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La minute olympique : « Le Complet en ligne pour Tokyo 2020 ! »

  • L'équipe de France au grand complet
    L'équipe de France au grand complet
Année olympique, 2020 est l’occasion pour nos Complétistes de faire un triplé par équipe, après l’Or en 2004 à Athènes, et plus récemment à Rio en 2016, tout en rêvant, bien entendu, également de médailles en individuel. C’est au Pôle France FFE sur le site saumurois de l’IFCE que le groupe 1 de l’équipe de France de concours complet se prépare cette semaine du 17 février pour Tokyo.   Le groupe 1 est LA référence pour les sélections des rendez-vous majeurs, tandis que le groupe 2 permet un suivi personnalisé des meilleurs couples en devenir et le développement du vivier « Ambition 2024 » pour les JO de Paris.

Le staff fédéral encadre donc cette semaine avec une attention et un suivi personnalisés jamais démentis les couples sélectionnés du groupe. Du très beau monde dans cette carrière ce mardi, un palmarès cumulé de titres qui laisse rêveur, des champions de France, champions d’Europe, l’Or olympien par équipe, des compétiteurs toujours brillants. On retrouve le lieutenant colonel Thibaut Vallette, Maxime Livio, Astier Nicolas, Karim Florent Laghouag, Thomas Carlile, Nicolas Touzaint, Gwendolen Fer, Victor Levecque, Régis Prudhon, Sébastien Cavaillon, Gireg Le Coz, Christopher Six. 

 

Côté Dressage

C’est Serge Cornut qui mène la danse ce matin pour l’entraînement de dressage. « On a décortiqué les textes, c’est une reprise qui n’est pas très harmonieuse, mais qui me plaît bien parce qu’il y a beaucoup de technique dedans ». 

 

Un groupe étonnant par sa mixité générationnelle, et une relève de jeunes cavaliers Victor Levecque, Christopher Six, Gireg Le Coz qui témoigne d’une nouvelle tendance dans le complet. Les complétistes étaient souvent des passionnés de cross, avec de vraies affinités pour le CSO, avec une appréhension virant parfois à l’apnée pour la reprise de dressage, hors exception évidemment. Le profil moderne de nos sportifs révèle de vrais dresseurs, tout autant passionnés, dans la jeune génération. « D’une part ce qui m’a facilité la tâche, c’est que les reprises sont de plus en plus difficiles. Il fallait rentrer encore plus dans la technique. Nos chevaux ne sont pas stéréotypés dans une attitude, puisqu’en complet, il faut aussi qu’ils soient horizontaux à l’effort. Mon rôle a été de leur apporter toute une gymnastique qui est intéressante puisque ça leur permet de sentir leur cheval. Et cette nouvelle génération est beaucoup plus ouverte à ce travail-ci. Du coup, on se retrouve avec des cavaliers comme Thomas Carlile qui sont de super dresseurs et qui en outre en dont véritablement passionnés. Quand on les voit avec leurs chevaux, ils ne font pas les mouvements, ils font fonctionner leur cheval au mieux, ils les ferment derrière, ils les amènent en équilibre, ils prennent de l’ampleur, et ils jouent en plus dans tout ça. C’est ce que j’ai toujours fait, c’était ma conception et ma philosophie du travail aussi, et je ne me suis jamais ennuyé à travailler sur le plat. C’est ce que j’essaie de leur apporter » explique Serge Cornut.

 

Les Préparatifs des JO

Sophie Dubourg, directrice technique nationale se dit très enthousiaste, tout comme l’ensemble du staff. « Les trois disciplines sont qualifiées en équipe, nous sommes sur des listes longues, des stages de préparation d’hiver. Actuellement, c’est de remise en route ou de l’affinement technique selon les disciplines dont il est question. Nous sommes également beaucoup sur le suivi longitudinal des chevaux. On connaît les conditions attendues, donc nous sommes avec les vétérinaires sur des programmes sur les chevaux avec l’augmentation d’aérobie, nous devons essayer de renforcer les chevaux, et c’est maintenant que ça commence ». Quant aux cavaliers ? « Le constat sur le test event était que les cavaliers avaient presque plus souffert que les chevaux. Ce sont, pour nous, des conditions assez difficiles, quelques cavaliers l’ont déjà vécu, notamment en CSO qui sont plus habitués à l’autre bout de la planète dans des conditions un peu identiques. Pour les autres, nous avons réservé une chambre thermique qui reproduit les conditions de chaleur, et les place dans un état un peu « d’étouffement ». Le programme est de faire des exercices avec des masques et des tests d’hydrométrie à l’INSEP. C’est surtout pour avoir des ressentis et se préparer à ces ressentis-là. Reste qu’on est de moins en moins inquiets, là-bas les écuries sont climatisées, le grand espace indoor en manège, c’est 28°C maximum. Les épreuves débuteront à 19h le soir, donc moins de soleil direct. Notre ligne directrice, c’est de faire ressentir aux chevaux et aux cavaliers pour que la mémoire imprime ce ressenti-là pour ne pas être trop surpris là-bas ». « Nous avons en outre mis en place avec Xavier Goupil (ndlr : vétérinaire de l’équipe de France de complet depuis 25 ans) un protocole de suivi de préparation de surveillance des voies respiratoires des chevaux, du fait de l’humidité. Un protocole particulier adapté à chacune des trois disciplines. Pour le CSO et le dressage, les vétérinaires ont fait appel à une spécialiste vétérinaire belge, Emmanuelle Van Erck, qui est sur tous ces sujets avec une grande investigation des facilités des voies respiratoires du cheval ». Le but « sonder les chevaux et voir s’il y aurait une faiblesse chez un cheval qu’on pourrait déjà aviser, comprendre et améliorer en vue de l’échéance ».

 

La FFE pense bien évidemment au bien-être des chevaux, mais c’est sans oublier la dimension humaine : « Nous avons organisé une logistique pour que les cavaliers ne s’exposent pas à la chaleur. Marcher, c’est entamer le capital physique, donc on met en place tout un système de navettes, de gilets refroidissants, les barns sont très bien équipées, climatisées entre 21 et 24°C, avec des douches pour les cavaliers. L’idée a été de travailler avec le médecin d’équipe Eric Favory sur une fiche de recommandations, de préconisations pour que les cavaliers arrivent bien « fit », un peu en dessous du poids. Nous avons également beaucoup pensé à la reconnaissance du cross, avec des cavaliers, notamment Thibaut Vallette qui aime faire sept, huit fois les reconnaissances de cross, et là ce ne sera pas possible. Donc ne le faire peut-être que deux fois, mais la filmer, la visualiser. On va essayer de compenser en accompagnement et en matériel ». « On sait que ça va être difficile, mais on a vraiment envie et nous avons des titres à remettre en jeu, et nous sommes motivés pour ça ! ».

 

Précis vétérinaire

Xavier Goupil, vétérinaire du complet «  Nous avons été très informés en amont, avec des données climatiques et physiologiques, que les JO de Tokyo allaient représenter des contraintes avec cette chaleur importante, et ce taux d’humidité très important. De ce fait, nous allons avoir tout au long de la saison des échéances, des épreuves, des bilans, des check-up … ». « Les capacités cardio-vasculaires et respiratoires font que le cheval doit travailler dans une certaine harmonie musculaire, dans une physiologie donnée, et si ce n’est pas le cas, il produit des déchets métaboliques, ce qui entraîne des crampes, des myosites, qui sont à redouter en cas de fortes chaleurs et de défaut d’oxygénation ». Sur la récupération post-cross, le vétérinaire est confiant « Nos chevaux sont des athlètes, des chevaux qui ont tous un vrai passé de sportifs, qui ont des capacités. Les conditions climatiques sont déjà appréhendées parce que le cross va se courir tôt le matin. La distance est un peu réduite, on passe de onze à huit minutes. Les chevaux seront logés dans des box climatisés, ils vont être très préparés, alimentés en hyper-fractionné… nous ne sommes pas inquiets ». 

 

Pour Thierry Pommel qui s’occupe de la préparation hippique : « Le cheval s’adapte assez bien et s’autorégule plus facilement que l’humain, au final la conclusion et les faits sont là ».

 

Thierry Touzaint, entraîneur de l’équipe de France de complet constate « Aux derniers JO, nous n’avions que des couples qui n’avaient jamais fait les jeux, et ça ne les a pas empêchés d’être médaille d’Or ». « Aujourd’hui, nous essayons de construire l’équipe la plus performante possible. Très souvent quand même, il faut des couples expérimentés ». Les échéances pour la prise finale de décision des sélections se feront sur Aix-La-Chapelle, ainsi que sur le Grand National de Vittel après l’examen vétérinaire. 

 

©Melanie Guillamot. 

19/02/2020

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