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Pentathlon : des remous après la décision de supprimer l’équitation

La Fédération internationale, malgré une pétition de 7.000 pentathlètes, a voté la disparition de l’épreuve de jumping. La nouvelle discipline (course d’obstacles, escalade, trottinette….) pourrait être choisie en novembre 2022.

« Le pentathlon moderne doit évoluer. Le problème, c’est la manière » : pour Élodie Clouvel, vice-championne olympique 2016, l’annonce de la suppression de l’équitation de son sport, après les Jeux de Paris 2024, a été un choc, partagé par des jeunes espoirs qui s’interrogent sur leur avenir dans la discipline.

La décision le 4 novembre de supprimer l’équitation du pentathlon moderne, - un sport créé par Pierre de Coubertin en 1912 alliant tir, course, natation, escrime et équitation -, a été précipitée par un incident durant les Jeux de Tokyo en août dernier.

Les images de l’Allemande Annika Schleu s’évertuant à faire avancer à coups de cravache et d’éperons le cheval Saint-Boy, ont relancé les débats sur les violences envers les animaux. Son entraîneure Kim Raisner avait été exclue des JO pour avoir frappé l’animal.

L’affaire Saint-Boy a mis en lumière les limites des règles de l’épreuve d’équitation dans le pentathlon : les cavaliers tirent au sort leur cheval et n’ont que vingt minutes de préparation avant l’épreuve.

Plusieurs fédérations nationales ont protesté contre la façon dont les votes ont été conduits.

« On est conscient que le pentathlon moderne doit évoluer, explique Élodie Clouvel. Le problème, c’est la manière (dont l’annonce a été faite) comme ça, sans concertation ». La décision a été votée à 80 % au congrès de l’UIPM, la fédération internationale, dimanche, mais plusieurs fédérations nationales ont protesté contre la façon dont les votes ont été conduit « Aujourd’hui on ne peut plus manager de cette manière, il y a une concertation qui doit être faite », renchérit son compagnon Valentin Belaud, double champion du monde. La décision de la fédération internationale (UIPM) qui devrait entrer en vigueur après les JO-2024 de Paris a provoqué la colère des pentathlètes du monde entier : dans une pétition en ligne qui avait recueilli au 25 novembre près de 7.000 signatures, ils réclament la démission du bureau exécutif de l’UIPM. Ce bureau a été réélu dimanche et le président reconduit pour un huitième mandat…

Pour calmer les esprits, l’UIPM a lancé un large processus de concertation, avec un groupe de travail ad hoc qui examinera les propositions pour remplacer l’équitation et qui devrait rendre son verdict en novembre 2022

La suppression de l’équitation plonge les pentathlètes dans le flou, notamment les plus jeunes, qui pensent déjà aux JO-2028 de Los Angeles.

« Je ne sais même pas si je continuerai le pentathlon après 2024, suivant le sport qui sera choisi. En plus, apprendre un sport à 22 ans, c’est difficile on ne sait pas si on sera performant », explique Pierre Dupuy, 19 ans, licencié au Racing Multi Athlon (RMA Paris) à Paris, une participation aux Championnats du monde junior 2019 en poche.

Cédric Chatellier, 18 ans, et Mathis Rochat, 19 ans, ses deux compagnons d’entraînement acquiescent : « Si la nouvelle discipline est annoncée en 2022, il faudra qu’on commence les entraînements pour ce nouveau sport, tout en continuant à pratiquer l’équitation. On aurait donc six disciplines à travailler », s’inquiète Mathis Rochat.

Les trois étudiants s’entraînent déjà plus de deux heures par jour, du lundi au samedi, séances auxquelles s’ajoute une semaine de stage intensif pendant les vacances.

« Un deuil »

« L’arrivée d’une nouvelle discipline va totalement changer notre sport, nos entraînements, notre préparation physique », soulignent les jeunes.

Valentin Belaud, lui, nuance et semble tirer un trait sur la mobilisation des athlètes : « On ne change que 20 % de notre sport, et puis c’est dans trois ans. Paris, ça sera la clôture de quelque chose, ça sera une belle histoire. Pour moi, ça sera un deuil, j’ai grandi avec des chevaux autour de moi… Los Angeles en 2028, ça sera la nouvelle génération ».

Pour l’UIPM, il faut moderniser le sport, le rendre plus durable, plus abordable aussi pour garantir sa place aux Jeux et répondre aux attentes du Comité international olympique (CIO).

« En France, on est privilégié, mais dans d’autres pays l’accès à l’équitation est réservé aux plus aisés, c’est un frein au développement de notre sport », concède Valentin Belaud.

Même en France pratiquer l’équitation en plus des quatre autres sports peut être un casse-tête. « L’équitation en général, on essaye d’en faire une fois par mois, alors que les autres sports on s’entraîne presque tous les jours », expliquent les trois licenciés du RMA Paris. « Moi mon club (d’équitation) est en Normandie donc je n’y vais pas souvent. On pratique l’équitation lors des stages d’une semaine, où on monte au moins deux fois », précise Mathis Rochat.

Tous sont conscients que leur sport joue gros : « Si le pentathlon n’est plus un sport olympique alors il n’existe plus », prévient, fataliste, Cédric Chatellier.

Les pistes à l’étude

Plusieurs sports ont été cités pour remplacer l’équitation aux côtés de l’escrime, du tir, de la course et de la natation : La course d’obstacles Valentin Belaud, double champion du monde de pentathlon, suggère une course à obstacles. Escalader des filets, avancer suspendus à des anneaux… peut-être ce qui attend les futurs pentathlètes. Valentin Belaud va même plus loin, « on pourrait enchaîner les quatre épreuves (natation, laser run (combiné de tir et de course), et course d’obstacles) dans une seule épreuve de 20 minutes très dynamique ». Cette course présente aussi l’avantage de pouvoir se pratiquer sans matériel spécifique, le mobilier urbain et les obstacles naturels pouvant devenir les supports de la discipline. « Il n’y aurait plus besoin de club, on va pouvoir pratiquer plus facilement le sport ». Une proposition qui correspond aux critères publiés par l’UIPM qui souhaite notamment un sport accessible à tous dans tous les pays, plus adapté à une diffusion télévisuelle ou à la pratique handisport. L’escalade. « L’escalade serait logique », estiment Mathis Rochat et Pierre Dupuy, 19 ans, deux espoirs du pentathlon moderne. L’escalade qui a fait ses débuts olympiques l’été dernier à Tokyo, allie effort physique et analyse des voies. Une combinaison recherchée en pentathlon : « L’idée du pentathlon, c’est d’être l’athlète le plus complet possible. La nouvelle épreuve ne pourra pas être que technique ou que physique », rappelle Valentin Belaud. Le cyclisme. « C’est une fake news », balaye Élodie Clouvel, vice-championne olympique à Rio en 2016. « Ca a été évoqué, car c’est une des disciplines du triathlon, mais nous ne sommes pas des triathlètes, le pentathlon n’est pas un sport que physique, il y a aussi l’aspect technique ». Et la trottinette ? « On a entendu parler de la trottinette lors de récentes compétitions. Ça marche dans les cours de récré, mais difficile d’imaginer ça à un niveau olympique », déclarent, perplexes, Mathis Rochat et Pierre Dupuy. Le comité régional d’Occitanie a développé le « Penta’scol » dans les établissements scolaires de la région depuis l’an dernier. Un parcours est proposé aux élèves pour les initier au pentathlon et attirer de potentiels licenciés, une idée séduisante pour des enfants, pas pour sacrer un champion olympique.

LC (Source Sud Ouest)

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