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La France vice-championne du monde d’endurance

  • Photo équipe de France (Photo FFE/MD)
    Photo équipe de France (Photo FFE/MD)
  • Championnats du monde d’endurance - Butheeb (UAE)
    Championnats du monde d’endurance - Butheeb (UAE)
L’équipe française a dû composer avec des conditions extrêmes lors des championnats du monde d’endurance qui, après l’annulation de la date initialement prévue à Vérone, se sont tenus aux Emirats Arabes Unis. Choix peu judicieux selon nous, à cause des conditions climatiques et des caractéristiques du sol. Les Français ont pris d’importantes précautions pour préserver leurs chevaux et ils ont bien fait : ce n’est pas l’or mais l’argent par équipe, mais tous les chevaux sont en forme, contrairement à 57 chevaux éliminés pour rythme cardiaque trop élevé, problèmes métaboliques ou chute. Seuls 44 d’entre eux ont passé l’inspection finale sans encombre... Bravo aux Bleus !

Après une journée épique, la stratégie d’équipe du clan français a porté ses fruits. Quatre des cinq équipiers alignés au départ de la course ont franchi la ligne d’arrivée à la nuit tombée, main dans la main en brandissant le drapeau tricolore, avec à la clé quatre chevaux en pleine forme et une superbe médaille d’argent par équipe ! Retour sur une journée folle en rebondissements.

A 5h45 heure locale, les dunes de sable étaient encore dissimulées par la nuit, lampes frontales allumées, les cavaliers ont enfourché leurs montures et se sont rassemblés pour le départ. Avec 125 couples en lice, l’équipe de France avait fait le choix d’un départ différé d’un peu plus d’une minute sur le groupe principal, pour éviter un stress et une dépense d’énergie inutile aux chevaux. La consigne du jour partagée avec toute l’équipe lors du briefing la veille : faire une belle course d’équipe pour tenter d’aller chercher une médaille. « La course va être très difficile. Il y a du sable, du sable et encore du sable, le sol est profond par endroits, il va faire chaud...il faudra être hyper à l’écoute des chevaux », rappelait Jean-Michel Grimal, le sélectionneur national à quelques heures du départ.

Objectif pour les couples, réussir à venir à bout des 160 km de cette course sans encombre. Divisé en six boucles d’une trentaine de km à 20 km pour les dernières, le parcours s’étendait en plein désert émirati, autour du Centre hippique de Butheeb, qui servait de « vet gate » et de zone de repos entre chaque boucle. Des zones abritées du soleil ont été mises en place pour chaque équipe avec eau et foin à volonté pour les chevaux, et autant de rafraîchissements pour les cavaliers et les équipes d’assistants. Les temps de repos entre les boucles sont indispensables pour scruter les chevaux sous tous les angles à la recherche du moindre signe de fatigue ou de blessure, pour les athlètes, et permettent aux équipes de vérifier et nettoyer le matériel.

Une fois en piste, les Bleus ont couru groupés, en file indienne, se relayant en tête de leur petit groupe, à une vitesse moyenne de 17km/h sur les premières boucles. Dans ce terrain exigeant, Justin Mourou n’a pu empêcher sa jument Dragueuz D Pacouli de trébucher, entraînant leur chute sans gravité. Le couple a pu continuer quelques kilomètres avant de s’arrêter à l’issue de la seconde boucle suite à une légère irrégularité dans le déplacement de la jument.
L’équipe de France ne comptait alors plus que quatre équipiers, dont les trois meilleurs scores seraient comptabilisés pour le classement final. Au tiers du parcours, les mousquetaires tricolores pointaient dans le Top 50 au classement très provisoire. Les deux boucles suivantes, ont permis aux Bleus, toujours prudents en piste de remonter dans le top 30, toujours en embuscade pour une médaille par équipe.

D’autres nations avaient fait un choix différent en partant sur un train beaucoup plus soutenu comme les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn ou encore l’Espagne. Au départ de l’ultime boucle de 20km, les Emirats Arabes Unis et l’Espagne, avec seulement trois coéquipiers encore en lice, ne disposaient plus d’aucune marge de sécurité. En cas d’élimination d’un équipier supplémentaire, le classement par équipe s’envolait.

Un sprint pour le podium individuel

Vers 14h30 heure française, après un peu plus de 7h30 de course, les trois premiers individuels ont franchi la ligne d’arrivée à l’issue d’un sprint qui semblait sans fin. Après 20 minutes de récupérations, tous se sont présentés au contrôle vétérinaire final. C’est finalement AL KHALIFA HH SH NASSER BIN HAMAD qui l’a emporté pour le Bahreïn en selle sur Darco La Majorie, alors que les deux équipiers des Emirats Arabes Unis ont été éliminés en raison d’un rythme cardiaque trop élevé de leurs chevaux. 
La médaille d’argent individuelle revient à AL KITBI SALEM HAMAD SAEED MALHOOF (UAE) en selle sur HALEH et le bronze à PUNTI DACHS JAUME (ESP) avec ECHO FALLS.

La France en argent au bout du suspense

C’est à la nuit tombée que les équipiers tricolores sont arrivés, après plus de 9h30 de course. Ils ont franchi la ligne d’arrivée au galop, en brandissant le drapeau français sous les applaudissements du public et de leurs proches. L’inspection finale a été une formalité pour les Bleus puisque les quatre chevaux, en pleine forme, ont été acceptés haut la main par le jury et les vétérinaires de la compétition.

L’équipe de France était composée de :
- Virginie Atger (39 ans, 3e sélection en Championnat du monde) & Raya de Jalima(Jument PSA - 11 ans), propriété de Jean-Claude Guillaume. 11e place 
- Vincent Gaudriot (42 ans, 1ère sélection en Championnat du monde) & Bum Baya d’Aqui (Hongre DSA - 12 ans), propriété de Bénédicte Soullier et Didier Marion. 12e place
- Clémentine Chaud (30 ans, 1ère sélection en Championnat du monde) & Winaruz El Djin (Hongre PSA - 12 ans), propriété de Catherine Le Bihan. 13e place
- Philippe Tomas (56 ans, 2e sélection en Championnat du monde) & Biwaka de Chalendrat (Hongre DSA - 12 ans), propriété de la SARL Tomas’Team Endurance. 14e place
- Justin Mourou (33 ans, 1ère sélection en Championnat du monde) & Dragueuz D Pacouli (Jument AA* - 10 ans), propriété de la SARL Au pied levé. Eliminé 2e boucle.
- Simon Menez & Sliman El Ramaadi, propriété de Nadine et Thierry Menez. Réserviste
L’équipe du Bahreïn a décroché l’or, et le Portugal s’est emparé de la médaille de bronze par équipe.

La France qui avait décroché l’or aux Jeux équestres mondiaux en 1994, 2002 et 2006 et terminé 2e en 2010 et 2014, confirme sa position de nation leader de la discipline et a une nouvelle fois démontré son esprit d’équipe irréprochable qui a permis d’aller décrocher cette nouvelle médaille d’argent.

Ils ont dit :
Philippe Tomas 
« La course s’est bien passée. On a bien fait de partir dans le calme comme Jean-Michel nous l’avait demandé. On a réussi à faire à notre train, en s’entraidant. La course était très difficile à cause de la chaleur et de la profondeur du sable. Physiquement c’était très dur pour tous les cavaliers aussi de se retrouver au mois de février avec ces conditions. Je suis très très très content de cette médaille, de mon cheval et de mes coéquipiers. On a passé une super semaine, c’était un régal ! »

Vincent Gaudriot 
« Je suis très content qu’on ait réussi à préserver nos chevaux. Ils pouvaient tous courir plus vite, mais il n’y avait aucune raison de prendre ce risque. On a suivi les consignes du coach qui étaient les bonnes. On voit d’ailleurs que ceux qui ont voulu jouer devant nous ont généralement perdu. On a fait ce qu’on sait faire en France et à l’arrivée nos chevaux sont très frais. Une médaille d’argent aux championnats du monde c’est énorme, surtout avec cette superbe équipe ! »

Clémentine Chaud 
« On a déroulé la course comme on l’avait imaginé. Les chevaux ont fait une belle course et cette médaille est un véritable travail d’équipe, à l’image de toute la semaine, en cohésion avec les six cavaliers et tout le staff qui nous entoure. »

Virginie Atger 
« J’ai trouvé l’esprit d’équipe incroyable, et pour affronter une course avec de telles conditions, je pense que c’était la clé. On a oublié nos objectifs individuels pour se consacrer à l’équipe et ça a payé. Les chevaux se sont vraiment bien comportés et on a eu d’excellentes sensations sur la dernière boucle. Je remercie Simon Menez, qui était le sixième couple ici et qui s’est vraiment investi dans l’équipe d’assistance aujourd’hui. C’est vraiment une expérience sportive et humaine incroyable à vivre. »

Justin Mourou
« Ce matin ma jument a fait un petit écart et est tombée sur un bourrelet de sable en bord de piste. C’est un accident que je n’aurait pas imaginé. On n’a pas pu terminer la course. Je suis un peu déçu ce soir, mais ma jument devrait bien se remettre. On va refaire un contrôle demain avec le vétérinaire de l’équipe. 
»

Jean-Michel Grimal, sélectionneur national d’endurance 
« La course s’est déroulée comme on l’avait prévu c’est une vraie satisfaction. On est passé tout prêt de terminer avec nos cinq couples, ce qui aurait été une vraie belle démonstration avec des conditions de course aussi difficiles, mais on est tout de même pas loin, je crois, de la vraie belle endurance. Cette médaille est amplement méritée par ce groupe ! »

Martin Denisot, CTN pour l’endurance 
« C’est un beau travail d’équipe. Ce n’est jamais facile quand on court en individuel toute l’année de former une équipe pour un championnat. Il ne faut pas oublier le vétérinaire et le maréchal-ferrant qui font un travail formidable et qui font aussi partie de cette équipe. La dynamique mise en place par la FFE depuis quelques années sur le groupe France porte ses fruits, avec aussi les préparateurs mentaux qui sont intervenus sur différents stages pour travailler sur le collectif. La stratégie mise en place est discutée entre le staff et les cavaliers en amont et tout le monde est impliqué et responsabilisé. La journée à été dure, mais l’ambiance, le collectif et le résultat sont au bout, bravo à tous ! »

 

LC

27/02/2023

Actualités régionales