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« Santiago ! » (Episode 1) par Maurice Tabac

Nous vous avions annoncé dans notre précédente édition la publication des carnets de route de ce grand homme de cheval, blessé gravement lors d’un accident de débourrage, qui se relève, remonte à cheval, et sera l’âme du Haras de Saint-Lô Photo 1 sur 1
et de l’Adecno par la suite. Il a voulu la publication de ce récit «  en remerciement de la générosité des éleveurs de l’Adecno, lorsque j’ai pris ma retraite ». Voici le premier épisode de ses carnets : le départ

« Ultrea » faut-il crier ? « Ultrea » j’ai crié : « Santiago ! »

Fin d’un périple de 3 mois.

Parti de Normandie, j’ai traversé la France du nord au sud, puis l’Espagne d’est en ouest soit 2000 km de routes (60 %) et de chemins.

Pas de grosses difficultés à pied. A cheval, par contre, tout se complique, surtout avec un cheval bâté : ponts trop étroits, chicanes, barrières, passages canadiens, circulation et pas de possibilité d’attaches en ville. En Espagne, autres problèmes, ravitaillement aléatoire, aversion des chevaux, en Navarre particulièrement, et dans le reste du nord de l’Espagne, à moindre mal ! Est-ce le fait d’avoir deux chevaux qui leur laissent à penser que je suis un nanti ou pire un Maure !!! Beaucoup de « proscritos caballeros ! » (« Cavaliers interdits » ndlr). Je n’ai toujours pas compris !

Pourquoi le chemin de St Jacques ?

Cela remonte à une émission de télévision de 1976, « Apostrophe », présentée par Bernard Pivot, dont l’invité d’honneur était Henri Vincenot.

Ce petit bonhomme m’avait subjugué par sa gouaille et son allure de vieux gaulois, l’œil pétillant, la moustache en guidon de vélo, la veste en velours côtelé sur un petit gilet... Son verbe, précis, coloré, humant bon le terroir, m’avait enchanté.

Alors, j’ai acheté son œuvre. Et parmi elle, L’OEUVRE DE CHAIR, et le déclic s’est produit, un jour, je ferai le chemin! Et là, trente-trois années plus tard, je suis sur le parvis, terme de ma quête, aboutissement de mon rêve : « Merci Monsieur Vincenot! »

Aujourd’hui encore mes enfants me charrient en ce qui concerne mes lectures. Il est vrai que je leur en ai tellement parlé… que je les ai saoulés !

« Quoi ! Vous n’avez pas lu Vincenot ? Ni visité l’abbaye de Vezelay ? Mais apprenez mes enfants qu’il vous faut combler cette lacune et après, seulement vous aurez vécu ! »

Quoique !!!

Et voilà pourquoi en ce mois de janvier 2009, c’est le départ.

D’abord l’entraînement de mes compagnons : LOUG, hongre de 10 ans, gris, de race barbe, 1,57 m, 520 Kg avec lequel j’ai déjà beaucoup randonné et il ne m’inquiète pas.

Puis, je lui ai adjoint LASCO, un poney Français de Selle de 10 ans, bai, pottock x arabe, 1,40 m avec pour tâche de porter le bât et d’être un soutien moral pour Loug !

Cet entraînement fut très agréable, mais insuffisant, la suite me le démontrera.

Pour Lasco, ce fut tout d’abord des promenades au pas et en longe, quatre heures par jour. Ensuite, il a fallu progresser dans le bâtage, chaque fois plus lourd et plus complet mais aussi dans l’apprentissage des aléas de la randonnée (véhicules, ruisseaux,...). Ce Monsieur n’avait aucune expérience du travail, il n’avait fait que brouter pendant 10 ans !

Il obtiendra malgré tout son bâton de pèlerin sur le mythique chemin de Compostelle.

Choix du matériel :

- Loug, selle McLellan sur laquelle je tanne mes fesses depuis 30 ans, un gros tapis de selle épais sur une couverture de l’armée en laine, des fontes, des sacoches en cuir et un collier de chasse.

- Lasco, un bât américain à croisillons, un gros tapis de selle et une couverture de l’armée, une bricole et un avaloir réglables, deux grandes sacoches en toile, deux sacs marins qui feront office de réserve de grains (**) et une sangle anti-ballant, créé par Jean-Etienne de la sellerie de SAINT-LÔ.

- Reste le choix du petit matériel, et là, tout se complique !

Après avoir trié le strict nécessaire, il me fallait 2 chevaux de ?bât ! Retour à la case départ !

J’étale et je trie à nouveau mais je n’avance pas, j’enlève, je remets, je change... mais toujours trop. Éliminer l’indispensable semble impossible. »

(** L’alimentation des chevaux fut acheminée gratuitement par la maison Sanders à chaque étape du voyage de Maurice en France. Comme nous le spécifie Arnaud Duchesne, « Sanders a fourni pour les deux chevaux un aliment floconné (Classic Floconné), cette présentation permet de donner du volume à la ration et donc d’allonger le temps d’ingestion, le floconnage étant une technique qui permet une précuisson  de l’amidon et donc une meilleure et plus rapide assimilation de celle-ci. Les deux chevaux consommaient 5 litres par jour chacun soit 2,25 kgs d’aliment en complément de l’herbe ou fourrage que Maurice pouvait mettre à leur disposition. Il y a eu une période d’environ 3 à 4 semaines de mise en place des rations avant le départ afin de bien caler les apports pendant cette phase de préparation. Maurice n’a pas rencontré de souci lié à l’alimentation pendant tout son voyage. Le classic floconné appartient à la gamme plaisir passion, cet aliment apporte une énergie moyenne qui était bien suffisante par rapport aux efforts demandés tout les jours. Il fallait tenir l’état et suffisament d’énergie dans la durée, nous n’avions pas d’effort violent à gérer. Le plus parlant pour Sanders est de constater que après plusieurs mois et centaines de kilomètres les chevaux sont rentrés dans une forme impeccable prêts à repartir. »

18/03/2010

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