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Merci Kevin !

Championnat d’Europe Windsor (Grande Bretagne) 25-30 août Merci ? Oui ! Et un grand MERCI ! Car sans cette victoire en finale individuelle nous serions restés bien amers. Une victoire qui permit à tous, sur place ou devant le petit écran, de laisser éclater joie et émotion qui ne demandaient qu’à Photo 1 sur 7
s’exprimer. Un soulagement face à la frustration de ne pouvoir apprécier comme il se doit un championnat, normalement lieu de challenges et d’exploits mais aussi de réunion de tous les passionnés. L’exploit c’est Kevin Staut qui le réalise. Celui de remporter le titre dès sa deuxième participation après une première bien débutée sous l’ère Balanda il y a deux ans à Mannheim. Et en alignant trois parcours sans-faute successifs avec son Kraque Boom Bois Margot que l’on croyait complètement perturbé après sa délicate Warm Up. L’exploit de rendre des couleurs à toute une équipe, une famille, aux supporters et fans du saut d’obstacles et plus généralement des sports équestres. Il prouve ainsi du haut de ses 28 ans que les ambitions ne freinent pas les performances. Que sa force de caractère, sa stratégie, sa persévérance, l’ont mené vers une première marche. Et il compte bien en gravir d’autres, ayant déjà dans le viseur les jeux équestres mondiaux de Lexington, voire les JO de Londres et qui sait un nouveau titre pour celui qui vient de rentrer dans l’histoire des sports équestres. Car si au soir de ce dimanche 30 août 2009 il n’avait sans doute pas encore pris toute la pleine mesure de ce titre, nul doute que les prochaines épreuves lui rendront les échos de cette performance. S’il y avait des concours où l’on se méfiait de lui, désormais chaque entrée sur le terrain sera le départ d’un champion d’Europe.
Drôle d’ambiance !

Que dire d’autre quand on rentre d’une semaine anglaise morose, soutenue par un manque évident d’engouement des organisateurs et d’attrait du public local pour un tel événement. Certes la météo n’était pas des plus joviales mais ça on pouvait s’y attendre. Nous, Français, avions de bonnes cartes en main avec une équipe de CSO en pleine forme réussissant une saison exceptionnelle, fraichement auréolée du titre de la super league. Mais là déjà, on s’étonnait du peu d’écho rendu à cette performance. On pensait alors que la proche échéance européenne nourrissait une sorte de réserve pour ne pas tomber dans l’excès de confiance et l’on attendait de ces championnats l’éclat d’un grand rendez-vous, sur les terrains de la reine. Eh bien, rien de tout celà ! Les prairies situées au pied du château de Windsor où paissent généralement les bovins de Sa Majesté, se retrouvaient jonchées de stands aux odeurs de nourritures « so british » et, trônant en leur centre, un terrain de joutes flanqué de tribunes aussi garnies qu’un casque de Bobbie. D’ailleurs la sécurité fut le seul point fort de l’organisation. Intransigeance stupide d’une équipe de vigiles sans discernement... Et que dire quand on en arrive à virer manu militari du paddock, un sympathique cadreur français, pour des motifs totalement incohérents; stupide et totalement disproportionnés ! Aucun propriétaire n’eut le droit à une petite visite à son cheval dans les écuries et ce malgré le passe « d’invitation » payé à prix fort ! Paradoxe qui ne fut hélas pas le seul. En ces périodes économiques délicates on pouvait penser que les organisateurs souhaitaient limiter quelque peu les frais dispendieux. Alors que dire des tarifs exorbitants de la billetterie, des droits d’accès aux stands et des tarifs des consommations ? Pas donné la Garden Party !
Malheureuse Pénélope

Les résultats, la sérénité, l’esprit d’équipe, trois éléments qui pouvaient nous faire espérer le meilleur pour nos cavaliers. Mais voilà que l’on annonce le forfait de Pénélope Leprevost. Jubilée d’Ouilly est boiteuse ! Le choc ! Et surtout quelle déception pour tous ceux qui misaient sur une performance du couple normand. Pénélope hors-jeu mais pas absente. Malgré toute la tristesse, les regrets et les frustrations qu’une telle situation peut engendrer, Pénélope Leprevost reste aux cotés de l’équipe. Présente pour soutenir le moral des troupes alors qu’elle vient de prendre un énorme coup sur le casque ! Chapeau ! D’autant qu’elle a dut rapatrier la jument directement chez ses propriétaires… Elle apprenait dans la foulée que ?

Jubilée irait chez Michel Robert pour sa remise en condition après une période consacrée aux transferts d’embryons. Reverrait-on Jubilée sous la selle de Pénélope ? Elle a démenti elle-même les plus folles rumeurs. Non, elle n’imagine pas ce scénario.
Olivier Guillon, la force tranquille

Du coup le remplaçant d’élite qu’est Olivier Guillon va nous servir d’atout dans l’équipe. Avec Lord de Theize il va signer le meilleur temps sans-faute de l’équipe lors de la première épreuve de chasse prenant ainsi la place de leader. La veille il aura contribué au retour au calme de Kraque Boom peu enclin au saut lors de la Warm-Up causant bien des doutes à un Kevin surpris par l’attitude de son cheval qui ne l’avait encore jamais planté de telle manière ! Olivier Guillon délaissera quelques instants son travail de préparation pour mener la loco avec son Lord et accrocher Kraque Boom en wagon pour lui redonner calme et sérénité comme on peut le faire avec un jeune cheval hésitant. Il sera aussi l’ouvreur dans l’épreuve par équipe. Une ouverture délicate avec deux fautes sur les ?

obstacles mais pour lesquels Olivier endossera très humblement la responsabilité…Respect, pour celui qui revient au devant de la scène en acceptant d’endosser le rôle de réserviste, mettre le pied à l’étrier sans retenue en s’efforçant de donner le maximum tout en ayant la distance suffisante pour ne pas se prendre trop au sérieux. Toujours dispo, toujours souriant. Un cavalier de grande classe. Un lord quoi !
Manque de réussite pour Timothée Anciaume

Pour Timothée Anciaume ses premiers championnats d’Europe laissent sans doute un brin de déception. Pas de parcours sans faute et une 21e place au classement final avec Lamm de Fetan. Pourtant Lamm prouvait par ses sauts une classe indéniable mais les tracés sinueux des parcours de Bob Ellis avec peu de place dans les distances ne servaient pas au mieux ce genre de cheval. Timothée semblait également un peu tendu et son souci de l’application lui a sans doute coûté quelques secondes… Le mieux est parfois l’ennemi du bien. Mais là encore que de bons espoirs et

quelle progression de ce couple qui entamait ses premières sélections avec Gilles de Balanda et les épreuves en coupe du monde il y moins d’un an… avec un podium à Stuttgart et Genève.
La déception pour Bosty 

Ce séjour à Windsor ne restera sans doute pas dans les meilleurs souvenirs de Roger-Yves Bost. A l’image de sa saison en dents de scie avec des bas comme à St Gall et des hauts comme sa victoire du Global Tour à Cannes, il repartait dès le vendredi soir après une épreuve par équipe manquée succédant à un parcours de chasse où il concluait à la 19e place. Pas de chance certes avec la perte d’un fer d’Idéal sur le n°1. Un fer « porte-bonheur » qui s’envolait avec les espoirs d’un podium pour Bosty. On aurait tant aimé le voir en finale, lui qui est capable de nous sortir des parcours hors du commun sur son étalon avec lequel la complicité est mère de toutes les audaces. Dommage…

C. Gerhard

Gardons la passion !

La grande différence de ces championnats d’Europe et plus largement de cette saison 2009 réside sans aucun doute dans l’état d’esprit du groupe. Rappelons-nous la situation dans laquelle Gilles Bertran de Balanda reprenait le pavillon France : des cavaliers certes de très bon niveau mais dont les mieux équipés en chevaux de grand prix préféraient satisfaire propriétaires et sponsors en allant sur les circuits les mieux dotés. Un choix économique bien compréhensible mais qui avait nettement pris le pas sur le challenge de l’équipe de France.

Une situation des plus délicate à laquelle Balanda et Laurent Elias devaient remédier au plus vite en vue des qualifications olympiques tout en luttant pour le maintien en super league. On vit alors entrer de nouveaux couples en sélection dont un certain Kevin Staut, débarquant des écuries de Pierre Baldeck avec son Kraque Boom ou encore Olivier Guillon et Ionesco de Brekka. Mais c’était trop frais. Pas assez de temps pour vraiment unir les forces en présence. Et du temps, on ne lui en aura pas laissé beaucoup à Balanda pour au moins lui permettre d’aller au bout des objectifs.

2009 commençait donc par une rupture entre les instances fédérales et l’entraîneur national, chacun campant sur ses positions. S’il était alors difficile pour tout un chacun de faire clairement la part des choses, force est de constater que les objectifs alors annoncés par la fédération sont largement atteints. Mais outre les résultats sportifs, dont rappelons-le, les titres aux Jeux méditerranéens, Superleague, une cinquième place en équipe et la médaille d’or en individuel des championnats d’Europe,- ce qui ressort surtout c’est l’esprit positif dans lequel se sont déroulées toutes ces épreuves.

Une union qui a fait la force ! Et comme on parle d’union saluons la perspicacité et la détermination de Laurent Elias, qui nommé sélectionneur s’est dévoué pour que l’on ne sombre pas à nouveau dans un lit de paille d’où chacun se relève en se grattant le dos, en regrettant les draps de soie... Et ce ne fut pas sans sacrifices, car prendre la relève fut sans doute cornélien quand on sait l’amitié et la complicité qui unissait les deux hommes. Chacun avait ses supporters et je reste convaincu que Balanda aurait pu apporter (peut-être sous une autre forme ou statut) tout son savoir et son vécu à l’équipe. Mais là est un autre sujet…

Alors saluons encore une fois cette pléthore de résultats. Ne soyons pas timides, ne boudons pas nos succès. Soyons fiers. Il y avait en ce dimanche de Grande Semaine plus de monde dans les tribunes de Fontainebleau que pendant le week-end de Windsor. La présence de cette foule, unissant professionnels et amateurs pour voir évoluer les jeunes chevaux, le bon climat des ventes Fences, doit nous conforter. Je sais bien que tout n’est pas rose, que certains essaieront toujours de tirer la couverture, resteront frileux et que tout cela ne se dicte pas en quelques lignes dans un journal.

Dimanche soir, j’ai croisé un éleveur qui m’avouait du haut de ses quatre-vingts printemps, retrouver toute la fougue de sa jeunesse en venant à Fontainebleau, se laissant griser, allant jusqu’à miser encore sur un poulain. « J’ai toujours la passion et je suis certain que c’est là que tout se joue. Les affaires font durer, la passion fait vivre ! »

Christian Gerhard

Kevin Staut et la belle histoire d’un Kraque

Nous étions des premiers (voire les premiers) à vous parler il y a quatre ans de cela (N°34 du 5 août 2005) de l’histoire de ce couple aujourd’hui champion d’Europe. Une histoire que « le cheval » avait su de par son réseau de correspondants, proches des terrains et de la vie équestre, vous relater en parallèle d’un focus sur Pierre Baldeck. Le marchand alsacien aux cheveux d’argent avait pris Kevin sous son aile et lui mit quelques boxes à disposition dans ses installations de Morschwiller. Le carnet d’adresses, véritable trésor du père Baldeck, servit de contact plus ou moins gratifiant. Car à l’époque on ne prêtait que peu d’attention au jeune normand et rares furent ceux qui osèrent lui confier quelques chevaux. La famille Bihl fut de ceux-là avec notamment Jasper Bleu et la fameuse Ismène du Tôt avec laquelle Kevin faisait merveille notamment lors du CSI de Rome. Il y eut aussi Hiram Courcelle confié par Yves Chauvin. Kraque Boom (Olisco) - dont personne ne voulait à l’époque- vendu à Fences, parti en Italie, revenu en France pour finalement devenir la propriété de Rodolphe Bonnet, est arrivé chez Pierre Baldeck un beau matin avec un lot de chevaux amenés par Rodolphe. Il y avait aussi Label d’Or (Elf d’Or). C’est d’ailleurs sur celui-ci que Kevin misait les meilleurs espoirs en partenariat avec Robert Dallamano. Malheureusement le cheval se blessait en concours en Italie et dut mettre sa carrière sportive en suspens. Kraque Boom doit son nom à sa naisseuse Henriette Evain qui donne toujours des noms de chanson à ses chevaux. Jacques Dutronc a bien fait de passer par là.
Baldeck et Balanda sur la même fréquence 

Celui qui croyait le plus en Kraque Boom, c’était Pierre Baldeck. Il en avait vu passer des chevaux et son regard affuté lui faisait penser que Kevin détenait peut-être là celui qu’il cherchait depuis des mois ! Mais Kevin malgré une accumulation de classements n’en était toujours pas totalement convaincu, lui trouvant certes des qualités de cœur mais un manque de technique. Ce faisant, le cheval restait à vendre et Gilles Bertrand de Balanda qui l’avait vu évoluer se présentait à Morschwiller afin de l’essayer pour un client. « Je suis venu chez M. Baldeck et j’ai monté Kraque Boom car je cherchais un cheval pour un jeune élève. En fin de séance j’avouais qu’il serait sans doute encore trop délicat pour un jeune cavalier mais j’avais un très bon ressenti et outre ses moyens il avait un grand cœur. M. Baldeck m’avait alors demandé s’il pourrait être un cheval d’avenir pour Kevin et je lui ai confié qu’avec un certain travail et un peu de temps il pourrait faire un bon couple. Pierre Baldeck ne s’est pas trompé et Kevin a prouvé que le travail est payant. Mais Kevin a aussi une force de caractère hors du commun. Malgré ce qui lui était arrivé à la Warm-up à Windsor il a su trouver le mental et l’énergie pour nous sortir trois sans-faute. C’est un vrai champion ! »

D’autres auraient sans doute fait « craque ». Lui a fait « boom ».

C. G.

L’équipe Suisse en Or

Redoutable depuis quelques saisons sur le circuit international la Suisse réussit un coup de maitre en remportant le titre européen. Une équipe de dernière minute mais dont la précision fut à la hauteur de l’horlogerie, fleuron du pays helvète.

Si la présence de Pius Schwizer fut quasiment une certitude au vu de ses performances depuis deux saisons tant en coupe des nations que sur les autres CSI 5* tout comme celle de Steve Guerdat qui s’était remis rapidement de son opération du dos fin 2008, Daniel Etter l’espérait tant après sa déception de sa non participation aux JO. Restait une place à combler et non des moindres puisqu’avec la blessure de LB No Merci de Christina Liebherr le chef d’équipe devait trouver celui ou celle à même de pouvoir pallier cette absence de marque. C’est à la tessinoise Clarissa Crotta qu’échut ce rôle et le moins que l’on puisse dire c’est que la mission est remplie avec son magnifique West Side qualifié par ailleurs en finale individuelle comme Etter et Guerdat. Seul Pius Schwizer passera à côté de cette finale. Mais sa 1re place dans le parcours de chasse vaudra de l’or car avec le cumul des points et des scores tellement serrés entre les cinq premiers, il aura contribué à la victoire de son pays. C’est ce qui s’appelle une victoire collective.

L’Italie et l’effet Markus 

La surprise de taille vient sans aucun doute des italiens qui réussissent un superbe championnat.

Par équipe tout d’abord en remportant de belle manière la seconde place avec moins d’une barre d’écart avec les suisses. Celui qui épatait tout le monde fut l’étincelant et anachronique Natale Chiaudani et son Snai Seldana di camp alto. Double sans-faute dans l’épreuve par équipe il conclura un peu fébrilement le dimanche par une 10e place individuelle. Une équipe d’Italie qui doit sans doute beaucoup au nouveau sélectionneur. Markus Fuchs versait même une petite larme, son cœur oscillant entre la victoire Suisse et la performance de cette médaille d’argent de « son » équipe italienne. Il a su réunir les forces et imposer rigueur et méticulosité à des transalpins, certes d’un très bon niveau mais quelques fois débordés par leur tempérament latin.
L’Allemagne en Bronze 

Toujours là les Germains ! Même s’ils n’ont pas dominé plus que ca, avec un Markus Ehning en proie au doute dans les épreuves par équipe, l’équipe d’Otto Becker a une nouvelle fois prouvé qu’il fallait compter avec elle. Carsten Otto Nagel particulièrement affuté sur sa Corradina contribuera pour une bonne part à cette médaille et remportera l’argent en individuel. Si Meredith et son Checkmate ont fait forte impression, Thomas Mühlbauer n’en était pas loin avec de superbes parcours sur Asti Spunante.
La Hollande et la France au pied du podium

Avec moins d’une barre d’écart avec l’Allemagne, les Pays-Bas et la France avaient de quoi nourrir quelques regrets. Les Hollandais qui étaient partis très fort d’entrée de jeu pointaient à la seconde place à l’issue de la chasse, juste devant la France. On retrouvera ces deux nations au sommet de la finale avec un duel entre Kevin Staut et Albert Zoer. Si le Hollandais a joué une nouvelle fois de malchance en fautant sur le n°1 de la seconde manche, c’est bien la performance du triple sans faute d’affilée (avec celui de vendredi) de Kevin Staut sur son Kraque Boom* Bois Margot qui aura fait la différence.

La loi du sport l’a emporté et 10 ans après Alexandra Ledermann et Rochet M, la France retrouve un titre européen à Windsor ! Wonderfull !

C. G.

10/09/2009

Actualités régionales