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Menace sur le Fonds Eperon

(en ligne le 19 février 2008) Quel cheval pour quel marché ? Quel professionnel pour quelle profession ? Quelle interprofession ? Tout se tient.L’étape de la Coupe du Monde à Bordeaux a abrité comme l’année dernière un colloque sur le thème un peu racoleur des
‘‘Européennes du jeune cheval’’. A Bordeaux, l’Europe du cheval se fait à trois : la France, la Belgique et le Hanovre. Difficile à rassembler ce ‘‘monde’’ du cheval. Aux dires d’Yvon Chauvin, l’ANSF n’avait pas reçu d’invitation.

Les débats furent loin d’être inintéressants. Bien modérés par Renaud Rahar, homme de plume équestre et de télé, ils furent tout de même dominés par Bernard Le Courtois qui connaît son sujet sur le bout des doigts. C’est un peu à un match ‘‘professionnels’’ contre ‘‘amateurs’’ de l’élevage qu’ont assisté les participants. A la tribune Marc Pierson pour le sBs, Anne Pourtavaf pour le Hanovre, BLC, Alain Fortin, Vincent Blanchard, Olivier Jouanneteau, Nicolas Blondeau et Alain Delacour pour les courses. Sujets récurrents : la valorisation des jeunes chevaux, le coût de cette valorisation, le prix de revient du jeune cheval et son prix de vente.

Le crédo des tenants de la théorie pro, c’est évidemment de vivre de leur activité économique et de vendre au-dessus du prix de revient. Les ‘‘amateurs’’, ceux dont le métier principal, source de leurs revenus, n’est pas l’élevage du cheval, ne sont pas aussi sensibles aux coûts de revient. Un intervenant n’a pas hésité à dire qu’il s’agissait là de concurrence déloyale. Toutes ces notions seront très prochainement clarifiées puisque le ministre vient de le faire savoir à François Lucas : « Le nouveau système des encouragements de l’Etat (dont la réforme globale est en cours) entrera en vigueur au 1er janvier 2009 et aura pour principal objectif l’attribution de la plupart des aides de l’Etat aux PROFESSIONNELS afin de les aider dans leur démarche économique d’entreprise ».

Qu’est-ce qu’un professionnel ? Vous le savez, vous ? Lançons le débat. Nous sommes prêts à recueillir vos réflexions et à les faire connaître.

Causerie entre soi, ce colloque ? Que non pas. Faut-il supprimer la finale des 4 ans ? Oui répond Bernard Le Courtois pour lequel elle ne sert à rien, du moins pour les juments. Non pour Alain Fortin dont les éleveurs et propriétaires caressent le rêve d’une finale. « Pourquoi leur refuser ce plaisir ? demande-t-il. Un finaliste peut prétendre à un vrai prix de vente alors que celui du non-finaliste sera divisé par trois. » Réaliste, pragmatique, le cavalier de la Meuse qui favorise la part du rêve et instaure avec les éleveurs des partenariats de co-propriété.

La notion de race SF ou AA a t-elle une chance de survivre à l’agrément que viennent de recevoir en France les stud-books étrangers? « Dans dix ans, prédit BLC, la moitié des éleveurs français, attirés vers ces stud-books pour diverses raisons, n’élèveront plus de SF mais des chevaux de races étrangères. C’est l’évolution des choses. Ce sera à nous, représentants du SF, de le rendre plus attractif et faire vibrer la fibre nationale, mais j’en doute ». Et de comparer le David ANSF au Goliath KWPN : 500 000 € de subventions par an et 2 salariés pour l’un , 7 millions d’euros de cotisations, 27 salariés permanents, 7000 adhérents et 15000 cavaliers supporters pour l’autre. « Je suis inquiet pour l’avenir de l’ANSF et du stud-book SF. Les éleveurs doivent psychologiquement se préparer à ce changement. »
Changement (d’appellation) dans l’air du temps puisque les choix semblent aller vers un cheval de sport chic, avec une bonne locomotion, une bonne tête, quelle que soit la race. La notion de cheval de sport européen fait son chemin.

Reste que, pour l’heure, la filière est dans l’impasse. La réunion qui vient de se tenir au ministère reste sur un échec, celui de la représentativité dans la répartition des sièges à l’interprofession. Au moment où l’Etat souhaite réduire son poids et augmenter celui des socioprofessionnels dans le comité de répartition du Fonds Eperon, la filière n’a pas montré de front uni. La menace est claire : si le 6 mars un consensus n’est pas obtenu, le Fonds Eperon sera fermé et l’Etat arbitrera. Ca ne vous rappelle rien ?

Etienne Robert

13/02/2008

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