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Femme de cheval : Valérie Moulin, ostéopathe et présidente d’Ustica

  • Valérie Moulin (© Mélanie Guillamot)
    Valérie Moulin (© Mélanie Guillamot)
Ostéopathe canin et équin depuis plus de 15 ans, Valérie Moulin est aussi présidente de l’association Ustica qui organise depuis 25 ans le Grand Complet qui, pour des raisons de commodité, a élu domicile au haras de Pin depuis quelques années. Femme de cheval à part entière, elle consacre la majeure partie de son temps libre au management de l’équipe organisatrice. Cerise sur le gâteau, le FEI a confié à Ustica l’organisation du championnat d’Europe de Complet prévu en 2023. La nouvelle réglementation concernant la pratique de l’ostéopathie oblige ces praticiens à répondre favorablement à un examen placé sous le contrôle du Conseil National de l’Ordre des Vétérinaires. Formée à cette pratique pendant quatre ans en Angleterre, Valérie attend donc sereinement sa convocation pour passer son examen, convocation différée depuis la crise sanitaire de la Covid-19. Ce qui ne l’empêche nullement d’exercer son art dans le Nord Cotentin d’où elle originaire. Elle explique.

« Je travaille beaucoup avec les vétérinaires puisque l’ostéopathie est vraiment un métier complémentaire à la médecine vétérinaire. Le vétérinaire, l’ostéopathe, le dentiste et le maréchal sont alliés autour du cheval et en complémentarité. 

L’ostéopathe intervient essentiellement à la suite d’une baisse de performances des chevaux de compétition. C’est vraiment ce qui motive l’appel. Une fois qu’on a écarté, soit avec le vétérinaire, soit tout seul par notre expérience et notre pratique, la présence de pathologie ce qui est du ressort exclusif du vétérinaire, l’ostéopathe peut intervenir sur des problèmes musculo-squelettiques et sur des problèmes de tensions ostéo-articulaires par le biais de manipulations, plutôt passives en ce qui me concerne : je ne bouge pas le cheval dans tous les sens. Il y a vraiment un travail important de préparation musculaire avant les manipulations. Après il y a un petit peu d’adaptation au niveau du travail qui est proposé et cela après discussion avec le cavalier. C’est très important. En fait, l’ostéopathie c’est d’essayer de comprendre ce qui a provoqué le dysfonctionnement et le désordre et de remonter toutes les chaines des tensions. »

Pour quels résultats après vos interventions ?

« Il faut que l’amélioration soit significative. Si elle ne l’est pas ou si le dysfonctionnement revient de façon récurrente il faut aller chercher d’autres pistes. En fait, devant un problème on a plusieurs portes d’ouvertes et on essaie de fermer des portes et si avec l’ostéopathie on n’a pas la solution il faut aller chercher d’autres pistes. C’est pour cette raison que je dis que l’ostéopathie est vraiment en complémentarité avec la médecine vétérinaire, la pratique de la dentisterie et la maréchalerie ».

C’est un métier qui vous a été inspiré par quoi ?

« Il m’a été inspiré par le témoignage d’une cavalière et d’une ostéopathe il y a plus de 20 ans, et là je me suis dit : « ben oui, c’est forcément ça que je veux faire ». Et du coup, je suis allée me former en Angleterre pendant 4 ans. Depuis, des écoles se sont ouvertes en France. Il a fallu organiser un peu mieux la profession et l’ordre des vétérinaires est intervenu. » 

Qu’est-ce que vous a amenée à Ustica ?

« En fait, j’étais cavalière aux écuries Le Goupil, véritable berceau du Grand Complet.

Ce sont les frères Pierre, Guillaume et André-Jacques qui ont créé l’association Ustica et qui ont lancé le Grand Complet de façon modeste, au départ va-t-on dire, pour devenir le concours international avec l’ampleur que l’on connaît aujourd’hui. En 2010, le concours s’est délocalisé sur le site du Haras du Pin car il était de plus en plus compliqué de continuer à organiser sur les terres de la ferme, par rapport notamment à la tenue des foins qui ne pouvaient plus se faire ou difficilement et par rapport à la visibilité du club hippique de Guillaume qui était aussi un peu perturbé par rapport à l’événement. Au niveau logistique c’était aussi plus simple, le site du Pin est quand même plus centralisé. Donc 2010 délocalisation et 2011 j’ai pris le flambeau à la place d’André Le Goupil, le père, qui était président de l’association.

C’est une grosse affaire. Nous ne sommes pas professionnels, en fait c’est notre particularité et notre force. Nous sommes tous bénévoles de l’association, on a tous un métier à côté mais on est tous hyper passionnés et hyper réactifs.

Au niveau des membres de l’association on est une dizaine à faire tourner la boutique, et lors du concours c’est 150 à 200 bénévoles qui viennent quelques jours avant le concours et restent quelques jours après le concours pour faire le montage, le démontage, accueillir les concurrents, accueillir le public. Les tâches sont multiples et variées ».

Comment vous appréhendez ce championnat d’Europe en 2023 ?

« On l’appréhende de façon sereine puisque la Région et le Département ont lancé de grands travaux sur le site de Pin, donc c’est vraiment un bonne nouvelle pour nous. Je l’appréhende aussi de façon sereine puisque j’espère que la pandémie sera derrière nous. Au départ on devait organiser ces championnats cette année mais du fait du report des Jeux Olympiques, ça a mis à mal notre candidature. Nous aurons plus de recul.

Les derniers championnats datent de 1969. Il n’y a pas eu de championnats d’Europe de Concours Complet depuis cette date sur le site du Pin. La date est importante aussi parce que 2023 c’est 1 an avant les Jeux Olympiques de Paris 2024, donc la stratégie va s’opérer pour les compétiteurs et les fédérations.

Nous n’étions pas du tout impliqués dans l’organisation des championnats du monde en 2014. Je pense que des leçons ont été tirées quant à l’accueil du public. Il faut se servir de ce problème pour justement grandir et ne pas reproduire. Côté sportif, ce fut parfait.

Au niveau sportif on est rôdés, on sait faire parfaitement bien. Là où il faut qu’on améliore notre organisation c’est justement au niveau du public, c’est-à-dire qu’entre les 10 000-15 000 personnes qu’on accueille et les 30 000 personnes qui seront attendues il faut qu’on ait une autre dimension d’accueil. On sait faire mais il faut qu’on renforce et il faut aussi qu’on s’améliore sur la recherche de partenaires. Avec la crise économique qui va suivre la crise sanitaire, la tâche n’est pas simple mais on est épaulés par l’EPA, le team du Pin, la Région, le Département, qui se sont fort impliqués dans notre aventure, depuis longtemps. A ce titre le Conseil des Chevaux, enfin tous les acteurs locaux, toute la filière sera avec nous ». 

Votre premier sentiment après l’annonce de l’événement ?

« Le premier sentiment c’est « on est allés au bout de notre projet, on n’a pas lâché ». On est un peu « Fox-Terrier » dans l’association, on ne lâche pas les choses. Et puis notre deuxième sentiment c’était de se mettre en route tout de suite. Ça y est on a encore un but.

Maintenant on travaille déjà sur l’édition 2021 du Grand Complet. C’est la 25e édition avec un calendrier sportif qui va être identique à celui de l’année dernière. On est aussi à relancer nos partenariats et beaucoup plus facilement puisqu’on peut dire que dans 2 ans on a les championnats d’Europe ». 

Propos recueillis par ER

08/04/2021

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