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Marc Dilasser veut s’installer au plus haut niveau

En remportant la prestigieuse, et richement dotée, Coupe des nations de Calgary, Marc Dilasser a été propulsé sur le devant de la scène internationale. Et l’ambition de ce jeune Breton installé en Normandie est bien de se positionner durablement au plus haut niveau. Photo 1 sur 4

Gagner une Coupe des nations pour sa deuxième sélection en équipe de France, c’est bien; remporter celle de Calgary, où la France ne s’était imposée qu’à une seule reprise en 1993, c’est une superbe performance, mais le faire alors que l’équipe n’est composée que de trois cavaliers, devient un véritable exploit ! Avec Obiwan de Pilière, c’est ce qu’a réalisé Marc Dilasser, associé à Roger-Yves Bost et Jérôme Hurel. « Ce n’était jamais arrivé qu’une équipe remporte Calgary avec seulement trois cavaliers. Tu sentais bien que les gars étaient un peu scotchés et nous regardaient différemment le samedi soir. », précise Marc Dilasser, qui faisait figure de « rookie » (débutant) dans cette Coupe des nations, comme on dit outre-Atlantique. Effectivement, avant Calgary, Marc Dilasser (dit Marco) n’avait jamais encore côtoyé le tout haut niveau. Premier CSIO et premier GP**** de sa carrière fin mai 2011 à Copenhague, un deuxième GP**** à Bourg-en-Bresse, avec une 7e place à la clé, et le voilà arrivé à Calgary, presque comme un cheveu dans la soupe, au milieu de cette élite mondiale qu’il ne connaissait quasiment qu’en tant que spectateur. Et quelle entrée fracassante ! Avoir droit aux félicitations du champion olympique Éric Lamaze, ou à la visite de Maître George Morriss au paddock, ça ressemble presque à un adoubement. « Je travaillais mon cheval sur le plat, le lendemain de la première épreuve, et George Morriss est venu me féliciter en me disant que j’avais une très belle équitation. J’ai été très touché. », raconte Marco.

Les Haras des M puis le Haras de Hus

Pourtant, s’il est encore peu connu du grand public, Marc Dilasser, né à Brest le 10 mars 1978, a depuis longtemps attiré l’attention des professionnels. Après avoir débuté l’équitation à 7 ans au Poney-club du Guerrus, à Landerneau, il passe à cheval au Club-hippique de l’Elorn et commence à sa faire remarquer en concours avec notamment une 3e place dans le Criterium Juniors. Après un Bac S passé avec succès, Marco passera 5 ans chez Jean Le Monze, puis quelques mois chez Daniel Biancamaria, chez lequel Steve Guerdat se trouvait également, avant d’être embauché par le Haras des M en 2001, pour monter les jeunes chevaux et les préparer pour Reynald Angot, le cavalier n°1 du haras à l’époque. « Au Haras des M, j’ai eu l’occasion de monter des supers chevaux : Jarnac, Lamm de Fetan, Lucky du Reverdy, qui sera plus tard champion d’Italie, Moka de Mescam (gagnant international avec Juan-Carlos Garcia, NDLA), ou encore Norson du Reverdy (rebaptisé AD Norson, gagnant de multiples épreuves avec Alvaro de Miranda et classé en GP*****, NDLA). »
Après une 3e place dans le championnat des 6 ans pour Lamm de Fetan, assortie d’une 8e dans le Criterium, en 2005, il quittera le Haras des M pour une nouvelle aventure, celle du Haras de Hus : « Je suis arrivé chez Xavier Marie en 2006 dans un projet encore embryonnaire. Quand j’ai commencé, il y avait en tout et pour tout deux juments : Champs Elysée et Banda. »
Marc Dilasser restera deux saisons au Haras de Hus, qu’il quittera après l’arrivée de Kevin Staut, mû notamment par d’autres ambitions que celle de rester un éternel n°2. Un passage à Nantes qui lui laisse de très bons souvenirs : « C’était une très bonne expérience et j’ai eu un super contact avec Xavier Marie qui avait une volonté farouche d’entreprendre et de réussir; c’était grisant. On ne pouvait que le suivre, il était sans limite; c’était très enrichissant sur le plan personnel. Tout a été réglo et carré avec Xavier Marie et j’ai toujours continué à collaborer avec lui. Je monte encore Wicky de Montsec, qui lui appartient. »

A son compte en Normandie

Marco prend alors la direction du Sud-Ouest et des vignobles bordelais pour s’installer un an à Château Bacon, chez Virginie Coupérie : « J’étais arrivé au Hus par l’intermédiaire d’Hubert Bourdy et c’est lui qui m’a indiqué la place chez Virginie. J’y ai trouvé une ambiance très sympa, très familiale et soudée, où tout le monde pousse à la roue pour que ça avance. Nous avons fait beaucoup de commerce et c’était très intéressant pour nouer des contacts. Après, je me sentais un peu loin de tout là-bas. C’est une belle région, mais j’étais loin de mes amis, de la famille ».
Marco, sa femme Loriane et leur petit garçon Evann (âgé aujourd’hui de 3 ans), prennent alors le chemin du Calvados, pour s’installer à leur compte, début 2009, au Haras de Lack, situé à Saint-Benoît d’Hébertot, près de Pont-l’Evêque. « Nous voulions venir dans cette région, qui est géographiquement bien placée pour les concours et où il y a une belle clientèle. J’ai passé quelques coups de fils et c’est Jean-Louis Roudaut qui m’a dit que Laurence Waechter et Alexandre Artaud venaient de racheter le Haras de Lack. Je leur loue 20 boxes et je dispose d’une carrière, d’un manège et de paddocks. De plus, il y a un mannequin pour les étalons et Alexandre a son diplôme d’inséminateur. »
Situé à quelques kilomètres au sud-est de Deauville, le Haras de Lack est tout proche de l’A13, ce qui permet d’être à Caen en 30 minutes ou aux portes de Paris en à peine plus d’une heure.
Marco et Loriane, également cavalière, arrivent avec 7 chevaux, dont quatre leur appartenant, parmi lesquels Time Out, le cheval avec lequel Marco disputera son premier GP CSI*** à Saint-Lô, fin 2008. « Je finis 7e, après deux fautes au barrage. Pour l’anecdote, le premier GP*** auquel je devais participer, c’était Dinard, en juillet 2008, mais je suis rentré dans la nuit car notre fils est né ce jour-là. », précise Marc.
L’écurie s’étoffe, avec notamment l’arrivée des chevaux du Haras du Bois Margot, parmi lesquels Cardero*Champs Elysées et On Ira permettront à Marco d’être performant sur les épreuves 145/150, de participer à son premier CSIO de La Baule, en 2010, puis au Championnat de France Pro Élite, où Marc et On Ira prendront la 9e place.
Champs Elysées et On Ira rejoindront l’écurie de Julien Epaillard, début 2011, mais Marco s’est vu confier Mistinguete, puis Obiwan de Pilière par Joëlle Mestrallet, du Haras de la Morsanglière. Grand cheval de près d’1,80 m, Obiwan de Pilière (Diamant de Semilly) est à construire, mais montre vite un très gros potentiel, se classant dans le Grand National du Mans ou le GP CSI*** de Saint-Lô, fin 2010. « C’est un cheval qui était très anxieux sur la piste, mais aujourd’hui ça s’est transformé en atout. Il est très près du sang, délicat et sensible, ce qui lui donne beaucoup de respect. Il a vraiment envie de bien faire. Au début, il était handicapé par son action et sa force démesurée et avait du mal à se caser dans les combinaisons, mais maintenant, c’est devenu une qualité. Je peux rentrer tout doucement dans un triple, comme à Calgary, sans avoir peur de ne pas arriver à sortir. », précise-t-il.
En 2011, Obiwan de Pilière se classe successivement dans le Grand National de Jardy, le GP CSI** de Chantilly, puis à Marolles-en-Brie, avant d’être retenu pour la première fois en équipe de France pour le CSIO de Copenhague. Si Marco et Obiwan bouclent la première manche de la Coupe des nations avec le score très honorable de 4 points, l’équipe termine 14e et n’est pas qualifiée pour la deuxième manche.

Objectif : rester à haut niveau

Obiwan poursuivra sur sa lancée en affichant une remarquable régularité et, depuis 6 mois, il ne revient pas d’un concours sans un classement dans le GP ou une grosse épreuve annexe. Cette constance sur 150/155 vaut à Marco et Obiwan une sélection pour le mythique CSIO de Calgary. Initialement prévue avec quatre couples, la France doit se passer de Franck Schillewaert : Marquis de la Lande étant testé positif à la piroplasmose, il n’a pas droit de cité au Canada.
Partir à trois dans la Coupe des nations de Calgary, il y a de meilleures conditions pour être lancé dans le grand bain ! Aborder la plus grosse épreuve de sa vie sans avoir le droit à l’erreur sous peine de faire couler l’équipe, il y a de quoi vous mettre la pression ! « Mais la pression, moi j’adore ça ! C’est sûr que quand tu rentres sur la piste à Calgary et que tu vois 70 000 personnes, là tu te dis que si tu fais une connerie, ça va se savoir ! » (rires). Obiwan sort de piste avec deux fautes, dues au manque d’expérience, mais plutôt que de se focaliser sur ce score et de perdre ses moyens, Marco rectifie le tir et sort le sans-faute qui sera décisif pour la victoire (les Canadiens terminent 2e avec 21 points contre 18 pour la France), lançant un point rageur sitôt la ligne d’arrivée franchie.
Cette performance à Calgary aura confirmé le potentiel d’Obiwan de Pilière : « Maintenant, je suis sûr qu’il peut tout sauter ! » et conforté l’envie de Marc Dilasser de s’installer durablement parmi les meilleurs : « Quand on a goûté au haut niveau, on a envie d’y retourner ! C’est ce que j’ai toujours visé, mais au début, quand tu n’as pas de nom ni d’argent, tu dois faire tes preuves et, du coup, ça prend un peu plus de temps. Il faut amorcer la pompe et après, il faut confirmer et montrer que tu mérites d’y rester… ».
Après le CSI***** de Lyon, (7e, sans-faute dans le Prix Fonds Eperon et 8 pts dans le Grand Prix GL Events), Marc Dilasser espère pouvoir participer au CSI***** de Paris, avant de préparer la prochaine saison où son objectif sera d’intégrer l’équipe de France en Super Ligue. Si l’échéance de 2012, les JO de Londres, est certainement trop précoce pour un couple ayant si peu d’expérience (mais sait-on jamais…), en revanche, les championnats d’Europe de l’année suivante semblent tout à fait envisageables si le couple poursuit sa progression et confirme sa régularité au plus haut niveau.
Pour la saison prochaine, au programme, beaucoup moins de Cycles classiques et plus de beaux concours : « Il ne faut pas complètement abandonner les jeunes chevaux. L’année prochaine, je garderai encore des 6 ans, mais plus de 4 ou 5 ans. On ne peut pas tout bien faire, les gros concours le week-end et les jeunes chevaux trois jours par semaine ».
Obiwan de Pilière sera épaulé sur ces concours par Mistinguète, Wicky de Montsec ou Nikel de Presle, arrivé aux écuries juste après Calgary, mais également par des jeunes très prometteurs comme Qamaïeu de Montsec, 3e du Championnat de France des 7 ans, et Regan Kervec, appartenant tous deux au Haras de l’Angenardière de Michel Deroy, ou encore Rackham’Jo, à Joëlle Mestrallet, ainsi que Soliste du Janlie et Chacco Rouge, propriété du Haras de Clarbec, qui tous « devraient être des chevaux pour faire de grosses épreuves. »
Voilà une belle écurie qui semble se construire et qui laisse entrevoir de belles prochaines années pour Marc Dilasser, soutenu par ses partenaires Antarès, DP Nutrition, Cheval Liberté, Time4Joy et ACR. Même si, bien sûr, le conditionnel est toujours de rigueur avec les chevaux…

Marc Verrier
10/11/2011

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