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Paroles de cavaliers

  • Indiana/Cskarlett O Haras Z à la finale d’Equita (© ER)
    Indiana/Cskarlett O Haras Z à la finale d’Equita (© ER)
Indiana Derrien. Cap sur l’Open Amateur du mois de juillet pour la cavalière bretonne Indiana Derrien. Totalement amateur, suivant le circuit AGT FFE-Estederm (elle était en finale à Equita en Octobre dernier) Indiana explique comment elle prépare ce rendez-vous.

« Je travaille à la maison avec Thierry Lacour et j’essaie de répéter les bons tours au maximum pour arriver là-bas en optimisant les chances de faire un joli tour sans-faute et être à une bonne place au classement.
Thierry Lacour qui a beaucoup d’expérience m’apporte beaucoup en technique et en gestion de concours c’est-à-dire préparer le calendrier, préparer les échéances, combien de concours à faire avant une épreuve importante, quel concours compte et ça c’est très intéressant.
Pour le travail sur le plat, je suis entrainée par Nathalie Burgat. Elle est dans l’équitation de travail, fait partie de l’équipe de France et elle se déplace partout. Elle a avec un très bon niveau technique et me fait travailler une fois par semaine ».

Tu prépares plusieurs chevaux ?
« Oui, je prépare mes deux juments. On les travaille d’ailleurs différemment parce qu’autant elles se ressemblent dans leur volonté de bien faire, ces sont des guerrières, autant elles doivent progresser sur des plans complètement différents.
Il y a Cskarlett O Haras Z, c’est une Cicero et la maman c’est une Palestro-Jalisco, et je suis très fière d’elle parce qu’elle est née chez moi et je ne pensais pas un jour pouvoir la monter. J’ai un tout petit élevage à titre amateur pour ainsi dire mais bon ça c’est quand même une belle réussite. En plus elle est magnifique, on la remarque de loin. La seconde c’est Hinde Emaire, une jument  par Arezzo (kwpn) et le la maman est par Libero H ce qui est assez original comme croisement. Je l’ai récupérée il y a 2 ans, c’est une jument fantastique, qui me donne beaucoup de confiance ».

C’est un championnat qui va réunir 4 disciplines, tu en penses quoi ?
« Je pense que c’est l’occasion de rencontrer d’autres personnes, de découvrir d’autres sports, nous qui faisons du saut d’obstacles, on est quand même assez  « mono produit », donc là ça va nous permettre justement d’échanger avec d’autres personnes, de voir d’autres choses, d’apprendre aussi, sur le hunter notamment, les différences, voir du cross ça c’est super. Je pense que c’est vraiment une bonne idée d’avoir réuni les 4 disciplines.
J’aime beaucoup Le Mans, il fait partie des concours que je préfère. En fait je trouve qu’on est bien installés et ils ont refait la nouvelle carrière donc elle est super, j’ai pu la tester il y a 3 semaines, fantastique, les paddocks sont grands, franchement qu’il pleuve ou qu’il vente et tant mieux s’il fait beau, mais en tout cas on sait qu’on a quand même une structure au point et de qualité ».

Charlotte Laguide 

Régulièrement aux flots sur le circuit Amateur Gold Tour (© ER)

Une enfant de la balle Charlotte. Elle est tombée dedans toute petite et elle y est encore et s’y sent plutôt bien. Mise à l’équitation dès 6 ans par ses parents, cavaliers et éleveurs, elle tourne aujourd’hui à 15 ans en Amateur Elite et plus si affinité… sous la houlette de son coach, Jérôme Ringot, un formateur efficace et attentif, excellent transmetteur de savoirs et accompagnateur de jeunes talents. Ce n’est pas Antoine Ermann qui dira le contraire.

Charlotte est en 3e et étudie seule par correspondance, le matin. L’après-midi est consacré aux chevaux. Jérôme vient deux fois par semaine pour l’entraîner. Cet hiver elle a perfectionné son dressage avec Constance Ménard. La jeune fille est déterminée et témoigne d’une maturité certaine. « Mon but, avoue-t-elle, c’est d’être cavalière pro ».
Vidauban (deux fois classée 2e), Mâcon (où nous l’avons rencontrée), Cluny, Fontainebleau étaient au programme de son début d’année. Elle a enchaîné avec le Championnat des As, le championnat de France. L’Open amateurs du Mans est dans ses prévisions. Tout se discute avec son coach et selon l’état de ses chevaux. Elle tourne aussi sur le circuit de l’AGT FFE-Esthederm et a notamment participé à la finale d’Equita en octobre dernier. : « Un circuit que je trouve très formateur pour une jeune cavalière comme moi. Et courir sur la grande piste de Lyon est un rêve pour beaucoup de cavaliers. C’est génial et surtout pendant le magnifique salon Equita Lyon ».

Jeunes chevaux, jeune cavalière

La source principale ce sont évidemment les chevaux nés au domaine de Laye que dirigent papa et maman. El Jordan de Laye d’abord, un mâle SF de 8 ans, fils d’Air Jordan avec Flute de Champagne x Alfa d’Elle avec le sang anglo du grand-père maternel, Opaline vt Bisschop   jument BWP de 8 ans x Bamako de Muze et Evita vt Roosakker x Nabab de Rêve, Folie Douce d’Illiat jument SF de 7 ans (Quintus-Quel Type d’Elle) appartenant à son père, Cha Cha Maisonnais, hongre SF de 10 ans par Tobago Chevrier, Histoire de Laye, jument SF de 5 ans fille de Stormy de Sivry, sœur utérine de El Jordan, qu’elle sort en 5 ans.
La valorisation sur le circuit classique la tente beaucoup. L’élevage n’est pas trop son affaire même si elle dit s’intéresser aux techniques de reproduction. Sa vraie passion reste le sport avec des chevaux « un peu sensibles » précise-t-elle.

Elevage et repro au domaine de Laye

Aux portes de Mâcon, le domaine de Laye est consacré à l’élevage de chevaux « toute prestation est confondue, précise Aurélien, c’est à dire de la poulinière qui reste en pension à la maison à l’année ou pendant la saison de monte, toutes les activités de poulinage en prestation aussi, même pour les gens de l’extérieur, jusqu’au cheval à la retraite pour finir leurs vieux jours au pré. On insémine entre 80 et 100 juments par an, surtout au niveau régional, ce que les autres ne font plus et on est les seuls à offrir l’activité de congélation de semences pour les étalons en partenariat avec Eurogen, Benoît Lepage, pour le contrôle qualité ».

Et l’activité agricole à côté de ça ?
« Oui, la structure fait pratiquement 250 hectares, il y a 100-125 hectares de cultures qui nous servent pour faire notre paille et 120 hectares de pré pour les chevaux et pour le foin. Donc on fonctionne complètement en autarcie pour le foin et la paille, en plus de nos deux locataires, Pascal Giboulet et Marie Pellegrin qui est maintenant à la maison avec Michel Grun. Elle loue la nouvelle écurie qui est devant le manège qui comporte 17 boxes ».

Tu fais naître beaucoup ?
« On refait naître un petit peu oui. Des chevaux avec des origines un peu élite comme El Barone, Cornet, Malito de Rêve, Chacco Blue, en utilisant l’ICSI ou les transferts d’embryons ».

Francis Clément

« Le choix du Mans est parfait pour ce type d’épreuve » (© ER)

La société Toubin et Clément, concepteur de sols équestres, va bientôt fêter ses 40 ans. Son co-fondateur, Francis Clément n’a pas, pour autant laissé de côté sa passion et continue de parcourir les terrains de concours de saut d’obstacles en tant que cavalier amateur.

Concours complet, sports mécaniques, saut d’obstacles… rien ne semble vous arrêter ?
« Il est vrai que je me suis essayé à différentes disciplines et pas seulement équestres. J’ai débuté en tant que cavalier professionnel puis, à 23 ans, j’ai stoppé ma carrière pour développer la société Toubin & Clément. Je n’avais plus le temps de conjuguer les deux. Pendant quinze ans, je me suis également aventuré dans les sports mécaniques avec notamment huit participations au Paris-Dakar. Le complet m’a aussi occupé une bonne dizaine d’années jusqu’en 2018 où j’ai pris la décision de ralentir car cela devenait trop physique pour mon âge. En 2002, je suis remonté à cheval et je jongle désormais entre les rendez-vous professionnels, ma vie de famille et ma passion pour l’équitation ».

Aujourd’hui, vous êtes situé près de Rambouillet. Pouvez-vous nous parler un peu de votre écurie ?
« Je suis exactement situé au sud de la forêt de Rambouillet où ma femme exerce sa profession de cavalière de dressage de haut niveau. Nous gérons ensemble une écurie d’une vingtaine de boxes où nous élevons quelques chevaux et accueillons quelques propriétaires. J’ai la chance d’avoir un très bon cheval que j’ai fait naître, Baladin d’Authou avec lequel je commence à être performant sur des épreuves à 145 cm. J’ai également un de ses neveux, Hugo d’Authou, qui est formidable et une poulinière qui est pleine de ce même étalon. C’est une véritable histoire de famille ici ! »

Que pensez-vous de l’Open Amateur et de ses finales au Mans en juillet ?
« Je trouve que c’est une très bonne idée de rassembler quatre disciplines la même semaine sur un même lieu pour des championnats. A mon sens, il n’y a pas assez de mélange entre les cavaliers de cso, complet, dressage et hunter. Je conçois que cela n’est pas facile à mettre en place mais chacun opère dans sa bulle et cela ne favorise pas les échanges. C’est bien dommage. Par exemple, au Jumping de La Baule début mai, Robin Le Squeren était engagé dans le mythique derby avec Bary Louvo, un cheval que lui avait prêté Thomas Carlile, cavalier de concours complet. Je trouve cela formidable ! Ce genre de mixage devrait, selon moi, être davantage proposé.
Le choix du Mans est parfait pour ce type d’épreuves. Je ne vois pas d’autre endroit pour regrouper toutes ces disciplines car le cross nécessite beaucoup de terrain, les carrières de jumping doivent être en nombre suffisant pour le jumping mais également pour le dressage. Le Mans est tout à fait adapté ! »

Y a-t-il selon vous une gestion particulière de la piste pour de tels championnats ?
« Pas spécifiquement non. Les organisateurs et plus particulièrement Philippe Rossi sont habitués et connaissent leur job. D’autant qu’aujourd’hui, les nouvelles carrières sont dotées d’arroseurs automatiques par le sol. Tout est automatisé. L’affluence des cavaliers ne changera rien à la qualité des sols si la herse est passée régulièrement, et que la piste est remise en état chaque soir pour la laisser se reposer la nuit. J’ai totalement confiance en Philippe Rossi qui saura gérer cela comme un chef ! »

Un conseil pour les cavaliers ?
« Il s’agit d’un championnat alors il est important de ne pas brûler ses cartes le premier jour. On ne gagne pas une finale lors de la première épreuve mais on peut la perdre le premier jour. Il ne faut surtout rien changer ! Garder la tête froide et avant tout : se faire plaisir ! »

A. Deram

François Guihard

Equita 2021 (© ER)

Le hunter n’a plus de secret pour François Guihard. Formateur depuis plus de 30 ans, propriétaire et gestionnaire d’un centre de formation professionnel, ‘France Cheval Formation’ qui accueille des animateurs et de futurs enseignants et animateurs près de Nantes, François Guihard performe également en hunter depuis une dizaine d’année. Une expérience remarquable dans une discipline exigeante et enrichissante.

Vous enchaînez les beaux parcours depuis quelque temps désormais. Pouvez-vous évoquer avec nous ces très belles performances ?
« Je participe activement aux championnats depuis une dizaine d’année. J’ai également été champion de France en amateur élite en 2021 et champion de France des enseignants la même année. Equita Lyon m’a également réussi puisque j’ai remporté la finale du NSE, circuit national de hunter auquel je participe chaque année. Grâce à ma jument, Vintage de Liam, je performe régulièrement en Amateur élite en hunter et en concours de saut d’obstacles en 130 cm pro. Vintage est une très bonne jument qui pourrait concourir en 135  l’année prochaine ».

Que pensez-vous de l’Open Amateur et du championnat qui réunira cette année quatre discipline la même semaine au Mans ?
« J’avoue que je suis assez mesuré concernant ce championnat. Il y a effectivement des choses assez intéressantes car mélanger les disciplines permet, entre autres, une ouverture d’esprit des cavaliers. Le fait que ces finales soient organisées au Mans me rassure dans un sens car je connais les qualités de Philippe Rossi en tant qu’organisateur et technicien. En revanche, je suis d’avantage inquiet concernant les différentes pistes qui sont assez étendues au pôle européen au Mans. Il va falloir prioriser certains axes et je crains que le hunter en pâtisse car il ne s’agit pas de la discipline la plus populaire auprès des cavaliers français.

J’espère également qu’il y aura suffisamment de matériel pour que le hunter ressemble à du hunter, notamment en épreuves « style » qui exigent du matériel particulier avec beaucoup de sous-bassement et une grande piste.

Une autre difficulté pourrait se présenter dans le fait que chaque discipline possède sa propre ambiance : celle que l’on retrouve en hunter n’est pas la même que celle du saut d’obstacle ou du complet. J’ai peur que nous y perdions un peu notre identité. Ce n’est pas évident de créer une ambiance familiale et conviviale au sein d’un championnat réunissant quatre disciplines. Au niveau club, je trouve cela parfait et très bénéfique de mélanger les disciplines. En amateur, je suis un peu plus sceptique. Cela dit, je peux me tromper et cela pourrait totalement être contrebalancé par un réel investissement fédéral. À voir ! »

Comptez-vous vous rendre au Mans en juillet ?
« Bien sûr, même si cela dépendra un peu de l’évolution de ma saison sportive mais par respect pour la discipline que je représente et pour mon cheval, j’irai forcément y faire un saut. J’ai également deux ou trois cavaliers qui souhaitent y participer car il s’agit d’une finalité de saison. Pour ma part, je n’ai simplement pas l’envie de courir sur une piste secondaire, avec un box loin de tout. Aujourd’hui, je souhaite avant tout participer à de beaux concours. J’espère que ce championnat en fera partie ! »

Propos recueillis par Anne Deram

31/05/2022

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