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Retour sur une belle Saga

Quelle satisfaction pour un éleveur de voir sa pouliche monter sur un podium national ! Surtout quand l’effectif de son élevage est petit et que ses premiers produits n’ont que 6 ans. Béatrice Drigeard Desgarnier en sait quelque chose. Fin octobre, Photo 1 sur 1
à l’occasion du salon Equita’Lyon, Saga Lulu de la Mûre a décroché le titre de vice-championne de France des trois ans. Une sacrée performance pour la belle Selle Français née à St-Just-St-Rambert (42) ! Une surprise ? Pas vraiment ! Cette fille de Pegase Gerbaux, le reproducteur qui a marqué l’élevage régional, et de Doors de la Combe s’était déjà distinguée avant ce grand rendez-vous. En 2006, elle avait remporté les concours locaux et régionaux des foals alors que sa mère s’imposait, elle aussi, lors de ces deux rendez-vous, chez les poulinières. Elle s’était, bien sûr, qualifiée pour le championnat de France, mais son éleveur n’avait pas souhaité faire le déplacement jusqu’au haras du Pin. A 2 ans, elle avait terminé 6e du championnat de France de St-Lô. Cette année, classée 3e du local des 3 ans de Montbrison (42) fin août, elle avait fini 2e du régional, en septembre à Chazey-sur-Ain (01).

Béatrice Drigeard Desgarnier a confié sa préparation à Emmanuel Besnardeau, responsable du centre équestre l’Eperon du Haut-Forez à St-Nizier-de-Fornas (42). Ce cavalier professionnel, propriétaire du premier produit de l’élevage pontrambertois (Phébus de la Mûre par Butin d’Elle et Ulca) s’est appliqué à faire progresser la pouliche sur le plat comme sur les barres. Saga Lulu de la Mûre « a beaucoup de sang. C’est une jument qui en veut, » explique Béatrice Drigeard Desgarnier. Elle a encore besoin d’être bien gérée. Ses points forts ? Un très joli modèle et de très belles allures. Lors du championnat, elle a un peu moins séduit le jury sur l’épreuve de sauts montée. Sa vitalité pouvait lui jouer un mauvais tour : Emmanuel Besnardeau s’est donc employé à bien la canaliser, dans cette ambiance indoor du salon quelque peu perturbante pour des jeunes chevaux.

Si l’éleveur de St-Just-St-Rambert a fait naître son premier selle français en 2003, elle avait déjà, derrière elle, une belle expérience de la compétition équestre et de l’élevage. Elle avait obtenu quelques classements intéressants en complet et en CSO, en catégorie junior, mais surtout, elle s’était consacrée quelques années auparavant à la production de pur-sang et d’AQPS en Bourgogne. La mère de Phébus était d’ailleurs issue de ce 1er élevage.

Forte de ses connaissances, Béatrice Drigeard Desgarnier ne souhaitait rien laisser au hasard. Son souci de « tout maîtriser » l’a poussée à passer son brevet d’inséminateur et à ouvrir son propre centre d’insémination. Elle a mis en place ce service encore peu proposé aux éleveurs de la région en 2006. Ces 2 dernières années, elle a accueilli 70 juments par saison sur les 30 hectares de son exploitation.

L’élevage de la Mûre compte actuellement 5 poulinières et des mères porteuses. Cinq naissances sont prévues en 2010, parmi lesquelles des produits de Diamant de Semilly (dont il a déjà un foal) et de L’Arc de Triomphe. « Mon objectif, c’est d’avoir d’excellentes juments. Je continue à sélectionner, » précise l’éleveur. Pour atteindre son but, elle choisit donc des étalons qui figurent parmi l’élite des reproducteurs de sport. Elle souhaite également développer la pratique du transfert d’embryons, ce qui va prochainement l’amener à suivre une formation de chef de centre.

Le podium réalisé par Saga Lulu a, bien sûr, comblé de joie Béatrice Drigeard Desgarnier, émue également en pensant à Jacques Valette, l’éleveur de Sury-le-Comtal (42) décédé il y a quelques semaines. Elle lui avait acheté Doors de la Combe pleine de Saga Lulu de la Mûre. Cette performance met, une nouvelle fois, en avant la qualité de l’élevage d’Aubigny. Doors de la Combe est une fille de Windsor de Luciole de Condé, la jument souche de la famille Valette qui a notamment produit 2 étalons (Clyde de la Combe et Extrême d’Aubigny) et qui est la grand-mère de Tati Lulu d’Aubigny (Baloubet du Rouet et de Goodlulu d’Aubigny, 7e chez les 2 ans à Saint-Lô). Cette fille de Grand Veneur s’était classée 3e des finales nationales jeunes chevaux cycle classique de saut d’osbtacles.

Motivée plus que jamais par le résultat de Saga Lulu, l’éleveuse de St-Just-St-Rambert envisage d’augmenter petit à petit son effectif de poulinières, soutenue dans sa démarche par ses 4 filles, qui s’investissent chacune à leur façon dans l’activité. Quant à la vice-championne de France, elle a regagné son pré dès le lendemain du concours. Elle s’offre un petit break avant de reprendre le travail et de débuter une saison de CSO en cycles classiques chez les 4 ans, l’an prochain, avec Emmanuel Besnardeau.
Margot Silvestre

17/12/2009

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