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RIDE : la Normandie fait son show

Après une première tentative en 2004 au Haras de Jardy (Hauts-de-Seine) couronnée d’un joli succès d’estime, Amaury Sport Organisation (ASO) a réitéré les Rencontres internationales des disciplines équestres (RIDE) à Deauville dans le cadre Photo 1 sur 7
somptueux de l’hippodrome de Clairefontaine.

Le concept : construire un évènement haut de gamme, pérenne et grand public autour des trois plus spectaculaires disciplines équestres, CSO, concours complet et attelage à 4. Objectif second : en partenariat avec le Conseil régional de Basse-Normandie et avec l’appui du Conseil régional de Haute-Normandie, renforcer la candidature normande à l’organisation des Jeux équestres mondiaux de 2014.

Maître d’œuvre du Tour de France, du Dakar, du Marathon de Paris ou encore de l’Open de France Golf, ASO devait ainsi moderniser le format traditionnel de ces épreuves, souvent cataloguées comme non télégéniques par les gourous du domaine, pour rendre le spectacle accessible et captivant pour le grand public. Les ingrédients de cette cure : diminution de la durée des épreuves, limitation du nombre de participants, recherche d’éléments générateurs de suspens et dotations pour le moins alléchantes. En CSO par exemple, 170 000 € ont été distribués sur les six épreuves qualificatives et 180 000 sur la finale Top RIDE dont 60 000 € pour le vainqueur. En complet et en attelage, les dotations globales étaient de ?80 000 et 50 000 €.

Les 30 cavaliers engagés dans le jumping, les 30 autres du complet et les 15 meneurs étaient donc avertis : il allaient vivre quatre jours à un rythme d’enfer !

En CSO, les cavaliers étaient autorisés à utiliser trois chevaux répartis entre les six épreuves des trois premiers jours, affectées de coefficients différents et comptant pour le classement mondial FEI. L’objectif était de faire partie des dix couples autorisés à participer la finale Top RIDE du dimanche après-midi, sorte de tie-break avec remise à zéro les compteurs.

En complet, la reprise de dressage était réduite à trois minutes (sept minutes traditionnellement) et précédait une épreuve de CSO davantage sélective et se disputant au barème C. Dans le cross, les concurrents, privés de chrono au poignet, voyaient leurs pénalités comptabilisées en temps et non en points et lourdement sanctionnées.

En attelage, recherche du spectaculaire également car les meneurs ont dû faire leur deuil de l’épreuve de dressage au profit de deux marathons, dont un départ arrêté avec un seul objectif : la vitesse.

A l’issue de cette première édition normande, les organisateurs affichaient une satisfaction légitime mais force est de constater que l’ensemble paraît encore perfectible et que la marche semble encore haute pour prétendre rivaliser avec les cinq étoiles français et, qui plus est, européens.

En terme de plateau tout d’abord. Certes les engagés appartiennent à l’élite mondiale et le spectacle fut de grande qualité. Mais si l’on excepte l’attelage où s’est affrontée la crème mondiale, en CSO seuls quatre cavaliers appartiennent au Top 20 mondial, et deux en complet. La faute probablement à une programmation coincée juste après des échéances majeures et en concurrence directe avec l’étape italienne du Global Champion Tour (Arezzo).

Sur le plan de la fréquentation ensuite. Si les 16 000 spectateurs recensés constituent un encouragement, ils correspondent en fait à peine à la fréquentation moyenne du dernier jour d’un cinq étoiles de la Samsung Super League.

Signalons enfin la qualité de la piste, unanimement saluée par les participants. A contrario, concernant les transports (navettes) et la restauration, la logistique s’est avérée inadaptée et sous-dimensionnée aux moments d’affluence.

Des pistes de travail donc, mais également de nombreux motifs de satisfaction qui constituent autant de points d’appui pour la prochaine édition.

Daniel Sebire
CSO (30 engagés) :

six qualificatives et une finale à dix

CCE (30 engagés) : dressage (3’),

CSO (barème C) et cross (3 300 m, 5’50)

Attelage (15 engagés) :

deux maniabilités et deux marathons

CSI***** : la leçon d’Ionesco

En inversant la tendance du premier jour et en réalisant un triplé dans les trois dernières épreuves pour finalement s’imposer dans la finale Top RIDE, Olivier Guillon et Ionesco de Brekka ont obtenu leur premier grand succès de prestige sur la scène internationale, een y ajoutant la manière. Même si cela ne fait qu’aviver la déception post-Mannhein et Barcelone, la superbe 2e place d’Eugénie Angot et Illostra Dark (qui hésita un temps à se rendre à Deauville) et le joli tir groupé des tricolores (cinq couples parmi les dix retenus en finale) constituent la démonstration éclatante que les talents sont immenses et nombreux et que seule l’absence d’une partition commune nuit à l’exécution de grandes oeuvres…

Lauréat de la première édition du RIDE à Jardy en 2004, Markus Fuchs est parvenu, avec Nirmette, à conserver le 3e accessit, aux dépens d’un Michel Hécart et Itot du Château encore très incisifs. La jolie surprise - mais en est-ce vraiment une - est venue de Luciana Diniz, classée 6e et qui confirme les belles dispositions entrevues à Estoril, La Corogne et Mannheim. Désormais coachée par Jean Maurice Bonneau, la Lusitanienne s’affirme d’ores et déjà comme une valeur montante et l’une des révélations de la saison. Déception en revanche pour Florian Angot et First de Launay*HN, pourtant idéalement placés en pôle position avant le tour final.

Les Frenchies ?assurent

Dimanche matin au paddock, la tension est perceptible, où les calculs le disputaient aux spéculations. Sorti indemne et pour la troisième fois en 24 h en tête de son tour, Olivier Guillon suit assidument les parcours de ses adversaires afin de savoir s’il va finir par rentrer dans ce fichu Top 10, objet de toutes les convoitises. Objectif atteint grâce à une nouvelle victoire conjuguée, avec l’aide involontaire de Mickael Whitaker associé à l’entier Mozart des Hayettes (Papillon Rouge - Nimmerdor KWPN) ?(12 pts) et surtout celle de Steve Guerdat/Trésor IV (8 pts), leader jusqu’alors et qui rate la dernière marche et reste à la porte. Déception également, même si les affaires étaient déjà très compromises, pour les vainqueurs de la Coupe du Monde, Beat Mändli et Idéo du Thot (Arioso du Theillet), qui font trois petits tours et puis s’en vont. En s’appropriant la moitié des sésames, les Frenchies ont créé la sensation. Les invités surprises ont eux pour nom Luciana Diniz/Suzie Quattro et Marc Houtzager avec le fils de Polydor, Opium VS.

Olivier et Ionesco dans la cour des grands

Le temps de remettre les compteurs à zéro et d’une ‘‘petite finale’’ d’attelage, et le dernier invité de cette finale Top RIDE, Julien Epaillard, s’élance en ouvreur avec Icare du Manet. Le Normand n’est pas du genre à s’amuser en route, mais dès l’oxer 2, le fils de Papillon Rouge est à la faute. Il le sera encore à deux reprises, dont une en sortie du double. C’est à la Lusitanienne Luciana Diniz que revient le privilège de boucler le premier sans-faute. Sa joie et celle de son coach font plaisir à voir, mais il est déjà évident que les 56’’04 réalisés ne seront pas suffisants.

Impression immédiatement confirmée par Tim Stockdale qui boucle sans encombre en améliorant le chrono de plus de trois secondes (52 ‘’57). Markus Fuchs fait encore mieux (51’’20) avec Nirmette, même si le Suisse a été contraint de recaler sérieusement la fille de Ramiro à l’entrée du double. Les choses deviennent sérieuses.

Marc Houtzager opte lui pour la sécurité (62’’26). Ce n’est pas le choix fait par Olivier Guillon et le public frémit quand, sur l’oxer Nesquik, il opte pour une longue. Mais Ionesco a de gros moyens et la prise de risques s’avère des plus payantes : 50’’32.

Ni l’Allemand Franke Sloothaak/Aquino Holst ni même Eugénie Angot et une Ilostra revenue à son meilleur - elle n’a pas touché une seule barre des trois jours - et qui échouent d’un souffle (50’’43), ne feront mieux. Chez les Leboulanger, on se prend à y croire, même s’il reste encore deux sacrés clients…

Michel Hécart et son valeureux Itot bouclent un nouveau sans-faute mais les longues galopades imposées par le tracé ne favorisent pas le ‘‘petit guerrier’’. Florian Angot et First entrent alors en piste avec toute la pression sur les épaules. Trop de pression probablement car moins rapide, le Manchois n’a d’autre alternative que d’opter pour une liaison dangereuse entre l’oxer 4 et le vertical du RIDE que le fils de Laudanum ne parvient pas à complètement effacer.

D. S.

Olivier Guillon : « Sur l’oxer précédant le Nesquik, j’ai perdu un peu le contrôle et donc la distance n’était pas trop bonne. Dans ces cas-là, il faut prendre rapidement sa décision : soit je me rapprochais, quitte à perdre un peu de temps et surtout faire une faute en étant trop près, soit j’optais pour cette longue foulée. Comme Ionesco a des moyens, j’ai choisi cette option. De toute façon, vu les cavaliers qui passaient derrière moi, je n’avais pas trop le choix... »

Eugénie Angot : « J’ai perdu du temps en début de parcours. Après le 3, j’étais plutôt plus rapide. Ilostra a été formidable. Je comptais beaucoup sur elle car je savais que mon jeune cheval risquait de ne pas être compétitif. En fait, j’en avais un pour le bonus et un pour le malus… »
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Série en cours pour le tout nouveau champion d’Europe. Après Fontainebleau, Pratoni De Vivaro (deux fois), Saumur, Vittel et Martinvast, l’Angevin a remporté son septième trois étoiles de la saison. Une nouvelle fois opposé à quelques-uns des meilleurs mondiaux de la discipline et associé à Tatchou (hongre Anglo bai de ?9 ans par Faristan AA et El Aid AA, appartenant à Véronique Real), il s’est imposé de main de maître au terme d’un cross particulièrement sélectif, disputé sur l’hippodrome de Clairefontaine, sous un soleil estival et devant un public hétéroclite mais visiblement conquis.

Le trophée n’était pourtant pas acquis au matin du jour de compétition, puisque le détenteur de la Coupe du Monde était devancé au général par la Suédoise Linda Algotsson et la Belge Karin Donckers, toutes deux royales la veille lors de l’épreuve de CSO.

Clayton Fredericks en pôle ?à l’issue du dressage

Ambiance feutrée pour cette entrée en matière d’un RIDE qui prend ses marques. La reprise de dressage, en général un peu rébarbative et longue (7 minutes), était ici ramenée à trois minutes. Les Australiens semblaient décidemment à leur aise à Deauville : dans la foulée de Boyd Exell en attelage, c’est Clayton Frederiks qui s’est emparé de la tête avec son cheval de tête, Ben Along Time, un Irlandais par Cavalier Royale. Nicolas Touzaint est déjà aux avant-postes puisque 2e de cette épreuve, devant Pascal Leroy et Glenburny du Leou (Royal Estivaux).

Changement de donne à l’issue du parcours de saut d’obstacles couru au barème C, une formule à laquelle les complétistes ne sont pas véritablement rompus et sur des cotes réhaussées. Moins heureux que la veille, Clayton Fredericks, coupable d’une barre et d’un parcours peu rapide, rétrograde à la 6e place.

Seuls huit couples sont parvenus à réaliser un sans-faute. Meilleur chrono pour la Suédoise Linda Algotsson et Stand By Me, un SWB par Stanford. Elle devancait le Japonais Yoshiaki Oiwa, que l’on n’attendait pas forcément à pareille fête, Karin Donckers et le Britannique Matthew Wright.

S’appuyant sur son expérience en CSO au plus haut niveau national, Nicolas Touzaint a compensé la barre mise au sol par Tatchou par le second chrono, de sorte qu’il pointait samedi soir à la 3e place du provisoire, juste derrière la Suédoise et la Belge.

Un cross décisif

Gros succès populaire pour ce cross disputé sur un parcours de 3 300 m, soit un peu plus court que les épreuves majeures de la saison mais d’un niveau technique équivalent. Dans cette épreuve décisive, aux multiples rebondissements, le champion d’Europe et de France a presque donné l’impression de dérouler facilement, là où ses principaux rivaux étaient à la peine.

Il a été le seul à s’approcher du temps idéal (5’54 pour un contrat de 5’50), seul Clayton Fredericks parvenant à soutenir la comparaison (6’08). Mises sous pression et contraintes de se mettre dans le rouge, Karine Donckers, gagnante de l’édition 2004 du RIDE, a chuté et Linda Algotsson essuyé une désobéissance de Stand By Me l (17 ans).

Magnifique exploit donc de la part d’un sympathique champion, qui s’est imposé dans trois épreuves majeures en l’espace d’un petit mois. A noter encore le joli accessit obtenu par Jean Teulère et Le Lupin de Tanues.

D. S.

Nicolas Touzaint : « Tatchou a bénéficié de la préparation pour le championnat d’Europe de Pratoni del Vivao (lire page xx). Ensuite, cela à bien voulu me sourire. Le cadre est magnifique et le sol était très bon. Il y a eu beaucoup de travail effectué avec des passages sablés, c’était très bien construit, comme toujours avec Pierre Michelet. Le parcours était très technique, assez sinueux avec beaucoup de virages et des obstacles très directionnels, obligeant à bien préparer les chevaux pour éviter une dérobade. C’est pourquoi le temps était très difficile à atteindre. Ce RIDE est un format intéressant qui change des autres épreuves. Il faut toutefois faire attention à ce que cela reste du concours complet. »

Clayton Fredericks : « Les règles nous ont demandé de changer nos habitudes, de ne pas rester figés dans ce que nous pratiquons tout au long de l’année. Ce qui était bien sûr intéressant pour le public ! Le cross m’a semblé très rapide, comme le CSO du deuxième jour, où on nous demandait un galop vraiment soutenu. Ben Along Time a très bien sauté mais je devais garder en tête de le préserver pour le cross du lendemain. »
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Jeudi 14 h sur l’hippodrome de Clairefontaine, le RIDE commence véritablement avec le concours d’attelage à 4 chevaux. Quatre épreuves sont au programme de la discipline : une maniabilité, un marathon, une seconde mania et enfin un second marathon. Quinze équipages sont engagés.

Le meneur français Pascal Hediger et ses chevaux suisses Franche-Montagne font office d’ouvreurs, sous les yeux des cavaliers de saut d’obstacles et de complet. La première maniabilité démarre à cent à l’heure devant un public ébahi et déjà conquis. Un superbe duel oppose d’entrée de jeu l’Australien Boyd Exell, 2e de la computer liste mondiale, et le talentueux Français Benjamin Aillaud et ses Lippizans. L’avantage reste à l’Australien qui, dernier à partir, a pu gérer son parcours en ne concédant qu’une faute. Fidèle à son habitude, le Frenchie est lui allé beaucoup plus vite mais au prix de deux quilles.

Spectaculaires marathons

Du spectacle encore et toujours plus d’émotion le lendemain, et un public de plus en plus nombreux à se presser autour des six magnifiques obstacles du marathon réalisés par l’entraîneur national Jacques Tamalet. Est-ce cette ‘‘french touch’’ qui aura inspiré Benjamin Aillaud ? Toujours est-il qu’il a réalisé un magnifique parcours tout en assurant le spectacle, comme sur le troisième obstacle dont, emporté par sa vitesse, il est sorti sur deux roues... Benjamin prenait donc la tête de l’épreuve, profitant il est vrai de l’incroyable mésaventure pour Boyd Exell : il a emmêlé son équipage sur le Pont de Normandie, ultime obstacle du parcours, perdant ainsi un temps précieux. Sur ce même obstacle, le Suédois Thomas Eriksson, victime d’une mésaventure identique, a lui été contraint de dételer pour récupérer tout son monde. Du spectacle comme on en redemande…

Retour sur la piste samedi et les mouches changent de coche dans cette seconde maniabilité, encore courue à tombeau ouvert. Sur ce coup, Benjamin Aillaud laisse quelques plumes (6e de l’épreuve, il est 4e au général) et c’est le Hollandais Mark Weusthoff, ici intouchable, qui s’impose et remonte à la 2e place au général, derrière le Suisse Werner Ulrich qui a joué la sécurité.

A l’aube du dernier jour, ils sont quatre dans un mouchoir de poche. Le final du dimanche promet d’être chaud.

Il fallait le voir pour le croire : 7 000 spectateurs couraient d’un obstacle à l’autre pour ne rien manquer du spectacle. Il n’est cependant pas certain que tous aient couru suffisamment vite pour suivre un Boyd Exell qui a enclenché le turbo, reprenant ainsi la tête du général. Il devance d’un point au général Mark Weusthof et Werner Ulrich. Au terme de ce combat de géants, Benjamin Aillaud termine, lui, au pied du podium.

D. S.
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Boyd Exel : « Ce qui me satisfait le plus, c’est que mes chevaux ont été très rapides le premier jour. Sur le premier marathon, c’est moi qui a commis la faute sur le pont. Ils méritaient vraiment de gagner, donc cette victoire est finalement assez juste. L’attelage a rencontré plus de succès à Deauville qu’il n’en avait connu à Jardy. Le public était vraiment super et très nombreux, en plus il y avait une très bonne ambiance. Cette compétition est une excellente répétition avant le début de la Coupe du Monde, mais mon équipage est un peu versatile, alors ne jurons de rien… »

05/10/2007

Actualités régionales