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Le Haras de Fleyres, royaume des Anglos

Retour sur l’histoire de ce superbe domaine familial situé à BretxL’histoire du Haras de Fleyres a des allures de contes de fées. Sylvie Delprat, fille d’exploitants agricoles, a 14 ans quand elle désire acquérir une poulinière. Un Photo 1 sur 2
marchand de chevaux passe de temps en temps chez ses parents, à l’époque son père faisait déjà un peu d’élevage. Le marchand en question ramène des chevaux d’Espagne, pour la plupart maigres et au physique peu attrayant.

Un jour elle échange un cheval espagnol boiteux mais ‘‘gras’’ contre une jument laide et maigre, baptisée Jypsie : « Elle était oreillarde et moche comme tout » se souvient Sylvie Delprat. Le marchand lui maintient que c’est une bonne jument. La jeune femme la prend et lui fait faire deux poulains. La première pouliche est vendue à six mois, la seconde est sélectionnée à Fontainebleau puis vendue à Philippe Jouy, alors cavalier en équipe de France : l’élevage était né.

Elle a ensuite passé un accord avec Philippe Couperie, qui prenait tous les poulains pour les vendre à 3 ans. Il faisait notamment de la chasse à courre : « Un bon test pour la rusticité », affirme Sylvie Delprat.

Pendant environ huit ans, l’élevage s’arrête. Sylvie Delprat cherche alors avec insistance Grimm C, le seul fils de Jypsie qu’elle n’avait pas castré. Après vingt ans de recherche, elle le retrouve par hasard, alors que des Espagnols viennent au Haras de Fleyres. Ce sont eux qui l’ont récupéré. Ils ont alors offert à Sylvie l’un de ces produits, Solana (jument OI de 10 ans), devenue depuis « une perle de l’écurie ».

Douze poulains par an

Aujourd’hui, le Haras de Fleyres est en majorité composé d’Anglo-arabes, malgré quelques Selle Français. « J’aime le caractère, le sang, le côté réactif et sentimental de ces chevaux, assure Sylvie. Le cheval de sport n’est pas uniquement une race, mais surtout un caractère. Nous privilégions le sang, il faut que les chevaux aient de la force. » Elle utilise beaucoup d’étalons, même si elle a une préférence pour Sarastro (étalon AAC de 24 ans par Nightko et Dalila IV par Laurier) : « Il a un modèle et une origine qui me plaît, il fait beaucoup de complet ».

Très attachée aux origines, elle y travaille trois quarts d’heure tous les soirs. Même si depuis 2004 c’est sa fille Emilie Cantin qui a repris les rênes de l’élevage. Titulaire d’un diplôme d’inséminatrice, elle gère ce magnifique domaine de 80 hectares. Elle pourra donc faire fonctionner le centre d’insémination, ouvert depuis trois ans. Le domaine appartient à la famille depuis cinq générations, certains bâtiments datent de 1735, et d’autres sont complètement neufs.

Entre quinze et vingt poulinières font vivre le haras, avec une production d’environ douze poulains par an. Les chevaux sont soit au pré soit en stalle ou en rangement dit ‘‘à l’allemande’’ (plusieurs chevaux alignés dans le même box, couramment utilisé pour les vaches). Sylvie sait qu’elle est critiquée par rapport à cette installation. « Mais j’aime bien et les chevaux aussi à priori, c’est plus convivial », se défend-elle.

« Mes chevaux sont très en confiance avec l’homme, respectueux, affectueux. Débourrés à 2 ans, ils font beaucoup d’extérieur, de promenades. » Et depuis cette année, c’est Jérôme Lafforgue, cavalier professionnel, qui est chargé de la valorisation. Les produits sortent en CSO, même si quelques-uns sont destinés au complet.

Ainsi depuis dix ans, « la base poulinière est de qualité, soutient Sylvie. Pas mal de chevaux sont partis plutôt à l’étranger, où ils tournent bien. Les résultats vont se faire sentir dans les années à venir. » En plus de ses chevaux, elle est fan des poneys, notamment des Connemara, et possède trois poulinières. Certains produits partent à la vente, d’autres lui servent pour le centre équestre de 140 adhérents.

Amélia Blanchot

www.harasdefleyres.fr

Jérôme Lafforgue : « Il faut aller vite... »

Ce cavalier de 26 ans a commencé l’équitation à 13 ans. Il a fait ses armes chez Daniel Faille, cavalier bien connu de la région. Le considérant « comme son père », il a monté chez lui pendant ?six ans.

Jérôme Lafforgue est ensuite allé chez Jean-Luc Fau, puis chez Laurent Fournier. Avant de s’exiler dans les Ardennes chez les Francart. Il n’est pas attaché à une race en particulier. « Ce que j’aime avant tout, ce sont les chevaux d’obstacles, de qualité, en particulier les chevaux étrangers, mais pas parce que c’est la mode. »

Au Haras de Fleyres, il monte au maximum douze chevaux par jour : « Il faut aller vite... ». Pour la préparation, il faut beaucoup de travail à pied. Pas fan des méthodes alternatives, il n’hésite pas à y prendre part si l’efficacité est révélée. Ainsi, il lui arrive de mettre un licol en dessous du filet, et de monter uniquement sur le licol.

Pour cette saison, il sort un 6 ans, deux 5 ans et six 4 ans en cycle classique, « qui ont tous des qualités ». Il mise néanmoins un peu plus particulièrement sur Quandor de Fleyres (hongre AA de croisement de 4 ans par Zandor Z et Jolie Feradie par Jolie Mars). Et avoue une petite faiblesse pour O Clair de Fleyres (jument AA de ?6 ans par Quercus du Maury*HN et Claredira par Kami), avec laquelle il a notamment gagné une Prépa fin février à Vacquiers.

10/04/2008

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