- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Kervec : une passion bretonne

Petit élevage aux mains d’une amateur éclairé, les Kervec naissent et grandissent dans le pourpre. Roger Huon, à Bégard dans les Côtes d’Armor, a très soigneusement sélectionné ses souches maternelles qu’il croise judicieusement. Les Kervec Photo 1 sur 4
ont la cote.

« Je ne vends pas un foal à moins de 32 000 € ». Par les temps qui courent, l’affirmation a de quoi surprendre. Elle est pourtant bien réelle, preuves Fences à l’appui. A raison de deux ou trois poulains par an (exceptionellement six pour le cru 2010), Roger Huon ne cherche pas la quantité. Une petite « chambrée » de qualité le satisfait pleinement avec des mères « de sources sûres » ayant fait leurs preuves sur les terrains de concours. La chance, facteur incontournable en élevage comme en sport, est de son côté. Ceux qui ont « goûté » aux Kervec y reviennent. A Dinard, un de ses clients italiens n’a pas discuté pour acquérir une pouliche alezane, fille de Diamant de Semilly et Jolly Girl. Ronald Kervec (Mr Blue), top price aux ventes Fences de novembre, exporté en Italie, semble avoir tracé dans la mémoire des investisseurs transalpins. La preuve par l’exemple vaut mieux que toutes les missions « touristico-promotionelles » du monde.

Roger Huon mène son élevage en bon père de famille, secondé par son fils Christophe qui dirige l’entreprise de produits fertilisants organiques dont Equi’pouss, destiné aux pâtures pour chevaux, est bien évidemment présent sur les hectares Kervec.

Père et fils sont en phase sur la philosophie de l’élevage : petit mais bien. Adossé à un cavalier breton, Jean Le Monze qui gère au mieux la valorisation des jeunes chevaux et qui pilote pour l’heure Ba Belle van’t Roosakker, une fille grise de Kannan issue de la souche belge de Ta Belle qui fit Coupe du monde avec Jos Lansink. Un coup de cœur initié par Christian Planchon. La jument arrivait en droite ligne des écuries de Joris de Brabander. Elle a depuis produit Quabelle (Eliot de la Cour) exporté en Suisse, Ratina, (Diamant de Semilly) qualifié pour la finale 5 ans cette année, Seigneur (Quidam), l’étalon le plus apprécié par les experts du testage 2009. Un beau Seigneur avec de la force et de la distinction, très chic, que ses fans appellent... Alain Delon. Il attend patiemment son heure de père et de performer.
Iso record

« Avec mes quatre poulinières, dit Roger Huon, j’ai un ISO total de 600 et 41,5 points Pace. C’est tout de même significatif ». C’est évident. Tellement évident qu’avec peu de produits, il est à la 35e place du classement SHF des naisseurs par les gains : six chevaux et 4 800 €.

L’histoire de l’élevage a commencé vraiment il y a une dizaine d’années avec Jolly Girl, fille de Darco et Fragance de Chalusse (Jalisco) achetée foal à l’élevage de Christian Planchon. Sérieuse souche maternelle s’il en est qui a donné le crack national que monte Pénélope Leprévost, Mylord Carthago et Norton d’Eole des frères Dewulf. Elle est la propre sœur de Jolly Mome qui fait une belle carrière sportive sur la scène internationale. Sous la selle de Jean-Marc Nicolas, Jolly Girl a obtenu un indice de 153. Aujourd’hui poulinière, elle est mère de Pactole Kervec (Kannan) vendu à Fences, Queen Girl Kervec (Diamant de Semilly), propriété de Jacques Aguetaz et confiée à Julien Gonin, de Top Girl (Diamant), top price foal à fences (32 000 €), exportée aux USA.
Trois branches « du Chateau »

Autre souche, celle du Château avec Létoile, fille de Sophie, Manuela fille de Javotte D et une petite-fille de Bébé. Létoile, meilleure sœur utérine d’Itot, avec pour père Sable Rose a obtenu l’indice 152 sous la selle de Jean Le Monze. Accidentée, elle a été mise à l’élevage en janvier 2009. Mère de Quatre Etoiles Kervec (Cabdula du Tillard), d’un autre produit par L’Arc de Triomphe, elle est suitée d’un bondissant et musculeux foal de Kalaska de Semilly.

Manuela (Quidam-Javotte) est indicée à 149. Elle a produit Phénix Kervec (Ephèbe for Ever) exporté en Italie, Rolls Kervec (Diamant) top price 3 ans à Nash en 2008 (70 000 €) que l’on verra à la finale 5 ans.

Encore une souche franco-belge avec Cibelle of Colors, fille de Quidam qui a pour grand-mère Bébé du Château. Achetée foal, elle a obtenu l’indice 137 avec Jean Le Monze. Elle est mère de Ronald Kervec (Kannan), étalon du GFE, propriété de M. Deroy, l’éleveur de l’Angenardière, sous la selle de Marc Dilasser; Si Jolie Kervec (Calvaro), sous la selle de Tony Cadet et propriété d’Yvon Guyomard, un ancien professeur, passionné d’ élevage et friand de cette descendance.
Leader du Grand National

Côté commercialisation, Roger Huon n’est pas le plus mal loti. Mais lui aussi ressent les difficultés actuels du marché et déplore le déficit de médiatisation des sports équestres. Le partenariat Branack-Huon qui fait écurie avec Alain Bourdon et Jean Le Monze sur le Grand National de CSO (voir notre édition du 23 juillet) n’a pas généré une quantité de retours. L’association avec Isabelle Lurton, (élevage Branack) bretonne elle-aussi, s’est faite lors d’une rencontre amicale sous forme de challenge. « Il faut jouer le jeu avec les cavaliers, c’est notre monde, malheureusement pas assez médiatisé ». Reste qu’Alain Bourdon qui courait récemment la Coupe des nations à Bratislava avec Nouméa Deux a fait une excellente saison cette année. L’écurie Branack Huon était toujours leader du Grand National avant l’étape de St-Lô du 15 août, l’avant-dernière, avec 52 points. Les deux cavaliers bretons y étaient engagés, fermement décidés à défendre les couleurs de la Bretagne et de leurs partenaires.

Bien avant les chevaux et la naissance des Kervec, un étalon poney avait fait le bonheur de Christophe sur les terrains de concours, Leam Finnigan. Il n’est autre que le père du crack Dexter Leam Pondi. Une bonne terre à Bégard et une bonne dose d’intuition.
Etienne Robert

13/08/2010

Actualités régionales