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Mission élevage aux Pays Bas

Avec le soutien du Conseil des chevaux et du Conseil Régional de Basse Normandie, la FNSF a organisé pour ses adhérents un programme de 3 jours de visites aux Pays-Bas, au coeur de l’élevage KWPN. 17 éleveurs normands ont donc traversé la Hollande Photo 1 sur 2
mi novembre pour aller rencontrer le stud-book KWPN, leurs éleveurs et leurs étalonniers

Première étape du voyage, le stud book KWPN nous a fait une présentation d’une heure sur ses orientations et son programme de sélection des voies mâles et femelles.

Si le stud book existe depuis ?100 ans (1887), l’élevage hollandais a été longtemps assez déstructuré. Ce n’est qu’en 1970 que ses nombreuses associations furent fédérées en deux grandes structures finalement fusionnées il y a 20 ans en « the Royal dutch warmblood stud book » soit le stud book KWPN.

Initialement orienté vers le travail agricole, le cheval hollandais s’est affiné après guerre pour répondre au développement de l’équitation grâce à l’apport de sang étranger et de pur sang.

Cette caractéristique de leur stud book est une force qui leur permet de s’enrichir des qualités des autres chevaux européens.

Aujourd’hui, le slogan phare du stud book visant à dépeindre le KWPN le décrit comme un cheval « talentueux, élégant, sain, facile, athlétique, intelligent et joyeux ».

Pour cela, le stud book se définit ?4 objectifs de production (et donc ?4 critères de sélection):

- les performances,

- le caractère,

- la constitution des chevaux et leur «? durabilité »,

- la conformation et le modèle.

De plus, pour accélérer le progrès génétique, depuis 2 ans, le stud book s’est scindé en deux livres, l’un pour le dressage, l’autre pour le CSO.

La sélection des mâles. Les jeunes mâles de 2,5 ans sont d’abord soumis à une visite vétérinaire et une évaluation de leur locomotion, leurs performances au saut en liberté et leur modèle. Chaque année, 800 mâles sont ainsi évalués. Seuls 10% d’entre eux seront autorisés à participer au test de performances ayant lieu à Ermelo au printemps (70 jours) et à l’automne (50 jours) suivant et, au final, seuls 30 étalons seront approuvés. Si l’étalon n’est pas limité en nombre de saillie, l’approbation n’est pas définitive : sa production sera suivie jusqu’à ses douze ans afin de s’assurer qu’il reste opportun de le garder en père. Rarement plus de 5 étalons perdent leur approbation chaque année mais les propriétaires, souvent conscients de la perte de vitesse de leur mâle, le vendent souvent à l’étranger avant d’attendre la décision du stud book.

L’orientation de la voie femelle. Pour inscrire une jument au stud book, l’éleveur doit la soumettre à une évaluation. Si peu de juments sont refusées, cette évaluation permet néanmoins de labelliser les meilleures d’entre elles (label dressage et label CSO). De plus, suite à cette évaluation, le stud book donne à l’éleveur des outils pour évaluer sa poulinière (évaluation de sa locomotion, son saut, son modèle, son bilan vétérinaire...) mais également des conseils de croisement, le tout synthétisé dans un rapport donné à l’éleveur et archivé au stud book. Le programme d’élevage du KWPN semble donc bâti sur trois principes : une sélection « dure » des mâles, le contrôle des mères et la diffusion d’un maximum d’informations.

Nijhof à Geesteren : une longue tradition

Le haras est une exploitation familiale initiée il y a deux générations par le grand père Nijhof qui possédait des juments de travail sur la ferme.

Cavalier, son fils est sorti en complet jusqu’à ce qu’une hernie discale ne l’empêche de monter et le pousse à développer d’autres activités telles que enseignant, chef de piste et étalonnier.

10 ans plus tard, 7 étalons étaient approuvés et vendus. Mais rapidement, il s’est avéré plus rentable de garder les étalons pour faire la monte plutôt que des les commercialiser.

Aujourd’hui, la fille et le fils de ce dernier ont repris l’exploitation et accueillent chaque année près de ?1 000 juments à la saillie (+ 2000 doses envoyées en frais car le système hollandais permet un très bon transport en frais par la poste. Ce système fonctionne également dans différents pays européens mais pas en France où la poste n’est pas assez fiable au niveau des horaires).

Les étalons âgés sont gardés sur le centre, les jeunes sont dans une écurie de travail avec des cavaliers.

Les Nijhof ne possèdent pas de poulinières mais achètent chaque année 200 foals qu’ils sélectionnent ensuite jusqu’à la présentation au testage KWPN à 2,5 ans.

Les foals sont élevés sur un premier site jusqu’à l’âge de 1 an, âge auquel ils arrivent sur la structure familiale. Ils sont alors en stabulation et sortent le matin ou l’après midi. Dès 1 an, ils sont évalués au saut en liberté (10 à 15 séances) avant d’être mis au travail à 2 ans.

Tout produit n’apportant pas satisfaction est écarté. Les chevaux avec de mauvaises radios sont opérés et vendus sans être présentés au testage.

Néanmoins, le testage étant reconnu comme particulièrement exigeant, il est parfois contourné, notamment pour les chevaux très près du sang qui ne s’adaptent pas à cet examen particulièrement stressant (problème de cavaliers). Ces derniers sont alors présentés et approuvés dans d’autres stud-book européens avant d’être présentés au KWPN plus tard pour une approbation sur performance.

Chaque année, en avril, le haras organise une présentation de ses étalons au public.

Caractéristiques du haras 2 sites : ?120 ha, 500 chevaux, 2 marcheurs avec rond de longe au centre, 2 petits manèges (25 x 25 m) pour lâcher les chevaux l’hiver, 1 manège pour le saut en liberté, 1 manège pour travailler les jeunes chevaux, stabulations multiples, 1 écurie des étalons + 1 écurie des jeunes mâles au travail

Alimentation : enrubanné (fait sur l’élevage) granulés + mélange blé-orge-avoine Etalons présentés : Concorde, Heartbreaker, Clinton, Manhattan, Larino, Sandreo et Lord Z Aerobic, Contador , 1 mâle par Cruisador -Quidam

Horn à Wiemselbach : berceau de Libero H

Ce haras, appartenant à la famille Horn, est consacré essentiellement aux étalons.

Seules 7 à 8 poulinières sont à la reproduction. Sur un autre site (à 45 km) est élevé l’ensemble des foals jusqu’à 2 ans, âge à partir duquel ces derniers reviennent sur le site principal pour être préparés au testage.

La renommée de ce haras s’est construite sur l’étalon Libero H, mort il y a deux ans, et dont 25% de la production sautait 1,50 m. Seuls deux de ses fils sont aujourd’hui approuvés en Europe par des stud book reconnus, à savoir Numéro et Ustinov. Ils sont aujourd’hui tous deux présents dans les écuries de Wiemselbach.

Chaque année, les Horn complètent la production de leur élevage par l’achat de 20 foals mâles. Ces derniers sont préparés et sélectionnés de manière très rigoureuse avant d’être présentés au testage. Chaque année, les Horn ont ainsi 2 ou 3 étalons approuvés.

Caractéristiques du haras : 10 ha, 20 à 30 chevaux au travail + 75 jeunes (foals jusqu’à 2 ans), 2 cavaliers, 1 manège et 1 carrière de grande qualité, ?1 rond de longe (+ 1 rond de longe couvert en construction), 1 écurie pour les étalons + 1 écurie plus simple pour les 2 ans, 1 hangar de stockage

Van Straaten à Den Ham : la vie femelle

L’élevage de la famille Van Straaten n’est orienté que sur la production de génétique femelle.

Tous les foals mâles sont vendus dès 6 mois, seules les pouliches sont conservées sur l’élevage. Elles seront mises à la reproduction dès deux ans et seront vendues après avoir données 2 à 3 produits. Les rares juments qui sont gardées comme poulinières au-delà des leurs premiers produits travaillent alors sur le centre équestre (avec seulement 2 à 3 semaines d’arrêt autour de la naissance).

Leurs critères de sélection sont la taille, le caractère, les radios et les performances. Caractéristiques de l’élevage : 50 ha 20 poulinières + 10 en pensions soit au total 80 chevaux + une trentaine en pension, 2 manèges.

Prestations en parallèle de l’élevage : pension au travail et enseignement.

Particularités : M Van Straaten a monté une association d’éleveurs professionnels en parallèle du stud-book. Elle regroupe actuellement une centaines d’éleveurs qui se réunissent autour d’intervenants sur des sujets techniques. Ils envisagent un voyage comme le nôtre en Normandie.

VDL à Bears : Nimmerdor

Monté il y a 40 ans, l’élevage de la famille Van de Lageweg s’est construit sur la réussite de Nimmerdor, étalon acheté par VDL à l’âge de 2 ans dans les années 70 et devenu un des piliers de la race KWPN.

Aujourd’hui, avec 4 sites de 70 hectares, 80 poulinières en stabulation et près de 200 boxes, l’élevage VDL est d’une dimension impressionnante et, sur l’ensemble des visites réalisées, c’est sûrement le système de production le plus éloigné du système français.

Avec 4 cavaliers, 4 commerciaux et un responsable de l’export, l’élevage ne veut pas se spécialiser et couvre aussi bien les secteurs du dressage que du CSO pour vendre des produits de tout âge et tout niveau, du foal au cheval de Grand Prix.

VDL se positionne aussi fortement sur les pays en voie de développement équestre (Iran, Guatemala...) où les chevaux sautant 1,30 m sont très recherchés.

Chaque année, VDL produit près de 40 foals mâles et en achète une centaine. A 2,5 ans, près de 25 d’entre eux sont sélectionnés pour participer au testage et au final 3 à 5 étalons VDL sont approuvés chaque année. Les chevaux non sélectionnés sont commercialisés.

Etalons présentés : Indoctro « le meilleur d’Europe », Emilion, Cardento, Corland

Caractéristiques de l’élevage : 4 fermes de 70 ha, 80 poulinières, 150 à 200 boxes, écurie pour les étalons, 1 écurie pour les 2 ans en préparation pour l’approbation, plusieurs écuries de chevaux de commerce, de nombreuses stabulations (poulinières, foals, et 1 an), 1 manège pour le travail des chevaux (avec un show de présentation des étalons en avril), 1 manège pour le travail en liberté, ?2 ronds de longe, 1 carrière.

Prairies : les prairies sont retournées et réensemencées tous les 4 à 5 ans.

Ils y font 3 à 4 coupes d‘enrubanné par an.

Particularité : une clinique privée loue une partie des infrastructures où elle a notamment aménagé un cabinet et une salle d’opération. C’est une clinique indépendante. Trois vétérinaires y travaillent à plein temps.

De plus, pendant la saison de monte, deux vétérinaires supplémentaires viennent 3 fois par semaine faire le suivi des poulinières. Ils voient près de 200 juments par semaine (les petits éleveurs locaux en profitent pour amener également leurs poulinières).

18/12/2008

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