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FFE : la croissance stoppée net

  • Serge Lecomte et Frédéric Bouix
    Serge Lecomte et Frédéric Bouix
Jusqu’au 15 mars, le nombre de licences était en augmentation. La FFE tablait à ce moment-là sur une croissance de 1 à 2 %, ce qui, selon Frédéric Bouix, délégué général, « était du jamais vu depuis 2012, année noire du changement des rythmes scolaires, de l’augmentation de la TVA. Là, on va faire entre -4 et -5 % donc un delta de l’ordre de 7 %, soit, sur 600 000 licences, entre 40 et 45 000 licences perdues. En chiffre d’affaires, on va perdre entre 25 et 30 %. De 41 millions d’euros, le chiffre d’affaires passera à une trentaine de millions d’euros. Toute l’activité du parc fédéral est paralysée depuis le 15 mars. Elle ne redémarrera au mieux qu’en juillet. La perte financièrev est là aussi importante. Le premier événement attendu est le Sologne’Pony, l’avant-dernier week-end d’août. C’est une année blanche en terme de manifestations ».

A la question de savoir si ce capital licence peut être retrouvé, Frédéric Bouix répond par la négative : « Non, ces licences sont perdues pour le millésime.  Ce que l’on espère, c’est de ne pas avoir perdu de cavaliers dans leur fidélité à l’équitation ou des gens qui découvraient l’équitation pour la première année, qu’ils ne s’interrompent pas dans leurs projets. Donc ça va être tout l’enjeu de la campagne de rentrée. Il y a une première partie dite de « reprise » pour que les gens retournent dans les clubs, on va ensuite amplifier la campagne en septembre par une relance pour recruter de nouveaux pratiquants et pour permettre aux clubs de trouver de nouvelles activités ». 

L’activité immédiate, c’est la reprise des concours. Le procédé « hors délais » est généralisé jusqu’au 31 août et les organisateurs ont jusqu’au 14 juillet pour établir un calendrier des concours qui se dérouleront de septembre à décembre.

La chaîne solidaire pour les structures équestres a plutôt bien fonctionné. Une première enveloppe de près de 800 000 euros est déjà répartie. Une deuxième enveloppe faite de dons de particuliers dont le montant fut doublé par la FFE a atteint 240 000 euros. 2 300 euros ont été reversés à chaque département pour une aide de première urgence.

Serge Lecomte et Frédéric Bouix ont rencontré dernièrement la ministre des sports. Le rendez-vous fixé de longue date fut une première fois reporté en raison du Covid. Les violences sexuelles signalées dans l’équitation ont fait partie de la discussion. « Nous ne comprenons pas, indique Frédéric Bouix, cette polémique et cet acharnement contre Serge Lecomte et la FFE. Ils n’ont commis aucune faute ».

E. R.

Réaction au Covid : la diagonale du flou…

Certains dirigeants de centres équestres, pendant la crise sanitaire, ont regretté de ne pas avoir eu accès en temps réel à des informations ou consignes précises. Frédéric Bouix s’en explique. 

« Tout le monde pensait que la Fédération avait les informations soit en avant-première, soit de manière particulière. Bien souvent on a eu les informations en même temps que tout le monde, c’est-à-dire en même temps que le grand public, et nos gouvernants, quels que soient leurs statuts, découvraient les annonces en même temps que nous. Impossible d’anticiper, on était obligés de réagir au coup par coup avec parfois des changements de directions multiples dans la même journée, ça a été le cas notamment le premier week-end. Je voudrais notamment revenir sur le premier week-end, entre le 13 et le 15 mars où il y a eu la fermeture. Il y avait déjà des limitations depuis quelques jours, puis l’annonce de fermetures de tous les ERP le samedi soir. Des concours étaient engagés, il a fallu tout arrêter. Sur le seul sujet des propriétaires, Serge Lecomte a fait partie de ceux qui ont demandé au Ministère de l’agriculture de permettre aux propriétaires de continuer d’aller voir leurs chevaux. Ce à quoi le Ministère a dit « Stop » en ces termes « on n’a pas le droit d’aller voir nos anciens dans les EPHAD, ce n’est pour laisser les propriétaires de chevaux d’aller dans les clubs ». Nous on dit il faut que les propriétaires, dans une logique normale, puisqu’ils sont gardiens de leurs animaux, il faut qu’ils puissent aller s’en occuper et prodiguer les soins nécessaires. Là-dessus il y a eu deux mouvements : un certain nombre de structures, pas majoritaires, ont refusé l’accès aux propriétaires en se référant aux consignes de l’Etat. Première zone d’inconfort dans la communication parce qu’on était partis dans un sens et qu’on a  été un peu obligés de faire marche arrière, d’où l’imprécision des premiers jours. Et finalement, ce problème des propriétaires on l’a tenu jusqu’à la fin et jusqu’aux annonces du Ministre de l’Agriculture le 24 avril, qui les autorisait à retourner dans les clubs, une fois de plus sans concertation aucune ni consigne claire et tout ça à travers les réseaux sociaux. A chaque fois qu’il y a eu un texte, la Fédé devait l’interpréter et le décoder en langage équestre pour communiquer vers différentes cibles. Il faut dire là-dessus que les centres équestres, les clubs, les organisateurs, les poneys-clubs, se sont super bien tenus. Il n’y a pas eu de problèmes toute cette période de confinement. 

Ils avaient des questions légitimes mais ils ont été plutôt bien élevés et très coopératifs avec la décision gouvernementale. Ce qui a été  le caillou dans la chaussure ça a été la gestion des propriétaires. Pour cette partie-là on a plutôt l’habitude de traiter avec les patrons d’établissements, là on s’est retrouvés à devoir traiter en direct, ce qui a généré beaucoup de demandes, par écrit, par mail, par téléphone et puis des mécontentements qu’on a pu voir sur les réseaux sociaux. Le flou dure encore aujourd’hui (NDLR ITW réalisée lundi 22) on avait un guide qui allait jusqu’au 22 juin, on est le 22 et on n’a pas de nouvelles consignes qui disent ce que les sports doivent faire à partir du 23. Il y a eu des annonces ce week-end pour les sports collectifs mais il n’y a pas de consignes particulières. Autant il y a eu des consignes très strictes au moment de la fermeture, autant là les Fédérations sont livrées à elles-mêmes et c’est plus ou moins à elles d’assumer leur mode de déconfinement en dehors du cadre fixé ». 

Quelle va être votre position là-dessus ?

« Sur la pratique équestre les règles sont claires : repris depuis le 11 mai en zone verte, puis le 11 juin dans les zones qui se sont étendues et cela par groupe de 10 personnes. On a fait un guide de reprise diffusé dans les premiers jours de mai avec des affichages types pour les clubs, sur les gestes barrières, sur la désinfection du matériel et ça fonctionne plutôt bien. Derrière il y a eu la reprise de la compétition avec une phase sous forme de huis-clos professionnel pour les cavaliers sportifs de haut niveau et cavaliers en situation professionnelle jusqu’à hier et là à partir du week-end prochain on repart sur des concours clubs, amateurs, pros où la notion du huis-clos existe toujours mais par rapport au public et ce jusqu’au 11 juillet et ensuite on sait que la jauge de 5 000 personnes maximum. Malheureusement ça ne concerne que quelques concours parce qu’il y a rarement 5 000 visiteurs ou spectateurs sur les concours hippiques, on aimerait bien mais ce n’est pas le cas. Donc tout ça, ça va reprendre mais encore une fois à coups de communiqués de presse, un coup de Matignon, un coup du Ministère des sports, un coup un tweet, mais à aucun moment on ne nous dit « la règle c’est ça ».

Je pense que la reprise de l’école va être bénéfique. Beaucoup de parents étaient encore inquiets pour leurs enfants et avaient tardé à les remettre dans les activités sportives. On peut espérer que ces 15 jours de scolarisation redonnent un peu confiance sur les regroupements de mineurs et des plus jeunes qui constituent quand même une part importante de nos cavaliers, et puis que ça donne confiance aussi pour tous les séjours qui se déroulent l’été ».  

Les outils  utilisés pendant la crise ?

« Il y a plein d’actions qui ont été entreprises. Certaines ont vu le jour, d’autres non, parce les délais sont longs. Je citerai le recours aux jachères. On a écrit au directeur de cabinet du Ministère de l’Agriculture le 16 mars pour faire la demande de dégel des jachères. Mais comme cela se traite au niveau européen, la réponse n’est toujours pas revenue aujourd’hui.

On a fait une demande le 16 pour transporter les animaux dans le cadre d’activités professionnelles équestres, le 18 mars on a refait des demandes pour que les propriétaires puissent se déplacer, et dès le 19 mars on a commencé à rentrer dans les mesures économiques en sollicitant à nouveau le fonds équitation puis on a remis le dossier de la TVA sur la table ce qui a permis de sensibiliser les Ministres et les Parlementaires. On écrit au Ministère, au directeur de cabinet, on passe des coups de fils, pour essayer de faire bouger les lignes sur des textes qui pourraient être négatifs pour les établissements équestres. A chaque fois on est dans la même logique, crise ou pas crise, celle d’avoir les textes les plus favorables possibles au développement de l’activité. Ensuite le 25 mars, il y a eu des mesures qui ont été prises pour les voyagistes. On a demandé à ce que cette mesure soit applicable à tous ceux qui avaient vendu des séjours de type centres de vacances, ce qui a été étendu. On a écrit au Président de la République sur le fonds équitation, la solidarité de la filière et la TVA. Ensuite on a commencé à travailler sur les questionnaires d’étude d’impact économique avec l’IFCE, c’était le 3 avril, et dans les mêmes dates on a écrit à tous les présidents de conseils régionaux et de conseils départementaux pour leur redire ce qu’était l’équitation, sa réalité, les difficultés que l’on rencontrait. Cela a permis dans un certain nombre de cas d’appuyer des demandes relayées par nos comités régionaux et départementaux et de débloquer des aides spéciales. 

Le 15 avril on a commencé à travailler sur les annulations de charges pour les poneys-clubs et centres équestres. Pas un simple report mais vraiment des annulations qui vont être concrétisées. Ensuite on a travaillé sur l’aide d’urgence qui s’est concrétisée par une annonce le 21 avril, et au final ça se termine avec Serge Lecomte et le ministre au téléphone le matin pour finir le cahier des charges.

Tout cela c’est la concrétisation du travail quotidien que l’on fait avec les pouvoirs publics, avec le gouvernement, quel qu’il soit, pour positionner l’équitation comme un interlocuteur crédible et c’est aujourd’hui la situation de la FFE.

A partir de mi-avril on a commencé les travaux sur toute la partie tourisme, parce qu’il y avait un conseil interministériel du tourisme qui se déroulait début mai. Le tourisme équestre sera pris en compte dans les aides dédiées au monde du tourisme cet été. 

Tous les dirigeants ont été informés sur la façon d’obtenir les aides mises en places pat le gouvernement. Voilà toutes ces choses-là qui ne se voient pas forcément mais qui sont de l’accompagnement quotidien des établissements ». 

Vers un nouveau dispositif de solidarité

« Au-delà du fonds Eperon, le discours de Serge Lecomte a été tourné vers la façon de rebâtir l’organisation des aides à la filière. A chaque fois on dit oui mais c’est la solidarité de la filière. Plutôt que de se bagarrer à coups de « un coup de fonds Eperon » « un coup de fonds équitation », un coup-ci un coup-là, un coup la SHF, un coup la Fédé, un coup l’unique, un coup machin, il faut redemander à l’Etat de revoir tout ça dans sa globalité et  dire « les courses ont le monopole. Au titre de ce monopole elles doivent une solidarité à la filière, et la solidarité on l’organise comme ça », c’est ça l’objectif. Bien sûr ça peut se traduire par un fonds Eperon ici ou là, mais l’idée de fond, en tout cas c’est comme ça que Serge Lecomte l’a écrit au Président de la République pendant le Covid, c’est de ré-imaginer dans son ensemble le dispositif de solidarité ».

S’il y avait un enseignement à tirer de cette crise, quel serait-il ? 

« Le premier enseignement c’est quand même qu’on se rend compte qu’il y a des trous dans le filet par rapport à la connaissance de l’environnement et des structures qui existent ici et là. Il faut absolument, l’IFCE notamment, qu’on fasse un travail plus approfondi pour avoir une cartographie exhaustive des structures équestres. On a découvert des pensions de chevaux avec 200 chevaux qui ne sont répertoriées nulle part. Ces gens-là on n’arrive pas à les toucher en matière de communication avec les outils classiques. Et ça, ça peut être grave en cas d’épizootie ». 

Propos recueillis par ER

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