1990, nous explique J.-L.Gouraud, la Russie a connu un effondrement de ses activités équestres : haras nationaux livrés à l’abandon, centres équestres et hippodromes en délabrement, et sports équestres à la dérive. Heureusement, à la fin de cette décennie noire, la situation économique s’étant stabilisée, la ville de Saint-Pétersbourg - qui reste, depuis sa fondation, en 1703 par Pierre-le-Grand, la grande concurrente de Moscou - s’est souvenue qu’elle avait été une importante ville du cheval, où règne encore l’ombre tutélaire de James Fillis, cet écuyer français d’origine anglaise, invité par le pouvoir impérial, en 1898, à venir enseigner ici la belle équitation française, dont se sont réclamés par la suite tous les grands cavaliers russes de Dressage, y compris les champions olympiques Filatov, Petouchkova ou Kizimov.

Par fidélité à ce prestigieux passé équestre, Saint-Pétersbourg, la ville d’origine de Vladimir Poutine - dont on sait qu’il n’est pas mauvais cavalier - s’est empressée, dès qu’elle en a eu les moyens, de créer (c’était, je crois, en 1999) un Salon, joliment baptisé Hipposphère, et abrité par le grand parc des expositions de la ville, Lenexpo, majestueusement étalé au bord de la Baltique le long du Golfe de Finlande, à l’extrémité occidentale de l’île Vassilievski. »

Célèbre en Russie pour avoir réalisé en 1990 son fameux raid Paris-Moscou, Jean-Louis Gouraud est surtout connu à Saint-Pétersbourg pour son action en faveur de la sauvegarde et la réhabilitation d’un lieu historique situé non loin de là (une vingtaine de kilomètres), dans le parc du Palais Catherine, à Tsarskoye Selo : un cimetière pour chevaux - sans doute le plus grand du monde -, créé par la volonté du tsar Nicolas Ier, puis abandonné après la Révolution Bolchévique.

Lorsque, dans les années 80, J.-L Gouraud redécouvre ces lieux, où 120 montures impériales ont été enterrés, l’endroit n’est qu’un dépotoir, que l’on ne va tarder à nettoyer à coups de bulldozer. Gouraud s’interpose, crie à la profanation, trouve des fonds pour entreprendre la restauration : le site est sauvé, et tous les amateurs de chevaux de Saint-Pétersbourg (et du reste du monde) lui en sont reconnaissants. Comme ils lui sont reconnaissants d’avoir fait revivre, par un roman, puis un film, l’extraordinaire aventure de « Serko », ce petit cheval qui, sous la selle du cosaque Dimitri Pechkov, réalisa en 1889/1890 ce que Gouraud appelle « le plus grand exploit équestre de tous les temps » : 9 000 kilomètres parcourus en moins de 200 jours, de Blagovestchensk, sur le fleuve Amour (à la frontière de la Chine), jusqu’à Saint-Pétersbourg.

« Ganesh », son roman récemment traduit en russe et publié par un éditeur pétersbourgeois, raconte une toute autre histoire, promenant le lecteur à travers l’espace (l’Inde, la Mongolie, l’Afrique), le temps, et même l’éternité (!). On y croise beaucoup d’éléphants et de dromadaires. Mais aussi, qu’on se rassure, des chevaux.

« On croise par contre peu de Français à Saint-Pétersbourg, déplore J.-L Gouraud. Dans le domaine équestre, comme dans beaucoup d’autres, les Allemands ont une longueur d’avance sur nous. Aussi ai-je été particulièrement heureux de voir cette année, au Salon Hipposphère, une délégation de l’UNIC venue prendre des contacts. La France a ici toutes ses chances ».
Etienne Robert

« Lanceray, le sculpteur russe du cheval » exposition au Pin

Première exposition en France du sculpteur russe du XIXe siècle Eugène Alexandrovitch Lanceray, au Haras du Pin de Juin à Septembre 2010.

Petit-fils d’un officier français qui s’installa en Russie suite aux guerres napoléoniennes, Eugène Alexandrovitch Lanceray (1848-1886), est un grand sculpteur russe, moins connu que son homologue russe peintre Répine. Lanceray a pourtant fortement influencé la sculpture animalière surtout au niveau de la représentation des chevaux puisque Frederic Remington, peintre et sculpteur américain, réputé pour ses représentations de chevaux, acheta le bronze de Lanceray « Fourrageur cosaque faisant une halte » probablement lors de son séjour à St-Petersbourg. Lanceray exposa deux fois à Paris lors du salon de 1876 et de l’Exposition Universelle de 1878.

Grâce au soutien des collectionneurs privés français et britanniques, du Musée du régiment cosaque de la garde impériale de Courbevoie et du Musée de l’Ordre de la Libération de Paris, l’association Haras du Pin Tourisme, en partenariat avec le haras national du Pin réunit une vingtaine de sculptures de chevaux de Lanceray. Cette exposition a été retenue dans la programmation de l’« Année France-Russie 2010 ».

Unic et Adeclor à la conquête du marché russe

L’UNIC et l’Adeclor (association des éleveurs de Lorraine) sont allés prospecter à Saint Pétersbourg à l’occasion d’Hipposphère. Alain Lehmann et Jean-Pierre Didelot composaient la délegation lorraine. Au menu-copieux-de ce voyage d’affaires: visite du salon, visites de deux structures équestres et rencontres avec des décideurs de la région de st Pétersbourg. Tout cela en compagnie d’une interprète, Mélodie Beaudry, la fille du célèbre cosmonaute, elle-même cavalière et journaliste. Le marché russe est en plein essor, peu organisé structurellement mais fort interessé par l’expertise française. La France y jouit d’une aura équestre très forte. Il est temps de s’organiser pour répondre à une vaste demande en chevaux et en formation. Les Hollandais sont déjà là, notemment Jack Lubbers, le redoutable négociateur de Vdl Stud.

D’importants contacts ont été pris par la délégation lorraine qui recevra d’ici peu M.Vorobiev, président de la fédération de St Pétersbourg et Mlle Vorobiev, chargée de mission à la fédération.

10/06/2010

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