- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Approbation : méthode Zweibrücken

En Allemagne, pour être approuvés, les jeunes étalons qui suivent la voie classique sont présentés dès 2 ans et demi à la Körung de leur race de reproduction. C’est un test de modèle et allures avec saut d’obstacle en liberté, complété Photo 1 sur 1
par un protocole radiologique complet. Les lauréats sont approuvés à la monte pour une année. Ces Körung sont très populaires et les éleveurs y viennent nombreux pour y voir les futurs reproducteurs à l’œuvre. Les jeunes étalons de 3, 4 et 5 ans sont en effet très demandés en Allemagne. L’idée est qu’à chaque génération, les meilleurs produits, issus de croisements entre les membres de l’élite de la génération précédente sont encore plus qualiteux que leurs prédécesseurs. Ainsi, pour obtenir les meilleurs poulains possible, ils ont tout intérêt à emmener leurs juments aux étalons les plus jeunes. L’objectif est d’avoir un temps de génération très court pour faire évoluer et améliorer la race le plus vite possible.

Dans l’année de 3 ans, les jeunes étalons passent ensuite par un testage de 30 jours au minimum. Si l’étalonnier choisit cette durée, l’approbation définitive sera conditionnée par l’obtention de résultats en concours à 4 ans, 5 et 6 ans. L’autre possibilité est d’effectuer un testage de 70 jours et plus qui permettra d’obtenir directement une approbation définitive. Cette option est de moins en moins fréquemment utilisée : les éleveurs, souhaitant produire des chevaux de sport, apprécient de voir les reproducteurs testés sur leurs qualités sportives dans le cadre des compétitions.

Depuis 2000, le haras de Zweibrücken en Rheinland-Pfalz (DE) procède au testage des étalons. Si au départ, ils procédaient aux testages courts -30 j.- et longs -70j.-, ils ont cessé de proposer l’option longue, moins demandée, faute de trouver suffisamment de cavaliers adéquats disponibles pour une période de deux mois et demi et plus. En Allemagne, chaque année, se déroulent 10 testages dans les différents haras. Bien que les Haras soient souvent directement rattachés à une race, qui sont régionalisées en Allemagne, un étalon peut participer à n’importe quel testage indépendamment de sa race d’appartenance. Il sert simplement à vérifier les qualités sportives, physiques et psychologiques du cheval. La capacité à reproduire dans telle ou telle race sera décidée lors des Körung : l’étalon devra être approuvé à la Körung de chacune des races dans laquelle son propriétaire désire le voir reproduire.
Préparation

Chaque année 20 à 30 étalons sont testés au haras de Zweibrücken, d’origines allemandes en général. Il arrive de voir aussi des chevaux belges, luxembourgeois, hollandais ou danois. Si auparavant les chevaux un peu verts étaient acceptés, surtout pour le testage long, ce n’est aujourd’hui plus le cas. Lorsqu’ils arrivent, les chevaux sont déjà bien travaillés. On demande d’ailleurs au propriétaire de faire une démonstration du bon dressage de son cheval le jour de son arrivée avant qu’il ne soit pris en main par les cavaliers du haras. Même si des affinités se dégagent rapidement, l’objectif est que chaque cheval soit monté à tour de rôle par les différents cavaliers et ce tout au long du testage. Il n’y a pas de travail spécifique, l’objectif est de voir une progression régulière du cheval et la bonne tenue de son intégrité physique. Lors de l’examen final, chaque étalon sera monté à la suite par deux cavaliers renommés, extérieurs au haras. L’un est spécialiste du saut d’obstacle et l’autre du dressage. A noter que souvent l’un est un homme, l’autre une femme. Chacun établira une note en fonction des qualités qu’il recherche dans un cheval selon sa discipline. Chaque étalon sera aussi noté sur son modèle, ses allures, le saut à l’obstacle en liberté, mais aussi sur son « intérieur », c’est-à-dire son tempérament et ses qualités psychologiques. Quelle que soit la discipline de prédilection de l’étalon, il sera donc présenté aussi bien à l’obstacle que sur le plat. Il faut cependant reconnaître que le jury sera plus clément pour un étalon de dressage sur les barres et inversement. On obtient donc des notes basses autour de 6, ce qui est en fait un mauvais résultat et inversement les notes hautes sont très proches, à quelques centièmes près, puisqu’il ne reste plus beaucoup de marge pour les différencier.
Un investissement important

Ce système d’approbation impose un investissement important de la part de l’étalonnier. La préparation en amont, le testage (à Zw. Il coûte 1 219 € pour trente jours par exemple), puis le droit de saillir qui coûte 250 € par étalon, par an et par race de reproduction.

Il est à noter que si la sélection se fait par la voie mâle, comme en France, elle se fait aussi par la voie femelle en Allemagne. Les tests sont bien plus courts que pour les étalons, bien sûr. Sur une journée, on notera les allures montées, le saut en liberté, et la « montabilité » avec un jury qui note la jument montée une fois par son propre cavalier et une deuxième fois par un autre, qui lui est inconnu. Une moyenne de 7,5/10 est nécessaire pour être agréée. Toutes les juments sont acceptées à la reproduction, mais seules celles qui ont réussi ce test de sélection seront primables.

C’est début décembre que le test des trente jours s’est terminé à Zweibrücken avec la victoire de Solento fils de Stakkato, un étalon hanovrien propriété du haras. Les moyennes s’échelonnent de 7,01 à 8,67 pour des chevaux au modèle élégant, présentant tous de belles allures, certains présentant de véritables dispositions à l’obstacle. Parmi les 21 étalons lauréats, on retrouve des origines allemandes réputées avec des fils de Cassini II, Sandro Hit ou Donerhall, mais aussi des descendants à la première, deuxième ou troisième génération d’étalons étrangers. Pour les origines françaises, on trouve Quidam de Revel et même Galoubet A via Ephebe for Ever ou encore Balou du Rouet. Les étalons étrangers sont donc présents dans les stud-books allemands, mais le choix ne s’est porté que sur quelques étalons aux qualités avérées. Un choix qui semble porter ses fruits.
Myriam Sérandour

21/01/2010

Actualités régionales