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De l’utilité du syndicalisme professionnel

Si on comptabilise les organismes qui nous dirigent, syndicats, associations et autres organisations, cela représente près de 30 organismes qui travaillent pour organiser notre filière... Il faut aussi ajouter les structures régionales, les syndicats
départementaux.

Au total, plus de 200 organismes pensent et organisent pour améliorer notre filière ! À toutes ces organisations, s’ajoutent les têtes pensantes des Haras nationaux, de la Direction du cheval et de l’intersyndicale.

Pour tous ces groupes de réflexion, il faut un président, un fauteuil, une machine à café, des frais de déplacement, un secrétariat, des bureaux chauffés et éclairés, etc.

La seule addition de tous ces coûts permettrait peut-être d’aller au secours de Lehman Brothers !

Parmi toutes ces organisations, y-a-t-il un syndicat pour défendre les intérêts des éleveurs de chevaux de ?sport ? NON... !!! La FNC fait ce qu’elle peut, mais en défendant sur un pied d’égalité les chevaux de trait, les Pottoks, les ânes, les Baudets du Poitou, les mules, les poneys et les chevaux de sport, elle est pour le moins handicapée. La lecture de leur publicité donne le ton : que des vœux pieux et aucun acte de syndicalisme traditionnel adapté pour chacune des familles.

Dans cette forêt d’organismes, y-a-t-il un syndicat pour défendre les intérêts de cavaliers professionnels ? La réponse est NON. C’est peut-être la seule profession en France qui ne soit pas défendue par un syndicat. L’Acsof est une association, elle n’a donc pas de vocation revendicative. D’ailleurs, globalement, elle ne revendique pas ou fort discrètement.

Dans cet amalgame de sociétés pensantes, qui défend le sport hippique ? Certainement pas la Fédération française d’équitation car elle défend surtout les clubs hippiques. Il n’est qu’à constater l’évolution des frais d’inscription en CSO en la comparant aux gains dans ces mêmes épreuves. C’est la signature du crime. La fédé s’occupe essentiellement de ses électeurs, les clubs...

Les cavaliers, amateurs ou professionnels, qui se soucie de leur ?sort ? Le sport hippique est-il considéré comme un sport ou comme un ?loisir ? Bien sûr, c’est un sport qui demande beaucoup de talent et de travail. Alors pourquoi tous les sportifs des autres disciplines peuvent-ils pratiquer leur sport avec peu de frais et pourquoi les cavaliers professionnels et amateurs doivent-ils payer le cheval, le van, les inscriptions, les boxes et recevoir, en gains, un pourcentage infime de leurs dépenses. La réponse traditionnelle des gros bonnets de la filière est qu’éleveurs et cavaliers ne font pas cela pour l’argent ! C’est un plaisir, un passe-temps, une passion. Si c’est une passion, avec des gains plus substantiels en compétition, ce sera toujours une passion et de passion ruineuse, cela deviendra une passion non ruineuse...

N’importe quelle municipalité finance largement sport, terrains, stades, piscine, gymnase, etc. La quote-part versée au sport hippique qui est la troisième fédération sportive par le nombre de pratiquants est dérisoire. Pourquoi ? L’Etat est-il défavorable à la pratique de l’équitation. Certainement pas, mais l’Etat, la municipalité, ne savent pas à qui accorder une aide. Ils ne savent pas comment nous aider. Ils ne savent pas à qui accorder une aide financière.

Il faut aider l’élevage et le sport hippique. L’élevage en augmentant vigoureusement les primes et le sport en augmentant très sérieusement les dotations. Pour obtenir ce résultat :

- Il faut qu’éleveurs et cavaliers se défendent au travers de syndicats professionnels.

- Il faut que l’aide négociée soit versée aux éleveurs au travers de primes à l’élevage. Il faut aussi que le pourcentage sur les gains, au cours de la carrière du cheval, rendu au naisseur soit augmenté à 25 ou ?30 %. Ainsi, les vendeurs vendront moins cher aux bons cavaliers au lieu de plus cher aux mauvais. La juste rémunération du naisseur sera source de saine gestion.

- Il faut que l’aide négociée soit versée aux cavaliers au travers de dotations en concours.

- Il faut que la profession, au travers de ses syndicats, décide des investissements transversaux indispensables. C’est à eux de définir leurs besoins et non aux fonctionnaires de la filière.

Que les Pottocks et les mulets - que j’adore - veuillent bien m’excuser. Je les aime mais qu’ils s’organisent de leur côté.

Que les fonctionnaires de la filière et les Haras nationaux - que j’adore - veuillent bien m’excuser. Je les aime, mais le résultat de leur travail est un tel fiasco qu’il est temps qu’ils se remettent en cause dans leurs objectifs et leurs moyens ! Ce n’est évidemment pas leurs compétences ou leur intégrité que je mets en cause, mais la mission qui leur est confiée qui est obsolète.

Les centaines d’organismes qui nous dirigent tendent le chapeau pour récupérer des aides du Fonds Eperon. La Direction du cheval a les chaussures brillantes à force de se les faire reluire par tous les quémandeurs.

Un organisme qui reçoit des subsides de l’Etat perd son indépendance et donc son autorité morale. Il devient l’obligé de l’Etat. Il faut donc que les syndicats professionnels, élevages et cavaliers s’organisent.

Pour sortir de ce grand ‘‘bazar’’, la recette est simple. Elle a été utilisée dans d’autres domaines de l’agriculture et du sport.

1 - Créons un syndicat des intervenants professionnels de la filière des chevaux de sport ou syndicat professionnel de tous ceux qui vendent des chevaux de sport,

2 - Créons une législation du métier de marchand de chevaux pour que les tribunaux de commerce puissent régler intelligemment les litiges.

3 - Créons un syndicat des cavaliers professionnels et amateurs de chevaux de sport qui puisse défendre avec des méthodes de syndicalistes les intérêts des cavaliers. L’Etat finance les nageurs ou les footballeurs, il doit aussi pouvoir financer les cavaliers.

4 - Regrouper tout le sport au sein de la SHF, par exemple, et sortir de la FFE la partie sport pour ne laisser à la FFE que la défense et l’organisation des clubs et l’enseignement.

En s’organisant simplement, on défendra des objectifs simples. Avec des objectifs simples, on sera fort.

Syndiquons-nous au sein de syndicats à créer.

Transformons la Chambre syndicale en syndicat professionnel du cheval de sport dont nos syndicats départementaux seront les électeurs. Ainsi un seul organisme, syndicat professionnel, défendra nos intérêts en lieu et place de FNC, Fival et autres budgétivores ectoplasmiques...

Transformons l’Acsof en syndicat professionnel des cavaliers professionnels et amateurs actif à défendre nos intérêts.

Ces modifications sont simples. Il suffit de modifier les statuts et de se faire agréer par les ministères de tutelle.

Les objectifs du premier syndicat que nous pourrions appeler ‘‘Chambre syndicale des marchands de chevaux de sport’’ seraient simples :

- Susciter une législation du commerce des chevaux de sport,

- Augmentation des primes à l’élevage et en concours d’élevage,

- Susciter une directive européenne.

L’objectif du deuxième syndicat que nous pourrions appeler ‘‘Syndicat des cavaliers professionnels’’ serait simple : augmenter les gains en concours hippiques pour que les adeptes de ce sport puisse rémunérer correctement les clubs, les coaches, etc., sans se ruiner.

Pour plus d’efficacité, simplifions, organisons-nous. La filière cheval de sport n’a pas besoin de conseils, elle a besoin de syndicats professionnels pour faire pression sur les pouvoirs publics. Il paraît que la Maison du cheval de sport serait la solution ? Je n’y crois pas.

La Maison du cheval de sport ressemble trop au monstre du Loch Ness pour qu’on puisse lui faire confiance et les promoteurs de cette brillante idée sont avares d’explications sur les moyens stratégiques de cette nouvelle organisation. Cet organisme nouveau sera le 201e machin qui réfléchira à notre place... Une nouvelle couche sur la tartine !

Plutôt qu’une cerise sur le gâteau, je préfèrerais qu’on jette le gâteau aux orties pour le remplacer par deux syndicats professionnels qui pourraient négocier en direct, sans filtre, pour défendre tous ceux qui se décarcassent pour faire vivre la filière des chevaux de sport.

J’ai participé à un groupe de travail initié par le président de la SHF. Un projet a été établi, bon ou mauvais, qu’il ressorte des oubliettes et qu’on se mette au travail. La base était réfléchie et cohérente. La peur du changement et la méconnaissance des règles de fonctionnement de l’Etat font que ce projet a été enterré par ses initiateurs mêmes. C’est bien triste.

Une intersyndicale ou une Maison du cheval de sport sont des principes auxquels les pouvoirs publics sont fortement attachés, bien sûr, car cela aboutit à donner aux fonctionnaires tout le pouvoir et à la filière aucun...

Nous n’avons pas besoin de conseils en formation du jeune cheval, en utilisation de la nouvelle génétique, en aide à la vente. Nous avons besoin de moyens pour fonctionner et vivre...

Fermons les officines pensantes et orientons tous les moyens vers la base de la filière : les éleveurs et les cavaliers. Je ne suis pas un chantre du syndicalisme professionnel, mais il faut reconnaître - et l’histoire nous l’a démontré : seul le syndicalisme professionnel permet de défendre les intérêts d’une profession.

François Lévy

24/10/2008

Actualités régionales