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PMU : « Le prix du Premier pas »

La problématique initiale. Pour raison d’idéologie néo-libérale, la Commission européenne conteste à la France les monopoles sur les paris. Elle l’enjoint d’ouvrir le marché du jeu aux opérateurs privés. Sont visés la Française des jeux
d’une part, le PMU d’autre part. Ce dernier, création des sociétés de course, est, depuis la réforme Rocard, devenu un GIE. Donc un organisme non lucratif, au fonctionnement ‘‘privé’’, mais placé sous contrôle de l’Etat (notamment Finances et Police des jeux).

La problématique transposée. Se reportant à l’exemple des pays voisins, chacun sait que l’ouverture à la concurrence commerciale, celle des bookmakers, entraînerait la détérioration du système français, pourtant mondialement reconnu comme étant le meilleur. Cela parce qu’il permet :

- l’autofinancement total de l’activité courses (le niveau des allocations annuelles est le plus élevé de la planète);

- un profit permanent pour le Trésor public;

- une manne substantielle pour le reste de la filière cheval (entre autres pour le Fonds Eperon);

- un garde-fou (du moins dans une bonne proportion) contre les magouilles et tentations de trucage des courses.

Cependant, les responsables politiques en place ne souhaitent pas défendre une ‘‘exception française’’ basée sur l’avantage public du monopole. Alors que ce monopole n’est pas de type commercial (non-lucratif) mais seulement structurel.

Ils ont donc choisi de défendre uniquement le principe du pari ‘‘mutuel’’ contre le pari ‘‘à cote fixe’’ proposé par les bookmakers. C’est-à-dire : acceptant l’activité d’opérateurs privés en concurrence avec le PMU, ils tentent d’obtenir de l’Europe de contraindre ceux-ci à ne fonctionner sur les courses françaises que selon les pratiques du pari ‘‘mutuel’’ et non selon celles du pari ‘‘à cote fixe’’. Etant précisé que ces bookmakers seraient soumis à une taxation identique à celle du PMU, soit le même prélèvement au profit du Trésor et au profit de l’organisation des courses et de la filière.

Ce qu’on peut noter à propos de la conférence du 6 mars dernier (*), c’est que les socio-professionnels (entraîneurs, propriétaires, éleveurs) se sont ralliés à ce point de vue des politiques, tel qu’exprimé fin 2008 par le ministre du Budget (également maire de Chantilly...). Le discours du président des éleveurs Bernard Ferrand est parfait, par son argumentation, dans la défense de notre modèle. Suffira-t-il à sa préservation ?

L’interrogation. Faire semblant de ne pas défendre le monopole tout en imposant le principe du pari mutuel peut passer pour de l’habile diplomatie. Mais qu’en sera-t-il aux yeux du commissaire Mc Creevy chargé du dossier - Irlandais comptant nombre d’amitiés britanniques le pressant de faire ouvrir le marché français aux bookmakers? Ne verra-t-il pas un subterfuge consistant à admettre les books en apparence, tout en leur rendant la tâche impossible ? Puisqu’en effet ils seraient réduits, s’alignant sur le PMU, à une activité non-lucrative, ce qui n’est pas leur premier dessein !

Autrement dit, la mission des responsables politiques est-elle d’encourager le dictat idéologique d’une Europe dérégulée - acceptant ses contraintes quitte à les contourner par la ruse lorsque cela ne nous arrange pas ! - ou est-elle de mouiller la chemise pour établir une Europe contrôlée, logique et cohérente ? Constructrice plutôt que destructrice.

Christian Delâge

(1) conférence qui s’est tenue à Bruxelles à l’initiative du député européen Jacques Toubon, réunissant les professionnels des courses. « Le prix du Premier pas », c’est ainsi que le député De Vigo, fin connaisseur des arcanes de la politique européenne, a baptisé cette campagne d’explication. L’intervention de Bernard Ferrand, président du Syndicat des éleveurs de chevaux de courses, a été particulièrement remarquée. (Source Equisup)
27/03/2008

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