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Jacky Misteli, une passion inaltérable

Suisse d’origine, Jacky Misteli, que l’on peut caractériser à la fois d’éleveur de renom et de juge à l’œil aiguisé, est arrivé en Normandie en 1987. Désormais à la retraite et installé à Moon-sur-Elle, non loin de Saint-Lô (50), ce véritable « homme de cheval » nous livre quelques éléments sur ce parcours atypique qu’il mène désormais grâce à sa compagne qui l’aide et l’accompagne dans sa démarche.


Alors que les premiers flocons de neige étaient tombés la nuit précédente, recouvrant les champs déjà presque verdoyants de Normandie d’une légère couche blanche, Jacques Misteli ou plutôt « Jacky » attendait patiemment à l’intérieur de sa maison.


Une passion familiale


Né en Suisse et arrivé en France en 1946 à l’âge de 2 ans, Jacky a grandi dans la ferme de ses parents, située dans l’Est de la France. Habitant entre Nancy et Vittel, son père, à l’origine métayer, a su lui transmettre son amour pour les chevaux très tôt. En se lançant dans l’élevage de chevaux Ardennais, race typique de ce petit coin de pays, Jacky a tout de suite trouvé sa vocation « A 4 ans je montais déjà les chevaux Ardennais de mon père » s’amuse t-il. Il y a de cela 50 ans, père et fils apportaient, tous les ans, des chevaux de trait à Vittel lors du concours des chevaux de race Ardennaise.


Le début du commerce


C’est d’ailleurs au cours de cette manifestation annuelle que Jacques Misteli, alors âgé d’une vingtaine d’années, trouve un poste de stagiaire chez Charles Vauvrecy, un des plus grands étalonniers normands de l’époque avec les Lefèvre. Il y est resté trois hivers, d’octobre à février-mars. Lors de cette formation, Jacky apprend le métier et se forme pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Dès lors il commence le commerce de chevaux avec la Normandie et la Suisse, et ce, pendant quelques années.


Son père, qui souhaitait orienter son élevage vers le sport, acquiert alors sur les conseils de l’éleveur normand Charles Vauvrecy, une jument Selle Français avec laquelle Jacky évoluera dans de petites épreuves de saut d’obstacles. C’est à ce moment que le célèbre étalonnier normand lui parle d’un étalon vendu dans les Ardennes : Questeur SF, produit du célèbre Pur-Sang Furioso. Produit de Questeur et d’une des juments des Misteli, Fury de la Cense deviendra un étalon performer des Haras nationaux !


L’importance de la qualité de l’élevage


Jacky regrette ce temps ou l’on élevait « amoureusement » avec une ou deux juments à son compte. A l’époque, plus de 16 heures de camion séparaient Saint-Lô de Nancy. « Il fallait être motivé pour le faire ». Mais la récompense en valait la peine. « L’Élevage a changé maintenant » confie t-il avec un peu de nostalgie. Avec les semences et le transfert d’embryon, tout devient beaucoup plus simple et rapide. » Mais encore faut-il avoir l’œil aiguisé pour effectuer les bons croisements.


Le temps passe et l’activité se développe, forte de la qualité de ses produits. En 1987, âgé de plus de 40 ans, l’homme décide de s’installer définitivement en Normandie.


Ses intuitions face à l’élevage ? Il estime que le papier ne veut pas dire grand-chose : « Il n’y a pas de science infuse, ni de formule mathématique ». Choisir sa jument est très important : « Elle doit faire une bonne production même lorsqu’on change d’étalon. Le choix de la jument est aussi important que celle de l’étalon. Ce dernier est là pour améliorer. »


L’œil, la prestance, les aplombs, les jarrets, tels sont les points importants à regarder pour juger un cheval selon Jacky.


Des relations internationales


Au cours de ces années, Jacky fera du commerce avec de nombreux pays grâce aux relations acquises lors de ses déplacements sur les foires internationales. Canada, Espagne, Norvège, Portugal, Italie et même Etats-Unis ! Jacky garde contact avec au moins un client dans chaque pays, en qui il a une totale confiance. Aux Etats-Unis, son grand ami Henri Prudent (qui entraîne encore aujourd’hui Pénélope Leprevost) importe tous les ans plusieurs chevaux qu’il a repérés.


Un juge à l’œil affûté


Jacky Misteli est également juge Selle Français à ses heures perdues. Après avoir suivi une formation au Haras du Pin, lui et sa troupe d’amis juges se déplacent dans toute à la France pour suivre les jeunes chevaux Selle Français. « Nous les anciens », comme il aime si bien le dire, passent de bons moments notamment lors des ventes NASH « très bien managées par Alain Hinard » dont il vante le ratio qualité/prix très correct.


L’éleveur normand soutient les initiatives de Yann Adam, le nouveau directeur du Pôle Hippique de Saint-Lô, ou encore les événements organisés par Jean-Claude Heurtaux, qui attirent de nombreux clients étrangers, faisant de St Lô une bonne vitrine pour la qualité de l’élevage Français.


Un souhait pour l’avenir ?


« Je souhaite que l’élevage normand dure longtemps. J’essaie, grâce à mes relations, d’aider les éleveurs à encore vendre quelques chevaux, malgré mon grand âge ! » Plaisante t-il. « Je ferai tout pour aider l’élevage. »


02/03/2017

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