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Le stud-book SF à un tournant de son histoire

Pascal Cadiou qui vient de prendre les rênes du stud-book SF aura du pain sur la planche. L'équipe qui va l'entourer devra faire preuve de rigueur, d'imagination et d'audace. Faute de recettes pérennes, l'association est, en effet, en péril.

Les deux années de la présidence Le Courtois auront été marquées par un coup de jeune donné aux moyens de communication, un rapprochement avec la SHF pour des opérations de marketing et de promotion sous la bannière French Horses Sport, des aménagements techniques dans la gestion du stud-book et de gros efforts pour maîtriser et diminuer les charges sans pour autant négliger l'essentiel, la promotion du SF à l'étranger. L'activité déployée dans ce domaine semble payer puisque de nombreuses délégations étrangères ont été accueillies et des transactions sont en cours. Le malaise, souligné à maintes reprises, viendrait du manque de marchands français. « Les bons SF sont vendus à l'étranger par des marchands belges », constatait Philippe Lemaistre. « La plaque tournante du commerce mondial, c'est la Belgique et c'est navrant. Nous n'avons pas en France de grands marchands tel Yann Tops en Hollande » soulignait Bernard Le Courtois. Reste que le SF est sur le podium des champions du monde. Paradoxe.
Hormis les administrateurs, il n'y avait pas grand monde à cette assemblée générale. Situation qui reflète ce qui se passe au niveau des adhésions. Les adhérents se font rares et, face à la diminution des naissances, il est utopique d'espérer un sursaut massif. Plusieurs explications à ce phénomène : le mille feuilles des cotisations locales, régionales, nationales déconcerte les éleveurs qui ne perçoivent pas les services qui vont avec. Jean-Baptiste Thiébot faisait remarquer que, pour beaucoup d'éleveurs, il suffisait de cotiser à l'association régionale pour avoir un fort sentiment d'appartenance et de soutien à la race. Certains ont proposé de rendre l'adhésion obligatoire dès lors qu'on fait naître un poulain SF. Les adhésions forcées ne sont jamais bien vécues. De toute évidence il va falloir trouver une solution qui va certainement passer par la délivrance des livrets. En attendant le montant des cotisations pour 2015 a été voté. Il passe de 40 à 50€ pour les propriétaires de juments, de 55 à 80 pour les étalonniers, de 230 à 300 pour les associations d'utilisateurs, de 170 à 200 pour les associations d'éleveurs et de 25 à 30 pour les supporters du SF.
La sélection par la voie femelle se poursuit et les jeunes éleveurs ont pris conscience qu'il fallait chercher dans les bonnes souches basses pour se lancer dans l'élevage. Le chantier pour le calcul des nouveaux indices est toujours ouvert et si la bataille autour du Blup a divisé, la création du label SF originel instituant un réservoir non hybride, a rassemblé. Ce label concerne en gros 40% des naissances. Le stud-book SF a sorti le Blup de son programme de sélection. C'est maintenant au nouveau CA d'envisager l'avenir. Un avenir qui passe aussi par la réflexion sur le choix entre deux méthodes pour la refonte des indices : la méthode du pointage ou la méthode des notes des modèle et allures. Autre changement envisagé : l'abandon du terme agrément pour les étalons au profit d'une labellisation. Cette année, pour les qualifications des 3 ans, il n'y aura pas de saut monté. L'atelier sera rétabli pour la finale.
Le Conseil d'administration sortant a planché sur le menu des JEM de Normandie. Un copieux et attrayant programme a été mis au point pour le Horse Day, le 5 septembre à St Lô (lire par ailleurs).  C'est jour de relâche à Caen. Des navettes seront mises en place entre Caen et St Lô pour faciliter le déplacement des spectateurs. L'événement femelles 2 et 3 ans sera organisé ce jour là (et non pendant le NHS qui garde le championnat des foals).
Dans son allocution d'au revoir, Bernard Le Courtois a estimé qu'il avait fait le maximum pour servir au mieux le SF. « C'est un travail de PDG, il faut tout faire, tout gérer, dit-il. J'aurais aimé être entouré d'un CA plus tonique et plus inventif ». Avant de partir, il a esquissé le portrait robot de son successeur : « disponible avec les moyens financiers pour le faire ».
Christian Vanier, le PDG de l'IFCE a lui aussi repris le thème de la mutation en parlant de son institution. Deux axes majeurs : l'un vers le sanitaire comprenant l'identification, la traçabilité et un plan de contrôle des élevages. L'autre vers un appui technique et économique à la filière. Le commerce avec la Chine est à nouveau possible. « Mais, insiste-t-il, il faut des marchands et se mettre en ligne pour vendre ».
Quant à la vente des « bijoux » de la famille France Haras, les ministères du Budget et de l'Agriculture ont décliné l'offre des socio-professionnels qui voulaient garder un certain nombre d'étalons en payant un loyer à l'Etat. C'est l'agence Arqana qui va liquider le stock. France Haras a annoncé les dates des ventes le lendemain (lire par ailleurs), annonce qui a fait immédiatement polémique.
Yves Chauvin, patron de la SHF s'est dit très heureux de travailler avec la plus important stud-book français qui comprend une forte représentation au sein du CA de la SHF. « Mutualiser les énergies, rassembler pour faire gagner la France, c'est l'essence même de la SHF. Une nouvelle ère s'ouvrira après les JEM car cette succession d'associations coûte cher. Il faudra rassembler dans le respect des prérogatives des uns et des autres ».
La mutation est en marche.

Le nom de Pascal Cadiou est finalement sorti des urnes au bout d'un long moment après le début de la réunion du nouveau CA. C'est au deuxième tour qu'il a fait la différence en obtenant 28 voix contre 19 à Jean-Louis Bourdy-Dubois et deux abstentions. Le trésorier a créé la surprise en déclarant sa candidature au dernier moment. Rien dans ses commentaires après la présentation de comptes (lire ci-contre) ne laissa transparaître son intention. Au premier tour Pascal Cadiou obtenait 24 voix, Jean-Louis Bourdy-Dubois 20 et JG des Raux, élu en Aquitaine au... bénéfice de l'âge, 4 et une abstention. Robert Maury qui avait candidaté s'était finalement retiré avant ce vote.
Surpris par cette candidature de dernière minute, Pascal Cadiou s'est dit très heureux du sort qui lui était réservé et voyait là le résultat de nombreuses années passées à côtoyer les associations. « Je passerai dans toutes les régions pour être à l'écoute des besoins ». C'est effectivement un homme de terrain et de dialogue qui est à la tête du stud-book SF.

28/05/2014

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