- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Le haras des Rosiers : la force d’une équipe

  • Nathan Budd, Chloé et Herik Duran, unis à la recherche de l’excellence
    Nathan Budd, Chloé et Herik Duran, unis à la recherche de l’excellence
  • L’étalon Cashpaid J&F a changé le cours de leur histoire
    L’étalon Cashpaid J&F a changé le cours de leur histoire
  • Le haras des Rosiers, niché au coeur du Brabant Wallon, non loin de Bruxelles (Photos haras des Rosiers)
    Le haras des Rosiers, niché au coeur du Brabant Wallon, non loin de Bruxelles (Photos haras des Rosiers)
Le haras des Rosiers est situé à Nivelles, au creux des prairies grasses du Brabant Wallon, à une demi-heure de la capitale belge. Rencontre avec son éleveur Herik Duran, son épouse Chloé et Nathan Budd, le cavalier maison, à l’occasion du CSI4* de Fontainebleau, où il remporte deux victoires dans les épreuves Jeunes Chevaux, avec deux étalons de 8 ans, Jango des Rosiers et Coldplay des Rosiers Z.

Herik Duran, propriétaire d’une grande sellerie (la sellerie Gilbert à Nivelles) a la passion de l’élevage dans le sang : le haras des Rosiers qu’il dirige actuellement a été créé par son grand-père, M. de Smet. Les souches développées par son aïeul ont façonné son élevage actuel : son excellent étalon de 7 ans  Colplay des Rosiers Z, a pour grand’mère Indiana de Smet,  qu’avait fait naître son grand-père, marquée de la souche d’Alme. Elle est également la mère (avec Nabab de Reve) de Mentor de Smet, qui en 2009 sous la selle de Fabrice Dumartin remporta le CSI4* de Bourg en Bresse et le CSI3* d’Hardelot.
Si le grand-père s’occupait d’élevage le père, cavalier avait un centre équestre à Nivelles assez important « où on a tous appris à monter », explique Chloé, l’épouse d’Herik. « Herik y a monté lui-même, il a disputé les championnats d’Europe jeunes cavaliers. Puis s’est posée la question de continuer l’équitation ou racheter la sellerie. Il a préféré racheter la sellerie, mais son grand-père élevait déjà, donc Herik a continué à élever. Herik adore tout ce qui est lignées maternelles, le suivi des poulains, faire sauter les chevaux en liberté, ça a toujours été sa passion. Il est très fort je pense pour juger un jeune cheval, c’est ce qui l’intéresse, ce qui l’a toujours animé, il a beaucoup de plaisir à venir sauter par exemple des concours comme ici, mais il a aussi énormément plaisir de voir sauter ses jeunes chevaux à l’entraînement à la maison ou dans les petits concours. »

Le haras des Rosiers ne se serait pas fait sous sa forme actuelle, de l’élevage à la valorisation au haut niveau, sans la rencontre d’Herik avec un tout jeune cavalier à l’époque, Nathan Budd.


C. Robert : Nathan, comment êtes-vous passé du poney-club de Nivelles au Haras des Rosiers ?
Nathan : C’est une longue histoire. J’ai été voir une porte ouverte dans un poney club à côté de chez moi et puis j’ai commencé à aimer ça et à être vraiment passionné, puis j’ai rencontré à Bornival (à quelques encâblures, ndlr) le propriétaire d’Equistal, qui m’a offert de monter et de travailler au sein des écuries. Juste à côté Pedro Veniss montait au haras de Bornival, et lorsque son cavalier a dû rentrer au Brésil il m’a proposé de monter pour lui.  Je devais avoir 16 ou 17 ans et je voulais terminer le lycée, donc j’allais le week-end après les cours monter avec Pedro, Chez Pedro ça s’est vraiment bien passé, quand j’ai eu fini l’école Pedro m’a proposé un mi-temps. J’avais un bon feeling, je sentais que ça allait marcher d’une manière ou d’une autre. J’ai été au Sunshine entre autres avec lui, et puis j’ai rencontré Herik. Chloé (son épouse, cavalière, ndlr) était enceinte et il avait besoin d’un cavalier pour monter les jeunes chevaux ; c’était monter 2 chevaux 3 fois par semaine. Ça matchait assez bien, c’était à côté, donc j’arrivais à combiner les 2 mi-temps. Je me suis senti bien là-bas, c’était un endroit qui me parlait, on avait les mêmes idées, les mêmes envies et donc on est assez vite passés à une collaboration plus importante. Pedro pensait repartir en Espagne, j’ai d’abord été 6 mois chez Van Paesschen sur les conseils d’Herik mais il y avait de plus en plus de chevaux aux Rosiers et j’ai désiré vraiment être là « full time ».  C’est à ce moment-là qu’a commencé la « grande aventure ». Ce qui est génial c’est que le premier cheval que j’ai monté quand je suis arrivé là-bas c’était Cadix (des Rosiers, ndlr) qui avait 4 ans et aujourd’hui elle a 15 ans. Mon 8 ans est le fils de Cadix et tous les autres chevaux que j’ai aujourd’hui ce sont des chevaux que j’ai vu naître, qu’on a fait ensemble. On a réussi à créer tout ça et on travaille en famille.

Vous faites naître, et Nathan valorise ?
Nathan : On a une partie élevage et une partie sport de haut niveau ; les 2 fonctionnent ensemble : quand je rentre des concours internationaux, je monte aussi des 4 ans, je fais sauter les 2 ans en liberté avec Herik, on discute ensemble de quel étalon on va mettre sur quelle jument et mes cavaliers jeunes chevaux sont tout aussi passionnés de sport de haut niveau. Il y a eu un tournant il y a une dizaine d’années lorsqu’Herik m’a dit « Écoute, l’avenir c’est l’élevage, si un jour tu veux espérer faire du sport tu as besoin d’élevage parce que les chevaux c’est devenu trop cher », et il a mis en place un système qui est assez impressionnant qui fait que chaque année on a 1, 2 voire 3 chevaux qui sont potentiellement pour le tout haut niveau. C’est extraordinaire de me dire qu’il y a la relève derrière. Le haut niveau c’est la cerise sur le gâteau.
On a entre 10 et 14 poulains par an.

Par quoi est guidé votre choix d’étalons ?
Nathan : Ce sont vraiment des coups de cœur sur les étalons, sur leur production, en essayant de voir comment sont les produits et leurs qualités. On essaie d’avoir un élevage très sportif, notre but c’est vraiment de sortir une qualité de chevaux en mettant la priorité sur le sport et sur la qualité des étalons autant que des juments.

Les juments ont fait leurs preuves dans le sport ?
Nathan : Prenons pour exemple la mère de Coldplay des Rosiers Z : Dior des Rosiers est une jument que j’ai montée quand elle avait 4 ans, qui était extraordinaire, mais elle s’est blessée en sautant à 4 ans ; on l’a mise au pré et on a élevé avec, on savait qu’elle était extra qualiteuse mais on ne savait pas à quel point. On l’a perdue après la naissance de Coldplay, puis on a on a fait quelques transferts avec Cadix. Quand je vois mon étalon de 8 ans, Jango, qui est fils de Cadix avec Cornet je suis content d’avoir un cheval de cette qualité-là ; sentimentalement parlant c’est vraiment un plus d’avoir des chevaux qui sont issus de ma toute bonne jument. Là on a croisé Cadix et Cashpaid J&f.

Vous nous parlez de Cashpaid J&F ?
Nathan : Le Holsteiner Cashpaid (Casall x Chicago Z) est le frère de Cordial. Il a été vendu aux États-Unis il y a déjà presque 3 ans maintenant. C’est pour moi un des meilleurs chevaux du monde. C’est quand même un cheval qui a changé le cours de notre histoire et maintenant c’est Coldplay mon 7 ans qui est sans aucun doute le futur crack des écuries.

Et donc on en arrive aux autres étalons :
Nathan : À la base ce n’était pas vraiment notre première idée d’être étalonniers, mais avec Cashpaid il a commencé à y avoir de la demande et quand il a été vendu on a gardé la partie de l’élevage. Puis Coldplay est arrivé ; on s’est retrouvés en fait avec 5 étalons de grande qualité. On s’est dit que c’était un moyen de pouvoir bloquer ces chevaux-là en gardant une stabilité économique, parce que si on veut arriver au haut niveau  il faut aussi réussir à pérenniser les écuries d’une manière ou d’une autre.

Coldplay des Rosiers Z ?
Nathan : C’est Cornet Obolensky avec une mère (Dior des Rosiers) Cardento. C’est un cheval qui a tout   il est magnifique, gentil, il a un équilibre, une façon de sauter qui est extraordinaire, explosive, c’est un cheval plaisant à monter, c’est un régal tous les jours, c’est un cheval extraordinaire.

Et Touardo Blue Z ?
C’est un 9 ans, un Toulon avec une mère Arco III, une bonne souche maternelle avec la souche de Chat Botté du Ruisseau (Casall x Darco, ndlr). Il entame le haut niveau, et a sauté sa première grosse épreuve ici dans le 4* ; il est sans-faute alors qu’il n’a quasi pas d’expérience.
Les premiers produits ont 2 ans et ce qu’ils montrent est assez intéressant.

Ely des Rosiers, le plus jeune ?
Oui c’est un Thunder van de Zuuthoeve, qui est champion de Belgique des 5 ans, un vrai cheval de sport. Au championnat il fait triple zéro et bat les autres au barrage. Il a l’instinct d’un bon cheval, un cheval qui veut gagner, qui est intelligent.

Ce sont 5 étalons tout à fait différents mais qui ont tous des qualités que les éleveurs recherchent. Je n’ai pas un étalon chez moi qui est dangereux, qui risquerait d’amener quelque chose de mauvais chez une jument. Bien sûr il faut les croiser intelligemment mais on a de la chance d’avoir 5 étalons très gérables. C’est pour ça qu’on peut les garder et allier sport et élevage : ils vont saillir à 20 m des écuries et puis le lendemain ils montent dans le camion et partent en concours entre toutes les juments en gardant une tête vraiment superbe.

Ils sont en frais ? Congelé ?
Nathan : Cela dépend des étalons. Cette année on a 3 étalons disponibles en frais, Coldplay, Touardo et H’Aubigny de Talma. Cashpaid, aux Etats-Unis et le champion de Belgique (Touardo (Blue Z) sont en congelé.  

C’est une histoire de talent, de passion et de proximité ?
De passion et de travail : on réfléchit beaucoup, on discute beaucoup Herik, Chloé moi, on essaie toujours d’ouvrir un maximum nos horizons, de discuter avec les gens en concours. À chaque étape on rêve plus grand et c’est ça qui continue à nous pousser toujours plus loin. Sans se mentir je rêve des Jeux, je rêve de médailles, de sauter des gros concours et d’arriver dans le top ten mondial. L’histoire est loin d’être finie.

Chloé, le mot de la fin ?
On discute de tout avec Herik et Nathan : on a tous des idées différentes mais ça enrichit, tout le monde apporte son point de vue, un consensus sort de là, et je pense aussi que c’est ce qu’il faut. Il faut rester ouvert, ouvert à tous, à tout, avoir les avis de plein de gens et essayer d’en retirer le meilleur de chacun.

Harmonie, enthousiasme, dialogue et écoute, curiosité, tous ces mots-là me sont venus à l’esprit en les quittant : une belle équipe, fédératrice d’excellence. J’oubliais la cerise sur le gâteau : le sourire.

Propos recueillis par C.Robert

12/05/2023

Les dernières minutes

18/04/2024

L'Agenda de nos régions du 19 avril au 19 mai

Newsletter

Ne perdez pas le fil de l’actualité équestre

Actualités régionales