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Good Pleasure et Hot Pleasure, pour le plaisir

  • Betty Boop Semilly
    Betty Boop Semilly
  • Son Altesse, à l’origine de trois importantes souches de l’élevage français (© Coll.)
    Son Altesse, à l’origine de trois importantes souches de l’élevage français (© Coll.)
Nés du mariage d’une des souches maternelles françaises d’excellence - celle de Son Altesse - avec trois des tops sires mondiaux (For Pleasure, Diamant de Semilly et Quidam de Revel), les jeunes étalons Good Pleasure et Hot Pleasure méritent l’attention.

Il commence à être reconnu comme un théorème que les bons chevaux ne naissent généralement pas par hasard. Les « origines » servent à quelque chose… Plus les parents ont été bons, plus les petits le seront… Ils ont d’autant plus de chance de l’être, que les parents des parents l’ont été, etc. En gros, préférons les étalons avec de bonnes origines depuis longtemps ! En simplifiant : avec un BSO élevé et un coefficient de détermination proche de 1.

Partant de cette idée et après les avoir vu sauter à l’automne dernier en finales des 4 ans et des 5 ans à la Grande Semaine de Fontainebleau, les deux fils de Betty Boop Semilly, Hot Pleasure Semilly et Good Pleasure Semilly, s’avèrent très intéressants. Mais commençons par le commencement.

Son Altesse la bien-nommée

En 1935, Jules Houllegate fils choisit à la foire aux poulains de Cherbourg un « laiton » (jeune poulain au sevrage), que son père lui offrait. Très plaisante, cette Naïve était par Foukoui, étalon important dont les premiers produits prenaient trois ans et s’annonçaient plutôt bien. Les Houllegate étaient d’excellents éleveurs, aussi bien porcins que bovins voire équins, et ne cherchaient que l’excellence. Aussi, quand Naïve eut l’âge, elle eut droit aux œuvres du fameux Vas Y Donc, qui apportait immanquablement cadre et énergie, pour donner la fameuse Son Altesse en 1940.

Les deux premiers produits de cette dernière, Fougueux et Grand Duc, eurent la chance - mais la chance se mérite… - d’être sortis par Colette Ducornet, qui ne supportait que les bons chevaux et les classa « Elite Obstacle ». 

Après ces deux-là, Naïve enfanta de la très fameuse Kavala (1954, Ecossais), achetée par le sympathique, passionné et excellent éleveur Jean Pottier, chez qui elle sera à l’origine de la vaste tribu des « Thurin ». 

Chemin faisant, Son Altesse étant toujours première aux concours poulinières de Cherbourg et ses poulains ayant l’air de sauter, pourquoi ne pas utiliser les meilleurs étalons Pur-sang de la Manche ? Ce fut d’abord Foudroyant II, ancien excellent steeple-chaser, au galop un peu rond, plaisant dans ses sauts, et sur le podium des pères de gagnants plusieurs années (et même en tête trois fois !). Ses poulains étaient très convoités (et ses filles faisaient d’excellentes mères), mais il n’en faisait pas beaucoup. Heureusement, en onze ans Son Altesse, qui ne fut jamais montée ni attelée, ne fut vide qu’une fois, et avec Foudroyant II elle offrit Libellule L à son éleveur. 

Enfin, après Foudroyant ce fut Fra Diavolo, autre fameux Pur-sang qui avait la cote lui aussi et qui remplissait bien ! Ainsi naquit Magali, à l’origine d’une autre importante famille de bons gagnants, d’où émergent Quickly de Kreisker, tête de liste mondiale des gagnants, mais aussi Baladine du Mesnil et beaucoup d’autres. 

La lignée de Libellule

Contrairement aux habitudes de Jean Fleury qui achetait des pouliches pour les sortir et les revendre, Libellule L fut poulinière. C’était une occasion d’avoir une fille de Foudroyant, et elles étaient rares... Grande alezane étendue mais tendue, elle fit d’abord Shérif, né des œuvres du très coté Plein d’Espoirs, et attaqua sa carrière de concours à huit ans, pour 1208 francs (nouveaux !) de gains, ce qui était nettement supérieur à la moyenne surtout pour une première année. Puis elle resta au pré. 

Avec Olifant, meilleur 4 ans de Normandie, issu d’un père très coté (Plein d’Espoirs) et très bon sauteur avec M. de Royer, et d’une mère Elite Concours Hippique (Fleur d’Amour par Fra Diavolo, ps), excellente gagnante avec Jean Brohier,  Libellule L eut Alpha D, très très bonne gagnante sous la selle d’Alain Hinard. 

Après d’autres bons lauréats, l’étalon Tanaël fut également choisi pour Libellule L. Fils du légendaire Ibrahim et de Kadine par Centaure du Bois, issu d’une souche de très bons gagnants, trois fois premier aux concours d’étalons, ce Tanaël qui ne produisait pas que des chevaux faciles peut se targuer d’être le père de la fameuse Gemini (mère des célèbres étalons et grands gagnants Narcos II, Mazarin V, Larry II, Quat’Sous), ainsi que de sa propre sœur Hilda B (ISO 167), ou encore de Lévrier IV (ISO 168). Avec Libellule L il donna Nade de l’Amplière, ISO 153/87 et très bonne poulinière, ainsi que, cinq ans auparavant (en 1974), une propre sœur de Nade : Irrésistible

Sans références en CSO puisque jamais sortie, cette Irrésistible n’en est pas moins une grande poulinière (voir tableau). Quidam de Revel avait déjà pointé le bout de son nez quand il fut choisi pour donner avec elle Etoupe II, alezane par hérédité, sauteuse pour la même raison. Son cavalier Franck Schillewaert se souvient d’une jument très attachante, équilibrée, avec un fort coup de dos. Toisant près de 1,70 m, un peu compacte, elle fut avec lui championne des 5 ans puis des 6 ans et 3e du championnat de France, derrière l’olympique et gagnant de la finale coupe du Monde Dilème de Cèphe

76 ans plus tard…

Jean-Bernard Fleury hérita d’Etoupe II après la mort de sa mère et la confia à Diamant de Semilly pour obtenir Angelina Gibay, bonne compétitrice, accidentée, poulinière, et, une fois réparée, à nouveau compétitrice. Puis Richard Levallois (du Haras de Semilly) fit une proposition certainement honnête à Jean-Bernard Fleury qui s’écartait de la voie, et il devint propriétaire d’Etoupe. Ainsi naquit Betty Boop Semilly, fille de Diamant de Semilly. Confiée à un stagiaire, elle montrait une réelle qualité mais… fut retrouvée un matin pendue par un postérieur coincé dans la cloison de son box, et elle devint poulinière.

Ses deux fils par Kannan, Good Feeling Semilly et Good Mood Semilly, furent vendus au Mexique. Good Pleasure, resté en France, a débuté l’année dans les 6 ans.

Quant à ses deux fils par For Pleasure, nés en 2016 et 2017… soit 76 et 77 ans après leur ancêtre Son Altesse : Good Pleasure Semilly fut vainqueur du testage des étalons à 3 ans, champion de Normandie des 5 ans l’an dernier et qualifié de « très bon cheval » par le connaisseur Xavier Leredde… ; et son propre frère, Hot Pleasure Semilly, plus compact, fut meilleur étalon de Normandie de 4 ans la même année.

Ces deux jeunes étalons héritent d’une génétique exceptionnelle par leur souche bien sûr, confirmée par le croisement avec trois têtes de listes mondiales des étalons, eux-mêmes compétiteurs au plus haut niveau (For Pleasure, Diamant de Semilly, Quidam de Revel). Que demander de plus ?

Hilaire de la Marlière

16/06/2022

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