Quidam, le rêve européen

Quidam est né à Vaubadon dans le Calvados, chez le prince Amaury de Broglie. L'éleveur parti vers la Suisse a vendu son poulain à 2 ans pour une somme, coquette à l'époque, de 100 000 francs.
Quidam a réalisé une belle carrière sur le circuit jeunes chevaux et a été finaliste à 4, 5 et 6 ans sous la selle de Sophie Mazé. A 4 et 5 ans, il réalise des doubles sans fautes à la Grande Semaine de Fontainebleau. Seul rendez-vous manqué de son parcours de jeune cheval déjà très attendu des éleveurs, la finale des 6 ans où il fait faute les deux premiers jours, ce qui l'évince du grand critérium.
L'année des 4 ans est aussi celle de l'approbation pour la monte, non sans quelques difficultés, puisque la commission d'agrément lui reprochait au modèle « de ne pas être fait suffisamment en père ».  Qu'importe, en 1987, le jeune agréé couvre vingt juments en monte naturelle en parallèle de son année sportive de 5 ans, et 60 l'année suivante en insémination artificielle en sperme frais et congelé. Dès les premières générations, ses produits deviendront des stars du circuit international, à l'image du remarquable étalon Guidam (ex Adagio IV), Bianca d'Amaury avec Rodrigo Pessoa, Baie Mahault, ISO 155,...
En fin d'année de 5 ans, le cheval est syndiqué et vendu à une quinzaine de copropriétaires qui se partagent quarante parts à 20 000 francs. Une formule qui ne durera pas puisque, dès l'année suivante, 60 contrats à 40 000 francs sont vendus, donnant droit à une saillie par an du cheval sans frais annexe, fermant donc sa carrière de reproducteur à ses seuls copropriétaires.  Une somme une nouvelle fois importante pour un cheval de cet âge.
Quidam rejoint les écuries d'Hervé Godignon au cours de l'hiver 1989, l'étalon a alors 7 ans. Dès 1990, le couple se fait remarquer sur la scène internationale en terminant 3e des Grands Prix Coupe du Monde de Washington et New York.  En 1991, le couple est 6e des Championnats d'Europe à la Baule. Ils remportent aussi le Grand Prix CSI de Rueil Malmaison avant de prendre la 3e place dans la Coupe des Nations de Modène et des 8e places dans les Grands Prix de Modène et Calgary.
En 1992, c'est la consécration : Quidam, toujours associé à Hervé Godignon, est vainqueur du Grand Prix et de la Coupe des Nations de Rome, 2e du Grand Prix CSIO et vainqueur de la Coupe des Nations de Capellen, et prend aussi la 3e place du Grand Prix de Londres. Point d'orgue de cette saison : la médaille olympique de Bronze par équipe à Barcelone et une quatrième place en individuel.
Printemps 1993, le cheval quitte définitivement la France pour rejoindre les écuries Velin où il poursuit, à partir de 1994, sa carrière de performer sous la selle de Thomas Velin avec succès : classé dans de nombreux Grand Prix CSI et dans le Derby du CSIO de Falsterbo, il est aussi  2e du Grand Prix de Copenhague, 4e du Championnat d'Europe Jeunes Cavaliers et vice-champion du Danemark. Quidam remporte le Grand Prix du CSI de Hanover en 1997, et termine 5e de l'étape Coupe du Monde d'Helsinki. Le cheval enchaîne les succès internationaux jusqu'en 2001, il a alors 19 ans, et fait ses adieux à la scène internationale pour se consacrer exclusivement à la reproduction.
A l'époque la vente de l'étalon pour un prix record avait fait grand bruit, mais Flemingh Velin, en homme d'affaires averti avait fait ses calculs et l'investissement du cheval était amorti dès 1999 pour le Danois qui a aussi su faire évoluer les techniques de congélation et permis ainsi au monde entier de profiter de la semence de son crack.

Quidam l'européen

Quidam est approuvé dans tous les stud-books européens. Dès 1989, le stud-book BWP autorise le cheval à la monte. Deux étalons phares naissent en 1990 en Belgique : Nabab de Rêve et Ohio Van de Padenborre. En 1993, les représentants du stud-book holsteiner à la recherche du sang d'Almé ont choisi d'approuver le cheval dans leur stud-book où il donnera naissance à la lignée Q. Le croisement avec le sang holstein fait mouche et va engendrer de nombreux étalons et gagnants, comme Quantum, Quinar, Quite Easy ou le regretté Quincy (Quaprice Bois Margot).
Quidam de Revel était l'étalon le plus représenté lors des Jeux Equestres Mondiaux à Jerez 2002, avec pas moins de 10 produits parmi lesquels le Champion du Monde par équipe Dollar de la Pierre.
En 2008 et 2009, Quidam occupe la deuxième place à la ranking WBFSH des meilleurs pères de chevaux évoluant en internationaux et passe au troisième rang en 2010 avec 63 gagnants internationaux.
Comme tout chef de race, Quidam a ses inconditionnels. Philippe Berthol (élevage d'Enfer) en fait partie. Il a été le propriétaire de plus d'une quinzaine de très bons chevaux issus de Quidam, et attend 6 nouveaux produits pour cette année. Il a notamment possédé des très bons Quidam « allemands » comme Ornella, championne des 6 ans en 2005 et gagnante en CSI5* qu'il avait acheté foal et aussi l'étalon Quaprice qu'il a importé en France à l'âge de 2 ans, en même temps qu'il en achetait la mère : « Quidam a bientôt 30 ans mais il reste un cheval très très moderne. Il a un mental exceptionnel qu'il transmet à ses produits. Ses filles sont particulièrement guerrières. Il a un beau modèle, c'est un cheval très complet qui apporte du sang et aussi une bonne arrière main. J'ai déjà prévu d?inséminer à nouveau 6 juments  au minimum cette année », explique Philippe Berthol.

Un pedigree de chef de race

La réussite de Quidam n'est pas le fruit du hasard, puisque ce cheval dispose d'un véritable pedigree de chef de race. Sa filiation est à la hauteur de ses performances et de la qualité de sa progéniture. Il rassemble au sein de son pedigree les lignées maternelles les plus prestigieuses de Normandie : celles de Nadine, Tanagra, Girondine et Constellation. Ainsi que des célèbres étalons pur-sang anglais : Orange Peel, Furioso, Fra Diavolo, Ultimate, Dark Ronald.
Les parents de Quidam ont été grands vainqueurs internationaux en concours hippique. Son père, le chef de race Jalisco B, n'est plus à présenter. Sa mère, Dirka, née chez Mme Marguerite Savary, est la propre s?ur du gagnant international Fanfan la Tulipe. Dirka a été une très bonne gagnante en CSIO, ISO 156. Passée sous la selle de Nelson Pessoa en 1976, cette jument énergique et féline a été une spécialiste des épreuves de vitesse. Elle était une fille de l'éminent Nankin, lui-même issu de l'élevage très réputé d'Alfred Brohier et d'une remarquable poulinière gagnante en concours hippique, Constellation.
Dirka est une ¾ sœur d'un autre chef de race, Uriel, tête de liste des pères de gagnants de1978 à 1988. Cet étalon national a rivalisé avec son père Nankin au Haras de Saint Lô. Il a surtout laissé d'excellentes poulinières mais aussi de grands performers internationaux. Uriel est le propre frère de Commandeur, gagnant en CSI sous couleurs suisses, de Troubadour B, gagnant du critérium des 6 ans en 1969 avec Nelson Pessoa puis gagnant en CSI avec Janou Lefèvre, et de Daguet de Baugy, CSI en Belgique. Cette lignée remonte à la jument base Nadine, née en 1935 et fille de l'étalon Issu d'Amblie, à l'origine de plus d'une centaine de gagnants nationaux et internationaux mais aussi de nombreux étalons.
Le sang de Quidam de Revel a toujours été présent dans les rendez-vous importants. L'exemple le plus récent est celui des derniers Jeux Equestres Mondiaux à Lexington où son petit-fils Vigo d'Arsouilles est devenu Champion du Monde. Et le rêve Européen de Quidam connaîtra peut-être une suite à l'Américaine puisqu'un clone du cheval est né en mars 2005 et qui répond au nom de : Paris-Texas.

Emmanuel Spinnewyn