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Un jour un cheval : Pénélope : « Ratina d’la Rousserie n’a pas fini de nous étonner »

  • Ratina dla Rousserie au saut Hermès (© Frédéric Chéhu)
    Ratina dla Rousserie au saut Hermès (© Frédéric Chéhu)
Une naissance singulière
Ratina est née à l’élevage d’la Rousserie à Colomby, dans la Manche. Michel Roger a acheté Hermine de Brekka, sa mère, à l’âge de 8 ans à l’élevage de Pierre Le Boulanger. Elle était alors pleine de Quaprice*Bois Margot. Lorsque le terme est arrivé, la jument a pouliné … dans la neige ! Son

Une naissance singulière


Ratina est née à l’élevage d’la Rousserie à Colomby, dans la Manche. Michel Roger a acheté Hermine de Brekka, sa mère, à l’âge de 8 ans à l’élevage de Pierre Le Boulanger. Elle était alors pleine de Quaprice*Bois Margot. Lorsque le terme est arrivé, la jument a pouliné … dans la neige ! Son éleveur nous raconte les circonstances en détails « J’avais sorti la jument le matin. Elle était prête à pouliner donc je la surveillais et je suis parti une demi-heure. Il neigeait, et quand je suis revenu le poulain était né et il se promenait. » La pouliche plaît de suite à son éleveur. Elle montrait déjà beaucoup de sang et paraissait très intelligente. Dès ses premiers jours et au fil des mois, Ratina montre un tempérament bien trempé et beaucoup de susceptibilité. « Dès qu’on faisait des gestes un peu brusques, la jument réagissait très vite ». Avec un modèle et une énergie rare, son éleveur décide de la présenter aux concours des foals de la région. Lors de sa première sortie, la jument termine première des foals. Elle a ensuite été à la demi-finale du championnat de France à Saint Lô où elle s’est qualifiée pour le concours au Pin. A ce concours-là, la pouliche termine à la 8e place et elle était déjà très observée. « Elle avait déjà beaucoup d’énergie et une très bonne locomotion. »





Une pierre précieuse « brute » taillée par Stéphane Dufour


Ratina est arrivée chez Stéphane Dufour à l’âge de 4 ans. Son cavalier décrit la jument comme étant « une boule de nerfs, une véritable guerrière ». Au quotidien, la jument conservait de la sensibilité et avait besoin d’être dans son cocon avec son entourage habituel. Après un long travail d’hiver, elle débute les cycles classiques en 5 ans B. Elle se qualifie pour la finale des 5 ans en hunter. « Ayant commencé le travail très tard, je me suis dit que c’était une bonne expérience pour la jument afin qu’elle fasse des petits parcours gentiment. » Après une 8e place à la finale, son cavalier poursuit sa formation en cycles classiques lors de son année de 6 ans où elle se qualifiera aisément pour la finale en répétant les parcours sans-faute. A l’âge de 7 ans, Stéphane continue de prendre son temps et débute Ratina sur les épreuves du circuit national. Il prend le temps avant de lui faire passer le cap des GP Pro 2. «  Lors de sa première 140 je l’ai sentie à l’aise. J’ai toujours dit à son éleveur qu’elle pouvait sauter n’importe quoi. Après il fallait la préparer et la dresser et c’est ce qui était le plus difficile. Déjà à ce niveau d’épreuve à 7 ans je sentais qu’elle en avait encore sous le pied et ce n’était pas la hauteur qui lui posait problème. » Ratina partira des écuries de Stéphane Dufour pour les écuries de Guillaume Foutrier en début d’année de 8 ans après 3 sans-faute consécutifs dans les épreuves de 7 ans au Mans.


Pour Stéphane Dufour, Ratina a toutes les qualités pour aller sauter les plus gros parcours du monde, et même les championnats. C’est une jument qui a beaucoup de sang, de volonté et de hargne associés une grande amplitude, des moyens hors norme et un excellent respect de la barre.


« Pénélope a compris la jument, dit Stéphane, elles forment un couple. Je trouve que la jument a évolué et qu’elle a encore une marge de progression. Je pense qu’elle est dans l’écurie qui pourra l’amener au sommet. »





Polissage du joyau chez Guillaume Foutrier


Arrivée au début de son année de 8 ans chez Guillaume Foutrier dans le Nord, Ratina continua de confirmer ses qualités. « Elle avait un gros potentiel mais elle était quand même assez chaude. Il a fallu s’adapter et trouver la bonne méthode. » Après cette période de travail en main et sur le plat, elle a repris le chemin des concours avec son nouveau cavalier. « On a bien pris le temps dans la première partie de son année de 8 ans où on a sauté des épreuves à 135. La deuxième partie de l’année on l’a mise sur la hauteur progressivement pour qu’elle saute calmement Elle a eu une bonne progression jusqu’au 3* de Dinard. Dans ce concours on l’avait mise sur deux parcours à 1m50 où elle fait 4 pts mais avec des parcours très prometteurs. » Dans sa première épreuve à 1m50, la jument ressortira de piste sans être émue par la hauteur et l’environnement assez particulier sur un concours de niveau 3*. Elle a enchaîné les concours jusqu’au CSI d’Auvers en août 2013 durant lequel elle a été essayée par Pénélope Leprevost et vendue quelques semaines plus tard.


« Pour l’avoir revue avec Pénélope, la jument a beaucoup mûri et Pénélope a bien pris son temps. Elle a fait un travail formidable. Il n’y avait encore rien de fait à ce moment-là mais on voyait un potentiel très important. »





L’évolution vers le plus haut niveau.


Élise Mégret pour le Haras de Clarbec nous relate avec précision le moment où elle a découvert Ratina. « C’est une jument que je connaissais depuis assez longtemps puisque je l’avais vue pour la première fois en concours à 5 ans avec Stéphane Dufour. J’ai continué à la suivre de près à 6 et 7 ans, et ensuite je l’ai revue avec Guillaume Foutrier. C’est une jument que j’ai toujours adorée avec beaucoup d’énergie, de sang et de moyens mais qui semblait assez compliquée et délicate. » C’est à la fin de son année de 8 ans qu’Élise Mégret l’a revue au CSI d’Auvers. Pénélope qui était présente sur le concours l’a également repérée et est allée l’essayer quelques semaines plus tard. Son impression sur la délicatesse de la jument s’est confirmée à cheval mais elle a tout de même apprécié Ratina. C’est suite à cet essai plutôt concluant que le Haras de Clarbec a acheté la jument avec le marchand belge François Mathy, avant d’en racheter rapidement la totalité.


En terme de moyens, tout le monde s’accorde à dire que Ratina semble ne pas avoir de limites, avec en plus un excellent mental. « La seule limite qu’elle pourrait avoir viendrait de sa délicatesse, estime Elise. Et Pénélope la monte avec beaucoup de doigté. Il faut la monter très finement et c’est à cause cette délicatesse qu’elle peut parfois faire faute. »


Le Haras de Clarbec qui a aussi la double casquette d’éleveur et d’étalonnier s’intéresse de près à la génétique mais ce sont les aptitudes sportives qui sont déterminantes pour l’acquisition d’une monture pour la compétition. « Quand on achète un cheval de sport, c’est d’abord la qualité du cheval qui compte. »


Pénélope Leprévost et Ratina « un couple en devenir »


Le tempérament de la jeune jument a frappé Pénélope dès son premier essai « Ratina est une jument étonnante, une petite balle bouillonnante d’énergie. Quand je l’ai montée pour la première fois, j’ai vite remarqué qu’elle avait des moyens hors du commun. Malgré tout, elle était tellement chaude que c’était presque un challenge de savoir si elle serait « montable » un jour, j’entends par là capable de « former une équipe » avec son cavalier sur un parcours. C’est un des chevaux les plus courageux que j’ai monté.  Sur le plat, Ratina a vraiment énormément progressé et elle continue d’évoluer dans le bon sens. Sur les barres, elle a considérablement gagné en relâchement. Ratina est une jument particulièrement proche de l’homme. J’ai passé énormément de temps à la travailler en main au début, et je pense que toutes ces heures passées à pied avec elle au licol éthologique, ça nous a permis de construire une relation un peu particulière toutes les 2, une connexion certaine. Une chose est sûre, c’est que je n’ai encore jamais senti ses limites, elle me surprend à chaque étape de sa progression. A Paris, au Saut Hermès, pour son premier Grand Prix à ce niveau, elle a sauté les oxers du triple avec énormément de facilité, alors que beaucoup de chevaux étaient en difficulté. Je crois qu’elle n’a pas fini de nous étonner ! »





Un condensé de génétique


Ratina d’la Rousserie dispose d’une génétique exceptionnelle.


Sa mère Hermina de Brekka est issue du croisement entre Apache d’Adriers, grand performer des années 2000, et Starter, père de mère de Baloubet du Rouet (Galoubet A).Elle a déjà produit Nokia de Brekka (Quick Star), gagnant du derby de la Baule 2014 et excellant sur les épreuves intermédiaires de niveau 5* sous la selle de Michel Hécart. Ratina est le premier produit d’Hermine né à l’élevage d’la Rousserie. Son propre frère agréé étalon évolue en concours sous la selle de Stéphane Dufour. Son cavalier pense qu’il a autant de qualités que sa sœur mais son éleveur Michel Roger a le sentiment qu’il est plus qualiteux que Ratina.


Son père Quaprice*Bois Margot (Quidam de Revel x Lord) était un grand performer international disparu à l’âge de 10 ans. Il termine successivement 3e du championnat de France des 6 ans et des 7 ans. Il poursuit sa progression vers le plus haut niveau avec une 3e place dans le Sire of the World en 2006 à Lanaken, alors âgé de 8 ans. Les années qui ont suivi ont été couronnées de succès au plus haut niveau.


07/05/2015

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