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Carnet : Andy Gygax nous a quittés

  • Andy (à droite) à Pompadour lors d’une remise de prix (© ER)
    Andy (à droite) à Pompadour lors d’une remise de prix (© ER)
Fin connaisseur de l’Anglo, ami de l’Anglo-Arabie et juge sur les épreuves internationales d’élevage à Pompadour, Andy Gygax a tiré sa révérence dernièrement. Nous l’avions rencontré à la Grande semaine de Pompadour en 2019. Il nous avait parlé du sang, rien que du sang, celui de l’Anglo. Retour.

On peut dire de lui qu’il est un « fondu » de l’Anglo.  Sa silhouette longiline, son accent teinté de germanisme, son oeil toujours en alerte sont connus depuis des lustres de ceux qui viennent prendre un bouillon de culture anglo chaque année à Pompadour. Andréas P. Gygax, vétérinaire équin suisse des environs de Berne, connait l’Anglo-arabie comme sa poche, initié à cette connaissance par son père qui, il y a une cinquantaine d’année, y achetait l’entier anglo Cinéma, fils de Coq de Bruyère et de Cinette ps x Royal Nostra ps.

Chez lui, le sang est une religion. « Regardez dans la généalogie des performers, il y a toujours quelque part de l’anglo et du pur-sang ».

Pas étonnant qu’un jour il ait flashé sur le prodige Cestuy La de l’Esques. « Je n’y suis pas arrivé par hasard, dit-il, je connaissais l’éleveur Laurent Jamaud et je suivais avec attention la production de sa jument Gaia of Sultan (Sultan), mère de Cestuy La, qu’il a fait naître et j’ai naturellement été frappé par la qualité de Punch. C’est un cheval fantastique. Je me suis rendu en Normandie avec Thomas Carlile que j’appréciais particulièrement pour son travail sur les jeunes chevaux. Cestuy La avait 18 mois. Il se déplaçait comme un seigneur. J’ai aimé son modèle, son expression, son galop, son rebond. On lui a fait faire trois sauts. J’ai discuté deux minutes avec Thomas puis j’ai dit à Laurent Jamaud, on achète. Le cheval est resté chez lui jusqu’à 3 ans puis à 3 ans, il est parti chez Thomas. La suite, vous la connaissez. Il a tout gagné, le championnat des 3 ans à Pompadour, le championnat des 4 ans, Elite à 5 et 6 ans, 2e du CCI 3* du Pin à 7 ans, 5e des 7 ans au mondial du Lion. A 6 ans, il a montré ses qualités de sauteurs au master des étalons à St Lô qu’il a gagné et où il a été superbement noté parmi les meilleurs Selle Français. Jusqu’à maintenant il a été régulier dans les performances qu’il répète. Il est en très bonne santé. Tout est possible pour lui. 

Je ne connais pas encore le programme de Thomas pour 2020, mais c’est sûr, je serai partout où ils seront. 

Cet hiver, Cestuy La était en Allemagne, au haras de Marbach où il a été prélevé, il a été agréé dans tous les stud-books allemands. Il a sailli une trentaine de juments chaque année en France surtout, un peu en Suisse, en Allemagne et en Pologne.

Ce qui m’a aussi beaucoup intéressé dans le papier de Cestuy La, c’est son père, King Size, un cheval que Laurent Jamaud a fait naître, issu d’une bonne souche anglo ».

King Size est un fils de Theiss de Bel Noue née chez Claudine Lecocq avec l’étalon anglo Barrigoule (Oxys du Voulgy, mère Lhassa), croisée à Osier du Maury. Il a débuté sa carrière sportive en Complet avec Régis Prud’hon puis passa  à 7 ans au CSO avec entre autres Emmanuel et Laurent Vincent avant d’être exporté en Sardaigne où il est mort l’année dernière. Ce fut un bon sauteur (ISO 160) doublé d’un excellent père que les amateurs d’anglo ont vite repéré. Il est notamment le père de Tino Nouvolieu  (ISO 146), bon sauteur, né chez Michel Gaspard, Beau Gosse du Levant né chez François Fichesser, tourne en Complet avec Arnaud Boiteau, Salta de Cerisy né chez Nono Vincent, pro 1 en Complet propriété de Pierre Barki.

« Disponibilité, facilité » 

Pourquoi l’Anglo ? Andy répond du tac au tac : « pour sa disponibilité, son intelligence, sa facilité de travail. Il faut les comprendre. Ils donnent tout à condition de savoir leur demander gentiment. On ne dit pas « aujourd’hui on va faire ça » on dit «  que pensez-vous Mme ou M. si on faisait ça aujourd’hui ». Avec cette attitude, on obtient tout d’un bon cheval de sang. Thomas fait partie de ces cavaliers qui ont le savoir-faire et le tact avec les Anglos. C’est par Patrick Sisqueille que j’ai connu Thomas il y a une quinzaine d’années. Quelle belle rencontre ! Quand j’ai dit à Alain James que j’avais fait la connaissance de Thomas, il m’a dit « tu as choisi un jockey star ». Il fait un travail admirable avec les jeunes chevaux ».

Quant à l’avenir de la race, il ne voit qu’une solution : croiser les bonnes juments en race pure et seulement en race pure. « La 3e section donne des résultats intéressants certes mais pour garder l’influx, il faut que les bonnes souches produisent en race pure. Je regrette la séparation entre la production course et la production sport. Je suis convaincu que la sélection sur l’hippodrome est absolument nécessaire pour le maintien de la qualité. Cette année j’ai acheté deux poulains mâles à Pompadour, l’un par King Size l’autre par Fandsy avec des mères origine course. (NDLR Joli John Bay x Fandsy, mère par Voix du Nord ps, à Isabelle Bay et Just Junior x King Size mère par Blue Boy ps à Fabienne Minetti). Vous verrez …Je crois aussi qu’on pourrait faire beaucoup mieux avec les Anglos si les cavaliers avaient une meilleure éducation ».

 

Etienne Robert

29/03/2024

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