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L’exploit de Nina Mallevaey à Miami

  • Nina Mallevay/Chacco Kid
    Nina Mallevay/Chacco Kid
  • Nina Mallevaey avec Solitude au Vent  à Fontainebleau : c’était en 2017
    Nina Mallevaey avec Solitude au Vent à Fontainebleau : c’était en 2017
La cavalière Nina Mallevaey, 22 ans, faisait sa première apparition sur le circuit du Global Champions Tour de Miami en Floride, dans l’épreuve en deux manches de la Global  Champions League sur des hauteurs à 1,55 m. Le couple qu’elle forme avec Chacco Kid (OS, Chacco-Blue x Come On), l’ancienne monture d’Éric Lamaze a réalisé deux parcours sans-faute et remporte la seconde phase avec la confortable avance de plus d’une seconde et demie sur l’Allemande Katrin Eckermann/Cala Mandia, celle-là même qui remportera le Grand Prix 5* quelques heures plus tard.

Dans la première manche, Jur Vrieling s’imposait avec Fiumicino van de Kalevallei suivi de Maikel van der Vleuten et Beauville Z. Christian Ahlmann finissait 3e avec Solid Gold Z. Nina Mallevaey, déjà sans-faute, était 7e.

Sa performance prend tout son sens si l’on sait que seuls quatre autres couples accomplissent le double sans-faute : Nina partage cette performance avec Ludger Beerbaum/Mila (Monte Bellini x Linton) et son compatriote Christian Kukuk avec l’étalon Bwp gris Mumbai (Diamant de Semilly x Nabab de Reve), le Néerlandais Maikel Van der Vleuten/Beauville Z (Bustique x Jumpy Fontaines) et le Brésilien Yuri Mansur engagé avec le Hanovrien Vitiki (Valentino 240).

Elle fera d’ailleurs dire à Eric Lamaze, dont elle a rejoint l’écurie la saison dernière : « Tellement fier de ce couple d’avoir remporté le deuxième tour du Global Champions League à Miami ! Nina Mallevaey, vous êtes une vraie superstar en réalisant deux clairs rounds dans votre premier Chacco Kid cinq étoiles avec Chacco Kid. Félicitations pour votre succès. »

Le champion olympique canadien en effet, tout en déclarant sa retraite de la compétition ce 31 mars, annonçait mener encore deux défis conjoints : mener l’équipe canadienne vers de grands objectifs et continuer à faire tourner son écurie (Torrey Pines) entre Wellington aux Etats-Unis et la Belgique avec deux cavalières exceptionnelles aux commandes : Beth Underhill et Nina Mallevaey.

« Le top niveau ou rien »

Olivier Bost disait de cette jeune lilloise alors qu’elle n’avait que 17 ans : « Elle est parfaite. Elle est impulsive et précise, et elle met toujours ses chevaux dans le mouvement en avant. Et elle adore gagner. »

En effet, championne d’Europe Children par équipe en 2013, Championne d’Europe Poney par équipe en 2014 avec Rexter d’Or (7e en individuel), victorieuse dans la Coupe des Nations du Bonneau International Pony (BIP) en 2016, dixième en individuel aux Championnats d’Europe Poney 2016, Championne de France des cavalières en titre 2017 avec Solitude Au Vent, son palmarès, à seulement 17 ans et plus de 300 victoires, a de quoi en faire rêver plus d’un.

En 2017 la cavalière junior savait déjà très bien ce qu’elle voulait : être la plus performante possible sur les CSI 2*, aller aux Championnats d’Europe Juniors et au niveau national, monter sur les Grands Prix du circuit Grand National FFE (« mais il faut encore travailler un petit peu »).
Ses ambitions d’alors ? : « j’aimerais vraiment monter au plus haut niveau. Si je n’y arrive pas, je continuerai mes études et décrocherai un travail qui me permettra de m’acheter des bons chevaux. Pour moi, c’est le top niveau ou rien. »

Un destin, de belles rencontres

Du poney au Global Champions Tour
Nina est née dans les chevaux : son père possédait une écurie près de Lille. Mais c’est dans un centre équestre voisin qu‘elle découvre le plaisir de l’équitation toute jeune, au contact des autres. Car faire du poney et du cheval à la maison toute seule, cela ne l’amuse pas du tout. Mais la compétition, si ! Elle s’y lance dès 9 ans, alternant épreuves à cheval et à poney, son père estimant que l’avenir était à cheval. Une belle rencontre, à 10 ans, lui donne de vraies chances à poney, comme elle se confie à Poney As : « À 10 ans, j’ai couru à cheval le circuit Amateurs et Enfants. Ma famille et moi connaissons bien François Pelamatti, j’ai été monter un été chez lui dont quelques poneys. Il a convaincu mon père de me laisser retourner en compétition en me confiant mes premiers poneys de Grand Prix : Quartz du Risima et Qualine Rocha. » Elle mènera la carrière que l’on sait en enchaînant les championnats en équipe de France à poney, jusqu’aux Championnats d’Europe Poney de 2016, à Aarhus Vilhelmsborg au Danemark où la France est en Or.

L’esprit d’équipe

L’esprit d’équipe à poneys, ça lui plaît. Ils forment une vraie bande de cracks, très soudée, avec Jeanne Sadran, Sara Brionne, Léo-Pol Pozzo, Thomas Scalabre et Charlotte Lebas. Elle confiait alors à nos confrères de Poney As : « Nous nous retrouvions toujours tout le temps le week-end en compétition. Outre cela, ce sont aussi devenu des amis dans la vie extérieure. (...) Ce circuit Poney, ce sont mes plus belles années. »

Cheval ? Poney ? Cheval ET poney

Elle a mené les deux carrières (à cheval et à poney) de front et le conseille : « Les poneys pour la majorité sont bien plus indulgents qu’un cheval. À cet âge, nous ne sommes pas forcément très précis puisque nous apprenons. Les poneys pardonnent beaucoup. Mais, si nous avons l’opportunité de passer à cheval tôt, du moins allier les deux en même temps, c’est tout aussi bien. Passer à cheval à 16 ans est assez tard et le cavalier peut perdre du temps dans le circuit Juniors et Jeunes Cavaliers. Je ne peux que conseiller de passer par ce chemin ! ». Son passage à 100 % à cheval est facilité par des chevaux achetés par son père, comme Vendredi Un Prince. Il a 7 ans lorsqu’elle le met à sa main. Le fils de Number One d’Iso et Infante du Pas, né chez Marius Huchin, a grandi sous les selles de Nicolas Delmotte et Aymeric Roussel. Le couple fonctionne rapidement. Avec Vendredi, la jeune cavalière passe des Top 7 de Fontainebleau au CSI de Dinard (2 victoires) aux CSI2*, à Rome, Cagnes sur Mer (6e sur 1,40 m), et Opglabbeek (Bel) ou elle choisit Vendredi pour disputer le CSI Juniors ; elle est 4e. Elle dispute avec lui la Coupe des Nations du CSIO Juniors de Wierden (Ned). En 2018 le couple engrange deux victoires et deux podiums en CSI2*. Solitude Au Vent (Quaprice Boimargot Quincy), appartenant à Louis Pichon, lui offre une 2e place du Grand Prix au CSIO Juniors de Fontainebleau.

L’écurie Chev’el : l’ascension à cheval

Nina intègre en septembre 2018 l’écurie Chev’el, qu’elle connaît déjà puisque c’est l’écurie qu’ont créée les parents de Jeanne et Louise Sadran près de Toulouse. L’écurie sera composée de trois cavalières de concours : Jeanne, Louise Sadran et Nina. Les parents des filles Sadran ont de l’ambition, et prennent les moyens de cette ambition. « Bertrand Poisson vient nous faire travailler à la maison une fois par mois sur plusieurs jours. Julien Epaillard nous suit en compétition et vient également nous entraîner aux écuries. Chacun nous donne des exercices à faire et à reproduire. J’ai beaucoup de chance d’avoir pu intégrer cette équipe et de pouvoir compter sur la famille Sadran ainsi que sur toute l’équipe qui m’entoure au quotidien. J’ai traversé la France pour rejoindre cette aventure. » (Poney As)

Grâce à l’Écurie Chev’El, l’ascension vers le haut niveau est rapide : elle monte d’excellents chevaux, tel Virtuose Champeix (Rubins des Bruyeres), le mâle né chez Hélène Hermann, qui sous la selle de Julien Epaillard gagna la 4e place du CSI5* de Doha. Julien le lui confie et lui permet d’accéder aux épreuves 5* et la Nordiste y va : c’est une victoire sur 1,50 m au CSI5* de Grimaud, en 2020. Avec ce cheval entre autres la jeune cavalière passe un cap et accède au haut niveau. Cela durera trois ans. L’écurie Chev’el en juillet 2021 annonce leur séparation : « C’est la dernière année de jeune cavalière de Nina et malheureusement son cheval de tête, notre étalon Virtuose Champeix, s’est blessé durant la grosse épreuve qualificative pour le Grand Prix du 5 étoiles de La Baule. Blessure pour une durée indéterminée mais sans doute supérieure à 6 mois. » Nina doit choisir une nouvelle voie.

Eric Lamaze a besoin d’elle

Le multi-médaillé olympique canadien Eric Lamaze cherche des cavaliers pour son écurie de valorisation et de vente de chevaux de haut niveau. Dès le mois d’août elle participe avec ses chevaux au CSI3* de Bruxelles (Bel). Tout va très vite. Elle mène de front les jeunes chevaux et des chevaux d’âge, remportant le GP2* de Rome avec la jument de 8 ans Nikka Vd Bisschop, entre autres, et suit le rythme de l’écurie du Canadien : l’Europe en été et Wellington durant l’hiver. Depuis le mois de janvier la jeune française se met donc à l’heure américaine.

Le GCT de Miami est sa première victoire 5*, de surcroît avec Chacco Kid, qu’elle montait en concours international pour la première fois. Il est vrai que Chacco Blue est un cheval d’expérience de niveau 5*, qui remportait son dernier GP 1,55 m de Rome avec Lamaze en mai 2021.
Cette jeune cavalière française est appelée à un grand avenir.

02/06/2022

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