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Paroles de coach - Jean-Luc Force : « En Complet, rechercher la qualité du contact »

Jean-Luc Force travaille à la préparation des Jeux de Paris sur les disciplines olympiques, paralympiques et sur le suivi des disciplines de haut niveau. « L’idée, explique-t-il, c’est d’avoir une vision transversale et générale du fonctionnement du haut-niveau et d’aider Sophie Dubourg dans la réflexion par rapport à la volonté d’optimiser le système au haut niveau. Elle m’a demandé de l’aide pour cogiter là-dessus, c’est ce qui me donne une mission un peu spécifique auprès de la Fédération. Et j’ai une seconde mission, que je mène depuis 2 ans, qui est orientée sur la formation professionnelle, donc en direction des enseignants. On a créé ce qu’on a appelé les ateliers pédagogiques qui sont des rendez-vous réguliers avec les enseignants pour travailler sur la formation professionnelle ».

 

On va parler de la formation des amateurs. Qu’est-ce que c’est qu’une bonne formation pour un cavalier amateur de Complet ?
« Pour moi le cavalier amateur est dans l’apprentissage de la manière de communiquer avec son cheval pour pouvoir faire du sport avec lui, donc il a besoin la plupart du temps d’avoir des chevaux qui sont déjà préparés et qui ont déjà été dressés (c’est le meilleur cas de figure). Il faut qu’il apprenne à se connecter à lui, à fonctionner avec lui, et à arriver à lui proposer une relation qui permette d’aller sur des situations de compétition un peu compliquées, sans que ce soit dangereux et que ce soit organisé et bien construit. Donc pour moi en Complet on a le phénomène sécurité qui est important, le bien-être du cheval et la sécurité. Je pense que trouver une bonne relation avec son cheval et que les deux se trouvent dans le confort c’est super important ».

Beaucoup de progrès ont été faits dans le domaine de la sécurité.
« Oui, il y a beaucoup de progrès sur la sécurité dans l’épreuve de cross parce que c’est ce qui pose le plus de problème. Il y a eu énormément de choses de faites sur les constructions, sur les systèmes qui permettent d’éviter que le cheval chute, il y a eu beaucoup de choses de faites mais on sait très bien que les accidents sont multifactoriels donc il faut travailler sur tous les secteurs. Il y a un secteur sur lequel on ne peut pas lâcher c’est la formation de nos cadres, nos enseignants, pour qu’ils forment bien leurs cavaliers parce qu’une équitation sécure, une équitation contrôlée, c’est une assurance, c’est se mettre déjà une bonne assurance en matière de sécurité, donc on a besoin de continuer à travailler sur la qualité de l’équitation pratiquée par nos amateurs. Le circuit est fait pour ça, les entraîneurs sont vigilants là-dessus, l’encadrement doit être également vigilant là-dessus de façon à ce que les amateurs aient une équitation la plus sécure possible et ça passe par la notion de contrôle, de connexion, de relation positive avec les chevaux ».

Donc le b.a.-ba de cette discipline-là pour les amateurs c’est quoi ?
« Pour moi le b.a.-ba c’est de faire le lien entre les 3 tests en Complet. C’est la qualité de contact que les cavaliers peuvent avoir avec leurs chevaux. C’est-à-dire le cheval au bout des rênes, le cheval en tension, le cheval qui porte bien, c’est un cheval qui est habile, c’est un cheval qui va se présenter proprement en dressage, qui va donner une attitude qui donne envie, qui a une locomotion qui fonctionne avec du rebond avec de l’élasticité, c’est un cheval qui porte bien, qui est tendu, qui est au bout des rênes, et ça va être un cheval qui en saut d’obstacles construit ses abords, c’est un cheval qui est dans un équilibre suffisant pour pouvoir frapper et  pousser donc c’est un cheval qui va être d’autant plus à l’aise sur les barres, donc plus respectueux, plus motivé. Sur le cross c’est un cheval qui sait où il va, qui va dans un espace ouvert qu’il n’a pas reconnu grâce à la relation avec son cavalier, en étant tout le temps dans une certaine adhésion et en même temps une compréhension de ce qu’est son avenir. Si la relation est toujours bien construite comme ça, s’il y a toujours contact on a des chances que le parcours de cross se déroule bien, là où ça se passe mal c’est quand c’est la bagarre, c’est quand c’est hyper brouillon, hyper anarchique. À ce moment-là les chevaux ne trouvent pas la manière de faire et il y a des moments où ça peut sentir le brûlé. On a aujourd’hui des cavaliers qui nous démontrent ça à 200 %, c’est toute la génération de nos cavaliers de haut niveau qui ouvrent sur cette voie-là parce qu’aujourd’hui être performant en Concours Complet c’est être bon dans les 3 tests, il n’y a plus d’impasse possible, on ne peut pas gagner une épreuve en ayant fait l’impasse sur le dressage, ce n’est pas possible. En prenant 30 secondes sur le cross ce n’est pas possible, en faisant 4 points au CSO en général ce n’est pas possible non plus, donc il faut tout. Il y a eu un ouvreur là-dessus, Michael Young. À mon avis il a fait énormément évoluer la discipline parce qu’il a montré à tout le monde que c’était faisable dans les 3 tests : il est hyper précis, il est capable de monter une reprise de dressage avec précision en optimisant le fonctionnement de son cheval, il est capable de faire un tour de concours à 150, il est capable de faire un cross à vitesse rapide sans jamais lâcher la bouche de son cheval, en étant en permanence en communication avec lui. Il a ouvert la voie et il y en a d’autres qui se sont accrochés et on en a plein en France ».

Thomas Carlile par exemple ?
« Thomas Carlile, Maxime Livio, Nicolas Touzaint, tous ceux-là ils pratiquent. Aurélien Leroy également, son équitation est magnifique, il est tout le temps avec. On voit bien que tous les bons cavaliers les plus rapides comme Kévin et tout le top actuel est complètement dans cette recherche de connexion, de relation, qui fait que les chevaux pètent et qui fait que les gars tournent court et qu’ils enlèvent une foulée là où ils veulent, etc., et ils ont de la hauteur dans les trajectoires.
Les amateurs ils se positionnent où là-dedans ? Ils se positionnent dans une étape. Un amateur pur apprend à utiliser un cheval qui a été préparé par d’autres, puis peu à peu il va apprendre à l’éduquer en retrouvant des bases et des notions qui sont fondamentales, l’attention, le contact, la relation permanente, le contrôle de l’équilibre du cheval dans son déplacement. Ça veut dire qu’il y a le contrôle latéral, quand il construit une courbe il ne laisse pas le cheval tomber à l’intérieur et ainsi de suite, et à ce moment-là on a des gars qui peu à peu évoluent, ils apprennent à contrôler ces paramètres-là, ils apprennent peu à peu à les développer dans l’éducation des chevaux et ils deviennent peu à peu formateurs de chevaux : c’est la suite logique, un amateur va pouvoir peu à peu apprendre à éduquer les chevaux s’il tient compte de ces principes-là, et à ce moment-là il va avoir la possibilité de rentrer dans le monde des pros et sur les épreuves professionnelles.
Qu’est-ce qui fait la différence entre une épreuve amateur de base (je ne parle pas des Amateurs 1 et Amateur Élite, mais une épreuve Amateur 4-3-2), c’est que c’est assez clair pour que les chevaux se préparent en général et fassent attention à ce qu’ils font. Quand on commence à passer le cap au-dessus il va falloir que le cavalier soit capable de prédisposer son cheval, à ce moment-là il faut qu’il ait la maîtrise, c’est-à-dire que la relation évolue ».

Il y a un type de cheval particulier pour un cavalier amateur ?
« C’est un cheval qui a été éduqué, c’est un cheval qui est en tension. Ce qui rend les chevaux malhabiles c’est qu’ils portent mal, c’est qu’ils se sentent mal sous la selle et ce qui fait qu’ils ont du mal à retrouver leur équilibre. Le général Decarpentry,  a écrit : « le but de l’équitation académique c’est de redonner au cheval monté la qualité de l’équilibre et du fonctionnement qu’il avait quand il était en liberté ».
C’est bien lui redonner de l’habileté, lui redonner l’équilibre qui est perturbé par notre présence sur son dos. Donc le bon cheval d’amateur c’est le cheval qui a appris à retrouver de l’attention, de l’équilibre et du fonctionnement avec le cavalier sur son dos.
 À ce moment-là le couple se construit. Donc un bon cheval d’amateur c’est un cheval qui a été construit, qui a été éduqué. Ce n’est pas un cheval qu’il faut emboucher en trouvant des espèces de combines pour arriver à se débrouiller avec, ça ce n’est pas un bon cheval d’amateur, parce que tu développes des mauvais automatismes. ».

La meilleure embouchure c’est quoi ?
« C’est le filet simple. ».

 

31/05/2022

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