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Note d’élevage : La fertilité de la jument

   

La fertilité conditionne la productivité de l’élevage et sa bonne santé économique. Elle doit être évaluée rigoureusement au niveau de l’étalon et de la jument, mais aussi à l’échelle de la jumenterie et de l’élevage pour induire des choix de gestion pertinents de la part de l’éleveur.


Plusieurs facteurs interviennent dans la réussite finale :


• l’âge de la jument : à partir de 15 ans la fertilité des juments diminue régulièrement,


• la fertilité propre de la jument : les juments suitées sont plus fertiles que les juments maidens qui sont elles-mêmes plus fertiles que les juments vides,


• le nombre de « bonnes » chaleurs exploitées : vous pouvez l’augmenter en mettant vos juments sous lumière pour avancer la date de la première ovulation, en détectant tous les retours en chaleur et en pratiquant des constats de gestation précoces,


• le type de chaleur : la chaleur de lait peut avoir une moins bonne fertilité (environ 35 % contre 50 % pour une chaleur normale),


• la technique utilisée : choisir la technique de monte la plus fertile,


• le nombre de saillies ou d’inséminations par chaleur : dans le cas d’utilisation de techniques moins fertiles (sperme réfrigéré, congelé) ou d’étalons subfertiles, la fertilité augmente si l’on augmente le nombre de saillies ou d’inséminations (2 ou 3 au lieu de 1).


Méthodes de calcul et signification


Le meilleur indicateur de la fertilité est le calcul de la fertilité à la fin de la saison de monte.


On la calcule comme suit :


nombre de juments pleines divisé par le nombre de juments saillies, multiplié par 100.


Ce chiffre varie en fonction :


- de la qualité du suivi des juments,


- du nombre de chaleurs exploitées par jument,


- de la fertilité par chaleur de la technique de monte utilisée,


- de la fertilité intrinsèque des juments.


Exemple :


on utilise un étalon en IA de sperme frais, sa fertilité par chaleur est normale (50 %)


- si 100 juments sont saillies sur une chaleur, 50 juments seront pleines en fin de saison (fertilité fin de saison = 50 %)


- si les 50 juments restant vides sont saillies sur une deuxième chaleur, 25 nouvelles seront pleines et la fertilité fin de saison sera de 75 %,


- si les 25 juments restant vides sont utilisées sur une troisième chaleur, la fertilité fin de saison sera de 87 %.


Il est donc important de pratiquer un suivi rigoureux (passages à la barre et échographies en temps et en heure) et d’exploiter les juments sur un maximum de chaleurs pendant la saison.


Pour l’éleveur


L’éleveur dispose d’indicateurs pertinents pour évaluer la fertilité de son troupeau.


Le meilleur indicateur de la fertilité est le calcul du taux de poulains déclarés. C’est la fertilité apparente publiée par SIRE.


Elle est calculée comme suit :


nombre de naissances déclarées + nombre d’avortements déclarés, divisé par le nombre de juments saillies.


Ce chiffre varie en fonction :


• de la fertilité fin de saison,


• du taux de pertes durant la gestation (9 % de pertes embryonnaires précoces et 9 % d’avortement en moyenne),


• du taux de mortalité des poulains (12 % entre 0 et 3 mois en moyenne).


Les bases de la reproduction


La reproduction équine est une activité encadrée qui nécessite des connaissances règlementaires et des compétences techniques pour être réalisée correctement. Voici quelques principes incontournables.


Ce que vous devez savoir règlementairement


> Pour pouvoir produire dans une race donnée, tout mâle doit être « approuvé » selon le règlement du stud-book de la race concernée. Selon le stud-book, cette approbation peut être définitive ou provisoire. Depuis 2008, l’agrément annuel des étalons pour la monte publique a été supprimé.


Pour la monte naturelle, les éventuelles exigences sanitaires auxquelles doivent satisfaire les reproducteurs pour pouvoir être approuvés sont définies, pour chaque race, par le règlement de stud book.


Pour la monte artificielle, l’Etat a maintenu des conditions sanitaires obligatoires d’admission des étalons dans les centres de collectes agréés (voir note de service : DGAL/SDSPA/N2008-8038).


> Toute jument immatriculée (sauf les juments Trotteur Français « interdites de reproduction ») peut être saillie mais l’appellation de son produit est fonction des règlements de stud-book en vigueur.


Ce que vous devez savoir techniquement


> La puberté a lieu vers 15 à 18 mois chez les mâles comme chez les femelles. Il faut donc séparer les deux sexes dès le premier hiver.


> Si vous décidez de faire castrer vos entiers, il faudra éviter de le faire avant la descente totale des testicules qui a lieu vers l’âge de 18 mois.


> La femelle a une activité cyclique saisonnière. La durée du cycle est d’environ 21 jours (très variable en fonction de l’individu et de la saison), avec alternance de périodes de chaleurs (acceptation de l’accouplement) et de refus (refus de l ’accouplement).


Pour détecter et suivre ces périodes, il faut passer les juments à la barre tous les 2 jours. Ce test consiste à placer la jument derrière un bat-flanc et à amener un mâle. A son contact la jument présentera des signes de chaleur ou des signes de refus.


> En période de jours courts (de la mi automne au début du printemps), la majorité des juments est en inactivité ovarienne (ovaires au repos). Elles ne peuvent être fécondées.


> Les juments sont saillies ou inséminées pendant les chaleurs, tous les jours ou tous les deux jours selon la technique utilisée et jusqu’à la fin des chaleurs.


La gestation débute lors de la fécondation et s’achève au poulinage. Cette période dure environ 11 mois chez la jument et 12 mois chez l ’ânesse, mais est variable selon la saison : les gestations débutées en hiver sont plus longues que celles débutées au printemps, elles-même plus longues que celles débutées en été.


> Pour savoir si une jument est gestante, la technique la plus utilisée est l’échographie par voie rectale, réalisée par un vétérinaire ou par un agent des Haras nationaux spécialement habilité, dès le 15ème jour après le premier refus à l’étalon constaté.


Cette technique est la seule qui permet de mettre en évidence la présence éventuelle de jumeaux.


En effet, la gestation gémellaire n’est pas souhaitable chez la jument car bien souvent, elle avortera vers le 7 ou 8e mois. Lorsque la gestation va jusqu’au terme, la jument donne très rarement naissance à deux poulains viables.


> C’est dans les trois derniers mois de gestation que le fœtus prend la majorité de son poids de naissance, et par conséquent, c’est à cette période que les besoins alimentaires de la jument augmentent. Sa ration alimentaire journalière doit être adaptée à ses besoins tout au long de la gestation et jusqu’au sevrage du poulain.


> La majorité des poulinages a lieu la nuit.


La date de terme comme l’état de la mamelle et la modification morphologique de la jument ne sont pas des critères fiables pour prédire le poulinage.


Le poulinage est imminent quand la jument présente de légères coliques (tourne en rond, transpire, se couche et se relève, gratte d’un antérieur, se regarde le ventre, …).


Un poulinage normal doit être rapide, c ’est-à-dire moins d’une demi heure de la perte des eaux jusqu’à l’expulsion du poulain. En cas de doute sur le bon déroulement de celui-ci, il ne faut pas hésiter à appeler le vétérinaire.


> La jument revient en chaleurs entre 5 et 12 jours après le poulinage et peut donc être remise à la saillie. Ces premières chaleurs qui suivent la naissance du poulain sont appelées chaleurs de poulinage ou chaleurs de lait, mais peuvent être moins fertiles que les autres.


> Le sevrage du poulain s’effectue entre le 4e et le 6e mois afin de permettre à la mère de mener à bien sa nouvelle gestation. Le but de tout éleveur est d’obtenir un poulain par jument et par an.


(Source IFCE. P. Noue


et A. Margat)

24/03/2016

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