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La croisade de Frédéric Cottier contre le scandale des guêtres aux postérieurs

  • Frédéric Cottier : « une pratique inacceptable »
    Frédéric Cottier : « une pratique inacceptable »
  • Guêtre haute attention danger
    Guêtre haute attention danger
  • Protège boulet oui
    Protège boulet oui
Frédéric Cottier, le champion du monde par équipes en 1982 et chef de piste des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie a fait de l'utilisation des guêtres arrières utilisées par les cavaliers de Sauts d'Obstacles une « croisade », depuis trois mois : « afin que la FEI interdise le plus vite possible cette pratique inacceptable et indigne d'un "homme de cheval » selon ses propres termes.

« Récemment, la Fédération équestre internationale a établi de nouvelles règles visant à contrôler les guêtres des chevaux avant et après leur entrée en piste afin qu’ils ne puissent pas s’élancer avec des protections trop serrées. L’utilisation abusive de protège-boulets anormalement hauts fait débat. Le rôle des guêtres est détourné. Elles ne servent plus à protéger les membres des chevaux mais à améliorer artificiellement leurs performances au détriment de leur santé.
"Ce système est pervers. Même les cavaliers honnêtes sont poussés à y avoir recours pour ne pas être désavantagés. Il faut absolument l’interdire car ce n’est rien d’autre que du dopage mécanique. Sans ces guêtres, la plupart de ces chevaux ne feraient jamais de sans-faute ou très peu et ne seraient pas en situation de briller", déclare Frédéric Cottier.

Nombreux sont ceux qui penchent pour une interdiction pure et simple des guêtres postérieures et un retour aux simples protège-boulets. À quelques semaines des jeux mondiaux, la FEI devra faire en sorte que la compétition se déroule dans un pur esprit sportif. 

Kevin Staut se lâche…

Dans une interview donnée à Paris Turf, Kevin Staut n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer ce scandale ;

« Pour caricaturer, nous pouvons dire que dans le saut d’obstacles, nous avons beaucoup de « gosses de riches » qui ne savent pas préparer un cheval, ni même le brosser. A peine savent-ils si un cheval boit de l’eau ou autre chose. Mais ils arrivent quand même à être d’excellents cavaliers. Alors que dans les courses, un jeune est obligé de partir du bas de l’échelle, de savoir faire un box, de s’occuper de son cheval, de voir s’il est droit ou pas, s’il boite et pourquoi. Ce manque de culture dans la nouvelle génération du saut d’obstacles me fait très peur. Le rapport homme/cheval se perd dans le monde des sports équestres et il faut que nous arrivions à l’intégrer de nouveau. Le monde des courses a su sauvegarder ses traditions et ceci malgré le pouvoir de l’argent dans le sport. Les professionnels sont restés des hommes de chevaux."

L’appel de l’AVEF

« La France organise en 2014 les Jeux Equestres Mondiaux. A cette occasion l’AVEF (vétérinaires equins) souhaite rappeler que le respect du cheval doit rester une préoccupation majeure lors de son utilisation sportive.

Les JEM 2014 sont une manifestation universelle honorant le cheval comme symbole d’une modernité respectueuse des traditions, de l'esprit du sport dans le dépassement de soi et des éléments naturels. Le cheval, icône de toutes ces valeurs, mérite plus que jamais le respect et l’attention de tous.

Objet d'enjeux financiers et économiques importants qui ne doivent pas occulter ces valeurs, le cheval ne doit pas pour autant subir la pression d’intérêts économiques qui pousseraient à l’utiliser pour toujours plus de compétitions.

L’équitation de tradition Française a été consacrée patrimoine culturel immatériel de l’humanité* comme étant " un art de monter à cheval ayant comme caractéristique de mettre en relief une harmonie des relations entre l’homme et le cheval ".

C’est la raison pour laquelle l’AVEF, qui promeut une médecine du cheval dans le respect du bien- être animal, en adéquation avec le code de déontologie de la profession vétérinaire et les règles sanitaires, exprime à tous les acteurs ayant la chance d’honorer d’une façon ou d’une autre le cheval, qu’il est nécessaire de le faire avant tout dans le respect de son bien-être et avec éthique.

La discipline de l’endurance a été récemment le lieu de pratiques non réglementaires associées à de la maltraitance pour les chevaux : l’AVEF condamne sans appel ces pratiques. L’AVEF souhaite que les acteurs ainsi que les instances sportives aient définitivement pris conscience des enjeux de tels agissements nuisibles à la discipline et aux sports équestres en général.

Comme tous les observateurs, l’AVEF surveillera avec vigilance et dans toutes les disciplines, pendant les JEM 2014, la façon dont les chevaux seront traités. Elle souhaite à l’issue de ce formidable événement sportif pouvoir mettre en avant les pratiques équestres comme exemple de l’excellence des relations entre l’homme et l’animal "

Mondiaux 1990 : l’affaire Schockemöhle

A cette époque Paul Schockemöhle (actuel propriétaire de Totilas) était accusé de « barrer » ses chevaux. Le scandale avait rejailli sur les Jeux mondiaux de Stockholm pendant lesquels les vétérinaires avaient adressé des blâmes aux cavaliers adeptes du résultat à tout prix. Ces avertissements n'étaient en ce temps là pas suivis de sanctions. Retour sur cette affaire qui marque les débuts de l'attention portée à la protection animale dans les compétitions équestres.

Lancée quelques semaines avant les jeux mondiaux de Stockholm en juillet 1990, ce que l'on appelle désormais « l'affaire Schockemöhle » fait grand bruit dans les milieux équestres. Accusé - images à l'appui - de barrer (entre autres) les chevaux, l'ancien champion olympique entraine avec lui dans le scandale les cavaliers allemands et les sports équestres en général. Remise en question...

Au départ de l'affaire une cassette vidéo arrive entre les mains de journalistes allemands. Sur les images, le plus important vendeur de chevaux ex-champion olympique Paul Schockemöhle (c'est dans sa propriété que les images ont été filmées) se tient derrière un obstacle. Au passage du cheval sur l'oxer, il lève une barre de bois, d'environ cinq centimètres de diamètre et frappe les antérieurs de l'animal. Un coup devant, un coup derrière afin qu'il apprenne à bien lever ses membres en abordant l'obstacle. « Cette technique, précisera le magazine dans la dizaine de pages qu'elle réserve à la révélation, s'appelle le barrage ». Dans les milieux de la compétition, elle est connue de tous mais pratiquée à l'abri des regards indiscrets...

Le pavé dans la mare

Le pavé est lancé. Bien sûr, Paul Schockemöhle est le premier à être éclaboussé, mais propriétaire d'une immense écurie de chevaux de compétition, il jette l'opprobre également sur les cavaliers qui viennent en stage chez lui : Otto Becker, René Tebbel, Evelyne Blaton, Franke Sloothaak et Ludger Beerbeum apparaissent sur les images, soit à cheval, soit en spectateur consentant. Peu importent les mobiles qui sous-tendent les trois articles du magazine ouest-allemand (Paul Schockemöhle est un empire financier à lui seul ; il vend près de 60 chevaux par an aux alentours de 400 000 F), les révélations font mal et portent loin. Bien que les personnes incriminées soient désignées nommément dans les articles, c'est sur tout le monde de la compétition que rejaillit le scandale. Chez eux, chez nous tous les moyens seraient bons pour parvenir à des résultats.

A Stockholm, on attendait évidemment les cavaliers allemands et leur délégation. Là-bas, surprise générale, le baron Landsbergvelen, président de la Fédération allemande, ne tient pas à faire de commentaires sur les révélations du magazine allemand estimant « qu'une personne est innocente tant que sa culpabilité ne pas été prouvée » Conclusion : les cavaliers allemands sélectionnés avant le scandale concourront. Dans les tribunes, on espère les réactions du public ; la encore, déception. Tout juste sifflés lorsqu'ils entrent sur le stadium, les cavaliers allemands ont en outre prévu une riposte : un groupe de supporters est chargé d'applaudir et de crier afin de couvrir les timides protestations ! 

23/07/2014

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