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La consécration d’un jeune Hollandais à Göteborg

  • Lars Kersten/Hallilea (© FEI/Kim C Lundin)
    Lars Kersten/Hallilea (© FEI/Kim C Lundin)
  • Lars Kersten/Hallilea (© FEI/Kim C Lundin)
    Lars Kersten/Hallilea (© FEI/Kim C Lundin)
  • Lars Kersten/Hallilea (© FEI/Kim C Lundin)
    Lars Kersten/Hallilea (© FEI/Kim C Lundin)
C’est une consécration pour le jeune cavalier néerlandais Lars Kersten, 24 ans, et un produit maison, Hallilea qui ravit la victoire aux deux stars suédoises sur leurs terres lors de la dernière étape Coupe du Monde 5* de CSO de Göteborg (SWE), Henrik von Eckermann et Peder Fredricson, pourtant dotés de leurs montures des grandes victoires, King Edward et Catch me Not S. Olivier Robert/Iglesias D.V. est à une seconde d’un podium, derrière le tandem suédois.

Qui est Lars Kersten ? 

Le jeune cavalier, qui disputa sa première coupe des nations avec l’équipe orange en 2022, a élevé sa jument Kwpn de 12 ans Hallilea (Vdl Zirocco Blue) et passe un cap en décembre 2022 en remportant le Prix KBC Bank (150) Coupe du Monde à Mechelen (Be), au nez et à la barbe des Devos, Verlooy et Greve. 2023 débute sous les meilleurs auspices avec une 6è place dans le Grand Prix Rolex de ’s-Hertogenbosch. Suivront le LGCT5* de Valkenswaard, et le CSI5*-W de Stuttgart (D). Une victoire dans le GP 2* de Kronenberg récompense une saison intense, alternant les épreuves où il entraîne ses jeunes chevaux et les étapes Coupe du Monde avec Hallilea et l’étalon Funky Fred Marienshof Z (Fantomas de Muze), son autre pépite qui s’empare de la 3è place du GP5*-W d’Amsterdam en janvier, présent également à Göteborg, (5è du Göteborg Trophy 155). S’il a tout ce qu’il faut aux Pays-Bas comme terrains de Jeux du 2 au 5*, il ne dédaigne pas quelques incursions à Wellington et Ocala en hiver : le jeune homme ne manque ni de chevaux ni d’expériences de haut niveau.

Kersten est entraîné par son père, Pieter, cavalier et éleveur dans le Sud des Pays-Bas, coincé entre la Belgique et l’Allemagne, à une encâblure du triangle d’or des grands concours belgo-hollando-allemands. De quoi former une jeunesse talentueuse et bosseuse : car il a les chevaux, mais aussi la niaque : à l’heure où de nombreux cavaliers s’offrent un mois de « repos » bien mérité de mi-décembre à mi-janvier, le jeune Lars boucle Mechelen le 30 décembre et attaque Basel le 11 janvier… 

J'ai vu Henrik et Peder dans de nombreux barrages et je sais qu'ils sont capables d'être plus rapides que moi. Mais je pense que j'étais assez rapide et à la fin, cela a montré qu'il n'était pas facile de me battre, donc je suis très, très content de ma jument. Elle s'est donnée à 100% aujourd'hui ", a déclaré le jeune homme qui, pour sa toute première participation à l’étape suédoise, a stupéfié par son audace la célèbre Scandinavium Arena, 12 000 spectateurs, excusez du peu.

Dans un barrage qui s’est joué à sept, Olivier Robert et Iglesias DV, seul Français qualifié ont accroché l'avant-dernier vertical ; mais leur meilleur chrono à 4 points leur offrira une belle 4è place. Kersten le suit, et son parcours fluide paraît facile, gage d'un partenariat de longue date. Fredricson et Catch Me Not S, 18 ans prennent une option chronophage : " Avec le recul, je n'ai pas pris le bon virage, nous avons eu une foulée supplémentaire donc j'ai perdu la victoire à ce moment-là, mais le cheval a fait un saut incroyable ". Un incident se déroule au paddock au même instant : Henrik von Eckermann tombe après avoir perdu l'équilibre en atterrissant sur un obstacle. Il remonte rapidement, avec quelques secondes de retard seulement, pour s’élancer dans l'arène de Göteborg, vibrant de l’enthousiasme de son public. L'homme qui a dominé le classement mondial si longtemps et le cheval qui l'a porté vers l'or par équipe aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, une double médaille d’or aux Championnats du monde en 2022 et le titre de FEI Jumping World Cup™ en 2023 s’élancent pour gagner. Mais King Edward a perdu du temps. Von Eckermann : " Mon cheval a très, très bien sauté, peut-être trop bien dans le barrage et il a perdu un peu de temps. Mais c'est une bonne façon de perdre. Je voulais gagner, mais avec la façon dont King Edward a sauté, on ne peut qu'être heureux. Surtout avec ce qui nous attend cette saison, la finale de la Coupe du monde et ensuite Paris cet été ".

Parler des JO en février, c'est demander le temps qu'il fera en août

Interrogé sur ses espoirs olympiques cet été, Fredricson rit : " Pour moi, parler des Jeux Olympiques en février, c'est comme demander le temps qu'il fera en août ! Nous montons les chevaux, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. C'est bien sûr mon objectif principal cette année. Je donne une chance à tous mes chevaux dans les écuries et nous verrons dans les prochains mois comment cela se passe ", a-t-il répondu. Et il a félicité le vainqueur du jour.

Victoire familiale

Pour Kersten, cette victoire est avant tout celle de sa famille : " Nous avons notre propre écurie en Hollande où nous pratiquons le sport et un peu d'élevage. C'est vraiment une affaire de famille, et ma jument a été élevée par mon père. Je travaille avec elle depuis toujours et elle a joué un rôle important dans ma carrière. C'est incroyable de grandir ensemble à ce niveau et de gagner une Coupe du monde à Göteborg ", a-t-il déclaré.

L'entraînement de son père a été complété par quelques semaines avec Marcus Ehning, " qui a toujours été une idole pour moi en grandissant, j'aime vraiment son style d'équitation et sa façon de monter à cheval ", et par un peu d'entraînement de la part de Jos Lansink : " J'ai donc eu mes influences en dehors de mon père, mais il est certain qu'il a joué un rôle très important dans cette aventure ", a expliqué Kersten. 

Il est très fier d'Hallilea, qui va maintenant pouvoir se reposer quelques jours avant de se rendre à 's-Hertogenbosch (NED) dans deux semaines." Dès qu'elle a eu cinq ans, je l'ai prise en charge et c'est spécial pour moi que nous ayons fait ce voyage ensemble. Nous avions déjà obtenu de très belles places, mais rien ne vaut une victoire en Coupe du monde ici, à Göteborg. C'est un peu irréel. Ce n'est pas facile de s'imposer devant ces mecs (Von Eckermann et Fredricson) et la plupart du temps, je serai derrière eux, alors aujourd'hui est un grand, grand jour ", a-t-il conclu.

C'est ici qu’ont été décidées les qualifications de la Ligue d'Europe de l'Ouest pour la Longines Final 2024 qui se déroulera à Riyadh, en Arabie Saoudite, du 16 au 20 avril. Von Eckermann sera de retour pour défendre le titre qu'il a remporté il y a un an aux côtés de Fredricson.

Côté français

Julien Anquetin avait « cartonné » les premiers jours, 2è vendredi avec Blood Diamond du Pont de la vitesse 150 derrière Petronella Andersson et la jument Bwp Odina van Klapscheut, et 2è de la vitesse 145 avec la jeune Farah Tame, 9 ans. Il espérait une qualification pour la finale de Riyadh, fautera par deux fois avec Blood Diamond du Pont. 16è, il finit aux portes de la finale : avec 31 points au classement général, à égalité avec Marcus Ehning et Lorenzo de Luca, il occupe la 22è place. Mais il est rare qu’une telle échéance ne connaisse des forfaits de dernière minute. Julien va donc croiser les doigts pendant 3 semaines pour espérer accompagner les 3 qualifiés français, Jeanne Sadran, Julien Épaillard et Kevin Staut. 33è, Bosty perd, lui, tout espoir d’y figurer… comme Delestre, 25è, absent à Göteborg. Kevin Staut et Visconti du Telman avaient dominé le barrage de la grosse épreuve jeudi, privant de victoire les deux Suédois Emma Emmanuelsson/Canbella Blue PS et Henrik Von Eckermann/Calizi. Mais dimanche sera un mauvais jour : 4 fautes pour le fils de Toulon. Bosty fautera par trois fois avec Ballerine du Vilpion…

Carine Robert

27/02/2024

Actualités régionales