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Anjou, terre de complet : Maxime Livio, une équitation complète

Tout jeune, Maxime fait un caprice pour voir tout cheval qu’il croise : ses parents lui font faire son premier baptême poneys. Il voit, peu après, le CCI de Dijon, et sa décision est prise : il veut faire les juniors de complet. L’enchaînement est logique, il passe de club en club dans sa ville de Dijon, jusqu’à ce qu’il rencontre une

Tout jeune, Maxime fait un caprice pour voir tout cheval qu’il croise : ses parents lui font faire son premier baptême poneys. Il voit, peu après, le CCI de Dijon, et sa décision est prise : il veut faire les juniors de complet. L’enchaînement est logique, il passe de club en club dans sa ville de Dijon, jusqu’à ce qu’il rencontre une personnalité marquante en croisant Didier Mayoux. L’enseignant s’intéresse au jeune garçon, différemment des autres moniteurs, et décide de lui prêter un petit cheval personnel. A 12 ans il a son galop 5 en poche. Son moniteur lui annonce qu’il peut penser aux juniors, mais qu’il faudra « faire des sacrifices, sans discuter les méthodes ». Maxime est ravi. Le premier mois de travail se passe uniquement au pas, ils se concentrent sur la qualité de la sensation (le rythme du pas, le contact…). Ce délai passé, Didier Mayoux lui annonce qu’ils parlent le même langage et peuvent commencer les choses sérieuses. Deux, trois fois par semaine, les séances, souvent difficiles, s’enchaînent, généralement pour améliorer la position. Mais Didier Mayoux doit partir sur Cagnes sur Mer, et même si cela a été envisagé, Maxime ne pourra pas le suivre. Il arrive donc dans le seul club qu’il n’a jamais fréquenté, conseillé par son mentor : l’Etrier de Bourgogne.


Maxime s’installe dans sa nouvelle écurie en compagnie d’Eclair de Mons que Didier Mayoux lui a cédé avant son départ. Les enseignants de cette grosse structure, Gilbert Lecrivain et Henri Bernard, le remarquent au milieu de l’équipe- concours. Les épreuves amateurs se déroulent bien, jusqu’à un titre de champion de France cadets avec le fidèle Eclair, mais très vite, l’entourage de Maxime, remarque que le petit cheval sera limité pour poursuivre en junior. Il va donc falloir chercher une nouvelle monture et Jaïpur arrive dans la famille.


La réussite


Henri Bernard aide beaucoup le nouveau couple en formation. L’équipe dijonnaise a trouvé au jeune Maxime un cheval qui lui permet d’attaquer les juniors et les internationaux. Tout de suite, la réussite s’invite pour eux : il est vice-champion de France junior et vice-champion d’Europe junior, et ce, deux ans d’affilée. Il passe son bac S, en même temps, et confirme son envie de concours. Il en parle alors à ses parents, leur dit qu’il désire rester dans les chevaux, qu’il ne s’imagine pas faire autre chose… Dans une famille qui n’est pas cavalière, cela surprend un peu; le grand-père voit alors son dernier espoir de continuer la dynastie familiale de footballeurs s’éteindre… Depuis, il est devenu l’un des premiers supporter du jeune homme !


La double vie de Maxime Livio


À 18 ans, Maxime est athlète de haut niveau et il faut prendre une décision, en famille, sur son avenir. Un temps, il est envisagé qu’il fasse une fac, avec des aménagements d’horaires, pour rester à l’Etrier de Bourgogne. Mais les renseignements pris sur l’ENE sont aussi intéressants : il est possible d’y passer une licence tout en obtenant tous les diplômes d’enseignants. Il rentre donc à l’ENE pour 3 ans. Durant sa première année, le Pôle Espoir est créé et Jaïpur arrive alors à l’Ecole. Maxime commence sa fac et ses cours. Il monte des chevaux des cadres de l’Ecole, apprend à connaître les sauteurs… Il veut tout découvrir. Il arrive parfois à sortir jusqu’à 12 chevaux le week-end. En contre-partie, il a demandé aux enseignants dont il monte les chevaux de le faire travailler avec ceux-ci à leur retour. Il collabore ainsi avec Fabien Godelle (responsable de sa formation) grâce auquel il découvre la souplesse et la locomotion des chevaux de dressage, mais aussi avec les grands noms du complet, comme Philippe Müll, Arnaud Boiteau ou Didier Dhennin. En 2e année, il veut plus de chevaux à lui et loue une petite écurie avec un camarade de promotion. Très vite, ils rencontrent un franc succès, car beaucoup d’élèves de l’ENE viennent mettre leurs chevaux en pension chez eux. Entre-temps, on propose d’autres chevaux à Maxime. Ils sont installés au Pôle Espoir et le jeune homme va de ses écuries à l’ENE, constamment : il connaît deux années chargées avec ses 3 chevaux du Pôle, ses 3 chevaux de formation et son écurie à rentabiliser. Elles se soldent par l’obtention du BEE2, de la licence, et les premiers résultats en Jeunes Cavaliers avec Jaïpur et Junior du Trimbolot, confié par les Haras Nationaux. Les 2* le voient aussi régulièrement au classement. Durant ces années, Maxime respecte une progression très réfléchie, il décide de « ne pas se surclasser avant de passer au niveau du dessus, le but étant d’être très performant », et il y réussit ! Quand il engage, il veut que le cheval ne soit pas dans la difficulté… La philosophie Livio semble alors née ! Il commence à se sentir à l’étroit dans sa petite écurie, qui, au final, ne propose que des boxes… On lui demande des stages, et il se rend compte qu’il ne peut pas y répondre par manque d’installations fonctionnelles...


Il a prouvé à ses parents qu’il est capable et cherche une nouvelle solution…


Il poursuit alors sa moisson de titres : Jaïpur lui rapporte les places de vice-champion de France et d’Europe en 2005-2006, et ils continuent sur leur lancée en Jeunes Cavaliers en 2007, 2008 et 2009, avec, en apothéose, une médaille européenne par équipe. En 2010, Bramham le voit 3e des championnats du monde des U25, alors qu’il avait réussi, l’année précédente, à être 6e d’une étape de Coupe du Monde.


La professionnalisation


Celle-ci va passer par l’arrivée dans des installations qu’il va acheter près de Verrie et non loin du regard de Thierry Touzaint. A quelques kilomètres de Saumur, il découvre un bâtiment principal (avec dix boxes de poulinières), trois grands prés ; en bref, un début de structure. Ses parents se portent garants pour lui et les aménagements commencent. Ils créent 13 boxes, autant de paddocks pour que ses chevaux puissent sortir quotidiennement, un marcheur , une carrière et un manège. Au début, il gère tout, des soins, à la comptabilité. Même si ses études ont été une bonne préparation à cette évolution, la gestion n’est pas ce qu’il préfère. Et dès qu’il le pourra, il n’embauchera pas d’ailleurs un palefrenier, mais une secrétaire qui le déchargera des facturations qu’il faisait souvent tard dans la nuit… En 2011-12, il vient de s’installer et connaît une année difficile, car il faut tout mettre en route sur son écurie… Il est surchargé et comprend qu’il lui sera difficile de faire du concours à 100 %. Il trouve une solution : il dispose de bons chevaux de CSO et va les exploiter. Il est en effet plus pratique de partir 1 ou 2 jours en concours hippique que 3 ou 4 en complet. L’occasion va se présenter pour ce forcené de travail d’améliorer sa technique sur les barres : il montera jusqu’aux épreuves 145 ! Pour autant, il n’abandonne pas sa vocation première et continue à travailler ses chevaux de complet. Tristan Chambry, son entraîneur du Pôle, l’a rejoint dans sa préparation et Maxime retrouve en lui la pugnacité de Didier Mayoux. L’équipe ne peut que fonctionner et l’investissement des deux hommes va croissant. De plus, Tristan Chambry est animé d’un état d’esprit particulier : pour lui, chaque cheval est un individu. Pour autant, il doit rentrer vite dans les contraintes des reprises pour être prêt sur la technique : le cavalier et l’entraîneur se comprennent. Ce dernier est passionné : il vient voir les chevaux sauter et achète même un jeune cheval, Mac, un Bayerish Sport Horse, qu’il confie au jeune Bourguignon. Celui-ci gagne les 7 ans à Fontainebleau en 2014 ce qui permet à Maxime de dire « c’est l’un de mes meilleurs chevaux pour l’avenir », rappelant qu’ils l’ont trouvé ensemble… Une belle équipe !


Opium est arrivé pour compenser le départ en retraite de Jaïpur : il a figuré sur la longue liste pour les JO de 2012, mais a été arrêté sur blessure… Qatar était aux côté de Maxime dès le Pôle Espoir. Le staff fédéral a longtemps refusé d’y croire; c’est un modèle particulier, avec des allures, une bonne qualité de saut et son cavalier lui a toujours fait confiance. En 2013, il gagne facilement, plusieurs fois : « On monte en pression » explique Maxime. Enfin, Qalao vient soutenir le piquet de Maxime en 2013. C’est un cheval qui a été acheté adulte, déjà dressé. Aujourd’hui, il faut compter aussi sur trois 7 ans prometteurs. Pour les JEM, les montures fiables s’appellent Qatar et Opium. Qalao et Pica d’Or, qui s’est fait également remarquer. Ils sont « peut-être d’une autre qualité encore » pour leur cavalier, mais moins sûrs pour une équipe. Pour Rio auquel il pense déjà, Maxime voit bien Mac, Pica d’Or ou Qalao.


Maxime l’enseignant


Il a beaucoup reçu de l’ENE. Alors Maxime veut transmettre son savoir et ses expériences : il a ouvert une section de sport-études pour les jeunes athlètes d’exception qu’il sélectionne. Juniors ou Jeunes cavaliers, ils profitent d’un enseignement scolaire de qualité à Saumur et travaillent avec Maxime tous les jours, à la sortie des établissements scolaires. Il leur propose ce dont il dispose : un encadrement, un préparateur mental et une émulation ! Il surveille même leur nourriture …


Devant ce mouvement ascendant, dans cette quête constante de qualité, on se demande où Maxime Livio va-t-il s’arrêter ? Plus loin que les frontières bourguignonnes ou angevines, c’est sûr, même s’il est un ambassadeur remarquable de ces deux régions à qui il rend beaucoup : Maxime ou l’équitation en partage? Peut-être bien …


28/06/2014

Actualités régionales