2è titre mondial des Bleus d’endurance, fins stratèges !
39 nations, 118 couples ont disputé âprement ce championnat du monde d’endurance Séniors à Monpazier, en Dordogne. La France, championne du monde 2023 à Butheeb (UAE), a défendu son titre à domicile grâce à une véritable stratégie de groupe et face à une concurrence relevée. Car l’endurance, c’est ça : sur 160km de course, le tout n’est pas tant de terminer que de ménager sa monture. Le bien-être animal, ce n’est pas secondaire en endurance. C’est la condition première. Sinon, c’est l’élimination.
160 km de course divisés en 5 boucles allant de 21,30 km à 37,65 km dans les paysages vallonnés de Dordogne attendaient les participants. Le tout avec une météo orageuse et de fortes pluies qui n’allaient pas faciliter la tâche des couples en lice dans ces mondiaux.Â
Malgré ces conditions météorologiques difficiles, le public était venu en nombre encourager les athlètes. Les pavillons Bleu blanc rouge flottaient sur Monpazier ce samedi 7 septembre et ont porté l’équipe de France tout au long du parcours. Le sélectionneur national Jean-Michel Grimal avait retenu 5 duos pour composer son équipe : Philippe Tomas & Biwaka de Chalendrat, présents l’an dernier, Virginie Atger & Cham de La Palud et Clémentine Chaud & Doha d’Artagnan AA, championnes du monde il y a un an, mais avec un autre cheval, Julien Lafaure & Fazay Cabirat et Melody Theolissat & Yalla de Jalima.
Un début de course difficile
Le départ de la course a été donné à 5h45. La pluie et les orages ont rendu la première boucle de 37,65 km particulièrement difficile, sur les chemins devenus boueux et glissants. Les cinq tricolores sont donc partis prudemment, et sont restés ensemble dans un groupe de chasse, derrière le groupe de tête mené par le Barheïn et les Émirats Arabes Unis.Â
À l’issue de chaque boucle, les chevaux bénéficient d’un temps de récupération avant d’être présentés aux vétérinaires qui valident ou non leur capacité à poursuivre la compétition après un contrôle du rythme cardiaque et de l’état général du cheval. Sur cette première halte, les chevaux de Mélody Théolissat, Virginie Atger, Clémentine Chaud et Philippe Tomas passent sans encombre, ce qui leur permet de poursuivre la course ensemble. Mettant un peu plus de temps à récupérer, Fazay Cabirat sous la selle de Julien Lafaure passera plus tard le contrôle et le duo repartira avec un peu de retard sur le reste du groupe tricolore.
Sur la suite de la course, le groupe composé des 4 tricolores évoluant dans le groupe de chasse a passé l’ensemble des difficultés sans encombre, ménageant leurs montures lorsque cela était nécessaire. Julien Lafaure remontait quant à lui doucement pour se rapprocher de ses coéquipiers.
Dans la quatrième boucle de 21,55 km, Virginie Atger et Cham de la Palud se sont détachés du groupe, talonnés par le Brésilien Renato Salvador. Mélody Théolissat, Clémentine Chaud  et Philippe Tomas suivaient dans un petit groupe de 5 juste derrière la cavalière du sud de la France.
La France prend l'avantage en fin de course
Passant avec succès les contrôles vétérinaires, l’ensemble des Français était encore dans la course pour la dernière boucle de 27 km. Virginie Atger est la première tricolore à repartir, alors en 8e position, suivie de Mélody Théolissat 9è et Clémentine Chaud 11è. Les Françaises, galvanisées par le public et sentant leurs chevaux encore frais, effectuent une superbe remontée sur cette ultime boucle, jusqu’à la ligne d’arrivée.
Mélody Théolissat franchit la ligne d’arrivée la 4e, suivie de près par Virginie Atger et Clémentine Chaud.
Restait cependant le dernier contrôle vétérinaire, lors duquel les cavaliers et grooms ont 20 minutes maximum pour présenter leur cheval, et une seule chance de convaincre les vétérinaires de la bonne forme des montures. Virginie Atger est la première à présenter Cham de la Palud, 9 minutes et 23 secondes après leur arrivée. Mélody Théolissat présente quant à elle Yalla de Jalima après 12 minutes et 58 secondes de récupération.
Affichant de bonnes fréquences cardiaques en dessous des 64 battements par minute, les 3 chevaux tricolores déjà arrivés passent ce dernier vet gate haut la main.
Lors de cet ultime contrôle, le couple émirati arrivé en 3e position est éliminé et Mélody Théolissat remporte la médaille de bronze en individuel.
Par équipe, la France prend la tête du championnat avant même l’arrivée de ses deux derniers équipiers.
Philippe Tomas et Julien Lafaure passent la ligne d’arrivée ensemble après avoir couru cette dernière boucle côte à côte ; leurs chevaux Biwaka de Chalendrat et Fazay Cabirat passent également le vet gate sans problème.Â
Explosion de joie dans le clan tricolore qui décroche un deuxième titre consécutif de Champions du Monde en terminant la course avec 5 chevaux en bonne forme, alors que seuls 45 couples sur les 118 au départ ont terminé la compétition.
Avec un chronomètre total de 8h, 46’ et 47’’ pour une vitesse moyenne de 18,22 km/h, Mélody Théolissat et Yalla de Jalima remportent le bronze en individuel.
La France réussit l’exploit de rentrer 4 couples dans le top 10 puisque Virginie Atger et Cham de la Palud sont 4è, Clémentine Chaud/Doha d’Artagnan AA 9è, et Julien Lafaure et Fzay Cabirat 10è.
Une performance historique qui vient récompenser l’investissement et la stratégie mise en place par l’équipe de France et le sélectionneur national.
Par équipe, la Chine et la Malaisie sont médaillées d’argent et de bronze pour la première fois de l’histoire. Monpazier vibrera à nouveau lundi pour le CEI3* qui se tiendra sur le même tracé que la course des championnats du Monde.
Frédéric Bouix, délégué général de la FFE, rend hommage au sélectionneur Jean-Michel Grimal, au directeur Martin Denisot et au vétérinaire de la Fédération Christophe Pélissier, piliers de cette réussite en encadrant les athlètes et a remercié les organisateurs : « Ces performances à domicile ont bien-sûr une saveur particulière, les cavaliers étaient devant leur public, venu en nombre, sur une terre d’endurance qu’est la Dordogne et qui n’avait jamais accueilli un tel événement équestre international. Enfin, l’organisation était irréprochable grâce au professionnalisme de son chef d’orchestre, Jean-Noël Lafaure, et au dynamisme de toute l’équipe qu’il a su rassembler autour de lui depuis de nombreuses années, notamment à travers l’association ADOREED. »
Jean Michel Grimal :  « C’est une victoire qui fait plaisir : nous rentrons les 5 chevaux, nous sommes champions du monde et nous décrochons également une médaille individuelle donc je suis très content. La stratégie était un copié/collé de celle de Butheeb, c'est-à -dire tous les chevaux ensemble avec une vraie belle démonstration d’équipe et d’équitation d’endurance. La course était difficile, notamment en raison des conditions météorologiques. À un moment donné j’ai vu que nous ne pouvions pas continuer sur ce train, donc j’ai demandé aux cavaliers de ralentir pour ne pas mettre les chevaux dans le dur et ne pas prendre trop de risque pour assurer une médaille. Ils étaient en train de gagner la course quand ils ont ralenti, et je les ai sentis un peu dans le doute, mais je pense que c’était la bonne chose à faire et ça a payé donc nous sommes ravis. En individuel on a aussi la médaille de Mélody. Au briefing je leur dis toujours qu’il faut sprinter pour la 4e place car si un concurrent arrivé plus tôt sort, on peut monter sur le podium ! Juste avant l’arrivée, Mélody m’a demandé ce qu’elle devait faire. Je lui ai dit de foncer ! Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas eu une médaille individuelle, c’est la cerise sur le gâteau ! »
Mélody Théolissat : « C’est incroyable de décrocher la victoire par équipes, et une médaille de bronze individuelle en plus. Même dans mes rêves les plus fous je ne pensais pas pouvoir faire ça. Réaliser ça ici, en France, avec le public qu’on a eu, c’est juste extraordinaire. On a travaillé ensemble avec Virginie toute la saison, et nos chevaux ont l'habitude de courir ensemble, ça a été un plus pour nous. »
Virginie Atger : « On a travaillé vraiment ensemble toute la journée et c’est une stratégie qui a payé, c’était agréable et cela rend cette médaille encore plus belle. C’était une piste exigeante. Je suis très contente de finir 4e en individuel car on a beaucoup travaillé tout au long de la saison avec Mélody (Théolissat ndlr). »
Clémentine Chaud : «Faire ça ici, à Monpazier, en France, devant un public super investi, car il faut dire qu’il y avait des drapeaux partout sur la piste, c’était formidable ! Un podium individuel me semblait compliqué et je visais plutôt un top 10 donc je suis ravie et très fière de Doha qui m’a offert une super course. Cela représente beaucoup de travail donc c’est beaucoup d’émotion de faire une belle arrivée ici et de décrocher la médaille par équipe. »
Julien Lafaure : «Je suis ravi qu’on ait décroché l’or car cette année, il y avait beaucoup d’équipes et beaucoup de concurrence. Il a fallu aller jusqu’au bout pour avoir cette médaille, tout le monde a assuré, c’est vraiment super ! »
Philippe Tomas : « C’est vraiment super qu’on ait pu rentrer les 5 chevaux, la course était vraiment difficile, notamment à cause de la météo. Je termine à la 11e place en individuel, mais la médaille d’or par équipe était l’objectif principal. »
(Communiqué FFE)
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