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Ludyvine Crépeau dirige l’école de la seconde chance

  • Ludyvine avec un jeune Pur-Sang en réadaptation
    Ludyvine avec un jeune Pur-Sang en réadaptation
Cagnes-sur-Mer : « Coeur de Course », c’est l’association qui prend en charge les Pur-Sang qui ont raté leur examen d’entrée définitif sur les pistes des hippodromes. Ce sont de jeunes chevaux, pour la majorité d’entre eux, qui, pour de multiples raisons n’ont plus leur place dans les écuries de courses. Pour eux, Ludyvine Crépeaux a créé en 2015 cette structure qui leur évite l’abattoir ou des destins peu glorieux après un passage dans les mains de personnages peu scrupuleux. L214 a tenté dernièrement de jeter le discrédit sur le monde des courses en insinuant de façon perfide que la seule issue pour ces chevaux en fin de carrière ou réformés était la consommation. Eh bien non. La preuve du contraire existe sur l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer et sur certains autres. Mais c’est à sur l’hippodrome de la Côte d’Azur que nous avons rencontré l’équipe de Ludyvine et ses protégés en cours de « rattrapage ». Elle explique.

« Mon activité, c’est la reconversion des chevaux de course et comme je suis agréée par France Galop je suis spécialisée dans le Pur-Sang et le cheval d’obstacles, donc AQPS ou Anglo. Je suis spécialisée sur les chevaux de plat ou sur les chevaux d’obstacles. Je ne peux pas parler au nom des trotteurs. J’ai 15 boxes au sein de l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer et j’accueille environ entre 60 et 70 chevaux par an en reconversion.

La reconversion c’est beaucoup d’appelés et peu d’élus. Parmi tous les chevaux qui naissent pour courir sur les hippodromes, un grand nombre ne va pas y arriver, pour des tas de raisons, trop lent, blessure, pas fait pour ça, trop bébé dans leur tête etc. On a ainsi beaucoup de chevaux qui vont être écartés assez rapidement des hippodromes, des courses du moins. Donc après qu’est-ce qu’on en fait ? Oui certes, il y a quelques années c’était : on les mange… Mais aujourd’hui il y a une volonté, du moins dans le galop, de leur trouver une deuxième vie et d’essayer, via la reconversion, de les emmener à l’équitation classique. Sachant qu’un Pur-Sang peut tout faire, du horse-ball, du CSO, de la balade, du complet. Donc à nous, entreprise de reconversion, d’essayer de caser les chevaux au mieux de ce qu’ils seront capables de faire et ça, ça passe impérativement, à mon avis, par la reconversion, parce que les codes des chevaux de courses sont  très différents des codes chevaux de selle. Donc il est préférable que des structures comme la mienne aient fait le travail de changer les codes, de leur apprendre autre chose, pour qu’une personne qui cherche un cheval pour quelque discipline que ce soit, trouve un cheval qui soit habitué déjà aux codes d’un cavalier lambda de classique. En 2015 j’ai commencé un peu toute seule, en 2016 il y a eu la création de « Au-delà des Pistes » une association aussi rattachée à France Galop, qui m’a tout de suite contactée puisqu’elle voulait accréditer des structures. Maintenant on est liés à France Galop dans une volonté réelle de reconvertir positivement les chevaux, c’est-à-dire de présenter des chevaux qui seront dans certains critères et capables de faire d’autres disciplines sans être dangereux. On fait un vrai travail sur ces chevaux pour pouvoir après les présenter au mieux à quelqu’un qui voudra acheter un cheval et pour que finalement la vision du Pur-Sang s’améliore. Le pur-sang n’est pas ce cheval fou, raide hystérique qui fait fuir tout le monde….On essaie d’avoir des chevaux vraiment le plus cadrés possible pour qu’on travaille sur cette vision de « ils savent tout faire, ils peuvent tout faire, ils peuvent faire des bons chevaux de sport, comme un bon cheval de famille qui va promener quelqu’un le dimanche ».

Comment  se passe la transition ? 

« On a tous notre technique. Ici quand ils arrivent on leur laisse quelques jours de tranquillité, ils mangent, vont au paddock, on les marche, on longe gentiment ceux qui montrent qu’ils ont envie de bouger. C’est un peu cool au départ, parce qu’il faut déjà que l’avoine qu’ils ont mangée s’estompe un peu du sang, et puis il faut aussi qu’ils s’aperçoivent qu’ils sont dans un autre univers, avec d’autres gens. Ensuite on reprend les bases de travail classique, longe éthologique avec des méthodes de Michel Robert puis on les remet gentiment sur le plat, on remonte dessus pour leur apprendre à se mettre sur la main, à trotter doucement. On les fait sauter en liberté et aussi en longe éthologique. En fonction des réactions on les oriente vers le sport ou la promenade ou vers ce qu’on nomme les chevaux de famille, ceux qui tiennent compagnie à un autre cheval, en général vieux cheval.

Ce sont des chevaux que les propriétaires nous donnent. Pour le moment, nous ne bénéficions pas de subvention. Il faut que les ventes des uns permettent de faire vivre les autres. C’est notre modèle économique. En général ils repartent pour des prix allant de 1 700 à 5 000 euros et uniquement si les familles sont aptes à accueillir un cheval. C’est le bouche-à-oreille qui fait notre publicité et notre page Facebook ».

Vous travaillez avec des cavaliers ?

« J’ai des stagiaires qui viennent ici juste parce qu’ils veulent être au contact de chevaux, apprendre les soins, tous ça, j’ai des cavaliers qui veulent s’améliorer, j’ai des moniteurs qui veulent s’améliorer parce que je travaille avec une dame, Catherine Gasca, qui a été une cavalière pro, qui régit un peu le travail des chevaux. Elle a monté à haut niveau en complet, en dressage. Elle donne des cours aux cavaliers et aux chevaux. »

Et cette phase de réadaptation dure combien de temps ?

« C’est variable, c’est le cheval qui décide. Il y a des chevaux qui vont se mettre dans le moule très, très rapidement, en 8-10 jours ils sont déjà chevaux de selle, et puis il y en a qui ont du mal à oublier les courses, les vieux démons ressortent facilement. Tant qu’ils ne sont pas sympathiques, il faut continuer, c’est pour eux. »

E. R.

14/02/2019

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