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Hervé Triaud : éducateur et éthologue

  • (De g. à d.) Léa Amanieu élève monitrice aux Ecuries de Libet en selle sur Prodige de Lavabre le cheval de son coach Hervé Triaud. Ce dernier tient Vivaldi de Garlope en main, premier poulain qu’il a fait naître à Bernos et frère utérin  de Lindberg des Hayettes. © Thomas Garnier
    (De g. à d.) Léa Amanieu élève monitrice aux Ecuries de Libet en selle sur Prodige de Lavabre le cheval de son coach Hervé Triaud. Ce dernier tient Vivaldi de Garlope en main, premier poulain qu’il a fait naître à Bernos et frère utérin de Lindberg des Hayettes. © Thomas Garnier
Hervé Triaud est le type même de l’Homme de Cheval. Ayant acquis des bases classiques transmises par des maîtres de manège de Saumur, il a réellement appris le métier chez son oncle, Michel Pélissier, nommé à juste tire « le plus grand éthologue français » et longtemps cavalier d’Elite français avec de nombreuses victoires et un titre de Champion de France 1965. La route d’Hervé a été sinueuse et a croisé celle de grands noms tels que Bernard Geneste, Xavier Delalande et Eric Negre ainsi que les étalons I Love You, Almé et Alligator Fontaine.


« Le virus du cheval, je pense que c’est congénital »


Le grand-père d’Hervé Triaud était commandant de cavalerie et avait 7 enfants (5 filles et 2 garçons). Les deux garçons sont devenus des cavaliers dans le civil et parmi ces deux garçons, il y a le très reconnu et respecté Michel Pélissier. Son grand-père s’est ensuite occupé des achats de jeunes chevaux pour la remonte de l’armée dans le Sud-Ouest, et parallèlement il a fait travailler de jeunes cavaliers au Centre Hippique Girondin tels que la famille Delalande, la famille Mauriac et Dominique Bentejac. Son grand-père l’a aidé à travailler son premier degré (équivalent de galop 4). « C’est un homme qui connaissait tout des chevaux. Je ne pense pas que ce soit lui qui m’ait transmis le virus du cheval, je pense que c’est congénital. ».


Des bases classiques de Saumur


Hervé Triaud a débuté l’équitation à la SHN de Bordeaux (Société Hippique Nationale) qui était tenue par des sous officiers maîtres de manège de Saumur. Ils dispensaient les cours d’équitation et transmettaient donc des bases assez classiques. «Dès que j’ai commencé à aller monter à la SHN, j’allais passer toutes mes vacances chez mon oncle dans l’Orne.» Il a appris toutes ses bases de fin 1970 à fin 1975. Il obtenu donc son 1er et 2e degré en l’espace de 5 ans. Après l’obtention du deuxième degré (équivalent du galop 7), Hervé s’est vu confier des chevaux appartenant à des amis de ses parents situés près de Bordeaux. « Je m’y rendais environ trois fois par semaine pour débourrer et travailler tous ces chevaux d’élevage. »


Apprentissage avec Michel Pélissier, « le plus grand éthologue français »


En 1975, Michel Pélissier subit un grave accident de la route en allant à St Lô, il avait besoin d’aide dans son travail des chevaux au quotidien. Il décide de prendre son neveu, Hervé Triaud, en stage pour une durée de 6 mois ... mais Hervé y restera 12 ans. Le permis poids lourd en poche et le service militaire terminé, Hervé prit la direction du Haras de la Fontaine, chez Michel Pélissier.


Son oncle s’est assez vite déchargé sur lui. Il lui a appris énormément de technique à l’obstacle. En concours, il sortait les chevaux d’âge moyen ainsi que les jeunes chevaux un peu turbulents et difficiles; ils étaient nombreux en effet à confier leurs chevaux difficiles au Haras de la Fontaine. Avec une quinzaine de débourrages par an dont un ou deux jeunes compliqués, Hervé s’est forgé une méthode de débourrage. Il est parti du principe que tant que les jeunes chevaux n’ont pas le moral, il faut les travailler à pied pour gagner beaucoup de temps. C’est pour cela qu’il a beaucoup travaillé aux longues rênes et à la longe. « Je me suis forgé cette méthode de débourrage qui est certes un peu longue mais très efficace. »


Parmi les chevaux qu’ils avaient en pension, certains étaient entiers et ont commencé à faire la monte. C’est Hervé qui s’occupait des saillies, des suivis gynécologiques des juments et des poulinages. Parmi les étalons les plus connus, nous retrouvons Jalmé des Mesnuls (Almé) grand-père de Kellemoi de Pepita, qui a tourné jusqu’en Grand Prix internationaux. I Love You (Almé) a fait la monte au Haras de la Fontaine l’année de ses 7 ans. « Je l’ai travaillé pendant toute sa durée de monte au Haras. Sous la selle, c’était un cheval qui n’avait pas des allures extraordinaires mais qui avait beaucoup d’énergie et il était très gentil.» Après douze ans de collaboration fructueuse et le passage de 3e catégorie à 2e catégorie en concours avec succès, Hervé décide de quitter le Haras de la Fontaine pour s’installer à son compte.


De Galoubet A à la famille Paillot


Après douze ans d’apprentissage et de collaboration avec Michel Pélissier à La Fontaine, Hervé part s’installer chez l’éleveuse Colette Lefranc, naisseur de Galoubet A et Electre, dans l’Eure. L’entraînement des chevaux était rendu complexe par le manque d’infrastructures. «  Pour l’entraînement des chevaux, on se déplaçait dans un centre équestre à 20 km. » Puis il travaille six ans dans l’Oise à Rully chez Bernard Geneste, qui a longtemps été le cavalier d’Almé. Ce dernier lui mettait ses installations à disposition, et en échange il s’occupait des chevaux de ses enfants la semaine et les coachait en compétition le week-end. Hélas Bernard Geneste décide de se lancer dans les trotteurs… Nouveau déménagement, cette fois à Chamant. Il redémarre une activité au Haras du Plessis, propriété de la famille Paillot. Il s’occupe de 19 chevaux de propriétaires. En novembre 1999, ce sera le Centre Equestre Municipal de Compiègne; il obtient son monitorat. En 2002, Hervé remporte le titre de Champion de Picardie en amateur Élite. Suite à un changement dans le contrat de location des infrastructures, il se voit une nouvelle fois dans l’obligation de déménager. C’est suite à une annonce passée dans un magazine spécialisé que Jean-Louis Escoubet l’a contacté en lui disant qu’il avait une installation près de Bordeaux.


Les Écuries de Libet après Carlos Pinto


Vides depuis 17 ans, après le passage de Carlos Pinto puis Aldrick Cherronet, les Écuries de Libet ne possédaient en 2003 qu’un bâtiment contenant deux écuries et un manège ainsi qu’un hangar de stockage attenant et un second manège couvert.


Aujourd’hui, après onze années de travail, la propriété qui s’étend sur plus de 80 hectares est dotée de deux grandes carrières, d’un marcheur, d’un manège, de 32 boxes, de 7 grands paddocks et de 2 prés ainsi que de nombreux aménagements pour les chevaux et les cavaliers. Les Écuries de Libet sont le cadre de 9 concours de saut d’obstacle par an.


Hervé Triaud, le psychologue du cheval


Ce surnom « le psychologue du cheval » a été attribué à Hervé par Eric Nègre. Selon Hervé Triaud, beaucoup de gens ne mettent pas le cheval à leur portée. Les rapports avec les chevaux sont en fait très simples. Ils ont surtout besoin de savoir quel est leur référent parce que le cheval est un animal qui vit en troupeau et doit savoir qui est le chef du troupeau. Une fois qu’on a établi cette hiérarchie, le cheval se sent bien et comprend que l’Homme est son autorité et son refuge. A partir de ce moment, une complicité peut s’installer.


Le travail à pied pour démarrer


Pour débourrer un cheval, Hervé Triaud débute toujours en travaillant ses chevaux à pied. Déjà dans le box, il commence à les manipuler. Ensuite il les travaille beaucoup à la longe et aux longues rênes afin de leur fabriquer une bouche et un équilibre. Il les habitue par la même occasion à la sangle avec un surfaix. Une fois qu’il arrive à agir sur leur bouche et sur leur impulsion à pied, que ce soit aux longues rênes et à la longe, il commence à monter dessus dans le box. Ensuite il va de box en box que ce soit à cru ou avec la selle. Puis petit à petit il les amène un peu plus loin jusqu’à la carrière où le travail « classique » débute. Ensuite on retrouve tout le travail effectué à pied. Ils savent tourner, s’arrêter, partir au galop, etc. Un bon débourrage, selon Hervé, se fait en 3 mois sur un cheval normal. Mais à ce stade les chevaux sont plus que débourrés, ils sont quasiment dressés.


07/05/2015

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