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Stud-Book SF : la présidence se joue le 20 mai

La succession de Bernard Le Courtois à la présidence du Stud-book est ouverte et même officiellement refermée depuis le 5 avril. Deux candidatures sérieuses sont déclarées : celle de Pascal Cadiou, éleveur à La Rochelle au haras de Rochefort, naisseur des chevaux à l’affixe d’Irleau et celle de Robert Maury, patron du haras

La succession de Bernard Le Courtois à la présidence du Stud-book est ouverte et même officiellement refermée depuis le 5 avril. Deux candidatures sérieuses sont déclarées : celle de Pascal Cadiou, éleveur à La Rochelle au haras de Rochefort, naisseur des chevaux à l’affixe d’Irleau et celle de Robert Maury, patron du haras d’Aurois en Auvergne, président du Comité régional d’équitation de cette région et cheville ouvrière de toute la filière cheval auvergnate. Ils sont tous les deux impliqués dans les structures associatives socioprofessionnelles et oeuvrent, chacun à leur manière, pour le bien et le mieux-être du collectif. Nous les rencontrons souvent sur les terrains de concours soit dans l’organisation soit dans les jurys. Ils sont écoutés et respectés. Pour que chacun se fasse une opinion, nous leurs avons posé une série de questions dont vous trouverez ci-après les réponses. Pascal Cadiou prône, comme la loi l’autorise, un salaire pour l’exercice de cette présidence, exercice dévorateur de temps et d’énergie. Ses arguments tiennent la route mais sont-ils adaptés à la période de crise que traverse l’élevage ? L’éleveur de La Rochelle met en avant ses idées pour orienter le stud-book. Robert Maury, lui, hostile à toute rémunération, apparaît comme un homme de synthèse, à l’écoute de son conseil d’administration. Deux personnalités différentes avec deux styles de management différents.


De campagne électorale, il n’y aura pas puisque les électeurs ne seront connus que le 20 mai après le vote qui désignera les 45 administrateurs qui éliront immédiatement le président selon le processus indiqué dans le schéma ci-contre (source SBSF). Rien ne s’oppose à ce qu’un nouvel élu au CA se déclare candidat à la présidence à ce moment-là.


Comment imaginez-vous votre rôle de président ?


Pascal Cadiou « Je n’imagine pas. Cela fait huit ans que je suis au bureau du SF, je connais pour avoir vu fonctionner les présidents précédents, l’investissement en temps et en travail que représente ce mandat. Pour moi, ce n’est pas un « rôle », mais une fonction dont l’essentiel va être de : rassembler, gérer, administrer, représenter ».


Robert Maury « Coordonner et rassembler les idées du CA. Chercher des solutions aux problématiques. Gérer et organiser le travail du personnel. Distribuer les tâches en fonction des compétences de chacun. Entretenir des relations avec les différents acteurs de la filière ». 


Président, un métier ? Faut-il le rémunérer ?


Pascal Cadiou « Exercer un mandat de président dans une association comme la nôtre prend du temps, beaucoup de temps. On l’a vu depuis plusieurs années, nos présidents ont dû faire face à de nombreuses obligations qui les ont éloignés de leurs exploitations. Le législateur a pris en compte la crise de désaffection des fonctions dirigeantes associatives en y répondant avec des dispositions incitatrices. La loi du 13 juin 1998 renforcée par une instruction fiscale précise, autorise les associations à rémunérer des dirigeants sans remettre en cause le caractère désintéressé de leur gestion (fondement de la loi de 1901). De nombreux présidents d’associations en France bénéficient de ces dispositions légales permettant une rémunération qui dans ce cas est une contrepartie d’un travail effectif de gestion, d’administration, de représentation, globalement de l’exercice du mandat. Les personnes qui me connaissent bien savent que je milite depuis plus de 30 ans dans de nombreuses associations d’éleveurs, socio professionnelles et autres et cela à titre purement bénévole. Mais c’est en général un engagement territorial qu’on prend sur un temps de loisir, de repos pas sur un temps de travail. Il y a peu de personnes qui peuvent se permettre de passer 2 ou 3 jours par semaine à Paris ou en régions pour assumer les obligations de président d’une grande association. En ce qui me concerne, cette fonction, cette tâche, ce challenge pour lesquelles je pense avoir les compétences et le recul nécessaire me passionneraient au plus haut point, mais je ne pourrais l’envisager que si était prévue une indemnité financière me permettant de garantir le maintien du bon fonctionnement de mon exploitation. Je comprends les réticences que certains pourraient avoir devant un tel bouleversement des mentalités mais il est nécessaire qu’ensemble on réfléchisse sur la faisabilité d’un statut du président recevant une indemnité qui, je le rappelle, est parfaitement légale et en l’occurrence totalement transparente. C’est la question qui, aujourd’hui est posée à l’ensemble des adhérents et de leurs représentants. Je m’engage, si je suis élu, à consacrer l’essentiel de mon temps, de mon énergie, de mon expérience à relever ce défi : « Rassembler et continuer à faire évoluer notre Stud-Book » présider aux destinées du SF, avec les enjeux considérables que cela représente dans une période où tout change, où il faut redéfinir les contours et les marges de manœuvre n’est affaire ni d’amateurisme, ni de dilettante. Le Stud-Book Selle Français peut-il consacrer pour son futur président une compensation financière à définir mais qui en tout état de cause resterait inférieur à 2% de notre budget annuel, permettant ainsi de compenser au moins partiellement le travail et le temps indispensable à la gestion de notre structure ? » 


Robert Maury « Président, une fonction ! qui ne doit pas rimer avec rémunération. Pendant ma période active, j’ai passé trente ans à diriger des associations avec un statut de bénévole. Actuellement retraité j’aurai plus de temps disponible pour manager une association sans salaire ».


Elu président, quel sera votre premier chantier ?


Pascal Cadiou « Il est urgent de retourner en régions, voir et écouter les éleveurs. Etre au plus proche de leurs préoccupations, de leurs attentes, lister et hiérarchiser leurs besoins et en même temps, leur faire prendre conscience que nos objectifs sont communs et que réunis nous serons plus forts ».


Robert Maury « Rassembler les différentes tendances pour essayer d’obtenir une TVA réduite aux producteurs naisseurs de chevaux. Visualiser, sur des statistiques des trois dernières années, les charges des actions et l’évolution des entrées pour mettre en place un calendrier d’actions pour le prochain  mandat ».


Allez-vous maintenir en l’état ou réformer l’approbation des étalons de 2 et 3 ans et pensez-vous utile l’agrément des chevaux à 2 ans ?


Pascal Cadiou «  Il est important d’évaluer précocement les caractères que nous avons choisis pour l’amélioration génétique de l’ensemble de la population constituant la race. Il y a un caractère principal qu’historiquement nous avons sélectionné : c’est l’aptitude naturelle à sauter. Il y a des caractères secondaires dictés par la demande des utilisateurs, par le marché : la morphologie, les allures, le comportement.


Et tout cela pour sélectionner des chevaux aptes à concourir en compétitions équestres. Notre cœur de métier. Caractériser, noter, classer des mâles de 2,3 et 4 ans, fait partie d’une stratégie de sélection. Déterminer les meilleurs, pas les génies, pas ceux qui feront peut-être un jour les jeux olympiques, non, ceux qui peuvent transmettre les caractères que l’on a choisis.


Lorsque jeunes, ils sont bons, beaux, qu’ils bougent bien et qu’ils ont un bon comportement, ils ont à priori des qualités à transmettre. Il est nécessaire en plus de la sévérité du tri, de diminuer l’intervalle de génération, d’où une fois encore l’importance d’évaluer rapidement la descendance de nos étalons vedettes.


Il faudra parmi ces groupes sélectionnés choisir les meilleurs, les tester et recommencer. C’est la méthode la plus fiable pour progresser génétiquement. Ce n’est pas moi qui l’ai inventée, elle est appliquée pour la sélection de toutes les espèces d’animaux de rente, et cela fait bien longtemps que nos concurrents utilisent ces principes. Il y a en plus dans un programme d’élevage, ce que l’on appelle le contrôle de performances. On se sert en partie des indices de performance, les ISO, ICC, IDR pour valider nos choix. Les indices moyens des finalistes à 2 ans et 3 ans sont supérieurs à la moyenne de la population. Les indices moyens des agréés à 2 et 3 ans sont largement supérieurs à la moyenne de la population. Les chevaux agréés à 2 et 3 ans ne seront sûrement pas champions du monde, ni chefs de race pour la plupart, mais ils participeront au progrès génétique de l’ensemble de la population. Donc l’objectif est atteint. Je maintiendrai l’agrément à 2 et 3 ans et je souhaiterais inciter les éleveurs à utiliser ces jeunes étalons, qui pour bien faire devraient servir 30% de notre jumenterie afin de réaliser des rotations rapides de génération. Bien sûr l’agrément à 4, 5, 6, 7 ans et pour les performeurs plus âgés est maintenu, ce qui laisse le choix à chacun d’utiliser la méthode qui lui correspond le mieux, la période la plus adéquate en fonction du développement, de la précocité, de la maturité de son jeune cheval ».


Robert Maury  « Actuellement des commissions travaillent sur les différentes thématiques. Je resterai à l’écoute de leurs conclusions pour prendre des décisions ». 


L’ANSF est enterrée. L’esprit associatif et collectif ne semble plus de mise. Le dogme prévaut. Poursuivrez-vous dans cette voie ?


Pascal Cadiou « L’ANSF est enterrée incontestablement puisse que notre association s’appelle depuis un certain temps maintenant, Stud-Book Selle Français. Plus sérieusement, il n’y a que les esprits chagrins qui pensent cela. D’ailleurs ils s’essoufflent, je trouve. Partout, dans le monde de l’élevage et du sport, on nous envie notre Selle Français.


Maintenant il faut apprendre à se vendre, à le vendre, ce n’est malheureusement ni dans notre culture ni dans nos gènes. Eh bien tout en continuant à progresser génétiquement, il va nous falloir progresser commercialement. En ce qui concerne l’administration du Stud-Book, effectivement on peut toujours mieux faire.


C’est le sens que je donne à ma candidature, je n’ambitionne pas de faire moins bien que mes prédécesseurs. Il nous faut aujourd’hui davantage rassembler, sûrement mieux communiquer mais il faut se souvenir de l’histoire de notre association, savoir d’où on vient. Nous avons tellement longtemps été sous la tutelle des Haras Nationaux, et pendant tellement longtemps dépendu des moyens financiers qu’ils voulaient bien nous accorder, qu’il a été difficile, et qu’il est encore difficile de satisfaire tout le monde. Il nous faut certainement mieux préparer nos dossiers en amont, bien cerner les conséquences des décisions que nous prenons afin de ne pas donner l’impression parfois de naviguer à vue. Le 20 mai prochain, 45 administrateurs issus de 5 collèges vont être élus par l’ensemble des adhérents. C’est à eux de faire vivre la démocratie à l’intérieur même de notre association par leur engagement, leur expression, leur participation. Et bien évidement, au président qui sera élu d’être à leur écoute, au plus près de leurs préoccupations, de leurs attentes afin de faire la synthèse de ce qui parfois n’est pas facile à concilier ».


Robert Maury « J’ai réussi à fédérer l’ensemble des tendances de ma région avec un esprit de collaboration. Ce qui nous a permis d’avoir l’écoute de nos politiques régionaux et d’obtenir des soutiens pour l’élaboration de nos missions. J’ai pour habitude de travailler en groupe et d’utiliser les compétences de chacun ».


Donnez-moi quatre bonnes raisons d’adhérer au SBSF.


Pascal Cadiou « Partager un objectif en commun, voilà pour moi la seule et unique raison que nous avons tous à nous regrouper. Mettre nos idées, nos expériences, nos moyens, nos efforts, en commun afin que le plus grand nombre bénéficie des progrès que génère l’ensemble. Produire les chevaux que recherchent les cavaliers amateurs et professionnels, dont le nombre se développe aux quatre coins de la planète, et les vendre pour que vivent nos élevages.


L’ambition du Stud-Book est de vous aider à atteindre cet objectif, voilà la bonne raison d’y adhérer ».


Robert Maury


«  - Faire partie d’une association forte qui défend les intérêts des éleveurs.


- Participer pour conforter la qualité des concours d’élevage.


- Pouvoir adhérer à une grande famille sans exclusion.


- Profiter d’une collaboration entre les différentes entités de la filière pour l’amélioration de la commercialisation ».

12/04/2014

Actualités régionales