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Centres équestres : appel à la solidarité paysanne

  • Une mise en pâture momentanée (©er)
    Une mise en pâture momentanée (©er)
  • Thierry Laborde
    Thierry Laborde
Les chevaux de club d’abord en faisant appel à la solidarité paysanne : c’est l’idée qu’un professionnel des Landes, Thierry Laborde, a lancée sur les réseaux sociaux pour apporter une aide immédiate aux patrons de centres équestres impactés comme personne d’autres par la pandémie Covid-19. Sauver les chevaux de club « confinés » dans leurs boxes en les mettant momentanément dans des pâtures que leur prêteraient les agriculteurs proches des structures, c’est une solution qu’il défend et qui a recueilli un peu partout en France des échos favorables. Les chambres d’Agriculture de l’Oise et de Saône-et-Loire ont déjà mis en place des plans de soutien qui ont reçu une réponse positive des agriculteurs et des gérants de centres équestres

« La crise financière mondiale de 2008, argumente Thierry Laborde,  est souvent prise en référence pour décrire les effets économiquement catastrophiques de celle que nous traversons aujourd’hui avec la pandémie de Covid-19, en la matière pire encore. Or il s’avère que cette crise de 2008 a eu un effet dévastateur sur les chevaux, que leurs propriétaires étaient contraints d’abandonner faute de pouvoir les nourrir et faute d’avoir le courage de les vendre à la boucherie – ne leur jetons pas la pierre, ce genre de situation doit être une torture mentale pour quiconque aime ses animaux. Ainsi, en Irlande, « entre 20 000 et 100 000 chevaux errent sur l’île durant l’hiver 2010-2011 » (Wikipédia). Idem en Espagne, en Grande-Bretagne, aux États-Unis avec leurs désormais tristement fameux unwanted horses. En Belgique, en Suisse et en France apparaissent des phénomènes nouveaux, comme la saisie de troupeaux en souffrance directement chez leur éleveur ou l’hébergement chez soi de son cheval pour économiser les coûts, « sans que les structures y soient adaptées ». Difficile au final d’estimer précisément l’étendue de l’hécatombe.

Faut-il tracer un parallèle entre cette période sombre et la situation actuelle ? 

Evidemment oui. La France compte un million d’équidés, dont 68% de chevaux de selle et poneys, dont le gros des troupes se répartissent entre les 7800 Clubs équestres. Considérant le petit milliard de « flux financier » généré par le secteur sport/travail/loisir, on peut considérer que les Clubs, sans rentrée d’argent faute de clients, ne supporteront pas longtemps la charge financière de l’entretien de leurs cheptels. Ces professionnels ont besoin d’aide. Mais quelle aide ? En termes financiers l’industrie équestre représente 66 000 emplois, dont 28 000 salariés, apprentis et stagiaires. Un secteur suffisamment important, espérons-le, pour qu’il profite du soutien généralisé de l’État. Mais reste la question, non moins essentielle d’un point de vue éthique, des chevaux. 

Comment éviter de revivre 2008 et ses effets ravageurs ? Deux options. Des aides financières directement attribuées aux professionnels du secteur, option qui pose les questions du timing, forcément très serré, et des blocages liés à d’éventuels accords européens (qui viendraient renforcer la question du timing). Deuxième option : la mise en place des conditions propices à la solidarité agricole.

Utiliser les jachères

L’idée se veut simple. D’un côté des professionnels en difficulté financière, souvent bientôt incapables de nourrir leurs chevaux et poneys (devenant ainsi légalement coupables de maltraitance), de l’autre côté des agriculteurs propriétaires de terres en jachère. Il suffirait alors de placer les chevaux sur ces prairies inutilisées. Une idée simple mais qui nécessite l’intervention de l’Etat en autorisant l’utilisation de ces terres inexploitées, en garantissant à leurs propriétaires la continuité des subventions européennes, en n’entravant pas les déplacements inhérents à l’opération. Ce troisième point n’est pas anodin, la police ayant par exemple dernièrement verbalisé (135€ d’amende) une jeune fille tandis qu’elle transportait, en scooter, de l’eau à ses deux chevaux en herbage à 500 mètres de chez elle. Argument policier : la priorité va aux humains, pas aux animaux. Soit, mais alors que faire ? Laisser mourir les bêtes ? (Et risquer une contamination supplémentaire, directe ou indirecte du fait de certains maquignons peu scrupuleux, rappelons-nous l’affaire des lasagnes de bœuf de cheval.) Bien entendu la solidarité, par définition, exclut toute transaction. Les uns sauvent les autres pour le bien de tous. Le corps médical y arrive, pourquoi pas nous ? »

 

 

08/04/2020

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