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Au Kenya, l’avenir du cheval est incertain

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L’équitation est bien présente en Afrique de l’Est, et presque toutes les disciplines sont pratiquées, même si les cavaliers sont relativement peu nombreux. Le passé colonial a laissé des pur-sang kényans issus de croisements entre des races africaines et des chevaux importés, utilisés sur les champs de course puis en safari ou en polo. 

Les dimanches sous le soleil kenyan, les belles tenues et les chapeaux chics flânent sur les pelouses vertes des terrains de course ou de polo. Au cours de deux week-ends par mois pour le Jockey club et de plusieurs mois par an pour les quatre Polo clubs du pays, les mondains, les propriétaires et les curieux se rassemblent. Fort de 47,6 millions d’habitants, le Kenya est un des moteurs économiques de la région et attire les regards par sa situation politique stable, même après avoir pris son indépendance du colonisateur britannique en 1963.

Le pays se développe rapidement et avec la formation progressive d’une classe moyenne, tous les sports y sont pratiqués, même les plus farfelus pour un pays équatorial, comme le curling sur glace. Dans ce panorama, l’équitation reste un sport de niche car il n’est pas financièrement accessible pour la majorité de la population et il est encore associé aux pratiques coloniales. Il faut dire que le cheval n’est pas une espèce native du pays.

« Tous les chevaux du Kenya ont été importés, à un moment ou à un autre », rappelle Mary Binks, juge et cheffe de piste de compétitions internationales de CSO pour la FEI, installée en Afrique depuis 50 ans.
L’Ethiopie, pays voisin, a une grande tradition équestre et ce sont leurs poneys qui ont d’abord été introduits au Kenya, à la même époque que les petits chevaux arabes de Somalie, voisin également, qui étaient les seuls compétiteurs de la première course enregistrée, en 1897. Anecdote historique, une première course d’apparat a été organisée en 1498 par le roi de Malindi, ville côtière, dans le but de distraire…Vasco de Gama, le célèbre explorateur portugais.   

Créer le cheval de safari idéal

Le pur-sang kenyan est petit, résistant, avec une ossature légère, mais pas vraiment beau. « La plupart de ses lignées de sang remontent au début du XXe siècle et depuis, il n’y a pas eu beaucoup de nouveaux étalons », analyse Venetia Philipps, directrice du Sirai Stud, un élevage situé dans le centre du Kenya. « Une première vague d’importation de chevaux en provenance d’Afrique du Sud est venu remplir les champs de course dans les années 1900 grâce à des personnalités comme le baron Delamere, Charles Clutterbuck ou Lady McMillan. C’est surtout pendant l’entre-deux-guerres que le patrimoine génétique des chevaux kenyans a été amélioré, par des équidés d’Afrique du Sud, d’Australie et de Grande-Bretagne. »

Alors que seule l’importation des chevaux vivants était autorisée auparavant, Venetia Philipps est la première à avoir obtenu les autorisations nécessaires pour importer la semence d’étalons étrangers en 2012. Depuis, à partir du cheval du Cap, le Sirai Stud a croisé des lignées de frisons, d’Irish Cob, de Cleveland Bay (ou Bai de Cleveland), de Warmblood et d’autres races venues principalement d’Europe, dans le but de créer le cheval de safari idéal. « Il doit être facile à dresser pour les amateurs mais aussi intéressant à monter pour les professionnels. Il doit être capable de s’adapter à l’écosystème et au climat local, car le soleil est très chaud », détaille la cavalière originaire de Newmarket en Angleterre.

Les safaris à cheval se développent rapidement ces 15 dernières années au Kenya où l’on peut admirer les « Big Five », ces cinq animaux réputés de la savane africaine : les lions, léopards, rhinocéros, éléphants et buffles. De la balade d’une à deux heures aux boucles d’une journée ou aux safaris de plusieurs jours en pleine nature, de plus en plus d’entreprises touristiques, de manière plus ou moins professionnelle, ajoutent cette option à leurs activités et attirent les visiteurs étrangers ou locaux. Venetia Philipps raconte : « Admirer la vie sauvage depuis le dos d’un cheval offre une expérience très différente, ça donne l’impression de faire partie de l’environnement naturel. »

Une bonne publicité pour lutter contre le déclin

Dans ce monde équestre réduit, 150 personnes sont membres de l’association du cheval au Kenya (HAK) et pratiquent quasiment toutes les disciplines répandues. « Les courses sont un monde à part car l’élevage et l’entraînement impliquent beaucoup de personnes mais je dirais que le polo est la discipline la plus populaire. Il y a ensuite le CCE puis le CSO et le dressage », explique Mary Binks, membre et ancienne présidente de la HAK. Environ 17 compétitions ont lieu chaque année et presque chaque évènement propose toutes les disciplines. « Il n’y pas beaucoup de lieux pour s’entraîner ici », admet Mary Binks, qui déplore la réduction des espaces équestres due à l’augmentation des prix du foncier.

Pendant les belles années du sport, il y a avait cinq hippodromes répartis dans les grandes villes du pays. Aujourd’hui, il ne reste que celui de Nairobi, où le Jockey club est en train de construire des carrières pour les cavaliers d’autres disciplines. L’indépendance du Kenya a vu le départ massif des Européens, impactant considérablement le nombre de propriétaires équins et l’intérêt global pour l’équitation. Les élevages, en important moins de chevaux, ont perdu en qualité. Mais depuis une dizaine d’années, l’intérêt revient, de la part de la classe moyenne kényane qui a l’opportunité d’apprendre dans des clubs hippiques, bien que ceux-ci soient de plus en plus loin des centres urbains. La charge repose maintenant sur les professionnels pour faire découvrir et apprécier leur sport comme l’a fait le club de polo, en rendant la pratique plus ouverte et attractive aux jeunes.

Claudia Lacave

11/05/2023

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