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Rhinopneumonie : ce qu’il faut savoir

La rhinopneumonie est une maladie virale. Le responsable est un herpès virus. Vous connaissez sûrement chez l’homme également les herpès virus. Ils sont responsables de la maladie super sympa qui donne de joli « boutons de fièvre » sur les lèvres. Le virus une fois entré dans l’organisme peut rester en sommeil des années sans s’exprimer et faire des résurgences suite à un stress, une baisse immunitaire due à une autre pathologie.

Il faut savoir qu’environ 70% des chevaux sont porteurs latents de ce virus. 

Ainsi un cheval peut être porteur sain du virus et à l’occasion d’une baisse passagère de son immunité, permettre au virus de s’exprimer. Un cas peut donc survenir au sein d’un effectif qui semblait à l’abri.

La rhinopneumonie peut résulter de l’action de différentes souches d’herpès virus et donner différentes expressions de la maladie.

La forme abortive : elle est responsable d’avortement lors de la gestation de la jument, le plus souvent vers la fin de gestation et c’est pour cette raison qu’un haras ne laissera jamais entrer dans son effectif de chevaux non vaccinés contre la rhinopneumonie, reproducteur ou pas. Et vous avez peut-être entendu parler de vaccination rhino aux 5e, 7e et 9e mois de gestation, ceci dans le but de booster le taux d’anticorps de la poulinière en fin de gestation et limiter les risques de perte de poulain.

La forme respiratoire : qui ressemble à une grosse grippe avec des symptômes plus ou moins sévères mais qui peut se compliquer par une infection bactérienne. A noter tout de même qu’un cheval qui se remet de sa rhino de forme respiratoire, certes il ne meurt pas mais il peut garder des séquelles du type emphysème et pour tous ceux qui ont la malchance d’avoir un cheval atteint de bronchite chronique c’est tout de même une vraie galère. Des foyers de forme respiratoire sont en permanence présentes sur le territoire français. Il suffit de faire un petit tour régulièrement sur le site du RESPE pour le constater. 

La forme neurologique : c’est une myélo-encéphalite. Et là, on ne rigole plus du tout. Elle se traduit par des ataxies (incoordination motrice) pouvant aller jusqu’à la paralysie des membres. Or tout homme de cheval sait qu’un cheval qui ne se lève plus, même s’il ne meurt pas de cette paralysie primaire, peut avoir des complications digestives qui elles, seront fatales (coliques…). De plus les signes neurologiques peuvent se compliquer par une paralysie des muscles lisses, notamment de la vessie et des complications urinaires s’ajoutent avec un risque de nécrose du muscle vésical. Et on ne fait pas trop de greffes de vessie chez les chevaux…

Rappelons-nous que le virus est d’abord transmis par voie aérienne, puis migre dans l’organisme, provoque des réactions inflammatoires, secondairement d’hypersensibilité qui elles sont responsables de la forme nerveuse. Donc si on empêche la circulation des formes respiratoires on provoque la raréfaction des formes neurologiques. 

Ces chouettes formes de rhino sont le résultat de différentes souches d’herpès virus.

La souche 4 est responsable de formes respiratoires.

La souche 1 est responsable de formes respiratoire, abortive et neurologique.

Il existe des vaccins contre les souches 1 et 4.

 

Vaccination 

Le vaccin protège plutôt très bien contre la forme abortive, d’où son utilisation par les haras effectuant de la reproduction. Il protège moyennement contre la forme respiratoire et plutôt mal contre la forme neurologique.

Alors bien sûr, vacciner aujourd’hui parce qu’une épidémie de rhino est là n’est pas garant de protection pour son cheval bien-aimé, certes, mais la nécessité de vacciner est un calcul sur une population et non sur l’individu (là si vous y voyez un petit parallèle avec notre ami le coronavirus… et bien vous avez raison !). Un cheval vacciné contre la rhinopneumonie, même si malheureusement il tombe malade, va excréter dans ses postillons de faibles quantités de particules virales contagieuses contrairement à un cheval non vacciné. Or la rhino se transmet par les microgouttelettes d’excrétion nasales et à courte distance (chevaux voisins de boxes par exemple, a contrario de la grippe équine qui a un portage de plus de 30 mètres). Si un cheval vacciné excrète moins de virus, il est moins contagieux et l’épidémie est plus facile à contrôler et ne se répand pas comme une trainée de poudre. 

Il faut donc vacciner l’effectif entier d’une écurie. Le monde des courses l’a compris depuis longtemps et il est obligatoire de vacciner rhino et tous les 6 mois dans les courses.

Les détracteurs du vaccin vont dire : « pas efficace sur la forme nerveuse » oui mais si nous vaccinons tous, le virus circule beaucoup moins et les épidémies se raréfient. Donc on réfléchit et agit pour le bien de l’ensemble de nos équidés et de ceux du voisin.

Ils diront également, « l’immunité est peu durable dans le temps ». C’est vrai, on sait que le vaccin permet le maintien d’un taux d’anticorps protecteurs 6 mois derrière l’injection, ensuite ce taux décroît. Donc soit on vaccine tous les 6 mois (comme dans le milieu des courses) soit on fait un rappel annuel et si une épidémie survient et que le vaccin de son cheval a plus de 6 mois, on avance la date du rappel rhino.

Ils diront aussi « le vaccin rhino a des effets secondaires dangereux ». Depuis que je suis veto, et je commence à être sacrement vieille, je n’ai jamais perdu un cheval suite au vaccin rhino et aux vaccins en général. Il y a sûrement eu quelques cas, mais cela reste très rare et en tout cas plus rare que les épidémies de rhino.  

Donc vaccinons !

C’est vrai aussi que l’on peut laisser faire la sélection naturelle et voir si son cheval est le maillon faible ou pas.

Une fois le virus là, on gère, on évite les déplacements de chevaux, les humains allant d’écurie en écurie, on se désinfecte les mains (l’alcool marche super !) et cela ne nous change pas beaucoup des recommandations contre notre coronavirus préféré. Si on se fait postillonner dessus par un cheval infecté, on ne va pas avec les mêmes vêtements voir le cheval du voisin. Et bonne nouvelle le virus a une durée de survie assez courte dans le milieu extérieur. 

Pour se prémunir, la prévention de choix est le vaccin, mais ne pas y penser uniquement en période d’épidémie mais aussi et surtout toutes les années suivantes (bon j’avoue que certaines motivations de propriétaires ont été brisées dans l’œuf car nous avons subi des ruptures d’approvisionnement de vaccins les années précédentes et beaucoup ont baissé les bras à l’idée de reprendre le protocole vaccinal à zéro).

Un petit plus mais pas le remède miracle, attention !

La supplémentation en lysine. Pour faire schématique, l’herpès virus carbure en consommant un acide aminé qui s’appelle l’arginine. En fournissant un autre acide aminé à l’organisme, la lysine, celle-ci est un squatteur et occupe l’espace de l’arginine, et empêche ainsi le virus de consommer de l’arginine. Privé de carburant le virus se réplique moins. On lui coupe l’herbe sous le pied. 

Sans vouloir rentrer dans ma vie perso médicale, mais pour avoir été pendant des années quotidiennement sous anti viraux (parce que l’herpès labial je connais +++), j’ai testé la lysine et cela fait maintenant plusieurs années que mes éruptions se sont grandement espacées, j’ai arrêté de prendre quotidiennement mon antiviral, le valaciclovir, et je réserve son utilisation quand mon organisme trop fatigué craque. 

J’utilise d’ailleurs aussi la lysine avec succès chez le chat et son herpès virus acteur du Coryza (Ça ça parle aux Cat’s addicts). 

Docteur Vétérinaire Valérie Audinot

12/03/2021

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