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GIP : « Beaucoup de bruit pour pas grand-chose »

Alors qu’on espérait la création d’un outil au service du développement économique de la filière cheval, l’Etat s’est contenté de regrouper l’ENE et les Haras nationaux au sein d’un nouvel établissement chargé de « promouvoir l’élevage des équidés et des activités liées au cheval ainsi que de favoriser le rayonnement de l’équitation » en reprenant à peu de choses près les anciennes missions des deux institutions.  

Promouvoir et favoriser oui, mais pour quoi faire ?
Les pouvoirs publics ont raté l’occasion de donner un sens réel à l’ENE dont l’utilité sociale n’est pas visible et ils ont mis un coup d’arrêt à la modernisation des Haras nationaux, qui rappelons-le avaient multiplié par plus de 3 leur valeur ajoutée en 5 ans (http://haras-defense.wifeo.com/les-chiffres.php) et qui s’étaient organisés pour accompagner les acteurs en vue de définir un nouveau modèle économique pour la filière cheval dans le cadre de la préparation de leur deuxième contrat d’objectifs.
Il semblerait que la seule logique qui ait présidé à cette fusion soit la volonté de l’Etat de supprimer des postes de fonctionnaires dans le cadre de la révision générale des politiques publiques. Cette entrée par les moyens est sans réelle valeur ajoutée par rapport à ce qui existait précédemment dans la mesure où :
• Elle ne permettra certainement pas de mettre en place des synergies entre les deux anciennes institutions. En effet, l’Etat a créé deux boîtes étanches, une couvrant le périmètre de l’ENE, l’autre celui des Haras. Le fait que chacune des deux boîtes ait ses propres instances paritaires de concertation illustre bien cette volonté.
• Elle ne permettra pas de lever les freins à leur bon fonctionnement notamment en  ne facilitant pas le recrutement d’agents contractuels et de lever le poids du contrôle financier de Bercy qui a la fâcheuse tendance à outrepasser ses prérogatives en faisant du contrôle d’opportunité.
• L’occasion de donner un réel pouvoir aux acteurs de la filière n’a pas été saisie. Si leur nombre a été augmenté, ils restent nommés. L’expérience du conseil d’administration des Haras nationaux a montré que les administrateurs socioprofessionnels n’étaient pas totalement indépendants vis-à-vis du pouvoir qui les a nommés, les « grande gueules » n’étant pas renouvelées. Dans une assemblée où les membres sont désignés, le pouvoir reste entre les mains de l’Etat et est assuré par le directeur général qui peut être remercié à tout moment. Le président joue quant à lui un rôle de godillot et inaugure les chrysanthèmes. En revanche dans les assemblées où les représentants sont élus c’est le Président et les administrateurs qui assurent la gouvernance en toute indépendance et ce sont les fonctionnaires qui mettent en œuvre.
Les prochaines nominations du Président et du directeur général seront révélatrices des réelles intentions de l’Etat à l’égard du nouvel établissement et de la filière cheval. Enterrement de première classe ou début d’une nouvelle ère. Quoiqu’il en soit la création de l’IFCE laisse craindre le pire.
Philippe Bombardier (ancien directeur de cabinet et ancien directeur des ressources humaines des Haras nationaux)
04/02/2010

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