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Livre blanc pour une nouvelle ANSF Par Francis Houdré *

Tribune Il convient tout d’abord de clairement définir ce qu’est : l’Association Nationale du Selle Français.Historiquement, les éleveurs de chevaux de sport avaient regroupé leurs associations régionales sous forme d’une fédération :
la Fedel.

A cette époque, l’élevage était assez largement sous la coupe des Haras Nationaux, les régions avaient leur identité génétique.

La création de l’ANSF a été concomitante du début du désengagement des Haras Nationaux.

Aujourd’hui, la caractéristique du territoire français est d’héberger en son sein une filière élevage de chevaux de sport comportant :

- des associations de race : SF, AA, Arabes, AQPS, Poneys, Camarguais, etc.

- la fusion HN-ENE : l’IFCE

- les associations régionales d’éleveurs de chevaux

- différents stud-books étrangers (Z, KWPN, AES, Cheval européen, etc.)

L’association Nationale du Selle Français est une association présidant au développement du cheval Selle Français.

Elle définit les orientations d’une race.

Elle a en charge la valorisation et la promotion des chevaux répondant à la dénomination Selle Français.

Elle a également pour vocation de fédérer de façon transversale les différents composants de la filière « naisseurs-éleveurs » en intégrant différents collèges :

- premier collège : les « naisseurs-éleveurs »

- second collège : les étalonniers

- troisième collège : les associations d’utilisateurs

- quatrième collège : les associations régionales d’éleveurs

- cinquième collège : les supporteurs du cheval Selle Français.

L’ANSF a pour but de gérer l’avenir du CHEVAL SELLE FRANÇAIS.

L’ANSF et les régions

Contrairement à ce que les responsables actuels de l’ANSF voudraient nous faire entendre, l’ANSF n’est pas un pouvoir centralisateur des régions.

L’ANSF n’a pas vocation à « diriger » les différents territoires d’élevage.

Au contraire, elle doit favoriser et permettre la libre expression de toute action régionale, ceci ne pouvant que favoriser le dynamisme du marché de cette filière.

Certaines régions sont d’ores et déjà « autonomes » et n’ont besoin de l’ANSF que comme d’un organisme fédérateur pouvant accréditer et sublimer la qualité de leur production.

La concurrence entre les régions ne peut que dynamiser les efforts de valorisation de l’ensemble de notre filière.

L’ANSF fournit aux différentes régions des outils d’harmonisation (uniformisation des jugements, grilles de notation, etc.).

Elle doit par contre veiller à ce que à l’intérieur de chaque région, quiconque puisse s’il le désire, élever un produit dûment « estampillé » SF. L’appartenance à l’association se traduisant par une offre de services aboutissant à un programme de valorisation et de promotion.

Son action ne doit pas être une action d’ingérence dans une politique régionale. Vis-à-vis des autres régions et de l’étranger, son rôle doit être celui d’information et de caractérisation. Par exemple, actuellement tout étalon enregistré comme tel dans son stud-book est facteur de SF; le rôle de l’ANSF est donc de pouvoir indiquer que, si dans telle région, l’association régionale a décidé d’utiliser cet étalon, les caractéristiques zootechniques de ce reproducteur de SF sont telles et telles, qu’il produit des poulains grands ou moyens, dans le sang, etc.…, enfin, bref, de le caractériser.

La voie mâle

Aujourd’hui les étalons sont agréés selon trois processus :

- agrément des jeunes lors des JSF puis testage

- agrément sur performance

- agrément d’office si le cheval est agréé dans son stud-book.

Ce qui nous a toujours différencié de nos voisins est le fait que nous avons en France un circuit de valorisation des jeunes chevaux que beaucoup nous envient. Cette sélection sur performance doit être privilégiée et mise beaucoup plus en avant que maintenant.

La sélection de la jeune génétique (JSF + testage) doit être poursuivie, mais son caractère plus aléatoire doit être mis en avant ne serait-ce qu’à titre d’information vis-à-vis des utilisateurs. L’ANSF doit réfléchir à une possibilité de mutualisation des semences des meilleurs (congélation prix coûtant puis redistribution aux éleveurs, partenariat régional). Il faut insister beaucoup plus sur l’aspect commercialisation permis par l’organisation des JSF.

La troisième voie (agrément d’office d’un étalon étranger) est une voie qui nous est imposée par la libéralisation de l’élevage européen. Elle a ses bons côtés mais également et forcément de nombreux mauvais côtés : apport de génétique moyenne, disparition de ce qui faisait l’ancien SF qui est encore très recherché à l’étranger et uniformisation de notre production avec celle de nos voisins (disparition de l’originalité de marché dans un monde de surproduction et de concurrence). A contrario, cette voie est un outil contre l’implantation des stud-books étrangers sur notre territoire. Le ratio apport des gènes extérieurs/maintien des qualités des grandes familles SF pourrait amener à la création d’un livre Elite, sorte de conservatoire génétique.

Compte tenu de cette libéralisation de l’étalonnage, il est à se demander si l’ANSF doit vraiment accorder des agréments, que, de toute façon et par beaucoup de moyens les candidats ont de fortes chances d’obtenir. Ne vaudrait-il pas mieux que l’ANSF ait un rôle de caractérisation et de classification des étalons ? Ce faisant le SF reprendrait sur son territoire la place qui lui revient en empêchant les autres stud-books de venir s’implanter trop largement.

La voie femelle

C’est évidemment le chapitre sur lequel l’effort de l’association doit être le plus intense, contrairement à ce qui se passe actuellement, entre autre (!), avec la perte des primes au naisseur !

De même que pour les mâles, nous devons tirer un meilleur parti du circuit performance. Les juments ayant prouvé leur aptitude sur les terrains doivent absolument être clairement privilégiées par rapport aux autres.

Tous les moyens financiers à disposition doivent contribuer à l’encouragement de ces juments. Il est sans doute illusoire de croire que l’on pourra continuer longtemps à primer toutes les juments reproductrices mais il faut absolument inciter à la reproduction les meilleures (primes, incitation au transfert d’embryon, aides régionales aux centres de transfert, mise en place d’un circuit commercial de vente d’embryons, etc.). Cessons de faire éditer des catalogues d’étalons SF sur papier glacé et travaillons plus pour l’avenir. Tous les grands éleveurs savent que la qualité d’une race repose sur sa jumenterie.

Pour ce chapitre également, l’ANSF doit avoir un rôle de caractérisation. Il est certain et tangible que tous les moyens ne sont pas à notre disposition pour les éleveurs, mais il est frappant de remarquer à quel point la qualité phénotypique des poulinières vues dans les concours de modèles et allures a significativement augmenté depuis quelques années seulement. Il faut donc au moins avoir la possibilité d’accompagner et d’encourager cette tendance avec les outils de la caractérisation. Ceci d’autant plus qu’ils rentrent dans une base de données et servent donc directement à la promotion et à la commercialisation.

Là également, un bon exemple de coopération positive avec les régions !

Les échanges avec l’étranger

N’en déplaise à l’équipe actuelle, l’ANSF a clairement une vocation d’aide à la commercialisation.

En ces temps de « rigueur », il est frappant de constater que le gouvernement nous réfute le montant des primes au naisseur alors que l’UNIC continue à fonctionner avec un budget de 800 000€.

L’ANSF doit être l’interface obligatoire entre l’éventuel acheteur et le vendeur : - la marque SF fait que c’est à notre association de s’engager sur l’authentification des origines, les performances, les fournitures d’outils d’information visuelle (photos, vidéos…) puis de prendre contact avec la chambre syndicale des marchands qui, elle, déléguera au niveau régional…

Nous devons être le contact dès qu’il s’agit d’un SF, sachant qu’ensuite nous déléguons vers qui de droit pour les aspects purement commerciaux. Les sponsorings de telle ou telle marque automobile sur les terrains de concours augmentent les ventes de tous les distributeurs de cette marque ! De même, l’image SF de par le monde…

Nous devons également être exportateurs actifs de nos produits et de nos techniques (techniques de reproduction, coaching…) vers les pays « en voie de développement hippique ». Pour cela, nous devons solliciter directement les services compétents des différentes ambassades, pour cela il y aura à coup sûr des aides indirectes si ce n’est directes.

La filière « cheval : produit fini »

Il est évident que le morcellement de la filière : naisseurs, éleveurs, préparateurs, cavaliers, marchands ne fait que diviser et aiguiser les appétits.

Or le produit, lui, est unique : c’est le produit fini c’est-à-dire celui, par exemple, capable ce faire tel ou tel type de parcours.

Nous sommes donc condamnés à travailler ensemble ! C’est déjà ce qui est proposé plus haut avec l’image SF gérée par l’Association Nationale du SF. Continuons à travailler les uns contre les autres : nous serons bientôt enterrés. Pourquoi la chambre syndicale des marchands refuserait-elle de vendre des produits de marque SF ? Pourquoi la SHF s’opposerait au développement de l’image du SF : c’est sa mission !

Régions, Association de race : Nous sommes tous au service du CHEVAL DE SELLE FRANÇAIS

* Eleveur en région Centre à l’affixe Latour, candidat au 1er collège du CA de l’ANSF

12/05/2010

Actualités régionales