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Retour à la réalité

5e Salon des étalons de sport Saint-Lô (50) 20-21 février La 5e édition du Salon des Etalons de Sport en Normandie se déroulait sur les installations du pôle hippique de Saint-Lô. Environ 130 étalons ont ainsi été présentés, à l’obstacle ou en main, parmi lesquels quelques « stars » internationales Photo 1 sur 14
ayant évolué au plus haut niveau, mais également de jeunes sujets aux débuts prometteurs, et même une petite dizaine de « novices », adoubés lors de l’expertise de la race, en octobre dernier.

Du côté de l’organisation, l’évènement semble avoir atteint une certaine maturité, tant au niveau de l’aménagement de l’espace, avec un juste équilibre trouvé entre la surface réservée à l’évolution des chevaux et celle allouée aux différents exposants, mais aussi un éclairage et une sonorisation (traditionnels points noirs) qui ont été, cette fois, améliorés. Autre satisfecit, avec une présentation désormais bien rôdée des sujets par leurs propriétaires et, le cas échéant, leur cavalier(ère) même si, revers de la médaille, avec une pointe de malice dans le regard, un « ancien » nous confiait : « Cette année je ne mets qu’une jument et pas facile de choisir, car ils sont tous bons… ».

A l’inverse on ne pourra que regretter, en ces temps de disette et au regard de l’investissement somme toutes assez conséquent des participants, une communication défaillante dans les travées du CPE (2) de Saint-Lô.
131 prétendants

Pour en revenir à la piste, ils étaient donc sensiblement le même nombre que l’année passée à venir se présenter aux éleveurs de Manche et de Navarre, dans l’espoir d’obtenir les faveurs de leurs poulinières. Au total, quelques soixante-quinze Selle Français, pour dix Holsteiners, sept KWPN, six BWP ou encore cinq Hanovriens et autant de Sbs, quatre Anglo-Arabes, trois Z, deux Oldenbourg et un seul représentant des studbooks Mecklenburg, SWB et Westphalien. Un inventaire constitué pour un tiers (43 sujets) de très jeunes reproducteurs (4, 5 et 6 ans) en tête desquels le Champion de France des trois ans, Shampagne Batilly (Quincy-Burggraaf), pour un autre tiers (45 sujets) de jeunes performers (7 à 12 ans), parmi lesquels la nouvelle coqueluche locale, Mylord Carthago*HN (Carthago, Holst-Jalisco B), uniquement présenté en main s’est taillé un franc succès et un dernier (43 sujets) de «V.I.P» (13 ans et +), tels Arko III, Hann (Argentinus-Beach Boy), très (trop) rapidement présenté, Modesto (Grandeur-Lucky Boy), le tout jeune « retraité » Mozart des Hayettes (Papillon Rouge-Nimmerdor), le Champion du Monde Dollar de la Pierre (Quidam de Revel-Foudre de Guerre), ou encore le très en vogue Quite Easy 958, Swb (Quidam de Revel-Landgraf I).

Où l’on assista à un casting privé Narcos II (Fair Play III-Tanael), Le Tot de Semilly (Grand Veneur-Juriste) et Papillon Rouge (Jalisco B-Centaure du Bois), tous trois disparus en 2009. Des temps forts auront été, outre les apparitions de « Sa Seigneurie » Baloubet du Rouet (Galoubet A-Starter), de retour sur ses terres, la démonstration du « diamant noir », Diarado, Holst (Diamant de Semilly-Corrado I), ainsi que le « show » de Herr Aloïs Pollman Schweckhorst, avec Chacco Blue, Meck (Chambertin-Contender).
Un contexte économique qui modifie les comportements

Unité de temps et de lieu par excellence où se faisaient les affaires lors des précédentes éditions, le Salon des Etalons, marasme économique aidant, voit les pratiques des éleveurs évoluer vers, semble-t-il, plus de retenue, ainsi qu’une attente renforcée en termes d’informations et de garanties. Face aux difficultés à commercialiser les produits des années précédentes (foals et 3 ans notamment), avec tous les surcoûts que ce « stockage » engendre, nombreux sont ceux, en effet, qui envisagent de réduire cette année le nombre de juments mises à la reproduction. Pour celles-là, les meilleures, ils sont moins enclins à « faire confiance » aux jeunes reproducteurs et, sauf « coup de cœur » ou envie de longue date, se tournent vers les valeurs sûres ou les étalons qui leur ont déjà « porté chance ». Si, par hasard, ils cèdent malgré tout à une tentation qu’ils jugent « déraisonnable », ils cherchent alors à s’entourer de toutes les « garanties », tant en termes de santé et d’éventuels impondérables de fertilité de « l’élu », qu’au regard de la qualité et de l’attrait de sa production. Dans ce contexte, la profusion de géniteurs sur le marché (3) apparaît comme de nature à accentuer les difficultés des uns et des autres. Les étalonniers et distributeurs de semence qui affichent le plus de transparence aux regards des taux de fertilité, statuts ostéo-articulaires et autres indices génétiques des étalons, et incluent à leurs offres de « véritables » garanties, semblent bénéficier aux yeux des éleveurs d’atouts commerciaux majeurs.

(1) source : Haras Nationaux - Réseau REFErences

(2) Centre de Promotion de l’Elevage

(3) 497 étalons pour 7.637 naissances enregistrées en SF en 2008 (moyenne 15, 36 saillie/étalon)

Daniel Sébire

Les Etalons présentés à Saint-Lô

Performers GP Internationaux

Adorado, Hann - Alligator Fontaine - Amadehus, Hoslt - Arko III, Hann - Baloubet du Rouet - Bleu Blanc Rouge - Cacao Courcelle - Campo Flamingo Z - Canturo, Holst - Captain Paul, Hann - Carisco C, Holst - Cassini II, Holst - Cardero, Holst - Chef Rouge*HN - Clarence C, Holst - Cockpit, Wetf - Con Air, Host - Conrad, Holst - Controe, Holst - Cook du Midour, aa - Coriano Zwartepannenhof, Bwp - Cyrano du Ruisseau Z - Dalton vh Lindehof, Bwp - Dandy du Plape*HN - Dollar de la Pierre - Dover, Sbr - Epsom Gesmeray - Fastourel du Cap - Fidelio du Donjon - Frazes, aa - Gio Granno, Old - Hermes d’Authieux, aac - Iowa, Kwpn - J’ai l’Espoir d’Elle - Jaguar mail - Jazz Band Courcelle - Jenny de la Cense*HN - Kannan, Kwpn - Kheops St-Lois - Limbo, Kwpn - Litsam*HN - Luccianno*HN - Made In Semilly - Modesto, Kwpn - Mozart des Hayettes, sBs - Mylord Carthago - Nathan de La Tour*HN - Nerios du Banco - New York, Kwpn - Newton de Kreisker - Niagara d’Elle - Nippon d’Elle - Non Stop - Norman Pre Noir - Norton d’Eole- Norway de la Lande - Ok du Rozel - Okavango Semilly - Olargo B - Old Chap Tame - On Ira - Open Up Semilly - Opium de Talma - Orient d’Elle - Osiris d’Orion - Pacha de Preuilly - Padock du Plessis - Panama Tame - Pezetas du Rouet - Phelius de Ste Hermelle - Popstar Lozonais - Port Royal de L’Oir - Propriano de l’Ebat - Qlipper du Banco - Quality Touch, Old - Quarto Mail - Quartz de Talma - Quashmir de Baudry - Quebracho Semilly - Quid de Talma - Quinoto Bois Margot - Quintus, Bwp - Quirinal de Blondel - Quite Easy 958, Swb - Quito du Vilpion - Ravage de mars - Ready Boy des Forêts - Rick d’Ick - Riesling du Banco - Rinaldo Rouge - Rissoa d’Ag Bois Margot - Rock’N Roll Semilly - Rock’N Roll Animal*HN - Roi du Rouet - Rokfeller de Pleville - Roman Clef - Rubis de Preuilly - Saïgon Rouge - Salto de l’Isle - Scareface de Mars - Scendix - Shampagne Batilly - Silver King d’Azur - Spartakhus - Spirit Of Semilly - Splendero de Damvil - Sunday de Riverland - Sunshine du Thot - Toscan de Sainte-Hermelle - Untouchable*Alia - Utrillo Z - Vargas de Sainte-Hermelle - Vauban de Sainte-Hermelle - Zwiep des Fontaines.

Potins égarés sous le soleil retrouvé

Oui, il était au rendez-vous ! Le salon de Saint-Lô signe là sa plus belle prestation, sous les meilleurs auspices du ciel. D’aucuns tendaient à dire qu’il y eut plus d’affluence que l’an dernier, et nous serions prêts à les croire. Un grand « plus » pour l’organisation, son faste et son professionnalisme. Et là tout le monde était unanime : deux jours, c’est très bien.

La soirée du samedi aurait pu réunir davantage de participants. Certains invoquèrent la froidure vespérale. Il est vrai que dîner sur le sable d’une carrière, est loin du dîner sur le sable de La Baule au mois de mai... Le sable est froid... malgré les prestations musicales des courageux qui affrontèrent le micro. Trouver une autre formule redonnerait peut-être une autre chaleur ? Endroit plus intime, chauffé, une bonne soupe à l’oignon, des cochonnailles, des spécialités locales, ne serait-ce pas plus convivial ? Les fêtes entre amis éleveurs, grooms et cavaliers, égayèrent tard dans la soirée les restaurants alentours... Parce qu’ils avaient passé la journée dans le froid, on ne pouvait leur en vouloir.

Les avis des étalonniers « à chaud » ? De bons échos en général, mais ils parlaient surtout de « bons contacts ». Cette année encore la saison débutera tard, plus tard sans doute que l’an dernier. La bonne humeur était de mise, mais… Le sourire timide.
Sous le soleil, sous le soleil, ?l’égarement…

Les bruits de couloirs et les confidences concordaient souvent : la crise est loin d’être terminée. Même si d’aucuns prédisent une reprise « parce que l’immobilier reprend ». Les sacrifiés ? Les « petits » éleveurs. Ceux qui restent avec leurs 3 ans sur les bras. Etranglés parce qu’ils n’ont pas vendu assez ou à perte. Va-t-on faire saillir cette année ? Les fourmis à qui il reste un petit morceau de mouche ou de vermisseau préconisent que oui : faire saillir cette année assure de pouvoir vendre leurs bons 3 ans, lorsque elles auront oublié que la bise « Crise » fut venue ». De plus les fourmis dépourvues ne trouvent pas de banque pour leur prêter quelque grain pour subsister. La banque n’est plus prêteuse.

Un vrai désarroi était tangible. Il suffisait de tendre l’oreille, ou simplement de parler aux éleveurs. Florilège tristes, désabusés, furieux, inquiets : « Dans un contexte négatif les gens se demandent à quoi servent toutes les cotisations que l’on paie, pour ce que cela nous rapporte. »; « L’esprit de passion a disparu, on se fait arnaquer de partout »; « Les gens sont perdus parce que des hommes de chevaux il n’y en a plus beaucoup »; « Je me sens orphelin. Les vieux éleveurs que j’écoutais ne savent plus quoi dire. Alors comment, moi, jeune éleveur, vais-je encore y croire ? J’ai dû reprendre une autre activité parrallèle pour survivre, après trois ans de lutte »; « Il y a trop peu de poulinières et trop d’étalons »; « J’ai l’impression de revivre la crise pétrolière. On a tous tiré la langue. On s’en est sortis. On a vécu ensuite un véritable âge d’or. Mais cet âge est définitivement révolu. On doit retrousser nos manches. »

Point de vin chaud à 1 € comme à Chazey. Tarifs exorbitants pour tous. Bientôt nous verrons les étalonniers, dont l’investissement est important, apporter leur glacière casse-croûte inclus, et manger à la sauvette derrière leurs panneaux publicitaires pour ne pas susciter la méfiance des quelques acheteurs nantis…
Maurice Tabac : rencontre d’un grand Monsieur de cheval

S’il est un grand monsieur que tous connaissent à Saint-Lô, c’est lui Il se rebiffera de ce titre et pourtant… Maurice Tabac, le briscard, le voyageur, l’homme aux sabots de vent. Il a le verbe franc, non sans gouaille, il est générosité pour les hommes (et femmes !), et passion pour les chevaux. La biographie demandée est laconique : la voici non corrigée : « 63 ans père de 5 enfants je découvre le cheval à 8 ans : le champ de course de Villedieu-les-Poeles fut mon terrain de jeux et me permit de faire mes premières armes; à la fin de la scolarité et d’un CAP professionnel, je décide de voir si l’herbe est plus verte ailleurs; après dix ans en Haute-Savoie retour en Normandie; je travaille comme attaché d’inspection aux AGF puis représentant pour une charcuterie industrielle; brevet de guide de randonnée en poche avec mon épouse nous créons un centre de rando à Gouvets (Manche). Suite à un accident au débourrage (fracture du bassin et de lombaires) un an d’arrêt dont 3 mois de fauteuil roulant; le souvenir de mon dernier fils me poussant sur le Plat Gousset à Granville reste douloureux; le corps médical me fait comprendre que la pratique de l’équitation est à ranger dans les souvenirs; un an de galère où le moral est au plus bas; je décide malgré tout de reprendre le cheval et de participer à une petite course d’endurance; le corps suit avec quelques souffrances mais la peur de la chute est trop pressante. Le haras de Saint-Lô puis l’Adecno me permettent de reprendre pied et m’amènent jusqu’à la retraite. »

Sachez cependant qu’en janvier 2009 il a parcouru seul à cheval le chemin de Compostelle, un périple de 3 mois, 2 000 km. De ses carnets de route il en a fait un récit : « Santiago ». Nous le publierons dans nos pages prochaines. Maurice veut de cette façon remercier la générosité des éleveurs normands lorsqu’il prit sa retraite.

Il part fin de ce mois pour un nouveau chemin initiatique : des Cévennes à l’Aubrac, à travers les Monts d’Auvergne jusqu’en Bourgogne. Terme du voyage : Vézelay. Vézelay la pure, Vézelay vers laquelle on s’élève, par la ruelle escarpée qui fait suer le pèlerin sous le soleil implacable de Bourgogne. Nous publierons à nouveau ses notes de voyage, tout au long de son parcours.
Carine Robert

04/03/2010

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