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Des chiffres et un bilan inquiétant pour les éleveurs normands

Le Conseil des Chevaux de Basse-Normandie associé à l’ADECNO a organisé le 4 novembre à Saint-Lô un colloque sur la compétitivité des élevages de chevaux de sport réunissant une soixantaine de personnes dont des élèves cavaliers de la MFR Photo 1 sur 2
de Balleroy. Des chiffres ont pu être donnés à partir de travaux récents effectués par des techniciens des chambres d’Agriculture, auprès d’un certain nombre d’éleveurs et en y associant des centres comptables tel que Equicer.
La Fédération mise en cause

Après une enquête réalisée auprès de 800 acheteurs de chevaux de 3 à 6 ans en 2009 sur la France le résultats montre que l’achat de chevaux de sports et de loisir a baissé de 20 %, cette baisse de volume ayant obligé les éleveurs à brader ou à stocker ou dans certain cas arrêter d’élever. La crise économique est une cause parmi beaucoup d’autres mais pour Jean Baptiste Thiebot l’analyse de cette baisse se trouve aussi du côté de la FFE. « Il faut donner envie aux amateurs de faire du concours et le changement de catégorie, le mélange des pro avec les amateurs, les épreuves interminables à 130 partants avec des programmes de concours pas bien étudiés et de moins en moins de gains et une ambiance moins festive font qu’il y a de plus en plus de désaffection chez les amateurs. »
Une activité annexe est essentielle pour vivre

Les coûts de production pour élever sont trop importants et les prix de vente trop faibles. Il est rare de pouvoir vivre de l’élevage de chevaux sans avoir une activité annexe comme la production laitière, ou un club, un centre d’insémination, une écurie de propriétaire… Du côté de l’Adecno les réponses se trouvent au niveau de la présentation des chevaux. « Il faudrait que les chevaux soient mieux présentés. Les éleveurs ne connaissent pas le prix réel de leur cheval. Ils sont souvent trop élevés par rapport à leur qualité. Il faut qu’on crée des références. Les ventes Nash ou Fences sont des références indispensables. Nous devons formaliser et structurer l’offre. Internet qui est un moyen de communication essentiel nous aidera au niveau du marketing et de promotion car les éleveurs normands savent bien produire mais ne savent pas se vendre. Les éleveurs doivent évoluer avec l’air du temps, car il est rare aujourd’hui de vendre un cheval dans sa cour comme cela se faisait auparavant. Aujourd’hui le monde du cheval s’est professionnalisé et donc l’achat d’un cheval passe par différentes étapes, » affirme Jean Muris le Président de l’Adecno. Pour aider les éleveurs à vendre leurs produits, l’Adecno et l’Ansf viennent de recruter une chargée de mission qui s’occupera de répertorier et formaliser toutes ces offres de chevaux afin de pouvoir cibler les chevaux qui pourraient correspondre à la demande. Chaque année en Basse Normandie environ 2000 chevaux sont vendus.
Baisse des naissances de 20 % depuis 4 ans

La Basse Normandie, en cette période de disette, a noté une baisse des naissances de 20% depuis quatre ans. Pour réagir et contourner ce problème le maître mot qui revenait souvent c’est : « savoir travailler ensemble ». Les éleveurs n’ont pas su obtenir par manque d’organisation collective, ce que les agriculteurs par leur poids et leurs revendications ont obtenu avec la PAC par exemple. Cela est dommageable car la Basse Normandie est une région géographiquement parfaite pour cela. « Il faut aller dans ce sens et construire une filière solide, cela passe aussi par la formation des cavaliers, comme l’a fait l’AEC avec la création d’une formation de cavalier jeunes chevaux avec la MFR de Balleroy. Il faut aussi qu’on utilise au mieux et à long terme l’impact médiatique que vont nous apporter les jeux équestres mondiaux de 2014 » affirme Jean Muris.

25 euros l’entrée et qu’une trentaine d’éleveurs présents

Du côté de Jean-Baptiste Thiebot les regrets étaient importants. « Je trouve cela dommage qu’on ait demandé aux éleveurs de payer 25 euros pour suivre ce colloque alors que la région a donné 11000 euros pour financer ces travaux. Je trouve aussi que nous ne sommes pas assez rentrés dans le vif du sujet. Il y a de moins en moins d’éleveurs ou des éleveurs qui vieillissent sans avoir de relève derrière et c’est cela qui est aussi inquiétant. Il n’y avait aujourd’hui qu’une trentaine d’éleveurs présents alors que la Basse Normandie en dénombre plus de 8000. Françoise Rivière a démontré lors de l’analyse de son élevage, affixe du Theil, qu’un 3 ans issu d’un étalon haut de gamme coûtait 15 472 euros mais tous les 3 ans ne coûtent pas ce prix-là. Pour arriver à ce prix l’élevage du Theil a tout listé en comptant l’amortissement des juments, des matériels et bâtiments, la rémunération de son travail en smic horaires, les frais véto importants… c’est malheureux mais arriver a un coût de production de 15 000 euros à 3 ans c’est en inadéquation avec le marché actuel. Pour moi un 3 ans coûte 10 000 euros. »

Le coût de production est bien sûr très variable d’un élevage à un autre; cependant en moyenne le prix de revient d’un foal tourne autour de 5 à 6000 euros. A noter, seul un éleveur sur trois vend ses poulains avant débourrage. Pour finir, d’après les sources « Réseau Equin » de 2007, seul un éleveur sur dix arrive à dégager un revenu de l’activité cheval et quasiment aucun ne parvient à ce que ce soit la totalité du revenu.

Jennifer Decamp

Quelques chiffres en Basse Normandie :

100 000 équidés pour plus de 8000 éleveurs

10 000 emplois équivalent temps plein

60% des ces emplois dans les élevages

20 000 licenciés

240 000 hectares valorisés

4400 entreprises pour plus de 620 millions de chiffre d’affaires (données 2006)

En France 27% des immatriculations sont bas normandes et en Basse Normandie 66 % proviennent de la Manche.

Plus de 16 000 poulinières saillies

1000 étalons en activité

10 000 naissances

20% de la production nationale

40 % de l’élevage national (courses et Sport)

Focus sur le sport :

Moins de 2000 éleveurs pour 3700 poulinières

¼ des poulinières SF Bas Normandes

77% des meilleurs éleveurs français sont bas normands

25/11/2009

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